https://www.facebook.com/Ennahdj
Il y a deux nouveaux éditoriaux en ligne (ainsi qu'un tract qui appelait au 1er Mai).
L'un de ces "bulletins hebdomadaires" reproduits sur facebook est apparemment publié à la SNVI, et un autre à la SONATRO. Sur la SONATRO, cet article donne une idée de ce qui peut s'y passer (les salaires de misère et les contrats courts d'un côté, mais aussi l'attitude des patrons, la place des syndicats... et les réactions des travailleurs) :
https://www.huffpostmaghreb.com/entry/s ... 5e47de05bd
Je serais curieux de lire d'autres tracts similaires, s'ils existent, d'autres organisations. Sait-on si, dans le contexte actuel, le PST (par exemple, je cite le PST par ignorance du reste...) s'adresse directement politiquement aux travailleurs des entreprises où sont présents leurs militants ?
VOS, le 6 mai 2019, a écrit :
L’incarcération « des gros poissons » : Notre Hirak impose sa feuille de route, il est capable d’imposer le pouvoir du peuple !
Les manifestations populaires continuent de faire tomber les têtes et imposent l’emprisonnement du frère de l’ex président Said Bouteflika ainsi que l’ancien puissant chef du DRS Toufik et son successeur Bachir Tartag.
Qui l’aurait cru il y a quelques mois ! Voici ce dont sont capables les masses quand elles se mobilisent et luttent ! On ne peut que se réjouir de cette victoire rendue possible par la poursuite du Hirak et qui éguise l’appétit pour réclamer la tête d’autres figures liées au système et à la corruption. La population a aussi réussi merveilleusement à déjouer toutes les manœuvres du régime, des patrons et des médias des milliardaires visant à distiller le poison du racisme et du défaitisme.
Ainsi, le 1er Mai, la population de Djelfa avait fait barrage aux initiateurs d’une manifestation de soutien à Gaid Salah sur un fond raciste. Elle a dénoncé vigoureusement les initiateurs et chassé la militante raciste Naima Salhi , et a réitéré son appel à l’unité de la population dans sa diversité pour renforcer le Hirak et continuer la mobilisation. C’est ce sens élevé de maturité chez la population de Djelfa que des manifestants en Kabylie ont tenu à saluer, en brandissant des pancartes « Merci Djelfa », « Non au racisme, au régionalisme, nous sommes tous des algériens !». Elle les a incité à se démarquer des initiatives du comité de soutien au milliardaire incarcéré Issad Rebrab, elles aussi sur fond de régionalisme.
Pour défendre leurs intérêts, les patrons sont capables de s’appuyer sur toutes les idées et forces les plus réactionnaires quitte à jouer la carte de la partition et de la confrontation entre populations.
Par contre, les travailleurs et les pauvres ont plutôt intérêt à s’unir entre eux contre le régime et leurs patrons exploiteurs et non pas à se diviser sur des bases linguistiques pour se faire la guerre et mettre ainsi en péril le Hirak qui s’est construit dans la communion contre El Issaba. Quant à la question démocratique de Tamazight, transofrmée en fond de commerce par ces apprentis sorciers, il appartient aux démunis de la défendre comme ils ont réussi à faire cohabiter dans la rue le drapeau berbère et l’emblème national.
D’ailleurs les deux rassemblements des travailleurs pour célébrer le 1er mai ont rappelé la nécessité de l’unité de tous les travailleurs de toutes les régions du pays, pour chasser la bureaucratie syndicale incarnée par Sidi Said, tous les corrompus et faire valoir leurs droits.
Cette maturité a permis au hirak de s’inscrire dans la durée et de démasquer les manœuvres de Gaid Salah qui veut surfer sur la vague. La population n’est pas dupe, elle ne peut se contenter des arrestations des figures de la corruption et de l’arbitraire et l’emprisonnement de Toufik, Tartag et Said Bouteflika. Bien qu’elles nous réjouissent, cela ne satisfait pas nos aspirations à la liberté, à la justice sociale et à la dignité. C’est ce que nous rappelle la population de Tébessa qui a subi le diktat du patron de Youkous ou l’incident tragique de la Casbah ou la mobilisation des habitants des 1000 logements à Béjaia dénonçant les malversations de leurs élus locaux. Car si des changements sont annoncés, des corrompus arrêtés, on n’est pas encore parvenus à imposer le changement qui garantirait aux travailleurs et aux désœuvrés une vie meilleure.
Tant que notre mouvement dure, rebondis, les manœuvres de Gaid Salah et celles de prétendus représentants du hirak, défenseurs d’une transition démocratique dirigée par des « personnalités » seraient avortées. C’est pour cela que nous avons tout l’intérêt à nous mobiliser.
Le Hirak a jusqu’ici permis à la population mobilisée de conquérir le droit de manifester, de s’exprimer, de discuter dans la rue, dans les quartiers. Ces libertés démocratiques ne doivent pas être remises en cause. Alors se pose le problème de comment les inscrire et même les élargir dans la durée ? Comment assurer la liberté de parole, de critique non seulement dans la rue mais aussi dans les entreprises ? Peut-on compter pour cela sur les figures politiques qui pérorent sur la transition démocratique mais ne l’envisagent que d’en haut, loin de toute concertation avec la population, acceptant que l’armée accompagne le processus ? Peut-on se fier à ces élites et figures médiatiques qui réduisent la démocratie à des institutions parlementaires dans lesquelles ils se verraient bien siéger ?
Ces gens-là se moquent bien que la démocratie s’arrête à la porte des entreprises. Non, les libertés démocratiques et les droits politiques sont trop sérieux pour qu’on les laisse aux politiciens, à l’état major de l’armée, aux représentants du patronat. C’est à nous, ceux d’en bas, de nous en occuper. Nous pouvons, nous devons nous emparer de ces questions démocratiques et les prendre en charge. C’est la seule voie pour qu’émerge un régime vraiment démocratique pour toute la société.
VOS, le 13 mai 2019, a écrit :
Les travailleurs peuvent montrer la voie pour un changement au profit de la majorité du peuple
Après l’arrestation des trois gros poissons, Gaid Salah s’attaque à leurs soutiens. On parle de certains journalistes, d’ex militaires et d’hommes politiques qui seraient convoqués à la barre. Mais la seule qui est incarcérée, jusque-là, c’est Mme Louiza Hanoune, la secrétaire générale du parti des travailleurs.
Certes, cette dernière paie ses accointances avec le régime et ses fréquentations politiques. Mais la justice d’El Gaid ne doit pas nous duper pour autant. Personne ne l’ignore, Gaid Salah s’attaque uniquement à ses rivaux et tente de neutraliser ses concurrents, tandis qu’il garantit l’impunité à ses alliés qui ne sont pas moins décriés par les manifestants.
Les travailleurs peuvent se réjouir ou se montrer indifférents vis-à-vis de ces affaires. En revanche, ils ne doivent en aucun cas prêter du crédit à ces règlements de comptes qui ne sont utiles que dans la mesure où ils nous livrent des secrets de la classe dirigeante. Nous n’avons qu’à exiger des procès publics équitables car il est de notre droit de connaitre les tenants et aboutissants de toutes ces affaires.
Un costume de justicier pour un travail de pompier
Avec son costume de justicier qui fait semblant de satisfaire les revendications du peuple, El Gaid tente de renforcer la position de son groupe au niveau du régime et mène, par la même occasion, une opération de séduction pour s’offrir une base populaire dont le seul but est de sauver le régime et de briser notre mouvement.
A travers les dénonciations de larbins au service des puissances étrangères et les alertes sur les complots de leurs rivaux au sein du régime, qui par ailleurs, sont réels, les nouveaux tenants du pouvoir visent en réalité à surfer sur le sentiment patriotique des masses et à nous pousser à nous abriter sous le parapluie du sauveur de la nation. En jetant ainsi le discrédit sur ces notables promus par les médias, le régime espère délégitimer les revendications portées par le peuple afin d’imposer sa feuille de route impopulaire qui consiste à organiser une élection présidentielle sous l’égide du même régime.
En effet, les nouveaux tenants du pouvoir n’ont pas pour souci de satisfaire les revendications populaires. Sinon, comment expliquer l’impunité des barons comme Tliba qui, à l’instar d’autres privilégiés, est devenu millionnaire du jour au lendemain ? Comment expliquer la quiétude d’un Chakib Khalil, dont les missions gouvernementales, sous le règne de Bouteflika consistaient à servir les multinationales américaines et dont la gestion du secteur pétrolier était rythmée par de nombreux scandales ? D’autres exemples peuvent être cités, tellement ils sont nombreux, pour montrer l’inconséquence de cette justice à géométrie variable.
Nous pouvons imposer notre perspective
Le 12ème vendredi a été marqué par une grande mobilisation mais surtout par la détermination des manifestants. Malgré la chaleur et le jeûne, en dépit de la fermeture des routes, des millions d’Algériens sont sortis dans la rue pour réitérer leurs revendications et leur aspiration à un vrai changement. Dans de nombreuses entreprises à l’instar de GTP, Sonatro, Air Algérie, les entreprises de sous-traitance, SNVI Contantine, Danone…, des travailleurs se sont mis en grève pour défendre leurs droits. Tous ces indicateurs montrent que la mobilisation ne faiblit pas. Cependant, notre mouvement manque cruellement de perspectives.
Laisser notre mouvement entre les mains des tenants du régime ou le confier aux notables que veulent nous imposer les médias des milliardaires reviendrait à offrir le bâton à nos ennemis ou à nos faux alliés pour nous mater. Le personnel du régime et les politiciens de l’opposition qui se disputent le pouvoir ont tous le même projet. Celui de servir les intérêts des riches contre ceux des travailleurs et des couches populaires. Hormis ceux qui, comme Bouchachi, Tabou, Assoul ou encore Taleb EL Ibrahimi… refusent de se prononcer sur nos salaires et sur nos droits économiques et démocratiques, les autres comme Benbitour ne cachent pas leur plan de faire payer les travailleurs et d’imposer l’austérité.
C’est pour cela que les travailleurs n’ont pas à leur céder le terrain politique. Ils doivent discuter dans des assemblées et élire leurs délégués parmi leurs semblables pour imposer un changement au profit des travailleurs et des couches populaires.