UE / élections européennes

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UE / élections européennes

Message par Duffy » 03 Août 2018, 13:13

J'en arrive à ouvrir ce fil par un biais lointain et détourné, suite à la lecture de documents reproduits sur le site dédié à André Calvès. J'avais d'abord pensé publier ce qui suit sur le fil consacré au NPA, puisque Calvès était lié aux lointains ancêtres du NPA (même s'il avait manifestement, en même temps, beaucoup de sympathie pour Voix ouvrière), et aussi parce qu'il y a un débat à venir sur les élections européennes entre le NPA et Lutte ouvrière lors de la prochaine université d'été des premiers.

Mais finalement, pour plus de clarté, je me suis dit que j'allais ouvrir un nouveau fil... puisque justement les élections européennes arrivent. Même si c'est prendre ici la question par un bout disons, archéologique...

Et donc, en farfouillant sur andre-calves.org, je suis tombé sur les reproductions de quelques-unes des feuilles que lui et ses camarades éditaient alors qu'ils militaient dans la tendance "socialiste révolutionnaire" du PSU.

On y trouve notamment un article sur l'Europe, en mai 1962 :
http://andre-calves.org/letincelle/1962 ... i%2062.pdf (p. 2)
FACE A L'EUROPE DES PATRONS

Après la concentration capitaliste sur le plan national, nous assistons au même phénomène sur le plan européen.
Cette tendance est irréversible car elle correspond aux intérêts généraux du capitalisme.
Quelle doit être la politique du mouvement ouvrier face à cette "Europe" qui se fait sans nous et contre nous ?

1) Elle doit être autonome.
Au même titre que notre lutte contre les trusts ne peut avoir comme but un retour à la libre concurrence façon XIXe siècle, notre opposition à l'intégration capitaliste de l'Europe ne doit pas se justifier par la défense de positions nationalistes qui sont celles des couches retardataires de la bourgeoisie.
Nous devons soutenir nos propres solutions basées sur la défense exclusive des intérêts de la classe du prolétariat, et combattre tout projet équivoque dont les allures technocratiques cachent mal, souvent, le caractère de collaboration de classe.

2) Elle doit être unitaire à l'échelle européenne.
A la coalition internationale du grand capital doit répondre la même coalition des forces ouvrières.
Un premier pas dans ce sens pourrait être la réunion des représentants de tous les partis et syndicats ouvriers sans exclusive aucune.
La confrontation démocratique de tous les courants de pensée qui se partagent le mouvement ouvrier, permettrait l'élaboration d'une politique unitaire capable de provoquer la mobilisation de l'ensemble du prolétariat.
Dès maintenant il serait très positif que chaque militant réclame à son parti ou à son syndicat de prendre les initiatives nécessaires.


Il y a au moins un autre article sur la même question, avec le même axe : "les capitalistes s'organisent à l'échelle de l'Europe, les travailleurs doivent le faire aussi etc.", avec cette idée qu'il faut y pousser les organisations ouvrières...
Ici, à gauche p. 4 (février 1962) :
http://andre-calves.org/letincelle/1962 ... rier62.pdf

Pour situer, voilà ce que dit Calvès des feuilles dont il est question :
http://andre-calves.org/1955-1968/Citroen.pdf (p. 13)
De plus en plus de militants ouvriers du PSU voulaient fair des journaux d'usine et nous contactaient. Si ma mémoire est bonne, il y eut une vingtaine d'Étincelles (Paris, Dijon, Rouen, Mineurs de Guesnain, etc). Nous avons fait un bulletin de liaison « Le Militant » qui tirait chaque mois avec une dizaine de feuilles, des échos et une proposition d'éditorial à discuter. Nous nous inspirions donc de « Voix Ouvrière. » La camarade Laguiller travailla un peu avec nous avant de rejoindre cette organisation.
De temps en temps, une assemblée de camarades de Paris et province avait lieu. Un jour, Geismar viendra à une de ces réunions et nous reprocha notre « aventurisme » ! Ça devait être en 1963.


Et du coup, je suis aussi allé voir ce que disait V. O. du Marché commun et de la CEE à la même époque, en février 1962, en l'occurrence dans la LDC (il y a peut-être d'autres articles, dans la V. O., qui m'ont échappés) :
https://mensuel.lutte-ouvriere.org/docu ... e-alliance

Une nouvelle Sainte-Alliance

Avec l'adhésion de la Grande Bretagne, l'accord agricole et la discussion franco-allemande sur l'Europe politique, la construction européenne semble continuer son avance, indifférente aux soubresauts d'une actualité brûlante par ailleurs.

Après de multiples projets depuis 1918, de nombreuses tentatives avortées depuis 1945, l'événement du siècle semble prendre corps : l'Europe, unie après tant de luttes, surmonterait ses divisions pour quasi-égaler la puissance des USA

Les avantages seraient éclatants. Un marché agrandi permettrait une plus large division du travail, de plus grandes séries. Des entreprises plus importantes se développeraient, elles pourraient employer un outillage très lourd qu'il faut sans cesse renouveler et prendre en charge les laboratoires de recherches de plus en plus importants.

Un outillage plus spécialisé pourrait se développer parallèlement. Il y aurait une division dés tâches plus harmonieuse (suppression de la production de blé en Angleterre par exemple). Enfin certaines activités très coûteuses seraient interdites à des marchés étroits tels la recherche et l'utilisation de l'énergie atomique, l'étude du cosmos, la construction et l'exploitation de fusées et de satellites artificiels, etc...

Bien sûr le marché commun ne créerait pas la division internationale du travail, il y a longtemps que les montres suisses et le blé canadien s'échangent dans le monde entier et que l'interdépendance économique de tous les pays existe. Mais cette spécialisation est freinée, certaines branches sont artificiellement maintenues (dans l'agriculture ou l'aéronautique etc.) Par l'existence de barrières douanières. C'est ce frein que le marché commun veut supprimer, promettant ainsi une élévation considérable, du niveau de vie de tout l'ensemble européen. Celui-ci retrouverait ainsi sa place de troisième force indépendante à l'égal des deux grandes puissances USA et URSS

Malheureusement, si l'Europe unie correspond à l'intérêt général, les capitalistes n'ont aucune raison de s'y sacrifier individuellement. Si les trusts les plus puissants, les plus compétitifs sont parfois pour la suppression des barrières douanières, les autres s'y opposent résolument dès qu'ils éprouvent les moindres difficultés faisant jouer leur appareil d'État national, leur dernière sauvegarde. Les USA, si souvent cités en exemple durent subir une véritable guerre civile, la guerre de sécession pour que les cotonniers du Sud acceptent de se soumettre aux intérêts des industriels du Nord. Il a fallu briser par la force leur appareil d'État. La bourgeoisie n'est pas plus prête à se sacrifier, au nom de la démocratie, vis à vis d'autres bourgeoisies, que vis à vis de son prolétariat. L'argument suprême reste la force.

Quant à la naissance d'une troisième force indépendante des USA, il suffit de connaître l'importance des liens économiques, politiques et militaires qui unissent la majorité despays d'Europeaux USA, pour en comprendre l'impossibilité. D'ailleurs les partisans de l'Europe se refusèrent toujours à préconiser la rupture ou même la révision de ses liens avec les USA Et ceux-ci furent toujours favorables à ces expériences d'unification car celles-ci renforcent la cohésion du monde occidental.

Mais, c'est là la vraie raison du marché commun. Depuis la défaite de l'axe, l'importance du camp dit socialiste a crû à un point tel que tout nouveau recul important risquerait d'être catastrophique pour tout le monde capitaliste. Aussi la solidarité internationale des impérialistes prime-t-elle actuellement leurs divergences bien réelles (Suez , Congo) réglées sous l'arbitrage intéressé des USA Ainsi, le plan Marshall servit aux USA à remonter, sans oublier leur intérêt, l'économie d'une Europe à leur merci. L'OTAN apparut avec les premiers heurts de l'inévitable guerre froide, commença l'intégration militaire et tenta de transformer les armées occidentales en une armée à commandement unique, bien que respectant les zones d'influences respectives. En même temps, dans la mesure du possible, on essayait à différentes reprises de renforcer la cohésion économique, et dans la limite du possible, d'atténuer les divergences par des accords entre trusts nationaux. La dernière tentative en date, avant le marché commun la CED, échoua devant l'opposition d'une partie de la bourgeoisie française. Car les antagonismes subsistent.

Les impérialistes les plus puissants ou les plus menacés politiquement sont fortement intégrationnistes, les autres exigent une plus grande autonomie ou une plus grande place dans l'alliance, d'où les heurts entre « unificateurs » et partisans de « l'europe des patries ». les discussions plusieurs fois rompues avec l'angleterre, les tentatives de torpillage de celle-ci avec une zone de libre-échange qui finalement échoua, les heurts germano-français sur l'agriculture marquent les étapes d'un pénible marchandage de la bien modeste union économique prévue sous le nom de marché commun. ces étapes furent franchies grâce à l'appui, sinon la pression, des u.s.a. ceux-ci veillant d'ailleurs à ce que l'accord qui renforce leurs alliés et concurrents et risquerait de les exclure en partie au moins d'europe, comporte les clauses de sauvegarde nécessaires à leur industrie. mieux, ils proposent parla voix de kennedy, de créer un vaste marché atlantique où leur puissance ne pourrait que l'emporter. leurs capitaux n'attendent d'ailleurs pas pour venir s'installer à leur aise.

Tiraillé par des intérêts divergents, accéléré par les nécessités politiques, freiné par les contradictions économiques, cet accord relatif ne peut se concevoir qu'en période économique calme. A la moindre crise, les heurts se multiplieront, au point de briser tout accord, si cela s'avère nécessaire à l'un des pays en présence. A moins qu'un renouveau de tension ne fasse servir la « sainte alliances » à ses fins véritables : la guerre contre l'URSS

Cette éventualité, clairement perçue par le Parti Communiste Français, l'a rendu violemment hostile au marché commun comme à toutes les précédentes tentatives. N'osant se proclamer ouvertement pour la défense de l'URSS, seule position révolutionnaire, il s'oppose sous divers prétextes : menace de cataclysme économique mais surtout la défense réactionnaire des valeurs nationales depuis longtemps périmées.

Les barrières nationales, pas plus que les accords entre trusts, n'ont rien de progressifs, Mais seuls les travailleurs pourront les supprimer et créer la seule Europe possible : les États Unis Socialistes d'Europe.


Il y a bien des différences entre ce qu'écrivaient les éditeurs de l’Étincelle et ce que l'on pouvait lire dans la LDC, mais au moins l'idée commune qu'il n'y a pas à se lamenter d'une unification plus grande de l'Europe, même sous l'égide des capitalistes... au contraire ! Avec cette idée de V. O. que seuls les travailleurs pourront véritablement unifier l'Europe, et l'axe des États-Unis socialistes d'Europe ; qui fait en partie écho à une préoccupation de l'Étincelle : les travailleurs (par le biais des organisations ouvrières existantes...) doivent s'organiser à l'échelle de l'Europe...

Plus actuel et peut-être plus utile aujourd'hui, le dernier CLT sur l'Europe, avant les dernières élections européennes de 2014 :
https://www.lutte-ouvriere.org/document ... e-la-crise

Et la circulaire de Lutte ouvrière à ces mêmes élections :
https://mensuel.lutte-ouvriere.org/docu ... exte-de-la
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Re: UE / élections européennes

Message par artza » 03 Août 2018, 17:12

Seuls les travailleurs pourront véritablement unifier l'Europe
.

On peut toujours le dire aujourd'hui, c'est toujours vrai.
L'unité de l'Europe est toujours une nécessité et devra se faire sous peine de régression générale.
C'est la tâche de la classe ouvrière sur le chemin de son émancipation par la révolution socialiste mondiale.
Bien sur bien des chemins, des traverses, des détours pourront s'imposer.

Chaque état bourgeois de l'UE a sa police, sa justice, son armée, sa diplomatie et ses lois et même les fameux services dit publics : existent-ils, les chemins de fer européens, la Poste européenne ?

La bourgeoisie française a ses intérêts en Afrique qu'elle défend becs et ongles contre toutes les autres bourgeoisies.

Le regroupement d'abord politique des travailleurs d'Europe, seuls des révolutionnaires peuvent l'envisager et devront le faire.

Il y a de la marge. Quand je lis LO ou l'Anti-cap je sais tout de suite que ce sont des journaux "français" ; les vies politiques européennes sont strictement nationales quand c'est pas régionales (Catalogne, Corse, Pays Basque).

Quand Calvès en appellait aux "organisations ouvrières" européennes pour unir les travailleurs, je crois qu'il se mettait le doigt dans l'oeil.
Il existe depuis longtemps une Confédération européenne des syndicats, les travailleurs d'Europe sont-ils plus unis pour autant, conscients d'être une seule et même classe ?

Quand les travailleurs de Continental Clairoix sont allés manifestés à plusieurs centaines à Hanovre avec une banderole "Zusammen, Zusammen Ya" rejoint par des travailleurs allemands de Continental (ce n'était pas une initiative des directions syndicales. Le syndicat allemand de Continental Hanovre a pensé ne pas pouvoir se défiler, la CGT a ignoré) c'est la seule fois où j'ai entendu parler d'une chose pareille.
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Re: UE / élections européennes

Message par com_71 » 05 Août 2018, 17:46

En 1979, alors que les 2 organisations étaient "suffisamment en accord sur un axe commun d'intervention dans les élections européennes pour qu'une campagne commune soit possible et souhaitable" (ldc 65), LO avait présenté ses positions sur l'avenir de la construction européenne dans le cadre d'une polémique avec la LCR et le Secrétariat Unifié :
https://mensuel.lutte-ouvriere.org/docu ... -le-marche
https://mensuel.lutte-ouvriere.org/docu ... fie-et-les

Le second de ces articles se conclut sur une critique explicite des perspectives défendues, dans son agitation quotidienne, par la LCR :
...nous voyons très bien les inconvénients des ambiguïtés des positions des camarades du Secrétariat Unifié.

D'abord en ceci qu'elles contribuent à faire prendre de faux combats pour des vrais, alors que les travailleurs n'ont pas à combattre le libre échangisme des bourgeois tel que ces derniers le pratiquent dans le Marché commun, plus que le protectionnisme. Plus est grand le vacarme des partis réformistes ou staliniens, dont c'est une politique constante que de diriger leurs coups contre tel ou tel aspect du capitalisme et jamais contre le capitalisme lui-même, plus il est important que les révolutionnaires sachent attirer l'attention des travailleurs sur ce qui est essentiel et non accessoire. Il est important en tous les cas qu'ils ne contribuent pas, par des formulations fausses ou seulement ambiguës, à aller dans le sens des illusions entretenues par les grands partis réformistes. Pour ce qui est des travailleurs influencés par le PCF, ce dernier répète déjà assez que s'il y a crise et chômage, s'il y a aggravation des conditions d'existence des travailleurs, c'est la faute au Marché commun, pour qu'il soit nécessaire pour les révolutionnaires de se démarquer absolument de ce genre de balivernes, qui constituent une façon de dégager la responsabilité du capitalisme. Et pour ce qui est des travailleurs influencés par la social-démocratie, plus « supranationale », ce n'est pas en ayant l'air d'aller dans le sens des arguments fallacieux du P. C. F. qu'on les convaincra.

D'autre part, nous sommes dans une période où, manifestement, la conscience de la classe ouvrière n'en est pas au point de voir clairement que le véritable choix qui concerne son avenir est en la matière entre les États-Unis socialistes d'Europe d'une part, et toutes les variantes des politiques bourgeoises en Europe de l'autre. Dans ces conditions, et compte tenu du déchaînement nationaliste entretenu notamment par le PCF, combattre prioritairement le Marché commun ou « l'Europe du capital » apparaît, qu'on le veuille ou non, comme une position contre l'Europe d'un point de vue national. Là aussi, cultiver les ambiguïtés, fût-ce pour trouver l'oreille des militants du P.C.F., se retourne finalement contre les révolutionnaires ou, en tous les cas, contre les idées qu'ils ont à défendre.


On en est grosso-modo toujours là 40 ans plus tard. Non seulement avec le NPA, mais aussi avec le mouvement trotskyste tel qu'il s'est prolongé après la réunification de 1943. La majorité des organisations britanniques a, je crois, soutenu le Brexit ; nous sommes témoins, en France, des outrances nationalistes caricaturales des POI et leurs "politiques de rupture". Sur ce forum GdM nous a récemment apporté l'exemple des ambiguïtés de la TMI, autre tendance issue du Secrétariat Unifié :
texte "Relever le parti [PCF], réengager le combat révolutionnaire" de la Riposte, été 2018 a écrit :une « Europe sociale » au service des travailleurs du continent est clairement irréalisable sous le capitalisme et dans le cadre de l’Union Européenne.

https://www.lariposte.org/2018/06/basec ... ternative/

Bon, s'il y a un débat NPA-LO sur le sujet à l'université d'été du npa, nous verrons bien s'il peut apporter du nouveau.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: UE / élections européennes

Message par com_71 » 05 Août 2018, 19:18

En 1971, LO publiait dans son numéro 144 un article de Ian Birchall, de IS, organisation anglaise elle-aussi issue de la IVème Internationale (cf. la conclusion de l'article ci-dessous). Mais IS n'a pas défendu cette politique devant les travailleurs britanniques.
Pièces jointes
birchall.jpg
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Re: UE / élections européennes

Message par artza » 06 Août 2018, 07:47

Les "cliffistes" ont plus d'un point commun avec les "lambertistes" par exemple ils sont complétement amnésique sur la période de discussions fraternelles avec LO (VO).
Toutefois ils n'ont jamais été jusqu'à manifesté devant un consulat de France avec des pancartes "support the french bolcheviks of Voix Ouvrière" :lol:
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Re: UE / élections européennes

Message par Duffy » 11 Août 2018, 14:47

Déjà relayé par ailleurs, 17 juillet 2018 (Le Monde) :
Des salariés d’Amazon lancent un mouvement de grève en Europe à l’occasion du « Prime Day »

A l’occasion d’une journée de promotions, des syndicats espagnols et allemands ont appelé mardi à des actions de blocage dans les centres du groupe. Ils protestent contre la pénibilité des conditions de travail.

Le « Prime Day » propose de lundi, minuit, à mardi, minuit, des réductions réservées aux abonnés premium d’Amazon.
Des syndicats allemands et espagnols ont appelé mardi 17 juillet à des actions de blocage au niveau européen chez Amazon, à l’occasion de l’opération de promotions « Prime Day », afin de protester contre la pénibilité des conditions de travail.
Les salariés du plus grand centre logistique d’Amazon en Espagne ont ainsi commencé dès lundi une nouvelle grève de trois jours pour réclamer une hausse de salaire supérieure à ce que propose le géant américain.

Selon les Commissions ouvrières (CCOO), qui se revendiquent comme premier syndicat au sein de l’entreprise en Espagne, et la CGT espagnole, 1 200 salariés ont participé au mouvement mardi, soit « environ 80 % » du personnel du centre de San Fernando de Henares, près de Madrid. Des chiffres similaires avaient été communiqués la veille, au premier jour de la grève.

Le groupe de Jeff Bezos a démenti les chiffres avancés par les syndicats espagnols, assurant que la « majorité des employés avaient travaillé et traité les requêtes des clients ». Amazon a ajouté dans un communiqué que ses quelque 2 000 employés en Espagne bénéficiaient de salaires compétitifs ainsi que d’avantages sociaux. Selon l’entreprise, « la rémunération totale des travailleurs de San Fernando de Henares se situe dans la fourchette haute du secteur logistique ».

Les salariés du centre de San Fernando de Henares avaient déjà fait grève en mars pour les mêmes raisons, pour la première fois depuis l’ouverture du site, en 2012.

Le principal syndicat allemand mobilisé

« Jusqu’à minuit les prix vont baisser et les profits vont grimper, les employés d’Amazon quitteront leur poste et manifesteront pour l’obtention d’une convention collective protégeant leur santé », avait déclaré, lundi, Verdi, le principal syndicat du secteur tertiaire en Allemagne, sans préciser le nombre d’employés mobilisés.

Alors que le « Prime Day », propose de lundi, minuit, à mardi, minuit, des réductions réservées aux abonnés premium d’Amazon, le syndicat allemand a rappelé les maux physiques qui frappent les employés des sites par lesquels transitent jour et nuit les centaines de milliers de colis commandés en ligne. Des « kilomètres parcourus », des « tâches répétitives » ou encore une « station debout prolongée », a détaillé Verdi. D’autres grèves sont attendues en Allemagne mercredi. Amazon a assuré, de son côté, que la majorité des employés de ses centres logistiques travaillaient normalement.

Les salariés d’Amazon avaient déjà lancé un mouvement similaire en novembre à l’occasion du « Black Friday ».


On peut ajouter, 9 août 2018 (Le Monde) :
Ryanair face à une grève coordonnée de pilotes dans cinq pays européens

Au total, plus de 55 000 passagers seront concernés par ce mouvement. Selon la firme irlandaise, 85 % des vols seront assurés ce vendredi.

C’est une première : vendredi 10 août, les pilotes de Ryanair de cinq pays européens (Irlande, Allemagne, Belgique, Suède et Pays-Bas) sont en grève simultanée pour dénoncer la politique d’emploi de la compagnie irlandaise, numéro deux du transport aérien en Europe.

Au total, plus de 55 000 passagers sont concernés, dont 42 000 pour l’Allemagne, selon la compagnie, qui a promis aux voyageurs lésés un changement gratuit de réservation. Elle a précisé jeudi soir que 85 % de ses liaisons seront assurées : « Plus de 2 000 vols opéreront normalement, transportant près de 400 000 passagers à travers l’Europe », a indiqué Ryanair sur Twitter. « La majorité des clients affectés ont déjà été assignés à un autre vol », a-t-elle ajouté. La grève devrait voir l’annulation d’environ 400 liaisons.

A l’aéroport de Charleroi, la plus grosse plate-forme de Ryanair en Belgique, une vingtaine de pilotes de la compagnie ont pris part à un rassemblement de protestation, banderoles à la main proclamant : « Ryanair en grève » ou encore « Respectez-nous ». Une manifestation similaire est aussi prévue à l’aéroport de Francfort, en Allemagne.

La compagnie, qui revendique 130 millions de clients annuels et dénonce une grève « inutile », a vu ces derniers mois le malaise social s’étendre à ses principales catégories de personnel en Europe.

Contrats précaires et dumping social


D’une manière générale, les syndicats lui reprochent sa politique d’emploi, le recours à des contrats précaires et au dumping social. L’entreprise rejette ces accusations, affirmant mieux payer ses pilotes que ses concurrents.

« Nous ne voulons pas porter dommage à la compagnie mais nous avons besoin d’un changement d’approche à Dublin », le siège de Ryanair, a souligné à la chaîne N-tv Ingolf Schumacher, un dirigeant du syndicat allemand Vereinigung Cockpit (VC).

Car Ryanair impose, quand il le peut, selon les syndicalistes, des contrats de travail irlandais, plus flexibles, aux personnels navigants, même s’ils vivent ailleurs en Europe. Pour se justifier, la compagnie relève que la majeure partie du travail se fait à bord d’avions immatriculés en Irlande.

Le transporteur, qui a connu une croissance considérable avec un bénéfice en 2018 prévu à plus de 1,25 milliard d’euros, se vante d’ailleurs d’avoir des « coûts bien moins élevés par passager que ses concurrents ».

« Ryanair vend des billets à 39 euros et fait en même temps un bénéfice (…) c’est clairement les employés qui en payent le prix », juge un autre représentant de VC, Janis Schmitt. Les syndicats demandent donc des hausses de salaire, l’intégration des intérimaires ou encore des contrats de travail du pays de résidence des pilotes. Mais, selon eux, Ryanair a exclu toute augmentation des dépenses.

Les Pays-Bas dans le mouvement

Jeudi, les pilotes néerlandais avaient annoncé se joindre au mouvement, à la suite de l’autorisation donnée par un tribunal des Pays-Bas, estimant que la compagnie n’avait pas de raison de s’en prendre singulièrement aux pilotes néerlandais.

Une grève de 24 heures aux Pays-Bas « coïncide avec les autres grèves en Europe qui auront un impact beaucoup plus important et contre lesquelles aucune action judiciaire n’a été prise », a-t-il fait valoir.

Aucun vol au départ ou à destination des Pays-Bas « à la suite de la grève inutile du syndicat des pilotes de ligne néerlandais » ne devrait cependant être affecté. « Ryanair respecte totalement le droit des pilotes néerlandais de faire grève mais demande que le VNV [le Syndicat des pilotes de ligne néerlandais] nous le notifie sept jours à l’avance afin que nous puissions minimiser les perturbations pour nos clients », s’est justifiée la compagnie.

D’après elle, « le VNV cherche délibérément à nuire aux intérêts des passagers » en annonçant son intention de participer à la grève deux jours avant son commencement. Un argument réfuté par le syndicat, qui sera désormais tenu de prévenir Ryanair 72 heures à l’avance en cas de grève.

Selon la télévision publique néerlandaise NOS, les conseils de la compagnie ont choisi d’introduire une procédure judiciaire aux Pays-Bas car « il y avait plus de chance de succès » que dans les autres pays concernés. En août 2016, le tribunal d’Haarlem, qui a juridiction sur l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol, avait interdit les grèves d’une partie du personnel au sol de la compagnie aérienne néerlandaise KLM, compte tenu de l’affluence en cette période de vacances. Les actions syndicales ne sont pas aussi courantes aux Pays-Bas que dans des pays voisins européens, « les juges n’hésitant parfois pas à interdire les grèves », selon NOS.


Ce qui fait écrire aux camarades de Voz Obrera, 3 août 2018 :
Ryanair y Amazon: Pequeños brotes de internacionalismo obrero

Ha llovido mucho desde la creación de la primera organización internacional de trabajadores, nacida como respuesta a la explotación que sufrían los trabajadores como consecuencia de la revolución industrial. Su objetivo era lograr un orden social más justo e igualitario luchando contra el capitalismo y una sociedad en manos de los trabajadores. Es un símbolo de solidaridad internacional entre los obreros por encima de las fronteras.

En 1862, dirigentes sindicales ingleses (provenientes de las Trade Unions) y franceses se reunieron en Londres con ocasión de una exposición internacional. Allí fraguó la idea de una organización obrera internacional. Dos años después, en 1864, reunidos en Saint Martin’s Hall (Londres), formaron un comité cuya misión fue redactar un programa y unos estatutos para una Asociación Internacional de Trabajadores que, posteriormente, fue conocida con el nombre de Primera Internacional.

En estos tiempos, en los que tan de moda está ser nacionalista, la clase trabajadora de las multinacionales RYANAIR y AMAZON han demostrado que el camino a seguir es todo lo contrario.

Los trabajadores de RYANAIR de 4 países de Europa (España, Italia, Bélgica y Portugal) hicieron huelga los días 25 y 26 del pasado julio. Esta huelga, ocasionó la cancelación de vuelos en todos estos países y el descontrol de la propia compañía. La continua precarización laboral que sufren los trabajadores de esta compañía les ha llevado a organizarse internacionalmente, lo cual les hace tomar una cierta conciencia de clase, tan escasa en estos momentos. En AMAZON ha pasado algo parecido con los trabajadores de diferentes países. En abril de este año, un grupo de sindicalistas de todo el mundo que trabajan en la empresa del comercio electrónico, se reunieron en Roma para discutir la posibilidad de hacer una huelga en toda Europa coincidiendo con la campaña comercial “Prime Day”. Al final optaron por dejarlo para más adelante, no obstante, los trabajadores de Madrid, Alemania y Polonia coincidieron en sus huelgas el mismo día, provocando un caos de reparto en media Europa y una pérdida económica sustancial a la compañía.

Hoy en día, donde el sistema productivo de la sociedad es el más alto conocido y donde la tecnología nos ha llevado a unos niveles de desarrollo jamás alcanzado por la humanidad, se producen las desigualdades más grandes acontecidas en la historia de los seres humanos del planeta tierra.

En un mundo globalizado gobernado por el capital, la única salida que le queda a la clase trabajadora es la solidaridad internacional y el fin del capitalismo. Aunque algunos se empeñen en demostrar lo contrario, la lucha de clases sigue latente y sigue siendo el motor de los cambios sociales y políticos de la humanidad. La historia está llena de ejemplos que lo corroboran, pero también está llena de fracasos y errores.

Esta sociedad capitalista ha preparado otro orden mundial. Toda la gran producción está realizada internacionalmente por ello la respuesta de los trabajadores tiene que ser internacional, como han hecho los trabajadores de RYANAIR y AMAZON.

Ojalá estos brotes de internacionalismo obrero crezcan y la clase trabajadora tome conciencia de que es una clase social que no tiene fronteras, que es internacional y que es la única que pone en marcha todos los días la sociedad de todos los países del mundo. Por ello es necesario más que nunca recuperar el internacionalismo del mundo del trabajo cooperando y luchando por la creación de partidos de trabajadores en una nueva Internacional.

¡Bravo por los compañeros y compañeras de RYANAIR y AMAZON!


Traduction automatique vaguement retouchée :
Ryanair et Amazon : Petites flambées d'internationalisme ouvrier.

Il a beaucoup plu depuis la création de la première organisation internationale des travailleurs, née en réponse à l'exploitation des travailleurs à la suite de la révolution industrielle. Son but était de parvenir à un ordre social plus juste et égalitaire en luttant contre le capitalisme et pour une société entre les mains des travailleurs. C'est un symbole de solidarité internationale entre les travailleurs au-delà des frontières.

En 1862, des dirigeants syndicaux anglais (provenant des Trade-Unions) et français se sont réunis à Londres pour une exposition internationale. C'est là qu'ils ont forgé l'idée d'une organisation internationale des travailleurs. Deux ans plus tard, en 1864, réunis à Saint Martin's Hall (Londres), ils formèrent un comité dont la mission était de rédiger un programme et des statuts pour une Association internationale des travailleurs, connue plus tard sous le nom de Première Internationale.

En ces temps où il est à la mode d'être nationaliste, la classe ouvrière des multinationales RYANAIR et AMAZON a montré que la voie à suivre est l'inverse.

Les 25 et 26 juillet, les travailleurs de RYANAIR de 4 pays européens (Espagne, Italie, Belgique et Portugal) se sont mis en grève. Cette grève a entraîné l'annulation de vols dans tous ces pays et la perte de contrôle de la compagnie. La précarisation permanente du marché du travail dont souffrent les travailleurs de cette entreprise les a amenés à s'organiser au niveau international, ce qui les rend plus conscients de leur classe, ce qui est si rare à l'heure actuelle. À AMAZON, quelque chose de semblable s'est produit avec des travailleurs de différents pays. En avril de cette année, un groupe de syndicalistes du monde entier travaillant dans le commerce électronique s'est réuni à Rome pour discuter de la possibilité d'une grève à l'échelle européenne pour coïncider avec la campagne syndicale "Prime Day". En fin de compte, ils ont choisi de la remettre à plus tard, mais les travailleurs de Madrid, d'Allemagne et de Pologne ont fait coïncider leurs grèves le même jour, provoquant un chaos de la distribution dans la moitié de l'Europe et une perte économique substantielle pour l'entreprise.

Aujourd'hui, où le système productif de la société est le plus élevé jamais connu et où la technologie nous a conduit à des niveaux de développement jamais atteints par l'humanité, on voit les plus grandes inégalités dans l'histoire des êtres humains sur la planète terre.

Dans un monde globalisé régi par le capital, la seule issue pour la classe ouvrière est la solidarité internationale et la fin du capitalisme. Même si certains sont déterminés à prouver le contraire, la lutte de classe reste latente et reste le moteur du changement social et politique de l'humanité. L'histoire est pleine d'exemples qui corroborent cela, mais elle est aussi pleine d'échecs et d'erreurs.

Cette société capitaliste a préparé un autre ordre mondial. Toute la grande production se fait à l'échelle internationale, donc la réponse des travailleurs doit être internationale, comme l'ont fait les travailleurs de RYANAIR et d'AMAZON.

Que ces flambées d'internationalisme ouvrier se développent et que la classe ouvrière prenne conscience qu'il s'agit d'une classe sociale sans frontières, qu'elle est internationale et qu'elle est la seule à être mise en mouvement chaque jour par la société de tous les pays du monde. C'est pourquoi il est plus que jamais nécessaire de récupérer l'internationalisme du monde du travail en coopérant et en luttant pour la création de partis ouvriers dans une nouvelle Internationale.

Bravo aux camarades de RYANAIR et AMAZON !
Duffy
 
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Re: UE / élections européennes

Message par com_71 » 01 Sep 2018, 16:12

Qu'en disait "l'Anticapitaliste", journal du NPA, le 19 juillet 2018 ?

https://npa2009.org/sites/default/files ... uleurs.pdf
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L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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