La guerre en Ukraine

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Re: La guerre en Ukraine

Message par satanas 1 » 28 Sep 2022, 23:11

Excellent article dans LO cette semaine.

https://journal.lutte-ouvriere.org/2022/09/28/guerre-en-ukraine-ni-poutine-ni-zelensky-le-protege-de-biden-macron_413507.html

Le général Pat Ryder, porte-parole du Pentagone, vient de déclarer que ses services n’avaient noté aucun signe que l’armée russe s’apprêterait à utiliser l’arme nucléaire. Malgré les cris indignés de Biden, d’autres dirigeants occidentaux et des médias qui accusent Poutine d’en avoir agité la menace le 21 septembre, il n’y en a de trace ni dans la réalité ni dans son discours.
Les dirigeants des pays dits démocratiques mentent sans vergogne. Cela ne surprendra que ceux qui acceptent tout ce que la propagande occidentale martèle ou insinue depuis des mois. Elle veut faire croire que le David ukrainien doit affronter le Goliath russe, sans que les puissances impérialistes y soient pour rien. Les dirigeants de Washington, Paris, Bruxelles, Berlin, répètent « Nous ne sommes pas en guerre », mais ce qui se passe en Ukraine apparaît de plus en plus comme une confrontation entre le camp impérialiste occidental et la Russie.

Surenchère de l’Occident, bluff de Poutine
Les mots dont usent dirigeants et diplomates visent à masquer la réalité ; les faits eux sont indiscutables. Il faut d’abord rappeler que la seule fois où l’arme nucléaire a servi, ce fut les 6 et 9 août 1945 à Hiroshima et Nagasaki. Les États-Unis ne brandirent pas alors de menaces préalables : ils frappèrent pour terroriser la population civile d’un Japon déjà vaincu. Aujourd’hui, l’Occident, qui se présente en faiseur de paix, est le premier à mener l’escalade guerrière en Ukraine.

Les États-Unis ont fourni à ce pays plus d’argent et d’armement en six mois qu’ils ne l’avaient fait en un an à l’Afghanistan en guerre, à Israël et à l’Égypte réunis, trois des principaux bénéficiaires de l’aide militaire américaine. Les 13 milliards de dollars ainsi versés à l’Ukraine depuis février représentent trois fois le budget militaire annuel de ce pays.

La fourniture d’armes modernes, d’un entraînement par des conseillers militaires, en plus de la mise à disposition de renseignements par les satellites occidentaux ont donné un avantage colossal à l’armée ukrainienne, lui permettant de suivre en temps réel les mouvements des troupes adverses, de les frapper avec précision et de les forcer à reculer.

Poutine, qui n’avait guère le choix, a réagi aux conséquences de la pression militaire accrue de l’Occident. Il a limogé son vice-ministre de la Défense, bouc émissaire des revers militaires. Il a organisé à la hâte des référendums pour rattacher des régions ukrainiennes à la Russie, ce gain territorial devant compenser les reculs du front. Et il a lancé une mobilisation, partielle mais importante, pour renforcer une armée aux effectifs affaiblis.

Il reste à voir si cela aidera à renverser un rapport de forces qui devient défavorable à la Russie. Car ces mesures pourraient s’inscrire dans une vieille tradition de la bureaucratie russe, la « pokazoukha » ou effet d’affichage. Cette esbroufe à la russe évoque le « bluff », qui en américain désigne le fait de « tromper avec assurance au poker ». Bien sûr, celui qui y a le plus intérêt est celui qui a les moins bonnes cartes en mains. Alors quand Poutine et ses proches, l’ex-président Medvedev et le ministre de la Défense Choïgou, disent vouloir défendre la Russie « par tous les moyens » en répétant « nous ne bluffons pas », les chefs du monde impérialiste ont tout lieu d’y voir une posture, sinon un aveu de faiblesse.

L’impérialisme, c’est la guerre
Depuis que l’Union soviétique a implosé, en 1991, les dirigeants de la bourgeoisie, surtout américaine, ont poussé leurs pions vers l’Est, dans ce qui avait été la sphère d’influence de l’URSS.

Dans un premier temps, cela se passa sans heurts. L’Occident traitait en position dominante avec un État russe à genoux. Incapable de se faire obéir chez lui, ce dernier pouvait encore moins contrer la pression impérialiste sur son « étranger proche ».

Un changement s’amorça avec l’arrivée de Poutine au Kremlin en 2000. Il restaura la « verticale du pouvoir » en Russie et tenta de resserrer ses liens avec l’ex-espace soviétique. L’impérialisme, qui guignait ces pays, y suscita alors une série de « révolutions de couleur », des coups d’État à peine déguisés : en Géorgie en 2003, au Kirghizistan en 2005, en Ukraine en 2004 puis en 2014.

L’Ukraine a longtemps fait partie de la Russie et de l’URSS et son économie reste très imbriquée dans celle de la Russie. Sa population partage majoritairement sa langue et sa culture avec ses voisins russes, à quoi s’ajoutent des liens humains et familiaux étroits. Dès la chute de l’URSS, les dirigeants américains ont dit qu’il fallait arracher l’Ukraine à la Russie pour empêcher celle-ci de redevenir une grande puissance et d’échapper à leur tutelle.

En février dernier, Poutine a voulu porter un coup d’arrêt aux projets en cours de réalisation de l’impérialisme en Ukraine. Il l’a fait avec la violence, le mépris des peuples, dont le sien, qui caractérisent les chefs d’une bureaucratie antiouvrière, nationaliste, prédatrice, souvent issus du KGB, la police politique.

Des révolutionnaires n’ont aucune solidarité à avoir avec leur propre impérialisme. Mais affirmer cela n’a de sens que s’ils ne se laissent pas entraîner sur un terrain autre que celui de la classe ouvrière et de ses intérêts, quelle que soit sa nationalité. Une des leçons chèrement acquise du passé est qu’il ne faut jamais oublier, selon les mots du révolutionnaire allemand Karl Liebknecht en pleine Première Guerre mondiale, que « l’ennemi est dans notre propre pays ».

Les travailleurs en France n’ont à apporter aucun soutien direct ou indirect à leur impérialisme : ni dans sa solidarité avec le reste du camp impérialiste en Ukraine, ni en Afrique où il mène ses propres guerres contre les peuples.
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Re: La guerre en Ukraine

Message par com_71 » 26 Jan 2023, 22:31

L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: La guerre en Ukraine

Message par Zorglub » 27 Jan 2023, 06:55

Juste avant de voir ton message, j'ai vu cette poignante photo accompagnant un article abonné du Monde sur le même sujet :

Image
© Maria Turchenkova


Avec en arrière-plan le socle de la statue de la poétesse ukrainienne, à Moscou.
Le Monde parle de signes de désespoir plutôt que de rébellion dans le chapeau. Désespoir qui peut mener à la prison...
Et désespoir qui peut se transformer.
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Re: La guerre en Ukraine

Message par Zorglub » 13 Fév 2023, 19:48

Provenant du direct du Monde sur le guerre en Ukraine :
    - Le Quai d'Orsay demande aux Français de quitter sans délai la Biélorussie
    - Le département d'état demande lui aux citoyens américains de quitter immédiatement la Russie
    - L'Otan signale que l'Ukraine «consommerait» plus de munitions que les pays de l'alliance peuvent en produire.
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Re: La guerre en Ukraine

Message par Zorglub » 14 Fév 2023, 12:35

L'avis du Quai d'Orsay n'était pas nouveau, il date d'avril dernier, c'est un rappel.
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Re: La guerre en Ukraine

Message par com_71 » 19 Fév 2023, 11:41

BFMTV, sam. 18 février 2023 a écrit :Ukraine : Macron dit vouloir "la défaite" de la Russie, mais sans l'"écraser"
Dans un entretien accordé vendredi soir au Figaro, au Journal du dimanche, et à France Inter et dévoilé ce samedi, le chef de l'Etat a fixé sa feuille de route par rapport au conflit en Ukraine. Il a dit son souhait de voir la défaite de l'envahisseur, mais non "l'écrasement" de la Russie...

L'écrasement de la Russie ne sera "jamais la position de la France"

Emmanuel Macron a affirmé vouloir "la défaite" de Moscou face à l'Ukraine, tout en mettant en garde ceux qui veulent "avant tout écraser la Russie", ce qui ne sera "jamais" la "position de la France".

"Je veux la défaite de la Russie en Ukraine et je veux que l'Ukraine puisse défendre sa position, mais je suis convaincu qu'à la fin ça ne se conclura pas militairement", a-t-il déclaré dans le détail. "Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est que l'Ukraine mène une offensive militaire qui perturbe le front russe afin de déclencher le retour aux négociations", a-t-il repris plus tard.

"Je ne pense pas, comme certains, qu'il faut défaire la Russie totalement, l'attaquer sur son sol. Ces observateurs veulent avant tout écraser la Russie. Cela n'a jamais été la position de la France et cela ne le sera jamais", a-t-il ajouté.

"Aucun des deux côtés ne peut l'emporter entièrement"

De toutes façons, d'après le chef de l'Etat, "aucun des deux côtés ne peut l'emporter entièrement". "Ni l'Ukraine, ni la Russie, car les effets de la mobilisation ne sont pas aussi importants que prévu et elle-même a des limites capacitaires", a posé Emmanuel Macron.

Celui-ci a également dit le fond de sa pensée sur l'avenir politique de la Russie. Et il semble résigné à voir Vladimir Poutine demeurer au Kremlin :

"Pensons-nous sincèrement qu'une solution démocratique émergera de la société civile russe présente sur place après ces années de durcissement et en plein conflit ? Je le souhaite vivement, mais je n'y crois pas vraiment".

"Et toutes les options autres que Vladimir Poutine au sein du système actuel me paraissent pires", a encore estimé Emmanuel Macro

https://fr.news.yahoo.com/ukraine-macro ... 21448.html

Macron veut faire entendre sa petite musique mais le chef d'orchestre sera, bien sûr, l'impérialisme américain. Du moins tant que les peuples que l'on pousse vers les champs de bataille laisseront faire.

Déjà, lors de l'expédition de Suez, en 1956, l'impérialisme français était apparu comme un impérialisme de second ordre à côté des USA.
wikipédia a écrit :La crise du canal de Suez, parfois appelée expédition de Suez, guerre de Suez, campagne de Suez ou opération Kadesh, est une guerre qui éclata en 1956 en territoire égyptien. Le conflit opposa l'Égypte à une alliance secrète actée par le protocole de Sèvres, dont les entretiens se sont tenus du 21 au 24 octobre 1956, formée par la France, le Royaume-Uni et l'État d'Israël à la suite de la nationalisation du canal de Suez par l'Égypte le 26 juillet 1956. Cette alliance entre deux États européens et Israël répondait à des intérêts communs : les nations européennes avaient des intérêts politiques, économiques (actionnaires majoritaires) et commerciaux (principalement pour le transport de pétrole) dans le canal de Suez. Israël avait besoin de l'ouverture du canal pour assurer son transport maritime, mais justifiait son intervention militaire contre l'Égypte comme étant une réponse aux attaques de fedayins qu'il subissait sur son territoire. Le renversement de Nasser était également prévu.

Le 29 octobre 1956, conformément aux accords secrets, Israël envahit l'Est du canal, suivi rapidement par les Français et les Britanniques qui bombardent à partir du 31 octobre, parachutent et débarquent leurs troupes le 5 novembre, officiellement comme des troupes de maintien de la paix. Finalement, alors que les Égyptiens sont battus militairement (cessez-le-feu le 7 novembre), les coalisés, en échange de certaines concessions d'ordre économique, sont obligés de battre en retraite sous la pression des États-Unis et de l'Union soviétique. La Force d'urgence des Nations unies débarque le 27 novembre, les coalisés finissent de rembarquer le 22 décembre.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Suez
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: La guerre en Ukraine

Message par com_71 » 27 Fév 2023, 00:02

Dans la dernière Lutte de Classe, à propos de la guerre en Ukraine et des bruits de bottes actuels :
... à Brest, l’amiral Vandier, chef d’état-major de la Marine, a lancé à la nouvelle promotion d’élèves-­officiers : « Vous entrez dans une Marine qui va probablement connaître le feu à la mer. » Certains avancent même une date pour cela, tel le général Minihan, chef des opérations aériennes aux États-Unis : « J’espère me tromper, mais mon intuition me dit que nous nous affronterons en 2025 » avec la Chine.

J'aime bien aller voir les sources, quand elles ne sont pas fournies. Pour Vandier j'ai trouvé
https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/ ... -rendu.pdf
notamment :
M. Loïc Kervran, président [de la Commission à l'Assemblée Nationale de la défense nationale et des forces armées]. ...Amiral Vandier, vous concluez notre cycle d’audition des chefs d’état-major... Dans un discours remarqué à l’École navale, vous avez rappelé aux nouveaux élèves qu’ils entraient « dans une marine qui va probablement connaître le feu à la mer », et qu’ils devaient s’y préparer.

et :
Amiral Pierre Vandier, chef d’état-major de la marine. ...La question qui se pose, et que vous devez vous poser dans cette commission, est la suivante : pourquoi tout ce monde réarme-t-il ? Pourquoi consacrer tant d’argent et d’énergie
à l’équipement des marines, alors même que certains des pays concernés, notamment la Chine et la Turquie, sont d’abord des puissances continentales ?
Quelles que soient les intentions des uns et des autres, cette évolution est très rapide. Lancée à la fin des années 2000, tandis que le monde continuait à étrenner les dividendes de la paix, elle signe un changement brutal du rapport de force, qui était en notre faveur depuis des décennies...

Pour Minihan, la déclaration est facile à trouver :
Le Figaro a écrit :Un général américain a mis en garde contre le risque élevé d'une guerre avec la Chine en 2025 - très probablement autour de Taïwan -, exhortant ses officiers à être prêts au combat dès cette année. «J'espère me tromper. Mon instinct me dit que nous combattrons en 2025», écrit Michael Minihan, général de l'armée de l'air, dans une note interne, dont l'authenticité a été confirmée vendredi 27 janvier par le Pentagone à l'AFP.

https://www.lefigaro.fr/international/u ... 5-20230128
Le Pentagone a commenté :
https://www.airandspaceforces.com/penta ... hina-2025/
Air and Space Forces magazine, 29 janvier 2023 a écrit :Le Pentagone prend ses distances avec le mémo de Minihan suggérant une possible guerre avec la Chine en 2025
Les commentaires du général de l'Air Force Mike Minihan, chef de l'Air Mobility Command, sur une guerre potentielle avec la Chine dans les prochaines années ont fait la une des journaux internationaux et ont conduit le ministère de la Défense à se distancier formellement de ces propos.

Minihan, qui est connu pour son style énergique et passionné, a préparé une note disant que les aviateurs sous son commandement à l'AMC devraient se préparer à entrer en guerre avec la Chine d'ici deux ans.

"J'espère que je me trompe. Mon instinct me dit que nous nous battrons en 2025. » Minihan a écrit dans le mémo, qui a circulé sur les réseaux sociaux et a été confirmé comme authentique par Air & Space Forces Magazine.

"Xi a obtenu son troisième mandat et a établi son conseil de guerre en octobre 2022", a écrit Minihan. « Les élections présidentielles de Taiwan auront lieu en 2024 et offriront une raison à Xi. Les élections présidentielles aux États-Unis auront lieu en 2024 et offriront à Xi une Amérique distraite. L'équipe, la raison et l'opportunité de Xi sont toutes alignées pour 2025. »

La note de service était datée du 1er février et destinée aux subordonnés de Minihan chez AMC, mais elle a attiré l'attention du monde entier lorsqu'elle a fait le tour des réseaux sociaux le 27 janvier.

Le ministère de la Défense a cherché à faire comprendre qu'il n'était pas d'accord avec l'évaluation de Minihan.

"Ces commentaires ne sont pas représentatifs du point de vue du ministère sur la Chine", a déclaré un responsable de la défense dans des commentaires envoyés par e-mail à Air & Space Forces Magazine le 28 janvier.

Une déclaration du secrétaire de presse du Pentagone Air Force Brig. Le général Patrick S. Ryder a réitéré la politique officielle du département sur la Chine.

"La stratégie de défense nationale indique clairement que la Chine est le défi majeur pour le ministère de la Défense et notre objectif reste de travailler aux côtés de nos alliés et partenaires pour préserver un Indo-Pacifique pacifique, libre et ouvert", a déclaré Ryder.

La divulgation publique des commentaires de Minihan est intervenue juste avant le départ du secrétaire à la Défense Lloyd J. Austin pour la Corée du Sud et les Philippines le 29 janvier , alors que les États-Unis tentent de réchauffer leurs relations avec les nations du Pacifique dans le but de contrer l'influence chinoise. Le secrétaire d'État Antony Blinken doit se rendre en Chine début février dans le but d'atténuer les tensions croissantes et de maintenir des communications de haut niveau avec Pékin.

Les responsables du ministère de la Défense marchent souvent sur une ligne fine lorsqu'ils commentent la menace posée par la Chine, qualifiant le pays de "défi de rythme" américain qui oblige l'armée à se réorienter vers le Pacifique, tout en disant fréquemment qu'ils ne prévoient pas de conflit imminent.

"Nous pensons que [les Chinois] s'efforcent d'établir une nouvelle normalité, mais que cela signifie qu'une invasion est imminente, j'en doute sérieusement", a déclaré Austin le 11 janvier .

Mais le mémo de Minihan, qui visait à encourager ses subordonnés à se préparer à une éventuelle éventualité, a été rédigé dans son style coloré habituel, ordonnant aux aviateurs qualifiés pour les armes de se perfectionner en février et de "tirer un clip dans un 7- objectif de mètre avec la pleine compréhension que la létalité impénitente compte le plus.
"Visez la tête", a ajouté Minihan.
Minihan a également précisé qu'il s'attend à ce que les aviateurs suivent ses instructions.
"Vous devez savoir que je suis le seul propriétaire du stylo sur ces commandes", a écrit Minihan dans la note de service. « Mes attentes sont élevées et ces commandes ne sont pas négociables. Suivez les."

Malgré l'émoi que ses commentaires ont fait, Minihan n'est pas le premier officier en uniforme quatre étoiles à avertir qu'une confrontation militaire avec la Chine pourrait se produire dans un proche avenir. Adm. Michael M. Gilday, le chef des opérations navales, a déclaré en octobre que les États-Unis devraient se préparer à se battre en 2022 ou 2023 .
"Je ne peux pas exclure cela", a déclaré Gilday. "Je ne veux pas du tout être alarmiste en disant cela, c'est juste que nous ne pouvons pas faire disparaître cette éventualité."
En 2021, l'amiral Phil Davidson, alors chef du Commandement indo-pacifique américain (INDOPACOM), a prédit que la Chine pourrait mener une action militaire contre Taïwan d'ici 2027 – un calendrier qui a été surnommé « la fenêtre Davidson ». ”

Minihan a une expérience de haut niveau dans la région. Avant de devenir le chef de la branche des transports et des pétroliers de l'armée de l'air, il a été commandant adjoint de l'INDOPACOM de 2019 à 2021.
Et depuis qu'il a pris les commandes d'AMC, Minihan n'a cessé d'insister sur l'importance de la concurrence avec la Chine. Lors d'une table ronde avec des journalistes lors de la conférence Air, Space, & Cyber ​​​​de l'AFA en septembre, il a déclaré que son expérience dans l'Indo-Pacifique était la principale raison pour laquelle il avait été sélectionné pour le poste, et dans son discours d'ouverture coloré «Mobility Manifesto», il a déclaré que Mobility Guardian 23, l'exercice « joyau de la couronne » d'AMC, se concentrera sur le Pacifique.

AMC a également repoussé les limites avec des missions d'endurance de ravitaillement record et des opérations d'équipage limitées .

La note de service de Minihan indique clairement qu'il veut continuer à pousser, demandant à tous les commandants de l'AMC de "rapporter toutes les réalisations de 2022 en vue de la lutte contre la Chine et de prévoir des efforts majeurs en 2023" d'ici la fin février.

Une ligne d'effort particulière qu'il souhaite poursuivre implique le KC-135 Stratotanker - le mémo appelle les unités KC-135 à "se coordonner pour fournir un moyen conceptuel d'air délivrant 100 UAV de taille et de type prêts à l'emploi à partir d'un seul avion" d'ici mars. On ne sait pas quelle serait l'utilisation prévue de ces drones.

En tout cas, on n'imaginait pas de telles discussions en janvier 2022...
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Re: La guerre en Ukraine

Message par Zorglub » 27 Fév 2023, 07:08

Je suppose que la fenêtre Davidson fait référence à une théorie sur une fenêtre d'intervention contre Taïwan vers 2027. La Chine étant prise entre le déclin démographique et le renforcement de sa flotte (notamment les moyens amphibies).

Des cris aux loups de militaires pour se faire mousser, préparation de la population et celle de l'armée à la «haute intensité», l'un n'empêche pas l'autre.
Par contre qu'un haut commandant de l'US Army se fie à son instinct à de quoi inquiéter les soldats de la première armée impérialiste.
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Re: La guerre en Ukraine

Message par Gayraud de Mazars » 05 Avr 2023, 11:07

Salut camarades,

longue réponse du NPA et de L'Anticapitaliste à l'article de Lutte ouvrière sur la guerre en Ukraine et l'ex Secrétariat Unifié, dans la Lutte de classe n°227.

https://mensuel.lutte-ouvriere.org//202 ... 31184.html

La guerre en Ukraine, Lutte ouvrière et nous
Revue L’Anticapitaliste n°144 (mars 2023)
Par Julien Salingue

https://lanticapitaliste.org/actualite/ ... re-et-nous

Dans le numéro 227 de sa revue Lutte de classe, Lutte ouvrière (LO) a publié un article intitulé « L’ex-Secrétariat unifié face à la guerre en Ukraine1 ». Dans ce long texte à charge contre la IVe Internationale et les organisations qui lui sont liées, parmi lesquelles le NPA, LO entreprend de démontrer à quel point les positions que nous avons adoptées sur la guerre de Poutine en Ukraine sont l’expression d’un « renoncement théorique » derrière lequel se profile « l’abandon de la perspective révolutionnaire socialiste » (sic). L’article qui suit est une réponse au texte de LO, qui ne prétend pas répliquer à l’ensemble des nombreuses — et pas toujours très fraternelles — critiques qui y sont formulées, mais veut préciser un certain nombre de points.

L’article de LO commence par une leçon de marxisme dont les camarades sont coutumiers, avec entre autres un intertitre tout en nuances : « Quand l’ex-SU bazarde les analyses de Lénine et de Trotsky ». En cause ? Le fait qu’un certain nombre d’organisations membres ou proches de la IVe Internationale, dont le NPA, caractérisent l’agression russe contre l’Ukraine de « guerre impérialiste » et, partant, considèrent que la Russie est un pays impérialiste. Or, nous expliquent les camarades, la Russie ne présenterait pas les caractéristiques des pays impérialistes telles qu’elles ont été énoncées par Lénine au début du XXe siècle, avec notamment le fait que la politique étrangère de la Russie sur le plan économique serait guidée par « des motifs d’abord politiques, et non par les impératifs de la reproduction élargie du capital, comme les pays impérialistes d’Europe de l’Ouest et d’Amérique du Nord ».

Pour LO, ce « renoncement théorique » ne s’expliquerait pas principalement par notre inculture marxiste, mais par pur opportunisme : « On voit ce que l’ex-SU peut en espérer : que cela l’aide à trouver grâce auprès de ceux qui vomissent le régime de Poutine, mais qui, voyant dans l’Occident la promesse d’un Eldorado, n’ont rien à redire aux agissements de l’impérialisme. C’est pour ne pas heurter les illusions ou les préjugés de ces gens en Ukraine, en Russie et en Occident qu’il rabâche “impérialisme russe”, tel un mantra. » Comprendre : le choix de qualifier l’agression russe d’« impérialiste » ne résulterait pas d’une caractérisation politique de notre part, mais aurait pour principal motif une volonté de ménager les camarades avec qui nous avons des liens en Ukraine et en Russie, mais aussi, plus largement, celles et ceux qui, en Occident, refuseraient de lutter contre « l’impérialisme » (le seul, le vrai, européen et étatsunien).

C’est avec cette argumentation étonnante, qui semble postuler qu’il serait impossible de s’opposer à plusieurs puissances impérialistes lorsqu’elles sont engagées dans un même conflit, que LO entend démontrer que nos analyses seraient non seulement erronées mais, surtout, en rupture avec la tradition marxiste révolutionnaire. Au total, en qualifiant la Russie d’impérialiste, la IVe Internationale et les organisations qui lui sont liées renonceraient de facto à combattre leur impérialisme et, par là-même, abandonneraient toute perspective de classe. La sentence est irrévocable : « En fait, derrière le renoncement théorique de ce courant, se profile l’abandon de la perspective révolutionnaire socialiste. » Tout simplement.

Lénine malmené

Puisque LO convoque les classiques, un détour par les classiques s’impose. Et le moins que l’on puisse dire est que les camarades ont une lecture particulièrement restrictive des théories de l’impérialisme, et notamment des analyses de Lénine. À les lire, un pays ne pourrait être impérialiste que lorsqu’il adopte une politique étrangère expansionniste motivée par les nécessités — économiques — de reproduction élargie du capital. Ainsi, la Russie ne pourrait pas être qualifiée d’impérialiste dans la mesure où elle ne serait pas une puissance économique dominante mais secondaire, voire subalterne, « reléguée au rang de pourvoyeuse de matières premières dans la division mondiale du travail », et que ses investissements à l’étranger ne seraient pas liés à une « surchauffe » économique intérieure ni à l’existence d’un « trop-plein » de capitaux domestiques nécessitant de trouver de nouveaux débouchés pour se reproduire.

Une lecture restrictive, disions-nous, qui repose sur une vision purement économiciste et ne tient pas compte des nuances et des avertissements d’un certain… Lénine. Dans ses textes sur l’impérialisme, ce dernier alertait en effet sur le fait que des formations sociales spécifiques pouvaient conduire à considérer certains pays comme étant impérialistes, quand bien même ils ne répondraient pas à l’ensemble des critères « économiques » énoncés pour caractériser les pays impérialistes européens et les États-Unis. C’est ainsi qu’en 1916 il écrivait « [qu’]au Japon et en Russie, le monopole de la force militaire, l’immensité du territoire ou des commodités particulières de spoliation des allogènes, de la Chine, etc., suppléent en partie, remplacent en partie le monopole du capital financier contemporain, moderne2. » En 1914, il évoquait déjà « le capitalisme grand-russe, qui fait œuvre de progrès en centralisant, en unissant économiquement de vastes régions », alertant quant à la possibilité d’une victoire « du capitalisme impérialiste grand-russe contre cent et une petites nations3 ».

L’empire russe s’est constitué par la conquête territoriale et la spoliation des populations non-russes, instaurant des rapports de domination coloniale au sein même des frontières de ce qui constitue aujourd’hui encore la Fédération de Russie. Le développement du capitalisme russe a évidemment participé de ce mouvement, qui a marqué durablement les structures économiques et sociales russes, y compris durant la période de l’URSS qui n’a pas mis un terme à ce phénomène mais l’a étatisé, poursuivant et amplifiant, après une courte parenthèse dans les années qui ont suivi la révolution de 1917, un « développement inégal et combiné » à l’intérieur des frontières de l’URSS4. La Russie comprend ainsi aujourd’hui 21 républiques de peuples non-russes (sans compter la Crimée), avec lesquelles, malgré les turpitudes de l’histoire, un rapport de domination coloniale est demeuré : le centre aspire l’essentiel des richesses des périphéries dominées (Sibérie, Caucase, Extrême-Orient), ne redistribuant qu’une part infime aux régions concernées, et « le capital financier reconstitué [depuis la chute de l’URSS], dont la fragilité relative est une nouvelle fois compensée par le soutien d’un puissant appareil d’État, redevient le premier bénéficiaire de l’exploitation des richesses naturelles5 ».

La Russie, un pays subalterne ?

Certains considéreront peut-être, renonçant au passage à la caractérisation de l’impérialisme russe d’avant 1917 par Lénine, que les rapports coloniaux au sein même de la Fédération de Russie ne peuvent pas permettre à eux seuls de considérer la Russie d’aujourd’hui comme un État impérialiste. Mais force est de constater que l’expansionnisme grand-russe contemporain n’est rien d’autre que l’expression, à l’extérieur des frontières de l’actuelle Fédération de Russie, des mêmes dynamiques. Des dynamiques étonnamment absentes de l’article de LO, qui semble oublier que l’impérialisme n’est pas uniquement un stade de développement économique mais un système complexe de relations au sein duquel il n’y a pas seulement, d’un côté, « les pays dominants » et, de l’autre, « les pays dominés ». La position de la Russie dans le système international semble ainsi être réduite à un PIB, à de faibles investissements à l’étranger et à une dépendance vis-à-vis de composants produits par des firmes occidentales, sans jamais envisager le fait que cette situation intermédiaire n’empêche nullement le régime de Poutine de dominer politiquement et économiquement de vastes régions, à l’intérieur et à l’extérieur des frontières de la Fédération de Russie, et d’envisager d’en dominer toujours plus, quitte à passer à l’acte militairement.

La politique de la Russie en Afrique est à cet égard exemplaire, qui ne ressemble guère à celle d’une puissance subalterne et dominée telle que dépeinte par LO — qui n’évoque d’ailleurs jamais, au passage, le « capitalisme russe », se contentant de signaler, sans plus d’explications, que la Russie « a hérité une certaine base économique de l’URSS ». Le poids économique de la Russie en Afrique est certes bien moindre que celui de l’Europe, des États-Unis ou même de la Chine, mais on ne compte plus les firmes russes qui ont, au cours des dix dernières années, signé de juteux contrats d’exploitation avec divers pays africains : Rosatom (uranium), Rusal (aluminium), Rosneft (pétrole et gaz), Gazprom (gaz), Alrosa (diamants), Renova (minerais), etc. Plus significatif sans doute, la Russie aurait fourni, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, 44% de l’ensemble des importations d’armes africaines de 2017 à 2021, ce qui conforte au passage le pays dans sa position de deuxième exportateur d’armes au monde. Des fournitures d’armes qui s’accompagnent quasi systématiquement d’accords de coopération militaire, avec une vingtaine d’accords signés au cours des dernières années, incluant formations d’officiers à Moscou, exercices communs, présence de « conseillers » et interventions directes sous couvert de milices privées (avec notamment le tristement célèbre Groupe Wagner).

« Nouvelle guerre froide »

Avant l’offensive contre l’Ukraine, la Russie n’était donc nullement un pays acculé et exclusivement sur la défensive, mais bien une puissance expansionniste, capable en outre d’intervenir militairement hors de ses frontières (Géorgie 2008, Ukraine 2014, Syrie 2015), en jouant des faiblesses et des rivalités entre les autres pays impérialistes — États-Unis en tête. Ce qui ne signifie nullement, ce que notre courant n’a jamais nié, contrairement à ce que prétend LO, qu’elle n’était pas elle-même la cible des menées impérialistes des États-Unis et de l’OTAN qui portent la responsabilité, avec leurs politiques hostiles à la Russie après la chute de l’URSS, du développement des tensions internationales : « [L’administration Clinton] en vint à faire les choix non seulement du maintien de l’OTAN, malgré la dissolution de l’Union soviétique et du Pacte de Varsovie, mais aussi d’une mutation de l’Alliance dans un sens interventionniste (dans les Balkans, en Afghanistan, etc.), ainsi que, surtout, de l’élargissement de l’OTAN à l’Est, en empiétant sur ce qui était la sphère de domination soviétique, voire sur des républiques de l’ex-URSS : les États baltes, d’abord, avec en perspective l’Ukraine et la Géorgie. Ces choix-là ont considérablement envenimé les rapports avec la Russie. Ils y ont déterminé la crispation nationaliste qui, combinée à la situation économique du type Allemagne de Weimar qu’a connue la Russie dans les années 1990, a produit Vladimir Poutine6. »

Dans une situation mondiale que Gilbert Achcar qualifie de « nouvelle guerre froide7 », la Russie est un acteur majeur, quand bien même elle ne serait pas aussi puissante que les États-Unis ou la Chine et ne se classerait « que » 11e au tableau international du PIB par pays. L’État russe et son économie sont dominés par d’immenses groupes monopolistiques, avec une confusion nette entre le public et le privé, dont les intérêts économiques propres ne sauraient être réduits, comme semble le faire LO, aux ambitions politiques de Poutine. Et la politique prédatrice, expansionniste et militariste de la Russie, si elle peut être considérée, sur le temps long, comme ayant été facilitée par les politiques agressives des impérialismes occidentaux, et même si l’économie russe connaît des fragilités, n’en demeure pas moins une politique impérialiste, entendue comme une politique visant à étendre des zones de contrôle et d’influence économiques et politiques, à conquérir des marchés fondés sur des rapports de domination coloniale ou néocoloniale, quitte à faire usage de la force militaire, y compris par des interventions directes à l’étranger, parfois bien au-delà de ses frontières.

« Un acte d’auto-défense du Kremlin »

À quoi bon ces subtilités conceptuelles, pourrait-on se demander. Après tout, que l’on considère la Russie comme « impérialiste » ou non, la guerre est bien là, et l’Ukraine subit depuis un an bombardements et occupation militaire. Mais de toute évidence, ces nuances sont essentielles, car c’est bien la « non-caractérisation » de la Russie comme puissance impérialiste qui conduit LO à adopter une posture considérant que Poutine serait en réalité dans une situation… défensive. C’est ce que l’on peut lire dans la livraison de mars 2023 de Lutte de classe qui explique que « Poutine a répondu de façon monstrueuse à la pression continue de l’impérialisme en Europe de l’Est en lançant ses missiles et ses tanks sur l’Ukraine le 24 février 20228. » Une formulation qui fait écho à celle utilisée dans l’article de novembre 2022, dans lequel la IVe Internationale est accusée de « refuse[r] a priori que l’invasion de l’Ukraine puisse être un acte d’auto-défense du Kremlin. »

Les formules sont explicites même si, on doit le dire, LO n’explique jamais à quelle menace militaire directe sur l’intégrité territoriale de la Russie Poutine aurait « répondu » en envahissant l’Ukraine — LO préférant accumuler les paragraphes critiques sur l’Ukraine de Zelensky9. Mais pour les camarades l’essentiel n’est pas là : il s’agit de brosser un tableau global qui place les UkrainienEs dans le camp de « l’impérialisme » agresseur, en opposition à une Russie qui ne serait pas impérialiste et serait agressée, avec comme conséquence un refus de défendre les UkrainienEs face à l’offensive russe au nom de l’« anti-impérialisme ». On notera au passage que les camarades de LO vont encore plus loin que ceux qui, dans une certaine gauche radicale, tentent de réduire la situation en Ukraine à un « conflit inter-impérialiste », renvoyant dos-à-dos la Russie et l’Otan… LO pousse ainsi la logique jusqu’au bout en écrivant : « Des militants de la classe ouvrière peuvent-ils croire et faire croire qu’il faut bouter l’armée russe hors d’Ukraine, pour ensuite régler ses comptes avec le régime des oligarques que cette victoire aura renforcé et que l’Otan protégera ? » Une question toute rhétorique et particulièrement malaisée, qui sous-entend lourdement, en l’absence de toute perspective alternative, que le peuple ukrainien, qui réside dans un État subalterne et agressé militairement, devrait souhaiter… sa propre défaite.

La disparition du peuple ukrainien

Aucune place n’est ainsi faite à la nuance, comme c’est souvent le cas avec les camarades de LO, pour lesquels souhaiter la victoire du peuple ukrainien face à l’agression russe serait souhaiter la victoire de l’impérialisme. La preuve ? Le soutien apporté par les États-Unis et l’Otan à l’Ukraine, qui serait l’implacable argument démontrant que les UkrainienEs en lutte pour défendre leurs villes et villages face à l’armée russe seraient en réalité des « pions » aux mains de l’impérialisme. Et c’est ainsi que le combat de libération menée par les UkrainienEs face à l’agression russe devient pour LO une guerre entre « l’impérialisme » et la Russie, au moyen d’une formidable opération d’effacement du peuple ukrainien lui-même, qui n’a aux yeux de LO aucune forme de subjectivité et d’agentivité politiques et se retrouve réduit à celui de fantassin de l’Otan.

Dès lors, tout est permis, et c’est ainsi que LO s’autorise à donner des leçons à nos camarades de l’organisation anticapitaliste ukrainienne Sotsialnyi Rukh (SR, Mouvement social), qui participent activement à la résistance ukrainienne tout en dénonçant les politiques antisociales de Zelensky et des oligarques et en tentant d’organiser la classe ouvrière de manière autonome, mais qui sont coupables, selon LO, de ne pas en faire assez : « S’agissant des militants de SR, il leur faudrait, outre tenir pour ennemi le régime poutinien, voir comme tel l’État ukrainien, celui de Zelensky et des oligarques, celui qu’arment et inspirent les États impérialistes. Or ce n’est pas le cas. La résolution adoptée le 17 septembre par leur congrès oppose les travailleurs aux diktats des employeurs, dénonce les oligarques et leur pouvoir, mais elle n’envisage jamais de s’adresser aux premiers pour leur proposer l’objectif de briser le pouvoir de leurs exploiteurs et d’instaurer leur propre pouvoir. » Conclusion : Sotsialnyi Rukh fait partie « de petits groupes est-européens qui s’alignent, eux, sur l’Otan et le camp occidental, celui de l’impérialisme. » Rien que ça.

Le socialisme sous les bombes ?

La grille de lecture de LO rend impossible toute perception des complexités, des contradictions d’une situation concrète. C’est ainsi que, dans le cas de l’Ukraine, les camarades refusent de voir qu’une lutte de libération nationale face à une puissance militaire occupante, quand bien même elle s’inscrirait dans un contexte régional et international de rivalités et de luttes entre grandes puissances, ne peut être dissoute, ni analytiquement ni politiquement, dans ces dernières. Autrement dit : l’opportunisme des pays impérialistes occidentaux à l’égard de l’Ukraine n’enlève rien à la légitimité du combat de la population ukrainienne face à l’armée de Poutine. L’armement fourni par les pays occidentaux contribue à modifier le rapport de forces, et c’est tant mieux pour la population ukrainienne qui subit chaque jour les violents assauts des forces russes et qui n’a guère d’autres interlocuteurs pour espérer recevoir les armes lui permettant de se défendre, mais il ne modifie pas les statuts d’agresseur et d’agressé. De même que la défense du droit des UkrainienEs à s’armer pour se défendre face à la Russie n’implique nullement, à moins de voir le monde en noir et blanc, de renoncer à lutter contre les politiques impérialistes des États-Unis et de l’Otan et contre la course aux armements à l’échelle mondiale.

La lutte des UkrainienEs pour infliger une défaite à Poutine est non seulement légitime, mais elle est en outre une condition nécessaire — mais certes pas auto-suffisante — pour penser un avenir émancipateur pour la population ukrainienne. À moins de considérer qu’un horizon socialiste serait plus facilement envisageable dans un pays rasé et sous occupation russe, il s’agit de voir ce qui, dans la résistance actuelle, peut constituer des points d’appui pour la classe ouvrière ukrainienne dont nombre d’organisations ne sont pas dupes, contrairement à ce que semble penser LO, de Zelensky10. Comme l’expliquent nos camarades de Sotsialnyi Rukh, la résistance populaire à l’agression russe a des effets contradictoires, qui ne peuvent se résumer à l’apparente « union nationale » : « La guerre a créé de nouvelles formes d’auto-organisation et de politique par en bas. La mobilisation du peuple pour la guerre de libération a renforcé le sentiment d’une cause commune chez les gens et leur a fait comprendre que c’est grâce aux gens ordinaires, et non aux oligarques ou aux entreprises, que ce pays existe. La guerre a radicalement changé la vie sociale et politique en Ukraine, et nous devons empêcher que ces nouvelles formes d’organisation sociale soient détruites et, au contraire, les développer11. »

Pourquoi penser si cela n’aide pas à agir ?

Des militantEs et des organisations qui défendent de telles positions ne méritent-ils et elles pas un minimum de considération et de soutien de la part des organisations révolutionnaires ? Pour LO, c’est non, qui considère, alors que les bombes russes pleuvent sur la population ukrainienne, que celui qui, en Ukraine, ne s’oppose pas au moins autant à « l’impérialisme » qu’à l’agression russe ne se situe pas dans « le camp de la classe ouvrière ». LO reconnaît d’ailleurs qu’aucune organisation ukrainienne ne partage ses positions. On serait tenté de dire qu’il est plutôt logique qu’aucunE UkrainienE ne les partage, tant elles sont hors sol et découpées de « l’analyse concrète d’une situation concrète ». Des positions qui ne sont pas davantage partagées par les organisations anti-guerre et socialistes russes, qui revendiquent quant à elles l’arrêt des bombardements, le retrait des troupes russes et la défaite de Poutine. De toute évidence, personne, ni en Russie ni en Ukraine, pas même les groupes socialistes les plus minoritaires, n’a compris quelle était la ligne juste.

À quoi servent des positions qui, quand bien même elles pourraient, par leur simplicité, exercer une forme de « séduction théorique », ne trouvent aucun sujet pour s’incarner ? Des marxistes révolutionnaires peuvent-ils et elles réellement penser que des idées dont personne ne s’empare, a fortiori chez les premierEs concernéEs, peuvent avoir une quelconque pertinence et une quelconque utilité ? La théorie peut-elle avoir à tout prix raison contre la pratique ? « Le kantisme a les mains pures, mais il n’a pas de mains », écrivait Charles Péguy à propos de la morale d’Emmanuel Kant. On serait tenté d’adapter cette métaphore aux positions « internationalistes » de LO qui, sous couvert d’une logique analytique implacable, aboutissent dans la plupart des cas à une absence totale de conclusions pratiques, c’est-à-dire de propositions pour agir, concrètement, pour tenter d’influer positivement sur le cours des événements et modifier les rapports de forces en faveur de notre classe.

« Les philosophes n’ont fait qu’interpréter… »

Les camarades de LO peuvent ainsi écrire tranquillement que la IVe Internationale « s’éloigne de plus en plus du camp de la révolution socialiste » tout en n’ayant eux-mêmes aucune politique vis-à-vis de la situation en Ukraine, sinon la défense de principes abstraits et la distribution des bons et — surtout — des mauvais points aux organisations ukrainiennes et russes. Pour notre part, nous avons contribué à construire, depuis mars 2022, le Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine (RESU/ENSU), particulièrement investi sur le terrain de la solidarité par en bas, indépendante de tout gouvernement, avec les organisations civiles, syndicales, féministes ukrainiennes : organisation d’équipes de travail et de campagnes thématiques, initiatives de réunions publiques, rassemblements et manifestations avec d’autres réseaux, avec des associations ukrainiennes… Nous nous sommes en outre associés à l’envoi de délégations en Ukraine ou auprès de réfugiéEs en Pologne, de convois de solidarité qui apportent de l’aide matérielle et établissent des liens concrets avec les organisations syndicales ou féministes pour les aider à lutter contre l’invasion russe et les effets directs de la guerre, mais aussi pour l’annulation de la dette extérieure de l’Ukraine et contre les conditionnalités néolibérales aux aides, contre l’application de nouvelles lois et mesures du gouvernement Zelensky qui remettent en cause les droits des travailleurEs, ceux des femmes, ou les droits des jeunes à étudier même en situation de guerre. Et nous avons noué des liens très forts avec nos camarades de l’organisation anticapitaliste Sotsialnyi Rukh, pour laquelle nous avons organisé une campagne de solidarité financière à même de lui permettre d’exister légalement et d’apporter de l’aide concrète autour d’elle. Ce n’est sans doute pas assez, mais cela s’inscrit néanmoins dans la construction d’une solidarité internationale de classe, qui contribue probablement plus à renforcer le « camp de la révolution socialiste » que ne le fait la théorisation de l’absence de toute pratique possible, fort éloignée du marxisme.

1.« L’ex-Secrétariat unifié face à la guerre en Ukraine », Lutte de classe n°227, novembre 2022. Sauf indication contraire, les citations de LO sont tirées de cet article.
2.Lénine, « L’impérialisme et la scission du socialisme », décembre 1916.
3.Lénine, « De la fierté nationale des Grands-Russes », décembre 1914.
4.« La division coloniale du travail déformait, voire freinait le développement, parfois même transformait les républiques et les régions périphériques en sources de matières premières et en zones de monoculture. Cela s’accompagnait d’une division coloniale de la ville et de la campagne, du travail physique et intellectuel, qualifié et non qualifié, bien ou mal rétribué, ainsi que par une stratification tout aussi coloniale de la bureaucratie étatique, de la classe ouvrière et des sociétés entières. » (Zbigniew Marcin Kowalewski, « Impérialisme russe », Inprecor n°609-610, octobre-décembre 2014)
5.Jean Batou, « Impérialismes d’hier et d’aujourd’hui : Poutine, la guerre en Ukraine et l’extrême droite », mars 2015, en ligne sur europe-solidaire.org.
6.Gilbert Achcar, « La situation mondiale est celle d’une nouvelle guerre froide », l’Anticapitaliste mensuel n°143, février 2023.
7.Idem.
8.« Contre la guerre en Ukraine et sa généralisation », Lutte de classe n°230, mars 2023.
9.Des critiques que nous pouvons partager mais qui, en réalité, ne changent pas grand-chose quant aux responsabilités dans l’agression de l’Ukraine.
10.Lire par exemple Elias Vola, « Ukraine : lutte de classe en temps de guerre », l’Anticapitaliste n°642, 22 décembre 2022.
11.Sotsialnyi Rukh, « Ukraine : La guerre a créé de nouvelles formes d’auto-organisation et de politique par en bas », l’Anticapitaliste n°633, 18 octobre 2022.


Fraternellement,
GdM
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Gayraud de Mazars
 
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Re: La guerre en Ukraine

Message par pouchtaxi » 05 Avr 2023, 14:06

......vision purement économiciste......


..... défense de principes abstraits.....

.....aboutissent dans la plupart des cas à une absence totale de conclusions pratiques,.....




C’est curieux comme avec une grande constance les courants anciennement ennemis, le SU ex-pabliste et les lambertistes reprochent à LO de mettre en avant des positions « abstraites ».

Des positions « concrètes » signifient donc pour eux choisir de soutenir, même en tortillant, un camp de la bourgeoisie.

Voyons du "concret" :

1) Pour le SU: en Ukraine : soutien aux ventes d’armes, livrées, de fait, à l’Etat ukrainien que même le SU n’imagine pas « transcroître » en direction révolutionnaire…….

2) Sur le plan national cela donne NPA.org et POI en alliés de LFI.
pouchtaxi
 
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