a écrit :VENISSIEUX (Rhône), 13 juil 2004 (AFP)
Accord sur les 36 heures : les salariés de Bosch résignés
"C'était le couteau ou le pistolet": à Vénissieux, les employés de l'usine d'équipement automobile Bosch s'apprêtent à passer aux 36 heures sans compensation salariale pour éviter une délocalisation, avec le sentiment de ne pas avoir eu d'autre choix que d'entériner l'accord ou de perdre leur emploi. "J'ai 35 ans, je ne veux pas perdre mon emploi. C'était ça ou la porte", a déclaré mardi à l'AFP un salarié, employé depuis 11 ans dans cette entreprise qui produit composants et équipements d'injection diesel traditionnels pour moteurs automobiles. "On est écoeurés, on nous a fait un gros chantage à l'emploi. Ce n'était pas un choix", a déclaré Bernard Duret, délégué CGT au comité d'entreprise (CE), opposé à l'accord comme FO. "Ceux qui ont des enfants ne veulent pas perdre leur emploi", a commenté un autre employé, qui souhaite rester anonyme comme la plupart des salariés interrogés. Selon lui, l'affaire "a provoqué un malaise". "On était montés les uns contre les autres. Le travail ne se fait plus trop bien", a-t-il déploré. "On n'était pas assez nombreux pour mener une action collective", a regretté le délégué CGT, expliquant n'avoir pu rassembler que 50 salariés opposés à l'accord. Mardi, la tension était palpable entre les syndicalistes CGT et ceux de la CFDT, signataires du protocole d'accord. Dans un communiqué, la CFDT a estimé avoir accepté une décision susceptible de "donner une nouvelle vie" à l'usine. Mais, répondant de façon anonyme à la sortie du local CFDT, un affilié lâchait : "Avait-on le choix?" Cet accord "n'est pas encore entériné", a précisé mardi la direction de Robert Bosch France dans un communiqué, rappelant que les 820 employés permanents avaient jusqu'à mardi minuit pour rendre le nouvel avenant au contrat de travail, permettant de valider l'accord. Cet accord ne peut entrer en vigueur que si plus de 90% des salariés l'acceptent, selon la direction. Les salariés qui le refuseraient sont menacés de licenciement économique s'ils ne totalisent pas plus de 10% des réponses, a précisé la CGT, non signataire de l'accord avec FO. "Une très large majorité de salariés va signer contraints et forcés" cet avenant, lâchait, dépité, le délégué syndical CGT, Serge Truscello. Lundi soir, 67,8% des salariés du site s'étaient déjà prononcés majoritairement en sa faveur, a indiqué la CFDT, qui a approuvé le protocole d'accord début juin avec la CFE-CGC. Ce protocole prévoit, outre le passage aux 36 heures sans contrepartie financière, une série de mesures permettant de réduire les coûts salariaux horaires de 12%, notamment un gel des salaires et de la prime d'intéressement pendant trois ans, la suppression du paiement des ponts de l'Ascension et de la Pentecôte, ainsi que la diminution du tarif des heures de nuit. Le passage aux 36 heures hebdomadaires ne représente que 2,5% de cette réduction des coûts, a affirmé la CGT. En échange, l'entreprise s'est engagée à investir dans une unité de montage d'une nouvelle pompe à injection diesel, afin d'éviter une délocalisation du site en Tchécosolovaquie. Le lancement de la fabrication est prévu pour janvier 2005. Interrogé sur la légalité de la procédure, un responsable de la Direction départementale du travail a estimé que cet accord ne semblait "poser de problème d'un point de vue légal", réservant son jugement "dans l'attente de l'étude des documents".