piperies et mensonges des mêmes jongleurs...

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piperies et mensonges des mêmes jongleurs...

Message par com_71 » 22 Fév 2021, 11:07

Le Monde, publié le 19 février 2021 a écrit :La Commune de 1871, un anniversaire sous haute tension à la Mairie de Paris

La gauche au pouvoir dans la capitale se prépare à glorifier l’insurrection, la droite y est hostile.

Ce mercredi 3 février, le couvre-feu est déjà passé, le Conseil de Paris commencé la veille s’étire depuis des heures, et les élus n’ont qu’une envie : voter rapidement les dernières délibérations, puis rentrer. L’ordre du jour, quelques subventions et hommages, semble consensuel. Mais soudain, Rudolph Granier prend le micro et réveille l’hémicycle. Parmi les vingt-sept associations à subventionner, il en est une à laquelle son parti, Les Républicains (LR), ne veut pas accorder un centime : les Amies et amis de la Commune de Paris 1871. Cette association coprésidée par un ancien dirigeant communiste « glorifie les événements les plus violents de la Commune », peste-t-il.

M. Granier évoque « les incendies de la Commune qui ont ravagé des pans entiers de la capitale », et accuse la maire socialiste, Anne Hidalgo, d’« ânonner » à ce sujet « une série de contre-vérités historiques » dans le seul but de ressouder les socialistes, les communistes et les écologistes, en vue de son « projet présidentiel ». Celui-ci « rassemblera certainement moins de personnes que les dix millions de Français qui ont participé à la souscription nationale pour l’édification du Sacré-Cœur », ajoute l’élu LR.

Patrick Bloche, l’adjoint socialiste d’Anne Hidalgo, qui préside la séance, ponctue cette diatribe d’une phrase : « Ce qui me rassure, c’est que je crois au clivage entre la gauche et la droite, et vous l’avez illustré parfaitement, cent cinquante ans après la Commune. » Entre les deux camps, la joute verbale se poursuit près d’une heure.

Le 18 mars 1871, Paris se révoltait. « Exténuée par un siège de quatre mois, écrasée d’humiliation par la défaite devant les Prussiens », selon les mots de l’historien Jacques Rougerie, la capitale se soulevait contre une Assemblée nationale monarchiste. Le début d’une aventure de soixante-douze jours, une tentative unique de République indépendante, écrasée au cours d’une « semaine sanglante ».

« Des valeurs qui sont les nôtres aujourd’hui »

Un siècle et demi plus tard, ces neuf petites semaines conservent une puissance symbolique extrême, et la préparation de leur anniversaire électrise les élus de Paris. « Durant ce Conseil, on se serait cru de nouveau en 1871, avec les communards bataillant contre les versaillais, s’étonne encore l’historienne Mathilde Larrère. Preuve que la mémoire de la Commune reste profondément conflictuelle. »

A gauche, l’alliance rouge-rose-vert au pouvoir à Paris se prépare à glorifier l’insurrection, « la révolution la plus moderne, la plus large et la plus féconde de toutes celles qui ont illuminé l’histoire », selon Raphaëlle Primet.

Et l’élue communiste de citer les « avancées » de ces semaines-clés : la citoyenneté accordée aux étrangers, l’égalité des salaires entre les femmes et les hommes, la réquisition des logements vacants pour les sans-domicile, la justice gratuite, la reconnaissance de l’union libre, la séparation de l’Eglise et de l’Etat… « La Commune porte toutes les valeurs qui sont les nôtres aujourd’hui », appuie sa camarade de parti Laurence Patrice, l’adjointe d’Anne Hidalgo chargée de la mémoire et du monde combattant, qui a préparé le programme des manifestations.

A la traditionnelle montée au mur des Fédérés, ce mur du Père-Lachaise devant lequel 147 combattants de la Commune ont été fusillés par l’armée versaillaise en mai 1871, les élus de gauche ont prévu d’ajouter une multitude d’opérations spécialement conçues pour les 150 ans. Des expositions, des conférences, des promenades sur les traces de la Commune, des spectacles de rue… Le 18 mars, cinquante silhouettes de communards, dessinées par le graphiste Dugudus, doivent ainsi être tenues par autant de Parisiens square Louise-Michel, au pied du Sacré-Cœur, dans le 18e arrondissement.

Anne Hidalgo entend aussi planter sur place un araucaria, une essence de Nouvelle-Calédonie, en référence au bagne où fut déportée Louise Michel, la « vierge rouge de la Commune ». Le 2 avril, une évocation de son procès est prévue dans l’hémicycle même du Conseil de Paris. Des plaques rendant hommage aux élus de la Commune doivent également être apposées dans les mairies d’arrondissement.

« Triste moment de guerre civile »


A l’approche du conseil de Paris où le sujet devait être évoqué, « je m’attendais plutôt à des attaques sur la gauche », raconte Karen Taïeb, l’adjointe socialiste chargée du patrimoine et de l’histoire de Paris. L’Association des amies et amis de la Commune avait par exemple réclamé sans succès qu’une station de métro porte le nom de « Commune de Paris 1871 ». Elle aurait pu revenir à la charge.

Le risque paraissait élevé, surtout qu’une partie de la gauche proteste contre le projet validé par la Mairie de classer aux monuments historiques le Sacré-Cœur, une basilique dont la construction a longtemps été perçue comme un acte d’expiation après les « excès » de la Commune. Prudemment, Karen Taïeb avait d’ailleurs décidé, à l’automne 2020, de repousser à 2022 le débat sur ce sujet sensible, « pour donner toute sa place à l’anniversaire de la Commune ».

En réalité, c’est de droite qu’est venue l’offensive. La doctrine des LR et apparentés est simple. Commémorer la Commune, oui. La célébrer, non. Pas question de valoriser « ce triste moment de guerre civile », plaide, lors du Conseil de Paris, l’avocat Antoine Beauquier, un fidèle de Christine Boutin, élu du 16e arrondissement. A ses yeux, nul besoin de transformer en héros « ceux qui prirent en otage et assassinèrent les dominicains d’Arcueil venus ramasser les blessés sous l’emblème de la Croix-Rouge », ni les fédérés qui, le 26 mai 1871, exécutèrent cinquante et un prisonniers, « dont dix prêtres, bien sûr, et trente-neuf gendarmes ».

L’avocat poursuit en interrogeant la municipalité de gauche : « Pourrez-vous encore dénoncer les casseurs après avoir honoré en grande pompe ceux qui ont choisi de brûler les Tuileries, le Palais-Royal, le palais d’Orsay, les synagogues et notre hôtel de ville ? » Tout en reconnaissant les « idées généreuses » de la Commune, son collègue David Alphand (LR) mentionne un autre aspect qui le hérisse : « La confiscation des moyens de production. » Patrick Bloche bout. « C’est parfois une épreuve de présider la séance », lâche le socialiste.

Récupérations multiples

Après avoir divisé la population parisienne, « la Commune a fait dès le départ l’objet d’un affrontement mémoriel très fort, commente l’historien Michel Cordillot, coordinateur de l’ouvrage La Commune de Paris 1871. Les acteurs, l’événement, les lieux (Les Editions de l’Atelier, 1 438 p., 34,50 euros). Une légende noire s’est vite développée autour des “barbares et bandits” de la Commune, et une légende rouge y a répliqué. »

Au fil des années, l’insurrection a fait l’objet de récupérations multiples. « A la suite de Marx et d’Engels, les communistes y ont vu la première révolution moderne, annonciatrice de celle d’octobre 1917, alors qu’elle constitue plutôt la dernière des révolutions du XIXe siècle », note Mme Larrère. Les socialistes ont aussi revendiqué l’héritage de la Commune, notamment au service du Front populaire. Les anarchistes, les défenseurs de l’autogestion, la gauche radicale l’ont tour à tour prise comme référence, notamment pour son « questionnement libertaire de la démocratie », selon la formule de Jacques Rougerie. Même la droite et l’extrême droite l’ont parfois instrumentalisée, en s’appuyant sur sa dimension patriotique.

Depuis cinquante ans, de nombreuses recherches ont été effectuées, et les historiens commencent à avoir une vision apaisée de cette année terrible. Le Britannique Robert Tombs, en particulier, a revu à la baisse le nombre de morts durant la « semaine sanglante », plus proche des 6 000 ou 7 000 que des 30 000 longtemps évoqués. « Les politiques, eux, semblent en être restés aux vieux schémas », juge M. Cordillot.

Denis Cosnard


"Anne Hidalgo entend aussi planter sur place un araucaria, une essence de Nouvelle-Calédonie, en référence au bagne où fut déportée Louise Michel..."

"...pour les prolétaires qui se laissent amuser par des promenades ridicules dans les rues, par des plantations d'arbres de la liberté, par des phrases sonores d'avocat, il y aura de l'eau bénite d'abord, des injures ensuite, enfin de la mitraille, de la misère toujours..." (A. Blanqui) https://www.marxists.org/francais/blanq ... ondres.htm
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: piperies et mensonges des mêmes jongleurs...

Message par Gayraud de Mazars » 22 Fév 2021, 11:33

Salut camarade Com,

" C’est ainsi que l’histoire fait bouillir son chaudron de sorcière " - Lettre de Marx à Kugelmann, le 3 mars 1869...

Dans "La Guerre civile en France", parlant de la Commune de Paris, Marx écrivait : «Le vieux monde se tordit dans des convulsions de rage à la vue du drapeau rouge, symbole de la République du travail, flottant sur l'Hôtel de Ville»... C'est ce qui gêne la droite et la gauche à Paris, c'est la socialisation des moyens de production ? Une société sans bourgeois, sans parasites, un monde pour les travailleurs aux bras nus ?

Enfin, la Commune célébrait une autre société, par des communards passés "à l'assaut du ciel"... Et cette phrase prophétique si fameuse de Marx : «Le Paris ouvrier, avec sa Commune, sera célébré à jamais comme le glorieux fourrier d'une société nouvelle. Le souvenir de ses martyrs est conservé pieusement dans le grand cœur de la classe ouvrière. Ses exterminateurs, l'histoire les a déjà cloués à un pilori éternel, et toutes les prières de leurs prêtres n'arriveront pas à les en libérer.»

Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
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Re: piperies et mensonges des mêmes jongleurs...

Message par com_71 » 22 Fév 2021, 11:37

Un commentaire de Blanqui de son "toast" :
On ignore la comédie des programmes ; voici comment elle se joue : En montant à l'Hôtel de Ville, on les jette au coin de la borne ; et le jour où l'on redescend les escaliers sous les coups de pied du royalisme, la botte du royalisme dans les reins, on ramasse dans le ruisseau ces lambeaux souillés ; on les essuie, on les défripe, on les retape, on les rajuste, on les promène à grand orchestre devant la foule ébahie. Qu'importe à la réaction ? Elle connaît trop la valeur de ces chiffons de papier pour en prendre souci. Elle sait d'où ils viennent et où ils retournent à un moment donné. Elle laisse tranquillement les saltimbanques en faire étalage sur les champs de foire pour la mystification des badauds.

https://www.marxists.org/francais/blanq ... propos.htm
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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