Irresponsabilité capitaliste : contamination massive dans un abattoir allemand
Brève
23/06/2020
Il est établi depuis une semaine déjà que les travailleurs de l'usine de viande Tönnies en Westphalie sont massivement infectés par le coronavirus. Sur presque 7000 ouvriers, 1500 ont été testés positifs. Ils ont été mis en quarantaine et la ville de Rheda-Wiedenbrück, 47000 habitants, est pratiquement en état de siège.
Depuis 2 mois les abattoirs s'avèrent être parmi les principaux foyers de l'épidémie, du fait du froid nécessaire à l'intérieur, mais surtout des conditions de travail et de vie des ouvriers. Pour autant celui-ci, le plus grand d'Europe, a continué à fonctionner comme d'habitude avec des horaires à rallonge, des ouvriers pratiquement les uns contre les autres dans les ateliers, comme dans les vestiaires et dans les logements collectifs exigus et vétustes. La plupart viennent de pays de l'Est, souvent en sous-traitance, avec des contrats aux clauses quasiment esclavagistes.
Ces derniers jours encore, la direction a tardé à communiquer les coordonnées de salariés augmentant les risques de diffusion du virus à l'extérieur. Quant au dirigeant de la région - le Land - il a couvert l'entreprise et attendu pour prendre des mesures de quarantaine bien limitées.
Après des mois de pandémie, ces capitalistes et les hommes politiques qui les servent restent de dangereux irresponsables.
Dans la série "contaminations dans l'agroalimentaire", le cas de Fleury-Michon en Vendée, que j'avais évoqué plus haut, a fini par transparaître dans la presse il y a trois semaines mais sous une forme "polémique entre la direction et la CGT" qui a noyé le poisson comme il fallait dans l'intérêt de la direction. Fleury-Michon a bien profité de la période du confinement et a vu ses ventes exploser... Ici, un article dans "Le Journal des Entreprises" :
https://www.lejournaldesentreprises.com ... cat-498673
Coronavirus : chez Fleury Michon, les mesures sanitaires divisent direction et syndicat
Par Jéromine Doux, le 29 mai 2020
La CGT Fleury Michon estime les mesures de sécurité sanitaire mises en place dans le cadre du Covid-19 « très insuffisantes » sur les différents sites de production du groupe agroalimentaire en Vendée. Et regrette un manque de communication sur le nombre de cas positifs. En désaccord, la direction réagit.
La production est-elle privilégiée par rapport aux mesures de sécurité sanitaire dans les usines de Fleury Michon (747,6 millions d’euros de chiffre d'affaires en 2019, 3 900 salariés) ? C'est ce que laisse entendre la CGT du groupe agroalimentaire vendéen, basé à Pouzauges, arguant que la direction « priorise la production » depuis la mi-mars. Les commandes de charcuteries et de surimi auraient augmenté de 20 à 25 % pendant le confinement.
Le syndicat estime ainsi que « les mesures de sécurité mises en place dans le cadre du Covid-19 sont très insuffisantes. » Il demande notamment l’arrêt des lignes entre le changement d’équipe pour désinfecter les postes de travail, des mesures supplémentaires pour garantir la distanciation physique dans les vestiaires, les ateliers de production et les bureaux mais aussi des sens uniques de circulation.
55 cas suspects
Selon la direction et le médecin du travail de l’entreprise, 55 cas de suspicions ont été recensés sur l’ensemble des sites vendéens depuis le début de la crise. Mais la CGT regrette que la direction n’ait pas communiqué le nombre de cas positifs sur chaque site. Le syndicat estime que le groupe a recensé au moins 8 travailleurs positifs sur ces différents sites vendéens. Pour la direction de Fleury Michon, seulement 4 personnes travaillant dans des secteurs différents ont été testées positives. « Aujourd’hui en bonne santé, ils ont pu reprendre le chemin du travail et aucun autre cas positif n’a été détecté depuis le 11 mai », précise le groupe.
« Les mesures de sécurité sanitaires ont été renforcées »
En désaccord avec le syndicat, la direction estime que « les mesures de sécurité sanitaires, déjà importantes, ont été renforcées. Nous avons rendu obligatoire le port du masque pour tous, mis en place des plexiglas entre les opérateurs de ligne quand la situation le nécessitait et intensifié nos mesures d’hygiène et de nettoyage. » Avant d’ajouter qu’elle « n’exclut pas de renforcer ces mesures, si la médecine du travail le juge nécessaire. »