Les bananeraies

Message par alex » 23 Sep 2004, 16:23

J'apprends à cette ocassion que Combat Ouvrier qui animait déjà la CGT-M a pris la direction de la CGT -G
Dans les entreprises Lutte Ouvrière n°1886 du 24 septembre 2004
Guadeloupe : La grève des ouvriers de la banane continue


En Guadeloupe, les ouvriers de la banane poursuivent leur grève commencée le 24 août dernier. Les raisons de la grève sont multiples:

-Les travailleurs protestent contre le refus des patrons d'appliquer l'augmentation du smic de juillet dernier de 7,19 euros à 7,61 de l'heure. Ces patrons ont en effet fait un calcul qui défavorise beaucoup les ouvriers agricoles. En combinant selon eux le passage aux 35 heures avec la hausse du smic, ils font ainsi baisser la paye de 71 euros. Alors que la tâche que les patrons réclament (les ouvriers de la banane sont payés à la tâche) n'a pas baissé -et dans certains cas a même augmenté- malgré ce passage aux 35 heures, ils exigent que les ouvriers transportent toujours le même nombre de régimes en sept heures au lieu de huit.

-Les patrons ne respectent pas les droits des travailleurs en chômage partiel. Les 414 travailleurs concernés perçoivent, selon la loi, le RMM (rémunération mensuelle minimale). Dans ce cas, ce sont les patrons qui doivent payer les 28 jours précédant la prise en charge par l'Assedic. Or ils ne le font pas. Dans ce cas aussi seules la RDS et la CSG devraient être prélevées sur la fiche de paye. Or les patrons prélèvent l'ensemble des cotisations sociales, cotisations qui ne sont même pas reversées à la Sécurité sociale, comme en témoigne la dette sociale des patrons de la banane: 4092012euros.

Il y a de quoi se mettre en colère! Les travailleurs ont déjà multiplié les formes d'action: manifestations, occupations des plantations, meetings, conférences de presse, présence sur les médias pour répondre à la campagne calomnieuse des patrons sur les ondes et pour dénoncer la présence massive des forces de l'ordre sur les plantations.

Le dernier meeting en date a été celui de Capesterre-Belle-Eau, sur la place de la mairie, le vendredi 17 septembre, qui a rassemblé près de 150 personnes, dont une grande majorité d'ouvriers de la banane. Le lendemain, samedi 18, une centaine de travailleurs et des militants d'autres secteurs ont manifesté dans les rues de Pointe-à-Pitre en distribuant des tracts à la population et en scandant des slogans antipatronaux.

Lundi 20 septembre, six travailleurs ont été convoqués à la gendarmerie. Il leur est reproché d'avoir soi-disant commis des actes de sabotage sur les plantations. Ils ont été libérés en fin de matinée.

Les pressions juridico-policères ne manquent pas. Vendredi 17, le tribunal de Basse-Terre a intimé l'ordre aux travailleurs en grève de ne plus se rendre sur les plantations, sous peine de 500euros d'amende quotidienne à payer. Jean-Marie Nomertin, secrétaire général du syndicat de la banane et aussi secrétaire général de la CGTG, est régulièrement montré du doigt, sur les ondes, dans la presse, par les patrons comme le responsable de la durée de la grève. Le représentant des patrons dans les négociations, le psychologue Spéronel, bien connu dans l'île, s'en est pris directement sur les ondes à Jean-Marie Nomertin comme étant manipulé par un groupuscule politique (il est connu comme militant du groupe trotskyste Combat Ouvrier). Comme si ce petit roquet des patrons n'était pas manipulé par le groupuscule patronal "Karubana", ou souvent par les patrons de l'industrie sucrière! Heureusement, les travailleurs se chargent fort bien de soigner sa réputation par une chanson créole reprise dans toutes les manifestations où le "psy" Spéronel est tout simplement "analysé" comme un bon "maco" ( petit lèche-bottes) des patrons.

Lutte Ouvrière n°1886 du 24 septembre 2004
alex
 
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Message par alex » 30 Sep 2004, 15:34

Guadeloupe : les ouvriers de la banane ne cèdent pas


Après plus d’un mois de grève, la détermination des travailleurs de la banane n’a pas faibli, bien au contraire.

Mais c’est quand même un comble que des travailleurs doivent se battre aussi longtemps et avec autant d’énergie pour faire appliquer la loi. Un comble qu’ils doivent faire face au quotidien à la pression conjointe des patrons, de la Préfecture (donc l’État), des forces de l’ordre et de tout le lobby antigrève habituel, regroupant les patrons et une kyrielle de petits bourgeois bien pensants, voire haineux à l’encontre des travailleurs.

Que réclament les ouvriers de la banane? Tout simplement l’application de l’augmentation légale du smic, ce que leur refusent les planteurs à de très rares exceptions prés.

Les raisons de la grève

Ces planteurs font un calcul complexe grâce auquel ils s’imaginaient pouvoir tromper le monde. Mais les grévistes savent compter.

Les travailleurs de la banane perçoivent un salaire mensuel qui correspond à 21 journées travaillées (sauf cas de chômage technique), mais en même temps, ils restent payés à la tâche. Dans une journée de travail, ils doivent, par exemple, transporter 80 régimes ou poser 300 cirés de protection des régimes.

Dans les faits, les patrons n’ont pas appliqué le passage légal aux 35 heures puisque les travailleurs doivent exécuter la même tâche pour gagner leur journée.

Quand il a été question d’appliquer l’augmentation légale du smic, qui est passé de 7,19 euros à 7,61 euros de l’heure au 1erjuillet, les patrons ont prétendu combiner le passage aux 35 heures avec l’augmentation du smic. Grâce à ce tour de passe-passe, ils se sont arrangés pour ne pas augmenter les salaires. Ils ont donc volé aux travailleurs 42 centimes d’euro sur chaque heure de travail. Au lieu de recevoir huit heures de salaire, les travailleurs sont payés septheures pour la même tâche! À cela, les patrons ont ajouté un complément de 89,25 euros, ce qui donne un salaire mensuel de 1207,92 euros. Alors que pour huit heures de travail, ils devraient toucher, avec l’augmentation du smic, 1278,48 euros. Les patrons veulent donc voler 70,56 euros à chaque salarié de la banane!

Par ailleurs, les grévistes dénoncent un autre vol: celui effectué sur la rémunération mensuelle légale pour les 414 salariés en chômage partiel. Selon un tract diffusé par la CGTG, les patrons ne respectent pas le paiement des 28 jours précédant la prise en charge du salaire par l’Assedic et ils payent selon leur bon vouloir. Par ailleurs, ils prélèvent l’ensemble des cotisations salariales, alors qu’ils ne devraient prélever que la CSG (Contribution sociale généralisée) et la RDS (Remboursement de la dette sociale). La dette sociale de ces mêmes patrons, qui s’élève à 4 092 012 euros, témoigne du fait que ces cotisations sont bien prélevées sur les salariés, mais pas reversées aux organismes concernés. Ils se les mettent dans la poche. Si l’on ajoute à tout cela les millions d’euros de subventions (directes ou indirectes) que leur verse périodiquement le gouvernement, voilà des gens qui accumulent des fortunes avec la complicité du pouvoir! Et ce sont ces mêmes patrons qui aujourd’hui refusent de s’acquitter de l’augmentation dérisoire du smic!

Le déroulement de la grève

La grève était presque totale au début du mouvement. Mais depuis plus d’une semaine, la Préfecture au nom de la soi-disant liberté du travail fait intervenir systématiquement les forces de répression. Elles stationnent en permanence dans les plantations, elles escortent aussi les camions transportant des bananes, coupées par la minorité de non-grévistes, sur le port de Jarry. Les plantations des gros békés tels que Dormoy et Lignières à Capesterre-Belle-Eau sont occupées par les gendarmes mobiles. Le lundi 20 septembre les non-grévistes sont allés travailler encadrés par ces gendarmes. Sur le port de Jarry aussi, les gendarmes stationnent en permanence de peur d’un blocage de l’embarquement de la banane par les grévistes.

Comme tout cela ne suffit pas pour casser la grève des ouvriers, les citations à comparaître devant les tribunaux tombent. Ainsi, sous prétexte que du matériel a été saboté et des non-grévistes frappés, le tribunal a décidé l’évacuation des plantations par les grévistes avec une astreinte de 50 euros par heure s’ils reviennent occuper

En dépit de ce soutien ouvert de la Préfecture aux patrons de la banane, les ouvriers multiplient les actions. Trois manifestations de rue ont déjà eu lieu à Capesterre et à Pointe-à-Pitre ainsi que trois meetings à Capesterre réunissant de 80 à 200 personnes.

Les rares plantations où on veut faire croire que le travail a repris ne remplissent que peu de containers.

La solidarité commence à s’organiser. Une rencontre entre travailleurs de la banane les travailleurs du port de Jarry et les syndicats CGTG, UGTG et CTU du port s’est tenue récemment. Ceux du port ont publié un communiqué de soutien. Des actions communes sont envisagées. Déjà la presse et les patrons s’inquiètent d’un possible blocage du port.

Reste maintenant, comme le disent les dirigeants de la grève, à renforcer la solidarité grâce à l’apport des salariés de tous les secteurs, du privé ou des services publics.

Lutte Ouvrière n°1887 du 1er octobre 2004
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Message par emman » 30 Sep 2004, 16:17

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Message par alex » 08 Oct 2004, 13:43

Leur société

Lutte Ouvrière n°1888 du 8 octobre 2004

Guadeloupe - grève de la banane : solidarité des dockers face aux gendarmes!

La grève des ouvriers de la banane a connu un pic de combativité et de solidarité les 2 et 3 octobre. Samedi 2 octobre, les grévistes syndiqués à la CGTG étaient venus en nombre sur le port de Jarry, puisque c'est le samedi que les conteneurs de bananes sont embarqués. Les portes d'entrée étant surveillées par les gendarmes, les grévistes stationnaient devant. Un travailleur du port fut empêché d'entrer par les gendarmes qui lui confisquèrent son badge, ce qui entraîna une trèsforte protestation de ce travailleur. Alertés, les travailleurs du port sont alors venus de l'intérieur et, furieux, ont alors décidé d'ouvrir les portes afin de faire entrer non seulement leur collègue mais tous les travailleurs de la banane. Ces derniers ayant pu convaincre les dockers hésitants de ne pas embarquer la banane, les conteneurs restèrent à quai. Il faut à ce moment souligner la solidarité active du syndicat nationaliste UGTG; il demanda à ses syndiqués de ne pas embarquer la banane, venant consolider la position des dockers CGTG. Peu après, les gendarmes d'intervention arrivèrent en nombre, bottés et casqués, pour déloger les travailleurs de la banane du port. Il n'empêche que ce jour-là, la banane ne fut pas embarquée et le moral de tous les travailleurs ayant mené l'action était au beau fixe. Mais le lendemain, dimanche 3 octobre, une partie des dockers acceptèrent d'embarquer la banane. Les forces de gendarmerie avaient cette fois renforcé leur nombre et leurs positions. Quant aux dirigeants du port, ils avaient redoublé d'ardeur pour persuader les hésitants. Le conteneur partit donc vers l'Europe. Mais ce revers n'entama pas la détermination des grévistes qui, de retour dans leur local, décidèrent à l'unanimité la poursuite de la grève. Et ce ne sont pas les accusations des patrons qui entament leur moral. En effet, depuis le lundi 4, les patrons pleurnichent à nouveau dans les médias sur les sabotages qui auraient été perpétrés dans leurs plantations. Dans le quotidien France-Antilles qui leur est tout dévoué, ils déclaraient: "Ceux qui ont fait ça ne sont pas des ouvriers de la banane. Aucun d'eux ne pourrait détruire ce qu'il a élevé pendant huit mois. Ceux qui ont fait cela sont des terroristes..." À l'heure où nous écrivons, un certain nombre de travailleurs, certes, a repris le travail. Mais la grève demeure active et, comme en 1999-2000, un groupe très déterminé parvient à redonner confiance à une fraction plus large de travailleurs en lutte. Ni les patrons ni les élus ou quelque prétendue "autorité" que ce soit n'ont proposé ne serait-ce qu'une rencontre avec les travailleurs en grève depuis plusieurs semaines. On les ignore! Les grévistes se rappellent donc régulièrement à leur bon souvenir. La lutte continue!

Correspondant local

alex
 
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