Sectarisme et opportunisme...

Message par Matrok » 08 Fév 2008, 19:34

(Rouge a écrit :LUTTE OUVRIÈRE
Sectarisme et opportunisme…

L’orientation politique de Lutte ouvrière pour les prochaines municipales – obtenir un maximum d’élus, à n’importe quel prix – rompt avec la stratégie de l’organisation.

« Lutte ouvrière souhaite qu’il y ait, dès le premier tour, une union de toutes les forces de gauche et elle est prête à y participer. » Elle ne présentera ses propres candidats que « si le Parti socialiste, le Parti communiste ou les deux refusent cette alliance »… Telle est la position de Lutte ouvrière (LO) pour les municipales, exprimée dans le dernier numéro de son hebdomadaire. Un virage politique pour le moins étonnant.

Le virage a été difficile. Il y a quelques mois à peine, à les entendre, au retour de l’été, les camarades de LO étaient disponibles à des listes communes avec la LCR. Puis, ponctuellement, il est apparu que LO envisageait la possibilité d’être sur des listes d’union de la gauche, notamment à Saint-Brieuc, Lorient, Angers et Avrillé. Deux semaines avant son congrès, Roger Girardot écrivait : « Nous avons engagé des discussions avec les listes de gauche qui nous sollicitaient et, dans d’autres cas, nous avons pris l’initiative en nous adressant aux candidats du PCF. Nous ne faisons pas cela pour avoir des élus car, des élus, nous pouvons en avoir en nous présentant indépendamment comme en 2001. » Le texte sur les municipales soumis au vote du congrès, début décembre, restait plein d’ambiguïtés, concluant cependant : « Nous n’avons aucun intérêt à conclure des alliances sur un programme d’accords avec nos éventuels alliés, si cela ne nous permettait pas d’avoir des élus, voire nous en empêchait, et d’autant plus que nous avons les moyens de nous présenter indépendamment. » Pour, aujourd’hui, trancher : des élus à tout prix, à n’importe quel prix…

Touche après touche, la direction de LO a engagé ses militants et ses sympathisants dans un tournant politique qu’elle ne peut plus enrober dans des périphrases ou des allusions. Le virage à 180° est pris. Il tourne le dos au passé de l’organisation. Dans le même temps, la direction de LO veut clore un débat qu’elle n’a pas voulu. Dans un communiqué daté du 28 janvier, elle annonce qu’« à l’occasion de la préparation des élections municipales » est apparu un différend entre elle et la minorité L’Étincelle, qui remet en cause l’accord qui définissait le statut de la minorité. « En conséquence, son application est suspendue jusqu’à ce que les militants de Lutte ouvrière se soient prononcés, dans les formes statutaires, sur les futures relations entre la majorité et la fraction minoritaire. » Comme le dénoncent les camarades de la minorité, il s’agit d’une exclusion de fait, qui censure le débat démocratique.

Faut-il aussi rappeler que la lettre que le bureau politique de la Ligue avait adressée à LO, fin novembre 2007, pour lui proposer d’envisager ensemble la campagne des municipales, est restée sans réponse. Une première dans les relations de nos deux organisations. Cette évolution est l’aboutissement de l’échec dans lequel LO s’est enfermée au lendemain de 1995, incapable de s’ouvrir pour relever le défi de la nouvelle période. Au moment où la LCR le relève, appelle à la construction d’un nouveau parti des travailleurs, la direction de LO répond avec sectarisme pour chercher des alliés avec opportunisme… Mais on ne peut ni suspendre ni exclure la discussion…

Yvan Lemaitre
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Message par Matrok » 08 Fév 2008, 20:10

Puisque tu donne ton avis sur cet article... ce n'était pas mon intention, je pensais que le fil allait vite être fermé ou déplacé... mais je te réponds : cet article dit des vérités, bien entendu blessantes comme le veut le proverbe. Je n'y vois pas du tout l'appel du pied à la Fraction que tu y vois, à part une invitation très claire à ce qu'ils défendent leur point de vue publiquement. Mais pourtant je suis d'accord avec ta conclusion :
(convive a écrit :La Fraction ferait un très mauvais affaire d'aller se fourrer dans "le machin" de la LCR qui est destiné à une faillite retentissante.
Matrok
 
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Message par Gertrude » 08 Fév 2008, 20:23

...discuter avec les militants de la LCR, oui bien sûr : dans le passé : on apprenait à LO que discuter avec les autres militants, et notamment ceux qui se disent révolutionnaires, c'était une question d'hygiène politique. Moi j'en suis toujours convaincu. Oui, je sais, j'ai un côté "à l'ancienne" des fois.

Enfin discuter, quand c'est possible... dans ma ville cela fait plusieurs 5 mois qu'on a dit à la LCR qu'on était prêts à discuter de leur projet, et on attend encore la réponse. Pour discuter, encore faut il être deux...
Gertrude
 
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Message par Forum Master » 09 Fév 2008, 00:05

Modération : L'article de Y. Lemaître était une information qui a été prise en compte. Il a entraîné quelques réactions. Mais il n'est pas question que sa publication soit saisie comme occasion d'une ouverture d'une boîte à noms d'oiseaux sur la politique de LO aux municipales (cf. le fil de 42 pp. qui y a été consacré) ou sur l'évolution des relations entre LO et la fraction (cf. les communiqués publiés par ailleurs).
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Message par bidule » 09 Fév 2008, 00:49

(El convidado de piedra @ vendredi 8 février 2008 à 21:00 a écrit :Et il faut être d'une naiveté assez grande pour ne pas voir que celui qui écrit (qu'il  me semble vient de LO aussi) ne cherche pas à attirer les "brevis egarées" vers sa LCR et sa "tendance".

(...)
Qu'un type totalement isolé et/ou désesperé à la Ligue qui avait echoué une aventure pareille aille envie de ne pas se sentir le Robinson Crusoe de la LCR et essaye de profiter de cette "aubaine" pour renforcer et ses conviction et ses troupes, cela peut se concevoir; mais s'il est tellement nul politiquement (ou désesperé) et sort des "arguments" aussi absurdes que ceux dont il nous donne un echantillon, je continue de penser que la Fraction ferait un très mauvaise affaire de joindre un tel aventurier politique.

Comme celui qui, tombé dans l'ornière, "désespéré" de se sentir ainsi piégé, préfère y persister coûte que coûte, présenter son trou comme un petit paradis afin d'y attirer d'autres, plutôt que de reconnaître sa propre misère. l'orgueil transforme une victime, une brebis égarée, en bourreau zélé.

D'autres n'ont pas su résister à son chant de sirène, et se sont noyés.

les métaphores du Convive (Robinson Crusoe) m'inspirent, ce soir, d'autres métaphores (comprenne qui pourra) - mais je ne fais que le paraphraser...

En attendant, notre Convive, qui voit tout ceci et l'a vécu de l'extérieur, me fait plaisir par sa perspicacité.

Un coup de langue avant de prendre un coup de patte... ;)
bidule
 
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Message par Vérié » 09 Fév 2008, 10:13

modération

Je soumets la version longue de cet article, parue sur Europe Solidaire.

Je commenterai ... seulement un point de l'article d'Yvan. Il me semble qu'il réécrit un peu l'histoire car, avant son exclusion, je ne crois pas qu'il ait défendu la construction d'un "grand parti" avec la LCR.



a écrit :
LUTTE OUVRIERE ET LES ELECTIONS MUNICIPALES
Lutte ouvrière, opportunisme et sectarisme, un tournant à 180°…
Lutte ouvrière, LEMAITRE Yvan
31 janvier 2008
A en croire un article publié dans son hebdomadaire daté du 25 janvier 2008, que nous reproduisons intégralement ci-dessous, ce qui était il y a encore peu présenté comme un cas de figure parmi d’autres est devenu une orientation privilégiée pour les prochaines municipales : « ...Lutte Ouvrière souhaite qu’il y ait dès le premier tour une union de toutes les forces de gauche et elle est prête à y participer. Ses candidats se présenteront donc sur de telles listes d’union, sauf si le Parti Socialiste, le Parti Communiste ou les deux refusent cette alliance et préfèrent la division ».
Cette nouvelle orientation s’exprime aussi dans le dernier numéro de la revue La lutte de classe. Yvan Lemaître analyse ici cette évolution. Il est lui-même un ancien membre de LO, puis d’une minorité qui fut exclue en 1997, fondant la Voix des travailleurs. Ce courant a fusionné en 2000 avec la LCR, à la direction de laquelle Yvan Lemaître participe depuis.
« Dans les circonstances politiques actuelles, alors que Sarkozy veut faire du résultat qu’il espère de ces élections une approbation de la politique de son gouvernement, Lutte Ouvrière souhaite qu’il y ait dès le premier tour une union de toutes les forces de gauche et elle est prête à y participer. Ses candidats se présenteront donc sur de telles listes d’union sauf si le Parti socialiste, le Parti communiste ou les deux refusent cette alliance et préfèrent la division. Dans ce dernier cas de figure, Lutte Ouvrière présentera évidemment, partout où elle le pourra, ses propres listes » écrit Lutte ouvrière dans le numéro de février de sa revue Lutte de classe dans un article intitulé « Lutte ouvrière et les municipales ». Cette orientation se retrouve en conclusion d’un article non signé du n°2060 du 25 janvier 2008 de l’hebdomadaire [reproduit ci-dessous]. Une telle orientation étonne, surprend, choque de la part d’une organisation qui avait fondé sa politique sur l’indépendance par rapport à la gauche Si elle représente un virage à 180°, elle semble s’être opérée graduellement, du moins de ce que nous pouvons en juger de par les écrits de Lutte ouvrière, comme si la direction de LO n’avait pas maîtrisé les conséquences et les implications de ses choix.
Au retour de l’été, les positions affichées par bien des camarades de LO laissaient entendre qu’ils étaient disponibles à des listes communes avec nous. Ce n’est que ponctuellement qu’a pu transparaître le fait que LO envisageait la possibilité d’être sur des listes d’union de la gauche notamment à Saint-Brieuc, Lorient, Angers et Avrillé. Deux semaines avant le congrès de LO, dans un article intitulé « Lutte Ouvrière et les Municipales à venir », Roger Girardot s’en prenait à la presse :
« Une fois de plus, on a pu vérifier à ce propos les capacités d’affabulation d’une partie de la presse, du Figaro à Libération en passant par le Parisien et France Inter.
Il a suffi d’une lettre envoyée par un de nos camarades de Saint-Brieuc à la socialiste qui dirigera la liste de gauche aux Municipales de cette ville, pour que la presse se laisse aller. Il a suffi ensuite qu’un journaliste du Parisien transforme ce fait mineur et titre : « LO : Arlette offre ses services... au PS » pour que, deux jours après, un autre journaliste, de Libération cette fois, affirme que c’est Arlette Laguiller qui a écrit à la tête de liste socialiste de Saint-Brieuc. Ce journaliste n’avait sans doute lu que le titre de son confrère du Parisien.[...]
Pour 2008, nous préparons à nouveau des listes Lutte Ouvrière qui seront au moins aussi nombreuses qu’en 2001. Le problème est que nous ne voulons pas que, dans la situation politique actuelle, nos listes puissent nuire aux listes de gauche.
C’est pourquoi nous avons engagé des discussions avec les listes de gauche qui nous sollicitaient et, dans d’autres cas, nous avons pris l’initiative en nous adressant aux candidats du PCF.
Nous ne faisons pas cela pour avoir des élus car, des élus, nous pouvons en avoir en nous présentant indépendamment comme en 2001. »
Le texte soumis au vote au congrès début décembre, rendu public dans la LDC de janvier, restait plein d’ambiguïtés : « Nous aurons bien sûr le problème d’alliances éventuelles. Nous ne sommes plus en 2001. La droite a peut-être encore le vent en poupe. L’électorat peut être encore traumatisé par sa présence à la tête de l’Etat et tenté de se porter sur ceux des partis de gauche qui ont des chances de gagner et, en plus, être décidé à ne pas disperser ses voix. Une situation qui peut être très défavorable à la gauche de la gauche et à l’extrême gauche. Nous avions prévu, depuis longtemps, deux ans au moins, que nous risquions d’être laminés à la Présidentielle. Nous n’avions pas anticipé le résultat mais nous avons dit et écrit qu’il serait très probablement très inférieur à celui que nous avions eu en 2002. Mais quelle que soit la situation, nous devons quand même faire l’effort d’une campagne car obtenir des élus municipaux est extrêmement important pour notre rayonnement politique. Ces élus sont un point d’ancrage dans une ville et l’axe autour duquel peuvent graviter nos activités locales[...] La conclusion est que nous devons essayer de constituer des listes dans le maximum de localités. Cela ne nous empêchera cependant pas d’étudier et d’être ouverts à toute proposition d’alliance, que nous étudierons en fonction des situations, des rapports de forces locaux et des possibilités d’élus que ces alliances pourraient réellement nous ouvrir. Nous n’avons en effet aucun intérêt à conclure des alliances sur un programme d’accords avec nos éventuels alliés si cela ne nous permettait pas d’avoir des élus, voire nous en empêchait, et d’autant plus que nous avons les moyens de nous présenter indépendamment. »
Le souci de conditionner un accord à la possibilité d’avoir des élus était certes formulé mais il ne s’agissait pas encore d’avoir des élus à n’importe quel prix ou plutôt au prix de sacrifier son propre programme en participant à des listes d’union de la gauche.
Touche après touche, la direction de LO a engagé ses militants et ses sympathisants dans un tournant politique qu’il ne lui est plus possible d’enrober dans des périphrases ou des allusions. Il est allé trop loin pour reculer. « Dans les circonstances politiques actuelles, Lutte Ouvrière souhaite qu’il y ait dès le premier tour une union de toutes les forces de gauche et elle est prête à y participer. Ses candidats se présenteront donc sur de telles listes d’union, sauf si le Parti Socialiste, le Parti Communiste ou les deux refusent cette alliance et préfèrent la division. Ce n’est que dans ce cas que Lutte Ouvrière présentera ses propres listes. » Ainsi le redit en conclusion l’article sur les municipales du numéro 2060 du 25 janvier 2008 de Lutte ouvrière cité plus haut.
Le virage est pris, il tourne le dos au passé de l’organisation.
Et, dans le même temps, la direction de LO semble vouloir clore le débat. Dans le même numéro, celui de la semaine du congrès de la Ligue, on peut lire, dans l’espace de la « Tribune de la minorité », un encart : « La tribune de la fraction ne paraîtra pas cette semaine. Nos lecteurs ne trouveront pas dans ce numéro la tribune hebdomadaire de la minorité de Lutte Ouvrière qui existe en tant que fraction organisée au sein de notre organisation depuis des années. En effet l’accord conclu entre la minorité et la majorité de Lutte Ouvrière a été remis en cause. La parution de cette tribune est donc interrompue pour une période indéterminée. »
Le lecteur n’est pas en mesure de juger de la nature de la remise en cause, ni d’où elle vient, la confusion volontairement entretenue… « En conséquence, son application (de l’accord) est suspendue jusqu’à ce que les militants de Lutte Ouvrière se soient prononcés, dans les formes statutaires, sur les futures relations entre la majorité et la fraction minoritaire » précise la direction de LO dans un communiqué daté du 28 janvier en indiquant que c’est « à l’occasion de la préparation des élections municipales » qu’est apparu le différend.
Il ne peut faire de doute que la discussion autour de ce virage politique, indépendamment des prétextes juridico-politique qui seront invoqués par la direction de LO, est au cœur de « la remise en cause ». La fragilité des arguments avancés par la direction de LO ne peut cohabiter avec un libre débat démocratique.
D’ailleurs, la lettre que le BP de la Ligue avait adressée, fin novembre 2007, aux camarades de Lutte ouvrière pour leur proposer d’envisager ensemble la campagne des municipales est restée sans réponse. Une première dans les relations de nos deux organisations.
Le virage à 180° opéré en quelques mois sans réelle discussion démocratique, c’est-à-dire publique et transparente, ne peut supporter la lumière de la discussion, de la confrontation publiques.
L’indigence de l’argumentation saute aux yeux à la lecture de l’article de la LDC de février consacré à cette question.
« Ce n’est évidemment pas en fonction de la politique prônée sur le plan national par la gauche que nous déterminerons notre politique » peut-on lire en préambule, politique par ailleurs fustigée. Pourquoi alors que, par ailleurs, l’article souligne le fait que Sarkozy fait des municipales un test politique national ? Quelle est la meilleure façon de sanctionner Sarkozy ? Voter pour ceux qui sont partisans de la réforme des régimes spéciaux, du mini-traité européen, de l’économie de marché ou pour des anticapitaliste révolutionnaires ? La question est ignorée par l’article dont le propos est bien plus de justifier dans le flou ou de dire des évidences pour défendre la nécessité d’avoir des élus que d’argumenter sérieusement.
Bien évidemment, il est nécessaire de « s’investir, dans la mesure des possibilités pratiques, dans l’activité syndicale, les luttes électorales, et les interventions sur le terrain communal ». Dire cela, c’est enfoncer une porte ouverte. Nous nous battons pour avoir des élus, mais sur notre politique, nos idées, nos perspectives et avec ceux qui en partagent les grandes lignes. « Mais le fait est là : ce n’est généralement pas la même chose pour les classes populaires de vivre dans une commune gérée par la gauche que par la droite » peut-on lire sans que soit poussé le raisonnement. Certes, c’est là encore une évidence qui mériterait cependant quelques précisions, et une évidence qui ne saurait suffire à justifier la participation des révolutionnaires à des listes d’union, encore moins à en faire une politique.
« Le rôle de conseillers municipaux révolutionnaires […] c’est en un mot de se servir de leur mandat comme d’un haut-parleur (malheureusement d’une puissance limitée !) pour faire entendre le point de vue des communistes révolutionnaires sur tous les problèmes de notre société. » On souscrit à cette nouvelle évidence qui conduit cependant à s’interroger. La campagne ne serait-elle pas l’occasion, plutôt que de taire son programme pour avoir des élus en participant en des listes d’union de la gauche, de défendre le point de vue des communistes révolutionnaires ? N’était-elle pas l’occasion d’unir nos forces pour mieux faire entendre notre point de vue ?
Poser la question, c’est y répondre et elle suffit à montrer la mauvaise fois de l’argumentation de LO.
Alors pourquoi un tel virage qui rompt avec la continuité politique de LO, qui tourne le dos à son passé, et se met ainsi en position de faiblesse pire dans une impasse préjudiciable à l’ensemble du mouvement ? On ne peut comprendre ce virage qu’en le situant dans l’évolution de Lutte ouvrière depuis 1995. Il est l’aboutissement de cette évolution, la terrible logique d’un échec d’une direction dépassée par l’évolution politique bien plus qu’un choix conscient de ses implications.
En 1995, le mécontentement d’une large fraction du monde du travail, d’électeurs du PC s’était exprimé en votant à l’élection présidentielle pour Arlette Laguiller qui dépassait les 5%. LO récoltait le fruit d’une politique fondée sur l’indépendance vis-à-vis de la gauche et permettait ainsi au mouvement révolutionnaire de gagner une audience de masse qui allait se confirmer dans la décennie à venir. Au lendemain de la présidentielle Arlette lançait un appel pour un parti des travailleurs mais la direction de LO accompagnait cet appel d’une politique sectaire, autocentrée en décalage avec l’écho nouveau rencontré par nos idées. En corollaire de cette incapacité à mettre en œuvre une politique correspondant à la nouvelle période qui s’ouvrait, la direction de LO allait exclure, début 97, 10% de son organisation, ceux qui voulaient donner à l’appel d’Arlette «  un contenu concret, dynamique, militant ». Exclusion qui, ne pouvant avouer son sens réel, se fit sur un mauvais procès fabriqué de toutes pièces.
De cette rupture naquit le groupe Voix des travailleurs qui devait fusionner avec la Ligue au congrès de juin 2000.
Depuis deux évolutions parallèles ont lieu : LO s’enferme dans son échec, son incapacité à relever le défi de la nouvelle période, sélectionne ses membres sur la base d’une discipline aveugle alors que la Ligue a su saisir le contenu de la nouvelle période, formuler une politique qui lui a permis de surmonter ses faiblesses passées, de gagner son indépendance politique vis-à-vis des partis de la gauche institutionnelle et, ainsi, de gagner une large influence de masse. Au point aujourd’hui, à notre dernier congrès, de relever le défi en engageant la bataille pour un nouveau parti des travailleurs.
Là où LO a échoué, nous relevons le gant. Dés lors, la direction de LO avait deux choix : soit raisonner et agir en fonction des intérêt généraux du mouvement ouvrier et révolutionnaire en s’engageant avec nous dans cette bataille sans taire aucune divergence, dans des rapports démocratiques, soit elle s’enfermait dans son absence de stratégie accentuant encore son sectarisme en s’opposant, de fait, à notre projet. C’est ce qu’elle a fait. Dans un texte de son dernier congrès consacré au « parti que veut la LCR » elle écrit : « La LCR semble engagée dans un important virage organisationnel dont nous ne pouvons prévoir s’il va aboutir ou pas. Même si nous estimons que sa tentative, vu ce qu’elle est, serait une bonne chose dans le paysage politique actuel si elle réussissait, nous sommes, en ce qui nous concerne, en désaccord fondamental avec ce qu’elle veut faire. En effet, ce n’est pas un tel type de parti que nous espérons créer. » Pour préciser ensuite : « Même si le parti que nous devons construire n’a pas toujours besoin de porter dans son appellation ni communiste, ni révolutionnaire, ou trotskyste – ce qui d’ailleurs est notre cas pour le moment –, il est absolument nécessaire, par contre, que tous ceux qui entrent dans un tel parti sachent ce qu’est un révolutionnaire marxiste et le soient, sachent ce qu’est un trotskyste et le soient. Sinon, on ne peut pas construire une organisation susceptible d’intervenir dans une révolution sociale qui changerait le monde. »
L’affirmation de notions dont il serait bien utile de définir le contenu exact aujourd’hui masque le manque de confiance, le doute, le manque de capacité démocratique. Car c’est bien là le contenu de la discussion : que signifie aujourd’hui être « un révolutionnaire marxiste », « un trotskyste » ? Répéter des formules vidées de tout contenu pour flatter des amours propres militants afin de maintenir la continuité d’une organisation en dressant ses mêmes militants contre leurs camarades d’idées pour finir par proposer une politique d’union avec la gauche institutionnelle n’a pas grand rapport avec le marxisme révolutionnaire.
Au lieu d’avoir une attitude critique sur son propre bilan, LO s’enferme sur elle-même. Mais, ne pouvant échapper à la logique des rapports de force, ne pouvant nous affronter elle cherche des alliés pour tenter d’échapper à son isolement et se trouve emporter dans une politique dont elle n’a plus la maîtrise au point de trouver refuge sur des listes d’union de la gauche… Triste conclusion qui porte un mauvais coup à l’ensemble du mouvement et vérifie, malheureusement, que sectarisme et opportunisme font toujours bon ménage.
Mais les militants de LO n’ont pas dit leur dernier mot, il y a urgence pour eux, plus largement aussi pour le mouvement révolutionnaire à tirer les leçons d’une évolution dont ils ont perdu la maîtrise.
Yvan Lemaître

Vérié
 
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Message par quijote » 09 Fév 2008, 10:34

(Vérié @ samedi 9 février 2008 à 10:13 a écrit : » ? Répéter des formules vidées de tout contenu pour flatter des amours propres militants afin de maintenir la continuité d’une organisation en dressant ses mêmes militants contre leurs camarades d’idées pour finir par proposer une politique d’union avec la gauche institutionnelle n’a pas grand rapport avec le marxisme révolutionnaire.

j ' apprécie(?)cette affirmation : ce seraient des considérations" d 'amour propre" qui seraient les fondements de la politique des " dirigeants de LO "
Réduire ainsi le débat à de pareilles considérations est proprement pitoyable , pour ne citer que cet exemple . Digne de cet auteur .. mais moi qui ai un peu suivi son parcours , je dis que ce n 'est pas la première fois ( hélas )
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Message par Isa » 09 Fév 2008, 11:48

Moi, y a un truc qui me chiffonne: pourquoi refuser l'unité avec la LCR sous prétexte du désaccord avec le nouveau parti, et accepter plutôt l'unité avec le PS et le PC ? Le nouveau parti serait-il plus infréquentable que le PS ou le PC ? ...modération
Isa
 
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