fil "interventions de La Riposte"

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par artza » 06 Déc 2020, 12:41

Quand Mitterrand s'est installé à l'Elysée en 81 et Guy Mollet à Matignon en 56, la bourgeoisie s'est bien gardée de saboter quoique ce soit :lol:

Mélenchon n'est pas un camarade de bonne volonté qu'il faudrait éclairer et encourager.
Son admiration répétée pour Mitterrand, sa revendication satisfaite de l'action du gouvernement Jospin dont il fut un troisième couteau sont amplement suffisantes pour ce faire une opinion sur ce monsieur.
Si j'ajoute qu'il fut un de ceux pas si nombreux qui eurent la chance de rencontrer le trotskysme, même si ce fut sous la forme caricaturale et dévergondée du "lambertisme"qui l'envoya faire des ménages au PS..;non, non, méfiance! (salut à ceux qui ne se laissent pas abuser par des paroles sonores ;) ).

La France Insoumise voilà une étiquette qui aurait bien plu aux Le Pen, Dupont-Aignan, Philippot et bien d'autres tout aussi nauséabonds.
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 16 Déc 2020, 14:50

Salut camarades,

Quel projet de société ? Une belle thématique révolutionnaire posée par un texte collectif et en finir avec le capitalisme... retour sur le texte et son analyse.

A voir sur le facebook de La Riposte en replay, c'était en direct lundi 14 décembre 2020 ! [630 vues déjà et 1454 personnes touchées]...

https://www.facebook.com/87601023241562 ... 6193120436

Fraternellement,
GdM
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 18 Déc 2020, 08:22

Salut camarades,

Facebook Live de La Riposte, avec Sébastien Menesplier, secrétaire général de la Fédération Nationale des Mines Énergie CGT
16 décembre 2020, sur le site de La Riposte

Venez tout comprendre du projet Hercule et de la grande bataille qui se prépare pour l’énergie publique.
La réunion publique en ligne a eu lieu en direct le jeudi 17 décembre à 15h pour la 3eme journée de mobilisation d’EDF.

Image

La réunion commence sérieusement à la minute 7' du document... Il n' y pas eu encore de montage pour cette vidéo...

A voir camarades :

https://www.facebook.com/87601023241562 ... 355760583/

Fraternellement,
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 03 Jan 2021, 08:46

Salut camarades,

Aux origines du PCF
31 décembre 2020, sur le site de La Riposte
Par Eric Jouen, PCF Barentin (76)

https://www.lariposte.org/2020/12/aux-origines-du-pcf/

Le Parti Communiste Français est avant tout une aventure humaine, à laquelle des femmes et des hommes ont participé, parfois jusqu’à en perdre la vie, parfois une partie de leur existence. C’est le Parti de femmes et d’hommes que ni l’Histoire ni son écriture dogmatique ne doivent faire tomber dans l’oubli. C’est également un parti de la lutte des classes, et donc d’une lutte pour les idées que défendent des groupes s’opposant ou s’unissant selon les circonstances. L’apprentissage du communisme comme un dogme n’a jamais été instauré par les premiers penseurs marxistes qui se sont toujours trouvés dans des organisations traversées par de nombreux courants. C’est aussi un parti dont les racines n’ont pas de frontières parce que le mouvement ouvrier n’a pas de patrie, le sort du salariat français étant largement dépendant de celui du salariat au niveau international.

Paysage politique de la France et tendances socialistes

Au début du XXe siècle, le paysage politique est assez différent de celui que nous connaissons aujourd’hui. Sans que cela en soit l’explication principale, c’est à partir de l’affaire Dreyfus que les nationalistes se fixent définitivement à droite ou à l’extrême droite de l’échiquier politique. Leur idéologie repose sur le militarisme, l’antisémitisme et l’antiparlementarisme, ce dernier thème étant largement partagé par les conservateurs. Auparavant, les nationalistes pouvaient se positionner à gauche, mais la prise de position des partis de gauche en faveur de la révision du procès du lieutenant Dreyfus a fait qu’à partir d’octobre 1898, les nationalistes voteront avec la droite dans tous les scrutins.

La “grandeur de la nation” les amène à voir dans l’armée l’instrument permettant de réaliser cet objectif. L’armée est ainsi mise sur un piédestal, chaque parole d’un haut gradé étant portée aux nues, d’autant que bon nombre de gradés passaient par les écoles des jésuites.

Les discussions à la Chambre des députés leur paraissent être des discussions empêchant l’action, leur préférant l’autorité de militaires ayant fait leurs preuves sur le terrain. L’antisémitisme se traduit par un mépris pour les étrangers, qui sont présentés comme vivant aux dépens des « Français » prêts à trahir la « patrie ».

Quand, dans les rangs de la gauche, l’antimilitarisme, voire le pacifisme, et l’internationalisme vont se diffuser, les nationalistes ont rompu définitivement avec elle.

Charles Maurras a apporté aux nationalistes, dont les activités se résumaient aux manifestations tentant de déstabiliser la République et aux attaques violentes dans la presse, une idéologie faisant la synthèse entre nationalisme et monarchisme. Dès la création de la Ligue des droits de l’homme, les nationalistes ont réagi en s’organisant dans la Ligue de la patrie française. Fait marquant : les nationalistes remportent les élections du conseil municipal de Paris en 1900.

La droite catholique, par ses positions chauvines prises lors de l’affaire Dreyfus et par son alliance avec les républicains modérés, a favorisé l’offensive des républicains anticléricaux. La défense de l’Église et de la religion devient le thème principal de leurs actions. Ainsi, les conservateurs font tout pour que la loi sur les associations (loi 1901) ne soit pas votée, loi qui oblige les congrégations religieuses à demander une autorisation pour enseigner ou diriger un établissement d’enseignement.

Les conservateurs étaient également marqués par un certain antiparlementarisme. Les années d’échecs aux élections, et l’impossibilité de s’opposer aux lois anticléricales les ont poussés peu à peu à souhaiter la disparition du régime parlementaire. Les lois contre l’Église sont attribuées aux juifs, aux francs-maçons ou aux protestants dans la presse catholique.

Cependant, les conservateurs savent s’allier à des républicains modérés, car les classes moyennes voient dans la République un cadre stable, où l’ordre leur permet de mener leurs affaires de manière confortable, ce qu’un retour de la monarchie n’assurerait pas automatiquement.

C’est le même sentiment, la même crainte d’un coup d’État mené par les monarchistes et les nationalistes contre la République, qui fait que des républicains modérés s’allient à la gauche. Ils forment ainsi un mouvement de défense de la République.

Les radicaux ne participent pas aux combats, ils sont d’ailleurs presque invisibles lors de l’affaire Dreyfus, mais s’accrochent aux vainqueurs. Leur présence notoire pour défendre la République et leur appui pour pousser au bout l’application des lois anticléricales masquent cependant des divergences importantes sur les questions sociales, entre les radicaux de tendance libérale d’une part, et les radicaux socialisants d’autre part. Malgré tout, les parlementaires jouent un rôle de premier plan dans la direction des radicaux, et les débats entre radicaux sont portés majoritairement sur la préparation des élections, plutôt que sur le programme politique.

Les socialistes, luttant pour la suppression de la relation exploiteur-exploité, étaient organisés en différentes tendances, avant de finir par s’unir.

La Fédération des travailleurs socialistes de France avait été créée en 1879 au congrès de Marseille, par Jules Guesde qui voulait réunir des groupes collectivistes. En 1880, au congrès du Havre, le programme avait été rédigé par Karl Marx, Jules Guesde et Paul Lafargue. Cependant, après l’échec aux élections de 1881, une majorité de militants se voulait réformiste. Les discussions révèlent des différences importantes en ce qui concerne les conditions de la prise du pouvoir et les relations du parti avec la République. Les socialistes « possibilistes », avec Paul Brousse et Jean Allemane en tête, défendent l’idée qu’il faut faire au plus tôt toutes les réformes possibles plutôt que d’attendre une révolution qui apparaît improbable étant données les conditions. Les guesdistes, opposés à tout compromis avec les forces bourgeoises, à toute participation à un gouvernement composé de bourgeois, avaient très rapidement quitté la Fédération et fondé le Parti ouvrier français, seul parti marxiste, qui connaîtra des succès électoraux dans le Nord, dans le Pas-de-Calais, dans l’Allier. Les guesdistes s’affirment collectivistes, internationalistes et révolutionnaires.

De la Fédération des travailleurs socialistes de France était issu également, depuis 1890, le Parti ouvrier socialiste révolutionnaire, dont le dirigeant Jean Allemane prônait l’action directe, le syndicalisme révolutionnaire et la grève générale comme moyen d’action révolutionnaire. Il opposait la fin du pouvoir à la prise du pouvoir, se rapprochant davantage de la lutte contre toute forme d’autorité chez les anarchistes que de la discipline dans les partis marxistes.

La dernière tendance était celle des socialistes indépendants, composée notamment d’élus, de parlementaires, dédaignant le fait de se soumettre à des dirigeants de partis politiques, préférant l’action des élus, selon leurs personnalités et les situations locales. On dénombre parmi eux Jean Jaurès, Aristide Briand, Alexandre Millerand et René Viviani.

L’unité des socialistes s’était faite, mais pas sans d’âpres débats entre Jean Jaurès et Jules Guesde. La question qui divisait était celle de la possibilité pour un socialiste de participer à un gouvernement bourgeois. Il est vrai qu’à l’époque, retrouver dans un même gouvernement le socialiste Alexandre Millerand et le général de Gallifet, le « massacreur de la Commune » avait de quoi alimenter les débats. La position de Jean Jaurès était claire : « l’heure viendra où le parti socialiste unifié, organisé, donnera l’ordre à l’un des siens ou à plusieurs des siens, d’aller s’asseoir dans les gouvernements de la bourgeoisie pour contrôler le mécanisme de la société bourgeoise, pour résister le plus possible aux entraînements des réactions, pour collaborer le plus possible aux œuvres de réforme. »

La réponse de Jules Guesde a été sans appel : « Et la lutte de classe aboutissant ainsi à la collaboration des classes, cette nouvelle forme de coopérative réunissant dans le même gouvernement un homme qui, s’il est socialiste, doit poursuivre le renversement de la société capitaliste, et d’autres hommes, en majorité, dont le seul but est la conservation de la même société, on nous la donne comme un triomphe du prolétariat, comme indiquant la force acquise par le socialisme. Dans une certaine mesure, oui, comme le disait Lafargue. C’est parce que le socialisme est devenu une force et un danger pour la bourgeoisie, à laquelle il fait peur, que celle-ci a songé à s’introduire dans le prolétariat organisé pour le diviser et l’annuler ; mais ce n’est pas la conquête des pouvoirs publics par le socialisme, c’est la conquête d’un socialiste et de ses suivants par les pouvoirs publics de la bourgeoisie. »

Les différences organisations socialistes s’étaient finalement regroupées en deux tendances principales du socialisme : une tendance réformiste et une tendance révolutionnaire.

En effet, le Parti socialiste de France était une fusion entre le Parti ouvrier français, de Jules Guesde, le seul parti marxiste en France, et le Parti socialiste révolutionnaire, d’Édouard Vaillant, parti blanquiste dans le sens où, à la différence du marxisme, le rôle principal pour la révolution n’est pas attribué à la classe ouvrière, à un mouvement ouvrier de masse, mais la révolution devra être menée par une minorité consciente, établissant temporairement une dictature et ensuite donner le pouvoir au peuple.

Quant au Parti socialiste français, il regroupe les socialistes indépendants, avec Jean Jaurès, ce qui reste de la Fédération des travailleurs socialistes de France de Paul Brousse et le Parti ouvrier socialiste révolutionnaire de Jean Allemane.

De la fusion des différentes tendances socialistes à la débâcle de la IIe Internationale

Le 18 avril 1904, Jean Jaurès avait fait paraître le premier numéro du journal L’Humanité, « Journal socialiste quotidien », grâce à des fonds prêtés par des banquiers et des hommes d’affaires, afin d’unir les socialistes et de s’en servir comme d’un instrument de lutte contre le capitalisme.

Une différence de taille également avec notre époque, l’internationalisme était indissociable de la lutte contre le capitalisme, et la volonté d’associer les prolétaires de tous les pays, unis pour leur émancipation sociale au-delà des divisions créées par les États-nations, s’était traduite par la fondation de l’Association Internationale des Travailleurs, en 1864 à Londres, et dissoute en 1876. Après que Marx s’était imposé contre l’anarchiste Bakounine au sein de cette Première Internationale, les détracteurs des marxistes français leur reprochaient d’ailleurs à l’époque de suivre les idées d’un prussien (Marx) ou les ordres d’une organisation basée à Londres. Sous l’impulsion de Friedrich Engels, l’ami de Karl Marx décédé en 1883, une Deuxième Internationale était fondée en juillet 1889 à Paris, par des délégués d’une vingtaine de pays.

La lutte des classes est un principe fondamental que partagent les organisations qui adhèrent à la Deuxième Internationale, ainsi que la nécessité de socialiser les moyens de production.

Cependant, la croissance capitaliste de la Belle Époque avait fait que certaines couches des travailleurs voyaient leurs conditions de vie et leurs conditions de travail s’améliorer. Il s’est formé alors ce que Lénine appelle l’aristocratie ouvrière. À ces couches un peu plus favorisées, il apparaissait qu’exercer un peu de pression sur le patronat suffisait à construire le progrès social. Un certain conservatisme s’était développé dans les rangs des socialistes, et le sort des prolétaires semblait pouvoir s’améliorer par une série de réformes défendues par des élus. Les campagnes électorales menées par les socialistes abandonnaient le principe de propager les idées révolutionnaires chez les travailleurs pour un opportunisme consistant à obtenir le maximum d’élus. Les divergences entre réformistes et révolutionnaires ont divisé certains partis comme, en 1903, le Parti Ouvrier Social-Démocrate de Russie, entre bolcheviks (majoritaires) et mencheviks (minoritaires). Mais Lénine, à la tête de la tendance révolutionnaire du POSDR-b, a continué à mener une lutte contre le réformisme au sein de la Deuxième Internationale (dont il était membre depuis 1895), comme le faisait également Rosa Luxemburg. Lénine ne se résoudra à interdire les fractions (nom donné aux tendances à l’époque) dans le futur Parti Bolchévik qu’en 1921, face aux menaces contre-révolutionnaires qui mettaient en péril la survie même de la Révolution. Il était clair pour Lénine que cette mesure, qu’il considérait comme temporaire et prise sous des menaces extérieures et intérieures, n’était pas un principe organisationnel.

Le congrès d’Amsterdam de la Deuxième Internationale en 1904 avait enjoint les socialistes français à fusionner dans un seul parti. Lors du congrès du Globe, le congrès de l’unité, qui s’était tenu salle du Globe, boulevard de Strasbourg à Paris, en avril 1905, le Parti socialiste français (indépendants, possibilistes, allemanistes) et le Parti socialiste de France (guesdistes, blanquistes) ont fondé la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO).

Fin 1905, la loi, dont le rapporteur est le radical-socialiste Aristide Briand, concernant la séparation des Églises et de l’État est adoptée , fait de l’État français un État laïc, au grand dam du Vatican qui la critique violemment, ainsi qu’une majeure partie de la droite catholique.

En 1906, une charte, qui prendra plus tard le nom de charte d’Amiens, est adoptée lors du 9e congrès de la CGT. La motion : « La CGT groupe, en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat » , portée par les syndicalistes révolutionnaires, principalement des allemanistes, se fixe comme objectif la lutte pour les revendications immédiates des salariés et l’expropriation capitaliste, telles des besognes quotidiennes et d’avenir, tout en maintenant leur indépendance vis-à-vis des partis et des sectes. « En ce qui concerne les organisations, le congrès déclare qu’afin que le syndicalisme atteigne son maximum d’effet, l’action économique doit s’exercer directement contre le patronat, les organisations confédérales n’ayant pas, en tant que groupements syndicaux, à se préoccuper des partis et des sectes qui, en dehors et à côté, peuvent poursuivre en toute liberté la transformation sociale. » Ceci dit, ce congrès reconnaît la liberté de chaque syndiqué de participer à la transformation sociale par son investissement dans telle association philosophique ou politique. Cette indépendance de la CGT ne signifie pas l’apolitisme de ses membres ni de son action, en définitive.

Une des conséquences de cette « indépendance » est que contrairement à la Grande-Bretagne et à l’Allemagne où les syndicats sont les bases des partis politiques, la SFIO ne dispose pas de moyens financiers et le premier secrétaire général de la SFIO Louis Dubreuilh n’exerce qu’une faible autorité sur l’organisation. Celui qui s’impose, parce qu’il est le chef du groupe parlementaire et le directeur du journal l’Humanité, est Jean Jaurès.

Le début des années 1910 voit une forte diminution des actions du mouvement ouvrier, en France comme dans toute l’Europe. Depuis 1908, la CGT a été décapitée. Le congrès de 1908 à Marseille s’est tenu en l’absence de 31 cadres syndicalistes révolutionnaires, arrêtés par Clemenceau suite à la grève sanglante de Draveil-Villeneuve-Saint-Georges en Seine-et-Oise (maintenant Yvelines), et a abandonné le syndicalisme révolutionnaire au profit d’un syndicalisme plus modéré, mais antimilitariste cependant : « Le congrès déclare qu’il faut, du point de vue international, faire l’instruction des travailleurs, afin qu’en cas de guerre entre puissances, les travailleurs répondent à la déclaration de guerre par une déclaration de grève générale révolutionnaire. »

La propagande anti-prussienne se fait jusque dans les écoles. Les programmes et les manuels scolaires sont conçus pour faire de l’écolier un bon patriote. Le tour de France de deux enfants, histoire de deux jeunes lorrains qui découvrent la beauté de leur pays, le ” petit Lavisse “, manuel d’Histoire et L’instruction primaire, revue hebdomadaire destinée aux instituteurs participent à cette propagande de la IIIe République sur l’amour et le dévouement à la patrie et le bon comportement du citoyen, futur bon soldat.

Par ailleurs, lors des congrès de la IIe Internationale, la guerre impérialiste que se livraient les États, notamment par l’appropriation des colonies par les empires britannique, français, allemand et russe était clairement analysée et intellectuellement comprise. À une déclaration de guerre devait suivre une déclaration de grève générale internationale. Mais, à l’annonce de la guerre , les dirigeants européens de la social-démocratie ont pratiquement tous soutenu leur bourgeoisie nationale, le chauvinisme l’emportant sur la lutte contre l’impérialisme. Le début de la Première Guerre mondiale marque la fin de la IIe Internationale. Au milieu de cette catastrophe politique, ce sont particulièrement les bolcheviks russes, qui constituaient déjà une aile gauche au sein de la IIe Internationale, qui brandissent l’étendard de la guerre des prolétaires révolutionnaires contre les gouvernements capitalistes. Ainsi, l’histoire de la IIIe Internationale sera liée à l’histoire de la révolution russe. Lorsque le prolétariat prend le pouvoir en Russie, la IIe Internationale, censée transformer le monde pour qu’il n’y ait plus ni exploiteur ni exploité, pour un avenir fraternel et pacifique, s’était rangée du côté de la bourgeoisie.

En France, dès 1914, la SFIO et la CGT, malgré la publication d’un manifeste antimilitariste, rejoignent l’Union sacrée (de tous les partis politiques et tous les syndicats) en faveur de la guerre. Pierre Monatte, fondateur de la Vie Ouvrière, démissionne des instances confédérales de la CGT. Son ami Alfred Rosmer, également du noyau du journal la Vie Ouvrière, passe presque chacun de ses dimanches à discuter avec Léon Trotski, exilé russe qui vient régulièrement aux réunions du journal. La position internationaliste du journal de Trostki, Naché Slovo, ne pouvait que rapprocher ces militants au milieu de cette lutte d’idées.

Un militant de la Section française de l’Internationale ouvrière, également trésorier national de la Fédération des instituteurs CGT, Fernand Loriot, s’oppose à l’opportunisme de son parti et au ralliement de celui-ci à une guerre impérialiste. Il est un des fondateurs du Comité pour la reprise des relations internationales (CRRI), futur Comité de la Troisième Internationale. Un jeune intellectuel, Raymond Lefebvre, adhérent de la SFIO, rédige de nombreux articles dans le journal Le Populaire, qui diffuse les idées des socialistes minoritaires hostiles à la guerre.

Le souffle de la Révolution bolchevique et de la IIIe Internationale

En 1917, c’est d’après les dirigeants du monde capitaliste, « l’année terrible ». La révolution éclate dans l’Empire russe. Dès février, les ouvriers dans les villes se soulèvent, suivis par les marins et les soldats. Ils élisent leurs représentants aux conseils (soviets). Les bolcheviks sont le seul groupe politique à leur exposer en toute transparence les objectifs de cette guerre impérialiste, en pointant leur véritable ennemi : le pouvoir russe. Lorsque, en octobre 1917, Lénine et Trotsky prennent, pour la première fois de l’histoire des socialistes, le pouvoir en Russie, les rapports de forces changent dans les organisations sociales-démocrates de toute l’Europe.

Des syndicalistes se déclarent favorables à la vague bolchévique, tel Clovis Andrieu qui déclare : « Le bolchevisme est né de la rapacité des capitalistes et sa création est le résultat de l’état social actuel. » et « Qu’on le veuille ou non, la vague bolcheviste déferlera sur la France et nous ferons de Clemenceau, ce qu’ils ont fait du Tsar. ». Il porte des critiques acerbes contre les positions réformistes de la direction de la CGT : « la journée de huit heures accaparée par le patronat, grâce à la veulerie de certains personnages de la CGT que le contact des gouvernants et des bourgeois a infecté du venin capitaliste ». Andrieu souhaite que la base fasse pression sur le congrès de la CGT et que ce dernier se décide pour un mouvement de grève généralisé contre les conditions de vie et de travail des salariés et pour la paix. Un évènement sera déterminant : suite au chômage du 1er Mai, onze ouvriers des usines Verdié de Firminy sont licenciés pour abandon de poste et six d’entre eux sont menacés d’être traduits devant un conseil de guerre pour sabotage. Andrieu se lance dans la bataille : « Nous donnons huit jours pour régler ce problème. Sinon la grève sera générale dans le bassin de la Loire d’un seul coup… ». Les salariés de Firminy font pression sur le congrès, qui vote pour la grève générale. Le 23 mai, Andrieu déclare à Firminy : « Clemenceau m’a dit il y a une semaine qu’il y avait des éléments à la tête du mouvement ouvrier qui étaient capables de faire un mouvement révolutionnaire contre la guerre : c’est vrai ! Ce n’est point pour les jeunes classes, la grève, c’est pour tous les poilus du front. J’estime que les Français ont assez payé de leur sang. Vive la paix ! »

Au congrès déclenché par la minorité pacifiste de la CGT à Saint-Étienne, trois syndicalistes, Miglioterri, Herclet et Richetta annoncent la grève générale à Vienne pour le 21 mai. Dès le 23, tous trois sont arrêtés, emprisonnés et seront déférés devant un tribunal militaire pour être finalement condamnés en août à 5 ans de prison et 3000 francs d’amende chacun.

Depuis la faillite de IIe Internationale, en août 1914, Lénine souhaitait la naissance d’une nouvelle Internationale, communiste. En 1917, dans ses (10) thèses d’avril, de retour d’exil, et accompagné de Zinoviev, il écrit, s’opposant à la dérive réformiste de Staline et Kamenev alors rédacteurs principaux de la Pravda et ayant écarté la direction du parti bolchevik, trop à gauche d’après eux :

Rénover l’Internationale.

Prendre l’initiative de la création d’une Internationale révolutionnaire, d’une Internationale contre les sociaux-chauvins et contre le « centre ». » Il fallait cependant arracher les partis socialistes d’Europe occidentale à la IIe Internationale et le parti bolchevik ne pouvait pas y arriver seul, malgré des personnalités comme Lénine et Trotsky.

Après la fondation du KPD (Parti communiste d’Allemagne) le 25 décembre 1918, après discussions avec Trotsky et Rakovsky, Lénine écrit en janvier 1919 : « Lorsque la Ligue Spartakus se fût intitulée Parti communiste allemand, alors la fondation de la IIIe Internationale, de l’Internationale communiste, véritablement communiste, véritablement internationale, devint un fait. Formellement cette fondation n’a pas encore été consacrée, mais en réalité la IIIe Internationale existe, dès à présent. »

La lettre d’invitation au congrès fondateur de la IIIe Internationale est rédigée par Trotsky, signée par Lénine et Trotsky pour le parti bolchevik, et différents représentants des partis à l’échelle internationale : polonais, hongrois, autrichiens, lettons, finlandais, fédération des Balkans et américains. Elle s’adresse bien entendu aux partis communistes déjà créés (en Allemagne, en Pologne, en Autriche et en Hongrie), mais dans une large majorité aux tendances révolutionnaires des partis socialistes et aux syndicats.

Ce premier congrès, en mars 1919, est peu représentatif du mouvement ouvrier international. Jacques Sadoul, envoyé en mission en Russie en 1917 comme capitaine pour que la Russie continue la guerre, mais finalement gagné à la cause du communisme, déclare lors du congrès que les « puissants leaders Lénine et Trotsky, pleinement à la hauteur de leur tâche grandiose (…) dirigeront à l’avenir le prolétariat mondial ». Concernant ce qui se passe en France, Sadoul dit, montrant l’empreinte dans sa pensée des préjugés de l’époque et n’ayant pas assimilé les idées principales du communisme : « Non seulement le communisme français ne possède pas, du moins pour le moment, de maréchal, mais il ne dispose même pas de ces généraux révolutionnaires comme il y en a tant en Russie et qui sont dans leur essence un produit purement national, créé par la nature même du pays, les différences aiguës de son climat, l’immensité de son territoire. »

Finalement la plate-forme de l’Internationale est rédigée par Boukharine. Elle indique en conclusion que le chemin vers la victoire passe par la rupture avec les sociaux-démocrates de droite et du centre, et par l’union avec les éléments qui se placent sur le terrain du pouvoir des conseils (soviets). Le rôle de l’Internationale est défini de cette manière : « L’Internationale, qui subordonnera les intérêts dits nationaux aux intérêts de la révolution mondiale, réalisera l’entraide des prolétaires des différents pays (…), soutiendra les peuples exploités des colonies dans leur lutte contre l’impérialisme, afin de hâter l’effondrement du système impérialiste mondial. ».

Le manifeste proclamant la IIIe Internationale est rédigé par Trotsky. Il écrit : « Nous nous considérons, nous, communistes, rassemblés dans la IIIe Internationale, comme les continuateurs directs des efforts héroïques et du martyre d’une longue série de générations révolutionnaires depuis Babeuf jusqu’à Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg. Si la Ière Internationale a prévu le développement de l’histoire et préparé ses voies, si la Iième Internationale a rassemblé et organisé des millions de prolétaires, la IIIe Internationale, elle, est l’Internationale de l’action de masse ouverte, de la réalisation révolutionnaire de l’Internationale de l’action.

La critique socialiste a suffisamment stigmatisé l’univers bourgeois. La tâche du parti communiste international consiste à renverser cet ordre social et à édifier à sa place le régime socialiste. » Devant l’évidence de l’importance du développement économique, industriel et social de l’Europe occidentale, Zinoviev et Trotsky précisent que le siège de la IIIe Internationale sera déplacé de Moscou à Berlin ou Paris dans les années suivantes. Des communistes français se trouvent en Russie et participent, après l’armistice et l’occupation de l’armée française à Odessa, grand port en Ukraine, à la fraternisation entre ouvriers et soldats russes et soldats et marins français. Contre cette attaque du monde capitaliste avec à sa tête l’armée française commandée par le général Philippe d’Anselme, la nouvelle Internationale naît dans l’action, mais également dans le sang. L’institutrice française Jeanne Labourbe, pour avoir mené une propagande en faveur de la Révolution d’octobre auprès des militaires français, est affreusement torturée et fusillée par la police contre-révolutionnaire, aidée par des officiers français.

En France, le début de l’année 1919 est marqué par de nombreux mouvements de lutte, avec les cheminots, les mineurs en Lorraine, les salariés des confections à Paris…Plus de 2000 grèves mobilisent plus d’un million de travailleurs. Les gouvernants craignent une contamination par le bolchevisme. Le radical Georges Clemenceau sent bien que des concessions sont nécessaires et qu’il faut céder à quelques revendications. La politique française est dominée par la droite patriotique, mais le 25 mars, une loi instaure les premières conventions collectives, et le 23 avril la durée légale d’un jour de travail est fixée à 8 heures, pour une semaine de 6 jours. Pour la CGT (seul syndicat à l’époque, jusqu’à la création de la CFTC en novembre), c’est une importante victoire. Les modérés, comme Léon Jouhaux, en sortent renforcés. Clemenceau interdit la manifestation parisienne du 1er Mai et la direction de la CGT décide de ne pas appeler à la manifestation. Cependant, sous la pression d’une base radicalisée grandissante (des centaines de milliers de nouveaux adhérents en quelques mois), les dirigeants réformistes se déclarent contre la mobilisation qui se poursuit et condamnent l’intervention en Russie.

Le 1er Mai, 500 000 travailleurs manifestent, l’armée est déployée et tire rue Royale, place de l’Opéra et place de l’Hôtel de Ville. Charles Lorne, un syndicaliste des producteurs d’énergie est tué. Ses obsèques réunissent plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Devant cette recrudescence de mouvements de grèves, voire de mutineries au sein de l’armée et de la marine, le Comité pour la reprise des relations internationales (CRRI) se transforme le 8 mai en Comité pour la IIIe Internationale. On y retrouve Fernand Loriot, Alfred Rosmer, Pierre Monatte, Marcel Martinet et Boris Souvarine. Un groupe, autour du journal Clarté animé par Henri Barbusse, Paul Vaillant-Couturier, Boris Souvarine et Raymond Lefebvre, regroupe notamment des étudiants pacifistes acquis aux idées communistes.

En juin, des marins et des soldats manifestent dans Toulon pour libérer des camarades qui ont défendu la révolution en Russie. Plus d’une centaine d’entre eux seront condamnés à de lourdes peines de prison.

Ces évènements préfigurent pour certains ce qu’ils considèrent comme les signes avant-coureurs de la prochaine révolution française. À contre-courant pour ainsi dire, la direction de la CGT annule la grève internationale contre l’intervention en Russie prévue le 21 juillet.

Raymond Lefebvre, jeune écrivain ayant été blessé à Verdun en 1916, qui anime l’Association républicaine des anciens combattants, adhère en août au Comité pour la IIIe Internationale.

En novembre ont lieu les élections législatives. Les nationalistes, antiparlementaristes, les catholiques, anti-laïcité, et les républicains progressistes forment un bloc national et mènent une campagne contre la SFIO, qui importerait le bolchevisme en France. Finalement, la SFIO progresse en nombre de suffrages, mais la droite et le centre réunis sortent victorieux des élections en nombre d’élus.

Le vrai congrès de la IIIe Internationale, le IIe congrès, réunit en juin 1920 à Moscou des délégués véritablement représentatifs des plus grands partis. Zinoviev introduit le débat et défend le rôle du parti communiste comme moteur des autres organisations de la société. Aux syndicalistes révolutionnaires français qui souhaitent l’action des révolutionnaires minoritaires au sein des syndicats, sans former de parti, Trotsky dit : « Les syndicalistes français eux-mêmes ne savaient pas très bien ce qu’ils entendaient par « minorité ». C’était une anticipation du développement à venir.(…). Que signifie pour eux cette minorité ? Elle signifie la meilleure partie de la classe ouvrière française, qui a un programme clair et une organisation qui débatte de toutes les questions – non seulement débatte, mais aussi décide -, une organisation liée par une certaine discipline. (…) À travers l’expérience de la lutte des classes contre la bourgeoisie, à travers leur expérience propre et celle d’autres pays, les syndicalistes français devront former un parti communiste. »

Zinoviev prévient : « Aujourd’hui, les vieux partis veulent adhérer à la IIIe Internationale. Dans la mesure où les travailleurs ont évolué vers le communisme, il nous faut les admettre. Mais nous ne devons pas oublier qu’ils viennent avec toute leur vieille racaille, la vieille direction, qui, pendant et après la guerre, a mené une lutte acharnée contre le communisme. ».

Marcel Cachin, dont les errements en tant que défenseur de l’Union sacrée étaient considérés par les bolcheviks non pas comme une erreur, mais comme un crime, et L-O Frossard rédigent une déclaration que Cachin lit. Ces deux émissaires acceptent les conditions posées et promettent d’appeler la SFIO à adhérer à la IIIe Internationale sur la base des 21 conditions d’admission.

Raymond Lefebvre, présent au congrès et surpris que Cachin et Frossard aient été convaincus aussi rapidement par les idées révolutionnaires, avertit qu’il faudra beaucoup de changements au sein de la SFIO, évoquant la trahison de certains dirigeants. Il dit : «La conversion des camarades Cachin et Frossard est seulement un fait individuel. Ils retourneront en France et feront leurs déclarations devant une foule attentive: il est à craindre que, sous l’influence d’un long passé opportuniste et de leur mode de pensée particulier […] en poussant le parti vers l’Internationale communiste, ils ne l’affublent d’un programme minimum qui aurait, pour nous Français, le désavantage de rendre purement platonique l’adhésion à l’IC, et pour vous, camarades, le désavantage encore plus grand de faire pénétrer dans vos rangs l’esprit de trahison de la II° Internationale. J’affirme que l’atmosphère en France est insupportable. Il faut y mettre fin. Le changement d’opinion de deux individus ne doit pouvoir exercer aucune influence. Nous devons rester inflexibles, et je vous assure que, si vous tenez bon, les masses en France vous suivront sans hésitation»

Rakovsky dira, au sujet de la déclaration de Cachin : «Relisant le texte qu’il a lu, je suis surpris non seulement par sa prudence, mais aussi par ses hésitations, ses omissions, et j’ajouterais, par ses restrictions mentales. » Au retour du congrès, Raymond Lefebvre périt en mer de Barents de façon inexpliquée, avec les syndicalistes Marcel Vergeat et Louis Bertho dit Jules Lepetit, tous deux révolutionnaires honnêtes et réalistes.

Un congrès avec des fondateurs absents

En France, les idées révolutionnaires gagnent une partie de la jeunesse. Au sein du groupe des étudiants socialistes révolutionnaires, des personnalités apparaissent : Jean de Saint-Prix, qui glorifie la révolution russe dans ses poèmes ou Voja Vuyovic, qui anime un groupe de partisans de la révolution, mais également Simone Téry, Vital Gayman ou Ernest Labrousse. D’autres noms se font alors connaître parmi les jeunes militants : Jacques Doriot, marqué par la guerre, Gabriel Péri, engagé très jeune en politique, Henri Lozeray, jeune ouvrier typographe, Rosa Michel, engagée dès la révolution d’octobre ou Maurice Honel, jeune adhérent. Le 31 octobre 1920, les Jeunesses Socialistes votent l’adhésion à l’Internationale communiste des jeunes. La majorité des Jeunes socialistes deviennent, à 75 %, Jeunes communistes.

Le congrès de Tours, congrès de la SFIO alors encore membre de la IIe Internationale, se tient du 23 au 30 décembre, à la salle du Manège, et réunit 285 délégués porteurs de 4575 mandats. Arrivée clandestinement en traversant la frontière franco-allemande, l’arrivée de Clara Zetkin, figure du communisme allemand, fait forte impression.

Différentes tendances sont présentes lors de ce congrès, mais certaines personnalités marquantes sont malheureusement absentes. Raymond Lefebvre, tout d’abord, l’un des jeunes représentants les plus prometteurs parmi les militants pacifistes, présent au IIe congrès de l’Internationale communiste et acquis aux idées révolutionnaires, avait tragiquement disparu. Ensuite, les deux principaux animateurs du Comité pour la IIIe Internationale, Fernand Loriot et Boris Souvarine, sont en prison. L’adhésion aux 21 conditions est représentée par les anciens centristes Marcel Cachin et L-O Frossart, transformés depuis leur séjour à Moscou. Des concessions sont ainsi faites par les partisans de l’adhésion à la IIIe Internationale, notamment concernant les relations parti-syndicats et au sujet de l’exclusion des éléments réformistes. On parlait de « coopération des syndicats avec le parti » et non plus de « subordination ».

Souvarine écrit : « Le comité leur fit quelques concessions d’importance secondaire et scella ainsi l’alliance des deux tendances contre l’approbation des vingt et une conditions, la modification de celle qui avait trait aux rapports du parti avec les syndicats, l’ajournement du changement de titre du parti, l’abandon par le comité du droit aux deux tiers des sièges des organismes directeurs, la transformation de l’exclusion a priori de certains centristes en exclusion a posteriori entraînée par le refus d’accepter la résolution du congrès. »

Mais, alors que Zinoviev avait promis la possibilité d’enlever Jean Longuet et Paul Faure de la liste des personnes à exclure, il fait parvenir un télégramme, assurant que l’Internationale ne pouvait rien avoir en commun avec Longuet, et que cette concession serait pour le parti ” un véritable boulet”. Ce texte exigeant l’élimination de Longuet, qualifié d'” agent déterminé de l’influence bourgeoise sur le prolétariat” , signé par Lénine, Boukharine, Trotsky et Rosmer, ne manque pas de provoquer des remous chez les congressistes. Jean Longuet, petit-fils de Karl Marx, conteste la condition 16 : « Toutes les décisions des Congrès de l’Internationale Communiste, de même que celles du Comité Exécutif, sont obligatoires pour tous les Partis affiliés à l’Internationale Communiste. Agissant en période de guerre civile acharnée, l’Internationale Communiste et son Comité Exécutif doivent tenir compte des conditions de lutte si variées dans les différents pays et n’adopter de résolutions générales et obligatoires que dans les questions où elles sont possibles. », qui estime que le parti ne sera plus libre dans ses décisions.

D’ailleurs, Longuet est directement cité dans la condition 7 : « Les Partis désireux d’appartenir à l’Internationale Communiste ont pour devoir de reconnaître la nécessité d’une rupture complète et définitive avec le réformisme et la politique du centre et de préconiser cette rupture parmi les membres des organisations. L’action communiste conséquente n’est possible qu’à ce prix.

L’Internationale Communiste exige impérativement et sans discussion cette rupture qui doit être consommée dans le plus bref délai. L’Internationale Communiste ne peut admettre que des réformistes avérés comme Kautsky, Hilferding, Longuet, MacDonald, Modigliani et autres, aient le droit de se considérer comme des membres de la IIIe Internationale, et qu’ils y soient représentés. Un pareil état de choses ferait ressembler par trop la III° Internationale à la II°. ».

Cependant, Clara Zetkin ne manque pas d’écrire à Lénine que ce télégramme est « une intervention brutale autoritaire, en l’absence d’une connaissance exacte des circonstances réelles qu’il faut prendre en compte ». Elle voulait notamment parler des exclusions des centristes.

Une troisième tendance, refusant totalement les conditions d’adhésion à la IIIe Internationale, refusant tout simplement la IIIe Internationale, est représentée par Léon Blum. Il déclare, dans un discours de haute volée : « Nous sommes convaincus, jusqu’au fond de nous-mêmes, que, pendant que vous irez courir l’aventure, il faut que quelqu’un reste garder la vieille maison. […] Dans cette heure qui, pour nous tous, est une heure d’anxiété tragique, n’ajoutons pas encore cela à notre douleur et à nos craintes. Sachons nous abstenir des mots qui blessent, qui déchirent, des actes qui lèsent, de tout ce qui serait déchirement fratricide. Je vous dis cela parce que c’est sans doute la dernière fois que je m’adresse à beaucoup d’entre vous et parce qu’il faut pourtant que cela soit dit. Les uns et les autres, même séparés, restent des socialistes ; malgré tout, restons des frères qu’aura séparés une querelle cruelle, mais une querelle de famille, et qu’un foyer commun pourra encore réunir. ».

Charles Rappoport, du Comité pour la IIIe Internationale, écrira dans la Revue communiste, en guise de bilan du congrès : « La motion de Tours, groupant une majorité écrasante, fut un compromis. Les points ne furent pas mis sur les I. Les « vint et une » conditions ne sont pas acceptées telles quelles, mais « reconstruites » selon la vieille méthode diplomatique des concessions mutuelles. (…) Le nouveau comité directeur, la nouvelle Humanité se trouvent aux mains des anciens reconstructeurs, convertis – pour la plupart de bonne foi – au communisme révolutionnaire. ».

Le vote de la motion, rédigée par Loriot, Souvarine et Monatte, décisif pour l’avenir de la vie politique en France, rend minoritaires (plus de 1000 mandats) les tenants de la SFIO (qui conservent cependant la majorité des élus de la République), et majoritaires (plus de 3000 mandats) ceux qui donnent naissance à la Section Française de l’Internationale Communiste et conservent le célèbre journal l’Humanité. Le 30 décembre 1920, le parti, qui sera appelé l’année suivante Parti communiste, est né.

Bibliographie

« Les élections législatives de 1902 en France », Lucien Mitais, Université Paris-Sorbonne

« Le nationalisme français 1871-1914 », Raoul Girardet

« La droite en France », René Remond

« La république triomphante 1893 -1906 », Jacques Chastenet

« Les grandes batailles du radicalisme », Jacques Kayser

Les deux méthodes. Conférence par Jean Jaurès et Jules Guesde à l’Hippodrome de Lille

« Le mouvement socialiste sous la Troisième République », Georges Lefranc

« Histoire sociale de la Loire », Daniel Jaboulay

« Grandes grèves de 1919 : une nouvelle génération militante », Nicolas Chevassus-au-Louis

« La France de 1914 à nos jours », Jean-François Sirinelli

« Histoire de l’Internationale communiste 1919-1943 », Pierre Broué

« Le début d’une ère nouvelle communiste en France », Charles Rappoport

« Moscou sous Lénine », Alfred Rosmer

« Le Parti socialiste et l’Internationale », L.-O. Frossard

Compte-rendu sténographique du congrès de Tours des 25, 26, 27, 28, 29 et30 décembre 1920 / Parti Socialiste SFIO
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 15 Jan 2021, 08:49

Salut camarades,

Biocoop : retour sur la grève
14 janvier 2021, sur le site de La Riposte
Par J. S. Boisrond (92)

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Des salariés de deux magasins Biocoop ont dû faire grève pour un meilleur salaire et une reconnaissance en tant que travailleurs « de première ligne » face à la pandémie du Covid-19...

https://www.lariposte.org/2021/01/bioco ... -la-greve/

Groupe TUI : licenciements par vidéoconférence
14 janvier 2021, sur le site de La Riposte
Par J.S. Boisrond (92)

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Au mois de juin dernier, les salariés du groupe allemand TUI (premier groupe du secteur touristique dans le monde) reçoivent une invitation à participer à une vidéoconférence, où leur direction leur apprendra que 600 des leurs sur un total de 900 vont être licenciés...

https://www.lariposte.org/2021/01/group ... onference/

Fraternellement,
GdM
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 14 Fév 2021, 19:47

Salut camarades,

Royaume-Uni : la droite du Parti Travailliste organise une purge.
Le dimanche 14 février 2021, publié sur le site de La Riposte
Par Greg Oxley

https://www.lariposte.org/2021/02/royau ... une-purge/

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À la suite d’une conférence téléphonique entre Keir Starmer, qui a remplacé Jeremy Corbyn à la tête du Parti Travailliste, et un certain nombre de « donateurs millionnaires », le dirigeant du parti en Écosse, Richard Leonard, a été mis à l’écart. Selon le quotidien britannique The Times, les riches donateurs ont fait « très clairement comprendre » à Starmer qu’ils ne donneraient plus d’argent au parti si Leonard, considéré comme proche de Corbyn, n’était pas destitué. Parmi les millionnaires se trouvaient le Baron Willie Haughey et l’avocat Robert Latham qui a financé la campagne de Starmer contre Corbyn à hauteur de 100,000 livres sterling.

Selon le site de Left Horizons dont les militants luttent contre l’orientation droitière de la direction travailliste depuis le départ de Corbyn, « il ne fait aucun doute maintenant que le Parti travailliste entre dans une phase de réaction inédite depuis trente ans et que sa droite est même plus organisée et plus efficace qu’à l’époque de Tony Blair. » Manifestement, l’un des aspects les plus malsains des méthodes de la nouvelle équipe dirigeante est la tentative de « purger » la gauche du parti, sous prétexte de la lutte contre l’« antisémitisme ».

Ici en France, on connaît bien, l’astuce politique qui consiste à assimiler toute critique de la politique de l’État d’Israël à l’antisémitisme. Les médias de droite et la droite du Parti Travailliste en ont fait amplement usage pour discréditer Corbyn, connu pour sa défense des droits du peuple palestinien. Aujourd’hui, au niveau national et dans pratiquement toutes les instances régionales du parti, des permanents à plein temps surveillent les réseaux sociaux pour identifier les membres du parti qui pourraient, eux aussi, être accusés fallacieusement d’antisémitisme et expulsés du parti. De nombreux membres du parti ont déjà subi la suspension ou l’annulation de leur qualité d’adhérent, et les sections locales qui s’y sont opposées ont été, elles aussi, suspendues.

Sous Starmer, la direction travailliste a refusé de s’opposer à l’amnistie accordée par le gouvernement conservateur de Boris Johnson aux agents secrets de la police qui ont commis des actes illégaux en infiltrant des organisations anticapitalistes dans le passé. Selon un rapport parlementaire (Mitting Report), 124 organisations ont été infiltrées après 1968 et pendant des décennies par la police britannique.

Et maintenant Starmer a engagé les services d’un ancien agent de renseignement militaire israélien du nom d’Assaf Kaplan, pour coordonner la chasse aux « gauchistes » dans le Parti Travailliste. Kaplan était – et peut-être est-il encore ? – un officier de la tristement célèbre Unité 8200 du renseignement militaire israélite, spécialisé dans la surveillance et l’espionnage informatique. L’unité se spécialise également dans le chantage et l’extorsion. Dans une lettre publiée dans The Guardian en septembre 2014, un réserviste « donneur d’alerte » de l’unité 8200 écrivait que « toute information qui pourrait permettre une tentative d’extorsion à l’encontre d’un individu est considérée comme pertinente […] que cette personne ait une certaine orientation sexuelle, trompe sa femme ou ait besoin d’un traitement [médical] en Israël ou en Cisjordanie – il peut devenir la cible d’un chantage. »

Le statut officiel de Kaplan dans le parti est « responsable de l’écoute sociale et de l’organisation », ce qui appelle le commentaire suivant de la part de Left Horizons : « En d’autres termes, cela signifie le développement de la surveillance des médias sociaux de la gauche travailliste. »


Fraternellement,
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 22 Fév 2021, 06:41

Salut camarades,

Réchauffement climatique et énergie: l’impasse capitaliste
Le dimanche 21 février 2021, sur le site de La Riposte
Par Gauthier Hordel

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Introduction :

Nous arrivons à un moment où une part importante de la société notamment dans la jeunesse prend conscience de la nécessité d’agir pour la préservation de l’environnement. Les dégâts environnementaux, le réchauffement climatique et les phénomènes associés sont devenus non seulement incontestables mais sont une menace pour l’avenir de l’humanité. La crise sanitaire et ses conséquences ont été un révélateur d’une société dont le moteur est la recherche de profit à tout prix. Le maintient d’une classe capitaliste qui domine l’économie et les gouvernements qui en sont leur représentant politique est devenu un obstacle au progrès social. Le développement de la société capitaliste a abouti à une impasse non seulement du point de vue économique et sociale, les crises économiques se succèdent depuis plus de 40 ans, mais également du point de vue de l’environnement. Il apparaît une incompatibilité entre les intérêts économiques et la nécessité de prendre des mesures « radicales » pour enrayer le dérèglement climatique induit par les activités humaines. Une des forces du capitalisme réside dans le fait qu’il est opportuniste, c’est-à-dire qu’il absorbe tout ce qui peut l’être à des fins de marchandisation. La progression d’une conscience écologique au sein de la société n’échappe pas à cette règle.

Nous avons besoin d’en savoir plus sur le réchauffement climatique de la production d’énergie. Une partie importante de ce texte est consacré à la vulgarisation de ces questions pour tenter d’y répondre modestement, quite à aller à contre courant des idées dominantes des milieux militants. Le problème est vaste et complexe. Dans cette analyse, nous essaierons de mettre en évidence la relation entre le réchauffement climatique avec l’utilisation et la consommation d’énergie dans le cadre de l’organisation de la société en régime capitaliste. Ou en sommes nous et ou va-t-on en termes d’énergie et de technologie ? Quels sont perspectives pour l’humanité ? En quoi la marche vers le communisme véritable permettra de résoudre l’équation dont les paramètres sont le progrès, la justice, l’égalité et la préservation de notre environnement ?


A lire la suite de ce long article sur le site...

https://www.lariposte.org/2021/02/recha ... pitaliste/

Fraternellement,
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 27 Fév 2021, 19:15

Salut camarades,

Avant la trahison d'août 1914, le SPD, était fleuron de la social - démocratie et de l'Internationale Ouvrière, on peut lire en complément de Franz Mehring sa magistrale Histoire de la Social - Démocratie allemande de 1863 à 1891, éditée chez Les bons caractères....

La révolution allemande, 1917-1919. – 1. La Social-Démocratie avant 1914
Le 27 février 2021, par La Riposte

https://www.lariposte.org/2021/02/la-re ... vant-1914/

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La révolution allemande de 1917-1919 était, comme la révolution soviétique en Russie, la conséquence directe de la Première Guerre mondiale. Le carnage massif sur les fronts et les conséquences économiques et sociales de la guerre ont placé des millions de travailleurs et de soldats allemands dans une situation où ils n’avaient pas d’autre choix que de se soulever contre l’ordre social existant et de tenter de prendre le pouvoir pour réorganiser la société sur de nouvelles bases.

Les événements de 1917-1919 allaient s’avérer n’être que la première partie d’un processus révolutionnaire qui a connu une nouvelle phase ascendante – et un nouvel échec – en 1923. La défaite de la révolution a eu des conséquences historiques tellement importantes qu’elles ont largement déterminé le cours général de l’histoire européenne pendant plusieurs décennies. Premièrement, elle a préparé le terrain pour l’émergence du mouvement de masse fasciste soutenu par la classe capitaliste allemande et sous la direction d’Adolphe Hitler, qui a finalement pris le pouvoir en janvier 1933. Deuxièmement, elle a anéanti l’espoir des dirigeants de la révolution russe dans l’extension internationale de la révolution, sans laquelle la démocratie soviétique ne pouvait pas survivre.

Parmi tous les événements de la révolution allemande, c’est surtout l’assassinat de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht qui est resté dans la conscience collective des militants de notre époque. Peu de militants en Allemagne et à plus forte raison en France connaissent le déroulement de la révolution dans son ensemble, sans parler des causes de son dénouement tragique. Des révolutions, et surtout celles qui sont vaincues, finissent par s’inscrire dans le « folklore » du mouvement ouvrier, et sont trop souvent évoquées sous le registre d’un fatalisme lyrique et sentimental. Lors de cérémonies commémoratives, on pleure les « martyrs » et les espoirs déçus, mais on ne prête guère d’attention aux causes profondes et à la logique interne de leur déroulement, ni aux enseignements de leur défaite. Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht figurent parmi les plus grands représentants de la cause communiste et internationaliste. Massacrés lâchement par leurs ennemis, ils ont payé leur engagement révolutionnaire au prix le plus fort. Mais leur destin terrible faisait partie d’une tragédie bien plus vaste. On peut déposer des roses rouges sur leurs tombes, afficher leurs portraits, louer leur engagement et leur esprit d’abnégation révolutionnaire. Mais la meilleure façon de leur rendre hommage serait de chercher à mieux comprendre leurs idées et leur lutte, ainsi que les circonstances qui ont fait que la révolution dans laquelle ils avaient un rôle de premier plan n’a pas pu aboutir.

Après la défaite de l’insurrection révolutionnaire de 1848, le régime monarchique s’adapte aux besoins de la bourgeoisie. L’État et l’appareil gouvernemental sont entre les mains de l’aristocratie prussienne, qui prête allégeance non pas au parlement, mais à l’Empereur. La Prusse recouvre plus que la moitié du territoire de l’Empire, dans lequel de nombreux États, principautés et villes « libres » sont unis dans un même Reich sous domination prussienne. Le parlement du Reich peut mettre son veto aux lois gouvernementales, mais le gouvernement lui-même est nommé par l’Empereur. Chaque État local a ses structures institutionnelles et son mode de scrutin particulier, qui favorise le plus souvent les classes supérieures. Le Parti Social-Démocrate, formellement interdit jusqu’aux années 1890 et constamment harcelé par le régime, se développe dans ce contexte difficile. Max Beer, par exemple, éditeur d’un journal social-démocrate à Magdebourg pendant 22 ans, en a passé 14 en prison. Même après la légalisation du parti, les responsables sociaux-démocrates sont régulièrement incarcérés ou condamnés aux travaux forcés sous divers prétextes. Aussi tard qu’en 1910, des enseignants sont renvoyés pour avoir publiquement souhaité bon anniversaire au dirigeant social-démocrate, August Bebel !

Malgré la répression, le Parti Social-Démocrate connaît un développement impressionnant. Il évolue dans le contexte d’une longue période d’expansion du capitalisme allemand, qui dure jusqu’au début de la guerre de 1914, et pendant laquelle les organisations des travailleurs parviennent à arracher des concessions relativement importantes, accompagnées d’une augmentation des salaires et du niveau de vie en général. La semaine de travail est réduite et dans l’espoir de limiter la croissance des organisations ouvrières, notamment dans la grande industrie, Bismarck introduit un système rudimentaire d’allocations sociales.

À l’époque, la dénomination « social-démocrate » a une signification révolutionnaire. La longue phase d’expansion économique et de réformes sociales va nécessairement exercer une influence sur le comportement et la pensée des sociaux-démocrates. Leurs méthodes de lutte, leur pratique militante quotidienne et leur façon de penser sont largement déterminées par les circonstances dans lesquelles leur action s’inscrit. Issu de la fusion, en 1875, de deux courants politiques – celui des marxistes et celui des partisans de Ferdinand Lassalle – le Parti Social-Démocrate dans son ensemble incarne les aspirations de pratiquement tous les travailleurs de l’Empire. Lassalliens et marxistes affrontent ensemble un État répressif qui ne leur présente pratiquement aucune occasion de prendre part aux processus décisionnels et les condamnent à une position politique marginale. Ce contexte incite Lassalle à chercher un compromis – pour ne pas dire collaboration – avec le régime dans l’espoir d’obtenir des concessions. Quant aux marxistes, même s’ils prennent formellement position en faveur d’un renversement révolutionnaire de l’ordre établi, ils voient bien que la classe dirigeante est bien trop puissante pour permettre la réalisation de cet objectif dans un avenir prévisible.

La caractérisation habituelle du Parti Social-Démocrate d’avant 1914 selon laquelle il était révolutionnaire en théorie, mais réformiste et gradualiste en pratique, prend ici tout son sens. Le programme d’Erfurt (1891) affirme la nature révolutionnaire du parti et stipule qu’il est sans illusions dans le parlementarisme bourgeois. S’il n’est pas possible de renverser l’État, le parti s’efforce de construire un contre-pouvoir aussi puissant que possible, une sorte d’« État dans l’État ». Il s’agit d’organiser les travailleurs aussi massivement que possible pour mieux défendre leurs intérêts dans le cadre de l’ordre existant. Pendant plus de quatre décennies, l’histoire de l’Empire ne présente au mouvement ouvrier allemand aucune occasion de passer à l’offensive, à l’assaut du pouvoir. Au-delà des objectifs révolutionnaires formulés dans ses textes, l’activité pratique quotidienne du parti consiste essentiellement à l’organisation de campagnes électorales, à la publication de journaux et de tracts, aux meetings de propagande et la construction des organisations locales. Les résultats concrets de cette activité « réformiste » sont relativement impressionnants. Avec un million d’adhérents encartés, des centaines de permanents, 4,5 millions d’électeurs (34 % des suffrages) et 13 000 élus locaux à la veille de la guerre de 1914, le parti a plus de 90 journaux quotidiens et gère un vaste réseau d’organisations syndicales, associatives, mutualistes, coopératives, culturelles et sportives.

Le temps passant, la déconnexion entre les objectifs révolutionnaires énoncés dans la théorie et la pratique réformiste du parti vont évoluer. Le glissement vers des positions plus « modérées » ou opportunistes n’est pas tout simplement imposé d’en haut. Il est déterminé par les conditions objectives de l’époque. Les pressions réformistes sont particulièrement fortes dans le milieu des élus et des permanents, surtout après le remplacement de Bebel par Ebert à la tête du parti en 1906. Les principes marxistes restent valables dans l’esprit des sociaux-démocrates, mais les priorités militantes et les penchants idéologiques de l’ensemble du parti sont façonnés par l’environnement social et économique. L’historien le plus remarquable de la Social-Démocratie allemande pendant cette période, Carl Schorske, résume la situation ainsi : « Aussi longtemps que l’État reléguait la classe ouvrière à un statut de paria, et aussi longtemps que la classe ouvrière pouvait s’approprier une part des bienfaits d’un capitalisme vigoureux en expansion et n’était pas poussée à la révolte, la synthèse d’Erfurt pouvait tenir. » [German Social Democracy 1905-1917].

À partir de 1897, l’un des théoriciens du parti, Édouard Bernstein, prend ses distances avec les idées du marxisme et prône une révision du programme et des objectifs du parti. Il est soutenu dans cette démarche par une partie des permanents. Bernstein renonce à l’objectif d’un renversement révolutionnaire du système capitaliste. Dans une série d’écrits, dont Les Présupposés du Socialisme (1897), il défend la perspective d’un socialisme qui s’impose progressivement et paisiblement dans la société. Il voit le socialisme comme un mouvement perpétuel, s’installant graduellement dans l’organisation sociale, au moyen d’une succession de réformes sociales et institutionnelles. Le socialisme ne devait pas être considéré comme le produit d’un soulèvement des travailleurs, mais comme l’aboutissement de modifications successives de l’État capitaliste. « Le but, disait-il, quel qu’il soit, ne signifie rien pour moi, le mouvement est tout. » C’est ainsi qu’on a qualifié son approche de « socialisme évolutionnaire », aboutissant à un dépassement graduel du capitalisme. Les idées de Bernstein, vivement combattues par les dirigeants du parti comme Karl Kautsky, August Bebel et Rosa Luxemburg, ainsi que par des sociaux-démocrates russes comme Georges Plékhanov et Vladimir Lénine, ne parviennent pas à s’imposer à la majorité du parti.

Sur la gauche du parti, l’exilée polonaise Rosa Luxemburg, dénonce l’adaptation du parti aux institutions de l’État bourgeois. La construction de l’appareil, avec des campagnes électorales et la propagande réformiste, l’emporte sur l’organisation des luttes concrètes et la mise en avant des objectifs révolutionnaires. Côtoyant de près les chefs du parti, Rosa Luxemburg sent chez eux un manque d’ardeur et de dévouement révolutionnaire. La complaisance bureaucratique ne voit pas plus loin que le maintien de l’appareil et la défense des acquis du mouvement.

Rosa Luxemburg défend ses idées révolutionnaires et formule ses critiques envers le comportement des chefs dans de nombreux articles et par des interventions dans les réunions du parti. Impressionnée et inspirée par les grèves insurrectionnelles de 1905, en Russie, elle prône une campagne de propagande en vue d’une « grève de masse » en Allemagne, ce qui lui vaut une réaction hostile de la part des instances dirigeantes. Cependant, l’impact des idées de Rosa Luxemburg n’est que marginal. Engagés pour la plupart dans l’activité routinière valorisée par les chefs – et que peuvent-ils faire d’autre ? – les militants prennent ses idées comme « abstraites » ou « théoriques », dépourvues de portée pratique.

La correspondance de Rosa Luxemburg à cette époque indique qu’elle se sent isolée et désemparée. Elle ne pense pas pouvoir convaincre la base du parti. Seul un mouvement massif de la classe ouvrière changerait le rapport de force entre les révolutionnaires et les représentants du « centre » qui dirigent le parti. Dans une lettre à son amie et camarade Clara Zetkin, en 1907, elle écrit : « Je ressens plus que jamais la puérilité et l’hésitation du régime dans le parti. Cependant, je ne peux m’en faire autant que toi, parce que je vois avec une clarté déprimante que ni les choses ni les gens ne peuvent changer sans un changement de toute la situation – et même à ce moment-là nous ferons face à l’inévitable résistance de ces gens-là si nous voulons diriger les masses en avant. Notre tâche prendra des années. » Devant ce constat désolant, certains de ses proches proposent de quitter le mouvement social-démocrate et former une nouvelle organisation. Mais Rosa Luxemburg s’y oppose fermement. La création d’une « secte » révolutionnaire ne l’intéresse pas. À la faveur d’un mouvement de masse, pense-t-elle, il serait possible de transformer le parti et le doter d’une orientation clairement révolutionnaire. Quitter le parti ne résoudrait rien et condamnerait les révolutionnaires à une impuissance définitive.

Rosa Luxemburg agit plus ou moins seule. Il n’existe aucune structure organisée regroupant les militants qui sont proches de ses idées. Il s’agit tout au plus d’un réseau informel de militants se situant sur la gauche du parti. Ces militants ne se sentent nullement liés par une quelconque discipline collective. Cette gauche plutôt fragile connaît néanmoins un certain développement à partir de 1910, sous l’impact des mouvements de grève et des attaques dirigées contre elle de la part des dirigeants du parti. Vers la fin de 1913, Rosa Luxemburg lance un magazine hebdomadaire pour défendre ses idées, sans pour autant chercher à organiser des militants autour de la publication.


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Gayraud de Mazars
 
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 03 Mars 2021, 19:27

Salut camarades,

PCF 2022 : Questions de programme et de stratégie électorale
3 mars 2021, par La Riposte

https://www.lariposte.org/2021/03/pcf-2 ... lectorale/

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La préparation de l’élection présidentielle pose le problème de la stratégie du PCF, à savoir, au fond, s’il doit présenter son propre candidat ou se ranger derrière le candidat d’une alliance avec d’autres forces politiques. Le secrétaire national du parti, Fabien Roussel, plaide pour une candidature indépendante, expliquant que l’absence de candidat en 2012 et en 2017 a été préjudiciable pour le parti. La dernière candidate PCF à l’élection présidentielle était Marie-George Buffet en 2007, qui a obtenu 1,93% des suffrages exprimés. Lors du dernier congrès, le problème de l’« effacement » du PCF a été largement imputé au soutien accordé à Jean-Luc Mélenchon lors du scrutin présidentiel précédant, sans être parvenu à un accord avec la France Insoumise pour les élections législatives. Dans le texte adopté par le congrès, il est stipulé que le PCF doit avoir des candidats « à toutes les élections ». La prise de position de Fabien Roussel s’inscrit dans le prolongement de cet engagement.

C’est une option qui ne fait pas l’unanimité chez les communistes. L’existence de divergences à propos de la stratégie électorale n’a rien de surprenant. Divergence ne signifie pas nécessairement division, mais division il y a, dans une certaine mesure, puisque Marie-George Buffet et Gilles Poux, maire PCF de La Courneuve (Seine-Saint-Denis) ont d’ores et déjà déclaré leur soutien à la candidature de Jean-Luc Mélenchon, sans attendre les débats internes qui, manifestement, ne les intéressent pas trop.

Sur les réseaux sociaux, beaucoup de camarades communistes sont visiblement beaucoup remontés contre le candidat de la France Insoumise, qualifié parfois de façon assez virulente de traître, de social-démocrate, de réformiste, etc. Une idée qui revient souvent est que Mélenchon veut l’affaiblissement, voire la mort, du PCF. Bien évidemment, on ne peut pas évoquer l’attitude acerbe de certains militants communistes au sujet de Mélenchon, sans noter que ce dernier ne s’est pas privé d’attaquer le PCF, non plus.

Comme en 2017, la candidature de Jean-Luc Mélenchon se présente comme un fait accompli, de façon unilatérale et sans aucune tentative de négociation préalable avec le PCF. S’il adopte cette attitude, c’est parce qu’il s’estime être en position de force et de ne pas avoir besoin de négocier un accord portant sur les législatives avec le PCF. Il pense pouvoir attirer une partie des électeurs potentiels du PCF en mettant des « personnalités » comme Marie-George Buffet et Gilles Poux en bonne place sur ses estrades de campagne.

Nous sommes maintenant à 15 mois de l’élection présidentielle. La situation peut donc évoluer. Mais les sondages qui ont eu lieu jusqu’à présent attribuent entre 1 et 2% à une éventuelle candidature de Fabien Roussel, ce qui le place au niveau ou un peu en dessous du score de Marie-George Buffet en 2007 (1,93%). Le poids électoral du PCF paraît donc extrêmement marginal. De manière générale, la stratégie électorale du parti n’est pas une question de principe. Selon le contexte, des stratégies différentes peuvent servir le même objectif. Mais justement, quel est l’objectif ?

Il nous semble que l’objectif central de la participation du PCF à la prochaine campagne présidentielle devrait être d’élargir sa base sociale, dans les entreprises, et dans les quartiers (notamment des grandes concentrations urbaines) renforcer ses soutiens actifs dans les milieux syndicaux et associatifs. Il faut inverser le déclin des effectifs militants du parti et commencer à reconquérir le terrain perdu au fil des dernières décennies en ce qui concerne son enracinement social. Sans cela, la campagne sera un échec, quelle que soit la stratégie électorale qu’il aura adoptée.

L’atteinte de cet objectif ne dépend pas seulement de s i le PCF a son propre candidat ou pas, mais avant tout d u programme qu’il incarne. Le déclin du PCF n’est pas, au fond, la conséquence de stratégies électorales ou d’alliances. S’il a perdu prise dans les quartiers populaires, dans les entreprises et dans l’électorat, si ses effectifs n’ont cessé de baisser, c’est parce son programme et sa pratique ne le permet pas de se distinguer nettement de la « gauche » réformiste et institutionnelle.

Jean-Luc Mélenchon et la FI défendent une politique réformiste. C’est-à-dire que son programme se limite à une série de revendications et de propositions qui visent à atténuer les conséquences du capitalisme, mais qui n’envisagent aucune alternative au système capitaliste lui-même. La plupart des revendications portées par la FI sont positives en soi. Mais comme ce fut le cas du programme de François Mitterrand en 1981, sa politique générale évite soigneusement de poser la question d’une rupture avec le capitalisme. Par conséquent, si jamais Jean-Luc Mélenchon devait arriver au pouvoir, il serait confronté au même problème incontournable qu’ont connu les gouvernements de gauche précédents. La classe capitaliste lui ferait très clairement comprendre, comme elle l’a fait avec Mitterrand, à l’époque, que s’il engage des réformes sociales qui sont contraires à ses intérêts, le résultat sera une chute brutale des investissements, des suppressions massives d’emplois, une fuite des capitaux, en un mot un sabotage économique et social sur toute la ligne.

Le gouvernement socialiste-communiste de 1981 n’a mis que quelques mois pour changer de cap, annonçant d’abord une « pause » dans les réformes avant d’adopter une politique d’austérité budgétaire, de gel des salaires et de casse industrielle. Les ministres et le groupe parlementaire du PCF ont soutenu cette politique jusqu’en juillet 1984, c’est-à-dire plus de deux ans après le début de la « pause ». De la même façon, en 1997-2002, la direction du PCF a cautionné la politique de privatisations mise en œuvre par le gouvernement de Lionel Jospin. C’est un ministre communiste qui a organisé la privatisation d’Air France. Cette expérience historique montre que le réformisme est toujours désarmé face aux pressions capitalistes. Aujourd’hui, le programme de Jean-Luc Mélenchon est bien plus « modérée » que celui de Mitterrand, il y a 40 ans. À l’épreuve du pouvoir, il serait contraint d’abandonner sa politique réformiste d’une façon ou d’une autre, soit par l’adoption d’une politique d’expropriation révolutionnaire pour briser la résistance capitaliste, soit par l’adoption d’une politique de régression sociale.

Ainsi, la méfiance des communistes à l’égard de Jean-Luc Mélenchon est entièrement justifiée. Cependant, que peut-on dire du programme du PCF ? Le parti et sa direction ont-ils tiré les enseignements des expériences réformistes précédentes ? Hélas, dans le programme du PCF, on retrouve tous les traits essentiels de politique réformiste de Mélenchon. Il y a, certes, des divergences entre les deux programmes, sur des questions spécifiques, mais on cherchera en vain, dans le programme du PCF, des propositions qui porteraient atteinte à la propriété capitaliste de l’industrie, du commerce et des rouages essentiels de l’économie. Dans ses caractéristiques essentielles, c’est le même programme que celui de la FI. Et c’est surtout pour cette raison que l’alliance avec Mélenchon a favorisé « l’effacement » du PCF au profit de Mélenchon et de la FI. Entre un grand mouvement et un petit (sur le plan électoral) qui ont essentiellement le même programme, c’est le grand qui l’emporte.

Que Mélenchon souhaite « affaiblir le PCF » ou pas n’est pas vraiment le problème. Ce qui lui permet de le faire dans la pratique – qu’on soit en alliance avec lui ou pas – c’est l’absence, chez les communistes, d’une critique cohérente du réformisme et de ses limites d’un point de vue révolutionnaire. En l’absence, au PCF, d’un projet de société pour remplacer le capitalisme, le parti ne peut pas lutter efficacement contre le réformisme. Tant que ce problème du programme du parti ne sera pas réglé, il est tout à fait illusoire d’imaginer que la présentation d’un candidat PCF puisse améliorer sensiblement la position du parti. Il est vrai, sans doute, que ce dernier serait effectivement plus « visible » avec son propre candidat. Mais ce n’est pas suffisant. Les militants du parti sont conscients des divergences qui existent entre le PCF et La France Insoumise sur certains points, mais les électeurs qui cherchent une alternative à la droite n’y verront pas une différence fondamentale et opteront en conséquence pour la formation la mieux placée pour faire un bon score. Par ailleurs, beaucoup d’électeurs se demanderont si la présentation d’une candidature PCF dans ces conditions ne servira qu’à affaiblir Mélenchon inutilement face à la droite.

Si le but est de sortir de la campagne présidentielle avec un parti renforcé en militants et en implantation sociale, la question de la candidature est secondaire par rapport à celle du programme. Sans projet de société, sans incorporer dans le programme du parti un ensemble de mesures pour briser le pouvoir capitaliste, alors avec ou sans une candidature PCF, les résultats risquent d’être décevants. Le parti a besoin d’un programme révolutionnaire qui explique clairement comment il propose de mettre fin à la domination de la classe capitaliste, reliant ses revendications immédiates à un vrai projet de société sans capitalistes. Cela changerait la donne complètement, de sorte que, entre l’option de présenter un candidat communiste et celle d’accorder un soutien critique – sur la base de ce même programme révolutionnaire – à un candidat réformiste, il y aurait des avantages majeurs et des inconvénients relativement mineurs des deux côtés.

Partir avec un candidat communiste permettrait de mieux maîtriser la teneur de la campagne, faire clairement comprendre notre politique révolutionnaire, de se démarquer clairement de la gauche réformiste, d’exploiter la campagne pour de l’agitation révolutionnaire. Le prix à payer, cependant, serait de se faire accuser d’avoir divisé l’opposition au risque de faire perdre un candidat de gauche. En revanche, tenter un accord avec La France Insoumise pour soutenir le candidat Mélenchon pourrait être concevable à condition que l’accord garantisse un partage des temps de parole systématique dans les meetings et dans les médias et, dans l’idéal, une entente équitable pour les législatives. Nous pourrions ainsi bénéficier de temps en tribune devant un public plus large et politiquement conscient. Un autre avantage possible serait d’être au contact direct des citoyens qui s’impliquent dans la campagne, pour les convaincre de nos idées révolutionnaires. Dans les faits, cependant, il sera probablement plus difficile de nous rendre visibles médiatiquement. Et l’expérience nous apprend que composer avec l’équipe de campagne de France Insoumise ne serait pas non plus une mince affaire.

L’option d’une candidature communiste pourrait déboucher sur un très faible score à l’élection présidentielle. Mais avec l’autre option, il ne fera pas de score du tout. Une alliance pourrait-elle permettre l’émergence, au deuxième tour, d’une alternative aux candidats capitalistes Macron ou Le Pen ? Ce n’est pas impossible, dans le contexte actuel. En définitive, et que ce soit en présentant notre propre candidat ou en nous alliant avec Mélenchon, la question du projet de société est d’une importance cruciale. Sur la base d’un programme qui non seulement dénonce les injustices du capitalisme, mais propose aussi les moyens de mettre fin à ce système inique, nous pourrions nous démarquer clairement du réformisme de Mélenchon ou des Verts, renforcer la position du PCF et mieux enraciner les idées révolutionnaires dans la société.


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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par ianovka » 03 Mars 2021, 21:53

Partir avec un candidat communiste permettrait de mieux maîtriser la teneur de la campagne, faire clairement comprendre notre politique révolutionnaire, de se démarquer clairement de la gauche réformiste, d’exploiter la campagne pour de l’agitation révolutionnaire.


Sérieusement ? :roll:
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