Les faits étant les faits, voici la biographie de Rabin - dont je maintiens intégralement ce que j'ai dit (Sources :
, en vente dans toues les FNAC).
a écrit :
Premier chef du gouvernement israélien né en Palestine (en 1922), Itzhak Rabin sera aussi le premier dirigeant israélien assassiné, par un extrémiste juif (en 1995). Entre ces deux dates se déroule une vie au service du Parti travailliste, de l'État d'Israël et singulièrement de l'armée.
La carrière de ce sabra ? Juif né en Israël, par opposition à celui venu de la Diaspora s'identifie en effet avec l'armée. Engagé à dix?huit ans, diplômé d'une école d'agriculture, dans la Haganah, l'armée clandestine juive, son activité contre la puissance mandataire britannique lui vaut en 1946 cinq mois d'emprisonnement dans un camp militaire à Gaza. En 1947, il devient, à vingt?six ans, le plus jeune colonel du Palmah, l'avant?garde de l'armée juive. Il s'illustre au cours de la guerre de 1948-1949 : dans la bataille pour Jérusalem, mais également comme il le racontait dans son autobiographie dans l'expulsion des Palestiniens de Lydda et de Ramleh (sur le territoire prévu pour l'État arabe).
« Nous marchions dehors aux côtés de Ben Gourion ; Allon répéta la question : "Que devons-nous faire de la population ?" Ben Gourion agita la main en un geste qui siginifiait : "Chassez-les" Allon et moi avons tenu conseil. J'étais d'accord avec lui qu'il était essentiel de les chasser. Nous les mîmes à pied sur la route de Bet Horon ( ... ). La population de Lod ne quitta pas volontairement. Il n'y avait pas d'autre moyen que d'utiliser la force et les tirs d'avertîsseinent pour contraindre les habitants. » Ajoutons : de massacrer au passage quelque 250 civils... Mais ce « détail », pas plus que la citation ci-dessus, ne figure dans le texte disponible, en français comme en anglais, des Mémoires d'Itzhak Rabin: l'auteur a préféré expurger l'ensemble du récit de cet épisode sanglant, qui précédait il est vrai un paragraphe consacré à son mariage avec Leah. Le texte original, heureusement pour les historiens, n'a pas échappé à la vigilance du New York Times, qui l'a reproduit le 23 octobre 1979.
Fin 1950, après la dissolution du Palmah, il est affecté à l'état-major. D'échelon en échelon, malgré l'opposition de Shimon Peres, il parvient début 1964 au poste suprême de chef de l'état-major général et dirige ainsi, avec Moshe Dayan, alors ministre de la Défense du gouvernement Levy Eshkol, l'offensive éclair de 1967. Malgré une défaillance le 23 mai qui lui sera longtemps reprochée, il tire de l'étourdissante victoire des Six Jours une popularité qui lui servira de tremplin pour sa carrière politique.
Dès 1968, il troque l'uniforme pour le costume de diplomate, qui plus est à la tête de l'ambassade la plus importante de toutes : il représente Israël auprès des Étatst-Unis. De ces cinq années passées à Washington, il revient convaincu que le sort de l'Etat juif dépend de son alliance avec l'Amérique et surtout vierge de toute responsabilité dans le désastre d'octobre 1973. Ce qui lui vaut de succéder à Golda Meir, démissionnaire, comme chef du gouvernement en juin 1974. Brève et amère expérience : trente mois plus tard, un scandale - sa femme, Leah, a conservé illégalement un compte en banque aux Etats-Unis -, l'oblige à démissionner, et les travaillistes, pour la première fois dans l'histoire du pays, doivent céder le pouvoir à la droite conduite par Menahem Begin.
« Cassez-leur les os ! » : cette formule éminemment humaniste marque son retour à la politique en 1982, il avait conseillé Ariel Sharon, dont il approuvait l'opération libanaise, de priver Beyrouth-Ouest d'eau et d'électricité... Ministre de la Défense du gouvernement d'union nationale formé en 1984, il coordonne le retrait israélien du Liban. Mais, le 1° octobre 1995, il fait bombarder le quartier général de l'OLP à Tunis : soixante cadavres sont extraits des décombres. « L'heure est venue, déclare Rabin, de frapper l'OLP à la tête. » Fin 1987, il est chargé par Itzhak Shamir, redevenu Premier ministre conformément à l'accord de « rotation », de réprimer l'intifada. Il le fera sans scrupule. Parce qu'il voit dans le mouvement un simple « feu de paille », qu'on casse « avec la force et les coups » et toutes les ressources d'arbitraire de la Loi d'urgence héritée du mandataire britannique. Tirer sur des jeunes désarmés s'avère, à la longue, politiquement délicat ? On leur brisera bras et jambes. Des images de télévision américaine CBS immortaliseront la méthode. Présentée par les amis d'Itzhak Rabin comme un pis-aller, destiné à éviter les morts par balle, elle s'y est en fait ajoutée : un an après le début du soulèvement, les Palestiniens insurgés comptent 400 morts et 25 000 blessés. Plus Khalil AI Wazir, dit Abou Jihad, le bras droit d'Arafat, en charge de l'intifada, que Rabin fait assassiner à Tunis le 14 avril 1988...
Cette nouvelle et brutale confrontation avec le nationalisme palestinien aura en tout cas convaincu le général, chassé du gouvernement en juin 1990, que « la question n'a pas de solution militaire. » Il verra dans la guerre du Golfe « une formidable occasion » de régler le conflit israélo-arabe parce que l'effondrement de l'URSS, la réaffirmation du leadership américain et l'affaiblissement de l'OLP ont créé des rapports de force plus favorables que jamais. Faucon et colombe à la fois, il est l'homme de la situation : les militants travaillistes en ont l'intuition, qui le préfèrent à son rival de toujours, Shimon Peres, pour les mener à la bataille électorale de 1992. A soixante-dix ans, Itzhak Rabin redevient Premier ministre. Durant une année, il tentera encore, vainement, de contourner l'OLP : il laisse les négociations commencées à Madrid s'enliser à Washington, et parait donner la priorité à la paix avec la Syrie et la Jordanie. Pire: en décembre 1992, l'expulsion de 450 militants de Hamas vers le Liban paraît réduire à néant les espoirs de paix. Il est plus que temps de bouger. Fort à propos, Yossi Beilin, non sans l'accord du chef du gouvernement, va nouer des contacts secrets avec l'OLP à Oslo. Si Rabin refuse que Peres prenne en mains les négociations, il laisse le directeur général du ministère des Affaires étrangères, Uri Savir, les superviser. Puis il lui adjoint son proche conseiller juridique, Yoel Singer. Contre toute attente, et singulièrement celle du Premier ministre, les deux délégations se mettent d'accord sur une formule d'autonomie inspirée des accords de Camp David.
En septembre 1993, c'est le « tournant » (...)