Artza : « c'est pas les galipettes adultères de Picard ni les penchants homosexuels de diplomates allemands et italiens qui réveillent l'attention.»
A te lire, on a l'impression que ça occupe une petite partie du film et que ça pourrait réveiller. Entre nous, artza, OK, tu t'es ennuyé, mais où sont donc les galipettes? Certes, le colonel Picquart a une amante (qu'il voit bien peu souvent), mais on n'assiste à rien de rien. Le plus torride, c'est lorsque Picquart, ne dormant pas, se lève en chemise de nuit pour lire des lettres dérobées par ses services de renseignement – piètre scénario X. Et de même, les penchants homosexuels de diplomates occupent… juste le temps d'une allusion dans une phrase, rien de plus. Et aussi, voir en quelques secondes, par l'entrebâillement d'une porte, un porteur de télégramme âgé ne peut résumer le film : d'ailleurs, peut-être était-ce un militaire qui portait le télégramme?
Par contre, j'ai remarqué que lorsque le lieutenant-colonel Picquart est nommé chef des services de renseignement, on s'enquiert : est-ce que dans ses mœurs il n'y a rien qui pourrait prêter à un chantage? Etre homosexuel, pédéraste, sodomite, à l'époque était un vrai sport de combat. Au même moment, en Angleterre, le talentueux Oscar Wilde, après des procès homériques, est condamné pour homosexualité et il va écoper de deux ans d'emprisonnement dans une prison immonde.
J'ai aimé le film. Polanski a choisi de serrer au plus près les pérégrinations de Picquart, ses doutes sur la culpabilité de Dreyfus puis ses certitudes sur son innocence. On suit cela dans une lumière de tombée de la nuit, et on découvre la veulerie autiste, le cynisme, la pourriture des galonnés de l'armée. Heureusement que c'est rappelé au début du film : tout est vrai. Il n'y a rien d'exagéré, rien de caricatural à nous montrer des bouffons de généraux anti-juifs, imbus d'eux-mêmes, sacrifiant un homme et sa famille pour la beauté de l'armée revancharde. Les mêmes, quelques années plus tard, en sacrifieront des centaines de milliers avec le même cynisme.
Ce n'est pas montré par le petit bout de la lorgnette: sans la pugnacité du lieutenant-colonel Picquart, y'aurait pas d'affaire Dreyfus: celui-ci aurait pourri dans son bagne. C'est ce qu'on voit dans le film. L'affaire ne commence véritablement qu'en janvier 1898 avec le parution du texte d'Emile Zola, "J'accuse!...". Et ce texte ne peut paraître que grâce à ce qu'on voit dans le film.