Pas besoin de "faire dans le mélenchonisme", absolu ou relatif, pour imaginer - à défaut de pouvoir le vérifier à travers des canaux militants - qu'il existe une aspiration à l'unité des deux côtés du détroit.
Et pas besoin de partager les options du POID pour être plutôt d'accord avec leur titre : "Non à la guerre contre le peuple chinois !"
Si, à minuit, Mélenchon dit : "il fait nuit", GdM répondra-t-il : "mélenchonisme, non ! Il fait jour !" ?
l'éditorial de tribune des Travailleurs a écrit :Non à la guerre contre le peuple chinois !
Le 27 juillet, la commission de la défense nationale de l’Assemblée nationale recevait l’amiral Pierre Vandier, chef d’état-major de la marine. Après avoir évoqué la guerre en Ukraine, ce dernier est allé à ce qui, pour lui, est l’« essentiel »* : définir des « objectifs » adaptés à « la perspective d’une confrontation globale, qu’il faut désormais regarder avec lucidité ».
La guerre mondiale est annoncée ici non comme une hypothèse, mais comme une quasi-certitude, et l’ennemi clairement désigné : « Contre la marine chinoise, nous gagnerons si nous nous battons ensemble, en coalition. » Pour cela, l’amiral revendique des moyens : « C’est ce qu’on a en stock au soir de la guerre qui permet de la gagner. »
Reconnaissons à l’amiral qu’il ne camoufle pas les raisons d’une telle guerre : « Les problèmes que nous rencontrons sont globaux. Notre commerce est mondial. Notre énergie devra durablement être importée depuis l’extérieur du continent, ce qui constitue un fait nouveau. Notre prospérité dépend de facteurs économiques mondiaux. Par conséquent, notre sécurité est mondiale. » Autrement dit : la France s’engagera dans une guerre contre la Chine pour garantir aux capitalistes la minuscule part de marché et d’accès aux ressources naturelles que voudront bien leur concéder leurs « alliés », en particulier nord-américains.
Et puis la guerre, cela peut rapporter gros… aux marchands de canons. Le passage à une « économie de guerre », c’est le moyen, plaide l’amiral, de développer « la capacité de l’industrie à booster la performance des systèmes d’armes actuels et à répondre à des besoins opérationnels nouveaux dans un temps court ».
Certes, la menace d’une guerre mondiale n’est pas la certitude de son déclenchement. Mais les nuages s’amoncellent. De jour en jour, la militarisation gagne la vie sociale. Des moyens pour l’école, les hôpitaux ? Priorité aux porte-avions et aux canons. Plus de Canadair et de pompiers pour combattre les incendies ? Priorité aux Rafale et au recrutement de pilotes de chasse !
Les travailleurs et les jeunes de France refusent de considérer le peuple chinois comme leur ennemi. Et pas davantage le peuple russe. Et aucun autre peuple.
Et qu’on ne vienne pas nous dire qu’il s’agit de défendre la démocratie contre un pouvoir totalitaire ! Qui d’autre que l’impérialisme américain auquel est coalisé l’impérialisme français a organisé le retour des talibans au pouvoir en Afghanistan ? Qui d’autre soutient les régimes les plus violemment antidémocratiques, obscurantistes et réactionnaires en Arabie saoudite et ailleurs ?
Ce n’est pas la guerre américaine (et française) qui établira la démocratie, c’est l’action propre des travailleurs chinois imposant la reconnaissance de leurs organisations ouvrières indépendantes de l’État, du parti au pouvoir et des multinationales.
La guerre, elle, n’apportera que destruction et désolation pour tous les peuples, comme c’est le cas depuis près de six mois pour les peuples ukrainien et russe, et depuis plus longtemps encore pour les peuples d’Afrique soumis aux interventions militaires étrangères, françaises en particulier.
On aurait aimé que ce 27 juillet se dresse, face à l’amiral, au moins un député porteur des aspirations du peuple à la paix pour lui dire : « Monsieur l’amiral, ne comptez pas sur moi pour appuyer vos préparatifs de guerre contre la Chine. Au contraire : vous me trouverez partout sur votre chemin, mobilisé avec les électeurs qui m’ont mandaté, pour bloquer cette escalade meurtrière. »
Ce langage, aucun député présent le 27 juillet à la commission de la défense nationale ne l’a tenu. Tous se sont inscrits dans cadre fixé par l’amiral, y compris les trois intervenants de la Nupes. Parlant au nom de La France insoumise, Aurélien Saintoul a notamment déclaré : « Nous avions bien noté que le format de notre marine n’est pas encore adéquat à ses besoins » (quels « besoins », ceux de la guerre définis par l’amiral ?). Déplorant « les trous capacitaires » et les retards concernant le « programme de remplacement des ATL 2 », « les bâtiments ravitailleurs », la « guerre des mines », « les munitions », « les missiles de croisière navals » et les « Alouette III », le député s’est interrogé : « Comment se fait-il qu’un aussi grand nombre de trous capacitaires affecte ainsi notre sécurité ? Comment pouvons-nous tenter de les pallier ? La prochaine loi de programmation militaire pourrait-
elle apporter une réponse ? »
Au même moment, Jean-Luc Mélenchon rappelait que Taïwan est partie intégrante de la Chine et que les conditions du retour à l’unité de la Chine sur tout son territoire national historique sont du seul ressort du peuple chinois. Mélenchon a raison.
Mais un même parti peut-il en même temps dénoncer les préparatifs de guerre et s’y associer ?
L’urgence est de répondre à l’aspiration majoritaire dans le pays, et de rassembler dans un front commun les organisations ouvrières et démocratiques prêtes à mobiliser ensemble sur les mots d’ordre : Non à la guerre, non à l’économie de guerre, l’argent pour le peuple, et pas pour les armes !
Non vraiment, il y a plus urgent à faire que de polémiquer là-dessus avec le POID.