Moteur !
Je cite François Delpla :
« Je cherche seulement à savoir comment tout cela fonctionnait et je mets l'accent, plus clairement que beaucoup je crois, sur le fait que Hitler était à l'initiative. Je ne sais pas ce que vous pensez de la définition de Dimitrov suivant laquelle le nazisme est la "dictature des éléments les plus chauvins et les plus réactionnaires du capital financier", mais pour ma part je la trouve aujourd'hui singulièrement myope. Ce qui me paraît moteur en cette affaire c'est la capacité mobilisatrice du discours et de la politique de Hitler (et je dis bien de lui, pas de Goebbels ou de Rosenberg). »
Là (je m'excuse par avance pour la Charte du forum) mais Delpla plane.
Nous affirmons : le moteur de l'histoire, c'est la division de la société en classes, la production d'un surplus social que s'approprie actuellement la classe bourgeoise. Cette classe sociale (en dehors d'une révolution subie) préfèrera la barbarie plutôt que d'accepter une remise en cause des avantages liés à sa caste parasitaire.
La fascisme a écrasé avec férocité toute velléité de résistance du prolétariat ; les masses petites bourgeoises étaient dans des situations qui les prédisposaient à être séduites par le fascisme. Le patronat allemand, avec des nuances, n'a pas craché sur l'opportunité du fascisme, nonobstant certains désagréments.
Le fascisme, c'est l'expression de la pourriture d'un système capitaliste obsédé par son profit ; le nazisme, c'est l'excroissance barbare du fascisme.
Je ne sais plus qui disait que le fascisme, c'était le châtiment infligé au prolétariat, pour n'avoir su mener la révolution à son terme (Clara Zetkin ?). En quelque sorte, une Semaine sanglante à l'échelle planétaire.
Notre moteur de l'histoire s'oppose complètement à une conception selon laquelle, pour le fascisme, le « moteur », c'est « la capacité mobilisatrice du discours et de la politique de Hitler. » – même si la personne même de Hitler a imprimé une tournure morbide au fascisme allemand.
Un ébat dans le débat
On ne peut pas séparer les débats, d'une part : "Hitler manipulateur ?" et d'autre part : "Fascisme, choix du patronat ?", car ici, de la façon dont on nous présente l'affaire, ces sujets ne sont pas complémentaires, ils s'opposent.
Je ne pense pas, je le répète, m'sieur Delpla, que votre but soit de dédouaner le patronat allemand. Oui, mais…
En fait, vous affirmez que ce vous apportez de neuf n'est pas un enrichissement des analyses précédentes, mais prétend à être l'analyse principale.
C'est ce qui provoque nos résistances, car c'est là que la bât blesse – avec les conséquences dont j'ai parlé dans mes messages d'il y a quelques jours. Et plus la discussion avance, moins je les trouve caricaturaux.
Dans votre dernier message, vous espérez retrouver, à votre retour des gens« un peu plus au fait de ce qui est en débat. »
Ce qui est en débat ?
Est-ce ceci : « je mets l'accent, plus clairement que beaucoup je crois, sur le fait que Hitler était à l'initiative. » ?
Comprenez vous que si vous mettez l'accent uniquement sur divers aspects du rôle attribué à Hitler, ça pourra marcher… mais si vous en faites le moteur principal, ça ne marchera pas ici ?
Comprenez vous que même si vous montrez que Léon n'avait pas tout vu de la personne de Hitler, ça marchera… mais si vous voulez dire que Hitler n'était pas la "réponse individuelle à une demande collective", ça ne marchera pas ?
« je mets l'accent, plus clairement que beaucoup je crois, sur le fait… »
On se retrouve avec un ébat dans le débat : la reconnaissance de votre "accent", et c'est peut être ce ébat dans le débat que vous nous repprochez surtout de ne pas saisir ?