référendum sur la Constitution : Votez Non !

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Message par Barnabé » 14 Mai 2004, 21:53

Dans le nouveau numéro de Convergences Révolutionnaires (dossier: élargissement à 25, nouvelle constitution : l'Union Européenne, une menace pour les travailleurs?):
a écrit :
La question du référendum et le retour des anti-Maastricht



Le changement de gouvernement en Espagne a remis à l’ordre du jour l’adoption prochaine du projet de Constitution européenne, rédigé par la convention présidée par Giscard, et donc relancé le débat sur un possible référendum sur la question en France - débat qui a encore rebondi avec la récente décision de Blair d’organiser un tel référendum en Grande-Bretagne.

L’hebdomadaire de la LCR Rouge du 29 avril 2004 explique ainsi qu’il appartient « aux forces progressistes de faire émerger l’exigence d’un référendum comme la nécessité de voir opposer un “non” de gauche à ce traité institutionnel » qualifié de « texte constitutionnalisant le militarisme et le libéralisme ».

De son côté, Francis Wurtz, président PCF du groupe de la Gauche unitaire européenne au Parlement européen, déclarait le 20 avril dernier : « le Parti communiste français demande au Président de la république l’organisation d’un référendum sur le projet de Constitution européenne » et appelait, à l’occasion des élections du 13 juin prochain, « à s’opposer en toute clarté à ce projet qui (...) “constitutionnalise” (le) modèle libéral » (CommunisteS, publication hebdomadaire du PCF, n°131, 29 avril 2004).

Ce faisant, le PCF reprend une tradition déjà ancienne. En 1989, il exigeait de Mitterrand un référendum sur le traité de Maastricht (que Mitterrand allait organiser pour de tout autres raisons) ; puis, en 1997, un autre de Chirac, pour s’opposer au projet de monnaie unique... avant de s’y rallier, à la faveur de la victoire inattendue de la « gauche plurielle » qui allait conduire le PCF au gouvernement organisant le passage effectif à l’euro, en janvier 2002.
La dictature des critères de convergences !

On serait donc face au danger de voir « constitutionnaliser » une « Europe de Maastricht ».

Que n’a-t-on pas entendu, en effet, de la part des « anti-Maastricht », sur la dictature des « critères de convergence » par laquelle une « eurocratie » bruxelloise imposerait à tous les États de l’Union une baisse des dépenses dites sociales au nom de la réduction des déficits publics ! Les dirigeants français et allemands se sont chargés eux-mêmes de détruire le mythe lorsque, en fonction des intérêts bien compris de leurs bourgeoisies respectives, ils ont estimé nécessaire l’an dernier de déroger à ces critères... tout en continuant à réduire les dépenses sociales.

Si les États français ou allemand, comme d’ailleurs les États américain et japonais, cherchent effectivement à réduire leurs déficits aux dépens des dépenses sociales, c’est avant tout pour endiguer leur endettement sans priver leur bourgeoisie nationale de subsides et d’aides en tous genres. De ce point de vue, le renoncement à Maastricht, qui signifierait simplement un repli illusoire vers un « capitalisme national », ne supprimerait pas une exigence qui résulte de la subordination de l’État aux intérêts bourgeois et non aux prétendus diktats d’une entité supranationale.

De même c’est en fonction des intérêts généraux de leur bourgeoisie que certains États européens ont fait le choix (peut-être réversible) de renoncer à certains attributs de souveraineté, comme l’abandon de la monnaie nationale au profit de l’euro. Mais les banques centrales nationales n’étaient pas plus que l’actuelle Banque centrale européenne placées sous quelque contrôle démocratique que ce soit de la collectivité.

Le « modèle libéral » porté par l’« Europe de Maastricht » trouverait aussi son expression dans la déréglementation des services publics, ouverts (ou devant être ouverts) à la concurrence européenne, et dans un nivellement par le bas des droits des travailleurs. Comme si ces attaques contre la classe ouvrière n’avaient pas commencé bien avant Maastricht ! Comme si, quelles que soient les couleurs sous lesquelles ils se présentaient, les gouvernements européens n’avaient pas mené à des nuances près des politiques similaires ! Ce n’est pas en référence à quelque « modèle » que ce soit, mais pour permettre à leur propre bourgeoisie d’affronter la concurrence au mieux de ses intérêts, qu’ils s’en prennent à ceux de la classe ouvrière, que ce soit dans ou hors du cadre de la construction européenne, que ce soit ou non sous l’égide de directives communautaires.
Le référendum, la vessie pour la lanterne

Bien sûr, il faut s’opposer aussi bien à la déréglementation des services publics qu’au démantèlement des droits du travail ! Mais les travailleurs européens ne pourront le faire ni en en appelant à une politique européenne prétendument plus « sociale » (à laquelle ne souscrivent quelques politiciens que tant qu’ils sont dans l’opposition ou des bureaucraties syndicales visant surtout à occuper des sièges dans les instances de concertation européennes), ni en réclamant la sortie de l’Union européenne.

De ce point de vue, le Parti des travailleurs critique à juste titre l’exigence de pseudo clauses « sociales » dans les traités européens... mais c’est pour en rajouter sur la prétendue nécessité d’abroger le traité de Maastricht, en expliquant qu’« il ne saurait y avoir d’issue à la situation que sur la ligne de la rupture avec l’Union européenne, du rejet de la régionalisation, de la reconquête de la démocratie et de la République une et indivisible » (déclaration du bureau national du PT - 22 mars 2004). Curieux trotskistes qui entretiennent des illusions sur les vertus de frontières nationales dépassées par l’histoire et qui ont fait largement la preuve qu’elles ne constituaient aucune protection pour le monde du travail !

Maastricht ou pas l’issue est à trouver en relevant le défi de la lutte de classe ! C’est bien pourquoi mettre l’accent sur la nécessité d’un référendum sur une constitution européenne, dont l’adoption ou le rejet n’aura aucune incidence, alors que l’urgence serait d’organiser la lutte contre la casse sociale et pour la défense de la Sécu, l’interdiction des licenciements, l’augmentation des salaires, en revient à tomber dans le piège tendu ou pire vouloir y pousser la classe ouvrière.

Gérard WEGAN
Barnabé
 
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Message par Thomas » 14 Mai 2004, 22:11

Ma réponse qui n'engage que moi :
- Pensez-vous que de se déplacer à cet éventuel référendum puisse redonner confiance aux masses laborieuses en cas de victoire du "non" ?

Je n'en ai aucune idée ! est ce que voter en masse pour le PS en mettant une branlée à raffarin aux régionales a redonné confiance à la classe ouvrière ? apparemment non mais peut être ! je suis sûr en tous cas que le OUI n'aura aucune influence positive sur le moral des classes populaires.

- Pensez-vous qu'il égarerait la classe ouvrière en inscrivant son action dans les cadres des institutions bourgeoises et que cela éloignerait l'action directe dans les lieux de travail et dans la rue ?

NON ! Cette question ne se pose pas uniquement pour le referendum mais pour toutes les élections en général , un anarchiste ou un gars du CCI t'affirmerait que lutter et voter est incompatibles , ce n'est pas mon avis , je pense qu'on peut voter pour ses idées , de préférence communiste et révolutionnaire, le dimanche , et fier de son vote , le mettre en application en se mettant en grève le lundi et occupant son usine ou autre lieu de travail.

- Pensez-vous que cela serait légitimer l'emploi des institutions bourgeoises et leur existence ?

NON ! Même réponse que au dessus. Est ce utile de se présenter à des élections que l'on sait bourgeoises ? A mon avis , oui !

- Pensez-vous qu'une campagne pour le "non" en cas d'éventuel référendum pourrait être utile pour accroître la conscience des masses laborieuses vis-à-vis de l'Europe ?

Si , c'est pour leur dire , défendez la souveraineté de votre pays , votre Vème République vachment démocratique , NON , c'est même nationaliste et donc défavorable aux travailleurs.

Si , c'est pour leur faire comprendre , que cette constitution légitime la propriété privée , avoir y compris des débats sur ce principe établi , si c'est pour leur faire comprendre que cette constitution s'inscrit dans la tradition de tous les gouvernements depuis 20 ans , qui privatise de + en + , s'inscrit dans la logique de Maastricht , Amsterdam , Barcelone , l'AGCS....
Alors , 10 fois OUI .
Thomas
 
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Message par mael.monnier » 17 Mai 2004, 11:57

(Thomas @ vendredi 14 mai 2004 à 23:11 a écrit :Ma réponse qui n'engage que moi :
- Pensez-vous que de se déplacer à cet éventuel référendum puisse redonner confiance aux masses laborieuses en cas de victoire du "non" ?

Je n'en ai aucune idée ! est ce que voter en masse pour le PS en mettant une branlée à raffarin aux régionales a redonné confiance à la classe ouvrière ? apparemment non mais peut être ! je suis sûr en tous cas que le OUI n'aura aucune influence positive sur le moral des classes populaires.

(pelon @ vendredi 14 mai 2004 à 11:25 a écrit :1ère question : NON

Ma réponse est également négative là-dessus, rien de positif donc pour le prolétariat.

(Thomas @ vendredi 14 mai 2004 à 11:25 a écrit :- Pensez-vous qu'il égarerait la classe ouvrière en inscrivant son action dans les cadres des institutions bourgeoises et que cela éloignerait l'action directe dans les lieux de travail et dans la rue ?

NON ! Cette question ne se pose pas uniquement pour le referendum mais pour toutes les élections en général , un anarchiste ou un gars du CCI t'affirmerait que lutter et voter est incompatibles , ce n'est pas mon avis , je pense qu'on peut voter pour ses idées , de préférence communiste et révolutionnaire, le dimanche , et fier de son vote , le mettre en application en se mettant en grève le lundi et occupant son usine ou autre lieu de travail.


(pelon @ vendredi 14 mai 2004 à 11:25 a écrit :2ème : Non plus.


Mais quelque part, si les masses laborieuses obtiennent l'élection d'un gouvernement communiste révolutionnaire, ne vont-elles pas au contraire stopper les luttes en se disant que c'est le gouvernement qui prendra toutes les mesures nécessaires et que les luttes ne serviraient donc à rien ? Et l'initiative révolutionnaire des masses ne risque-t-elle pas d'être confisquée par le gouvernement, qui est directeur par nature ?

(Thomas @ vendredi 14 mai 2004 à 11:25 a écrit :
- Pensez-vous que cela serait légitimer l'emploi des institutions bourgeoises et leur existence ?

NON ! Même réponse que au dessus. Est ce utile de se présenter à des élections que l'on sait bourgeoises ? A mon avis , oui !


(pelon @ vendredi 14 mai 2004 à 11:25 a écrit :3ème : pas vraiment à ce point.

Pourquoi non ?

(Thomas @ vendredi 14 mai 2004 à 11:25 a écrit :
- Pensez-vous qu'une campagne pour le "non" en cas d'éventuel référendum pourrait être utile pour accroître la conscience des masses laborieuses vis-à-vis de l'Europe ?

Si , c'est pour leur dire , défendez la souveraineté de votre pays , votre Vème République vachment démocratique , NON , c'est même nationaliste et donc défavorable aux travailleurs.

Si , c'est pour leur faire comprendre , que cette constitution légitime la propriété privée , avoir y compris des débats sur ce principe établi , si c'est pour leur faire comprendre que cette constitution s'inscrit dans la tradition de tous les gouvernements depuis 20 ans , qui privatise de + en + , s'inscrit dans la logique de Maastricht , Amsterdam , Barcelone , l'AGCS....
Alors , 10 fois OUI .


Admettons, mais je pense que les masses laborieuses ont déjà conscience que l'Europe est une Europe qui n'est pas dans leurs intérêts, qu'elles ont une vision négative de la chose, mais que le véritable problèmes des masses laborieuses, c'est le manque de conscience qu'une autre (que d'autres ?) alternative(s) est possible (sont possibles ?). Donc une campagne pour un boycott actif de cet éventuel référendum ne serait-elle pas plus efficace (piquets de grève devant les bureaux de vote, etc.) ? Cela dans le sens où voter "non", ce serait se reposer (à tort, et certain-e-s se laissent duper) sur les institutions bourgeoises et les gouvernants, tandis que l'abstention massive avec boycott permettrait une propagande subversive qui s'inscrirait en-dehors des cadres institutionnels, dans un processus de renversement du capitalisme et de l'Etat, et qui pourrait donc donner une perspective (des perspectives ?) d'un autre futur où primerait la recherche de l'optimum de bien-être social (et/ou d'autres choses progressistes ?) ?
mael.monnier
 
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Message par mael.monnier » 17 Mai 2004, 17:09

(wolf @ lundi 17 mai 2004 à 15:12 a écrit :
une victoire de Chirac-Sarkozy à un référendum en rajouterait dans leur démoralisation. La défaite de ces messieurs serait un moindre mal

Mais pourquoi les travailleuses et les travailleurs, qui sont majoritaires il ne faut pas l"oublier, iraient se tirer une balle dans le pied en votant "oui" à ce référendum ? En outre, s'il y avait une abstention massive parmi les masses laborieuses (90 % par exemple), la victoire de ces messieurs ne serait qu'une victoire que sur le papier et ne démoraliserait donc aucunement les masses laborieuses.

(wolf @ lundi 17 mai 2004 à 15:12 a écrit :
a écrit :

- Pensez-vous qu'il égarerait la classe ouvrière en inscrivant son action dans les cadres des institutions bourgeoises et que cela éloignerait l'action directe dans les lieux de travail et dans la rue ?


C'est une opposition qui n'existe que dans ta tête, comme souvent. Entre ton refus du suffrage universel et celui de l'apprentissage obligatoire de l'écriture, tu finirais par rendre même les référendums sympathiques.


:altharion:

Donc, pour toi la démocratie bourgeoise pourrait être autre chose que la dictature du capital ? Ou bien, c'est effectivement le cas (la démocratie bourgeoise ne peut être que la dictature du capital), mais tu penses qu'une "utilisation réellement révolutionnaire et communiste des parlements bourgeois", une "utilisation incontestablement utile à la préparation de la révolution prolétarienne" est possible (comme le soutient Lénine dans l'annexe à La maladie infantile du communisme ? (Question qui revient à se demander si un gouvernement employant les institutions bourgeoises peut ne pas être contre-révolutionnaire.)
mael.monnier
 
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Message par Thomas » 18 Mai 2004, 00:06

a écrit :Caupo Ecrit le vendredi 14 mai 2004 à 23:24
 
QUOTE
Si , c'est pour leur faire comprendre , que cette constitution légitime la propriété privée , avoir y compris des débats sur ce principe établi , si c'est pour leur faire comprendre que cette constitution s'inscrit dans la tradition de tous les gouvernements depuis 20 ans , qui privatise de + en + , s'inscrit dans la logique de Maastricht , Amsterdam , Barcelone , l'AGCS....

Mais, Thomas, t'es pas logique...c'est justement pour ces raisons que c'est faux de dire que la Constitution peut changer quoi que ce soit, en faveur ou en défaveur des travailleurs.
Si ça fait 20 ans que ça dure sans constitution, quel est l'intérêt d'aller dire "non" à la constitution?
Tu argumentes en fait pour l'abstention, pour ne pas mettre les travailleurs dans cette galère où ils ne peuvent qu'être dupés.
La dessus tout les "non" feront surenchère de natinalisme et de démagogie, sachant pertinament que ça ne mange pas du pain. Ca sert à se refaire un cartel, une virginité (quoique ces dames ne donnent plus le change), voila tout.


ben moi je me trouve très logique , ok , les privatisations se font depuis des années sans constitutions , mais un traité qui en rajoute une couche et qui légitime un peu plus les précédents , on doit le combattre comme on a combattu la réforme raffarin des retraites malgré la réforme balladur qui allait dans le mm sens !

a écrit :Quelle constitution souhaitez vous pour l'UE si ce n'est pas celle là ?


Une constitution qui clame la propriété collective , la création de soviets , le droit au travail , la démocratie......
bon , je sais qu'il faut faire une révolution entre temps mais bon !
Thomas
 
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