Le mouvement anti-Devaquet hiver 86

[Billie]

Hep les copains, ça vous dirait pas de nous raconter 2 ou 3 trucs sur le mouvement devaquet à nous, les jeunes ( :bleh: ) qui n'avons, je crains fort, que le mouvement anti CPE à notre actif ( :ph34r: )?

Allez, n'vous faites pas prier....

[Sterd]

Pas le temps maintenant, mais je vais rédiger un petit truc a partir du moment ou on ne met pas ça en Histoire et Théorie :hmpf:

[zeanticpe]

En vrac aussi, plusieurs souvenirs.
le premier aux AG, les étudiants voulaient savoir si dans ceux qui se présentaient comme délégués il y avait des syndiques. Le representant de l'unef (ex pci en cours devenu PS) avait dénoncé cette facon de faire et avait désigné les appartenances politiques de tous les autres candidats. (LO-LCR et PT et LST (LST je suis pas sur que c etait LST mais il y avait un trostkyste je crois LST, très bien tres combatif)).
Mais donc les etudiants voulaient pas trop de delegues syndicaux mais ca ne les derangeait pas d etre representes par des trostkystes.
Très bon souvenir. J'en profite pour dire que j'aimais pas bien les membres du PCI avant cette grève, mais ceux avec qui je me suis battu en 86 étaient pour moi vraiment revolutionnaires. On s'est serre les coudes pendant tout le mouvement.

Un truc qui m'a marqué, à Paris apres la premiere manif, un femme de 50 ans et son vieux papa s'assoient à côté de nous.
Le petit vieux me fait "vous avez raison les jeunes, battez-vous".
moi: "oui, on va faire faire comme en 68"
lui:"non pas comme en 68"
moi:"comme en 36?"
lui :"non, en 36 on s'est fait avoir".
et il a sorti un livre de sa poche, Trostky, je sais plus quel livre.
On etait tous trostkystes à part un PS.
on lui a dit "d'accord!"

Et pis dernier truc la manif apres la mort de Malik Oussekine, le non elu unef id passe au PS reprenait son role, et imposaint le silence. Il voulait qu'on fasse "huuuummmm" comme revendication.
et il y avait un vieux copain de LO avec moi, il parlait expres très fort. et ca me faisait rire.

[Barikad]

Pour revenir à l'histoire plus nationale, une grosse grève de cheminots a suivi... qui a eu au moins autant d'impact sur l'ambiance dans le pays. Dont un des dirigeants fut notre regretté camarade Daniel Vitry. :wub:
Et les infirmières, c'etait juste avant ou après, je me souviens plus ?

[Louis]

Aprés : le mouvement des cheminots, c'est en décembre 1986 et le mouvement des "infirmieres" c'est octobre 1988 En fait de mouvement des infirmières, c'est plutot un mouvement "des personnels de la santé" dans le contexte de l'apparition des "coordinations" (structures qui court circuitent en partie les syndicats) Et j'insiste particulierement sur le "personnel de santé" Dans un millieu plutot pas syndiqué, il va y avoir divergence entre "coordination infirmiére" et "coordination des personnnels de santé" sur la base d'un certain corporatisme (ou d'un corporatisme certain)

[titi]

même souvenir concernant la manif silencieuse suite à la mort de malik oussekine : vote quasi unanime en ag pour une manif avec slogans, mais propagande des médias, Le Monde en tête, pour faire croire que c'est la manif silencieuse qui avait été voté

résultat, quand on a commencé à scander nos slogans, ceux qui manifestaient mais n'avaient pas assisté aux ag nous prenaient pour des opportunistes, un comble !

[Sterd]

Dans la série des trucs forts réussis pas le PS, c'était le podium géant place des invalides le 4 décembre. Pour tenter de transformer une manif géante en un concert géant.

[Sterd]

Extrait de mes souvenirs - Part ouane

Le contexte politique : L'assemblée élue de 1981 vient de se faire foutre dehors, en mars/avril 1986. C'est le gouvernement de la première cohabitation. Que du beau monde, Chirac, Pasqua, Pandraud, Monory et un petit prof de fac Alain Devaquet. Rouge écrira de ce gouvernement que c'était à l'époque le plus réactionnaire de la Vème république, c'est dire ... ( :hinhin: )
La droite au gouvernement fait son travail habituel et au milieu de tout un tas de mesures revanchardes, il présente en septembre (excellent timing :hinhin: ) un projet de loi sur l'université constitué de mesures purement idéologique incluant une sélection à l'entrée.
A l'extrême gauche, quasiment toute la jeunesse du PCI (qui ne s'appelle pas encore MPPT) vient de se barrer au PS en suivant Cambadélis. L'UNEF-ID jusque là entièrement contrôlée par le PCI passe donc avec armes et bagages du coté du PS.
Ce sont aussi les débuts de SOS Racisme, assez présente dans les lycées et qui en l'absence de syndicat lycéen en fait office.

En Septembre/Octobre on se retrouve avec l'alchimie suivante, un gouvernement revanchard et provocateur, un PS souhaitant se refaire et un syndicat étudiant désirant faire ses preuves et montrer de quoi il est capable à ses nouveaux mentors.
L'UNEF-ID commence sa propagande anti-Devaquet dès la rentrée universitaire, sans trop de succès jusqu'à la mi-novembre ou la fac de Villetaneuse se met en grève. De toutes les facs de la région parisienne, ce sera Villetaneuse qui restera la fac la plus mobilisée tout au long du mouvement.