L'essor de la chine capitaliste

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Re: L'essor de la chine capitaliste

Message par jamesdan » 06 Mai 2025, 15:33

Certes il y a en Chine un processus de développement du secteur privé de l'économie mais pour l'essentiel ce sont des petites et moyennes entreprises. En 2021-2022, 81% du chiffre d'afffaires des entreprises chinoises classées par la revue "Fortune"relève de l'économie contrôlée par l'Etat et non par la propriété privée des moyens de production, la propriété d'Etat reste largement dominante, tout particulièrement dans le secteur des grandes entreprises et de l'industrie.
La bureaucratie chinoise bénéficie de l'usage qu'elle fait de ces moyens de production, des immenses privilèges qu'ils lui raportent mais qu'ils ne lui appartiennent pas en privé....les bureaucrates ne peuvent les transmettre à leurs enfants, par contre ils peuvent déposséder les chefs d'entreprise qui ne respectent pas leurs décisions et même les transformer en repris de justice !
En ce qui concerne la plus-value, la bureaucratie, si elle estime que c'est son intérêt, peut, pendant un temps plus ou moins long, produire sans recherche de profit, par exemple des millions de voitures électriques, à un prix défiant toute concurrence, sans l'obligation de s'aligner sur le taux de profit moyen (qui règle les processus de production capitaliste à l'échelle mondiale) et qui la rende imbattable sur le plan de la compétitivité ! C'est un choix qu'aucun gouvernement impérialiste ne peut faire car il a des comptes à rendre à sa propre bourgeoisie et tout capitaliste veut du profit tout de suite, sinon il va investir ailleurs, y compris en Chine.....d'où une situation de plus en plus insupportable pour l'impérialisme américain.
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Re: L'essor de la chine capitaliste

Message par JeanDeLaRue » 06 Mai 2025, 20:26

Gayraud de Mazars a écrit :Salut camarades,
A la Fête de l'Humanité la Chine est toujours présente, j'irai voir en septembre à son immense stand, si on trouve des éléments de réflexions.

Fraternellement,
GdM



C’est quelque chose d’assez drôle à analyser par soi même mais quand vous parlez à des gens du PCC, ils sont incapables de donner une posture internationaliste à leur idéologie, ils balancent pleins de charabia incompréhensible en espérant que vous voyez confus et croyez que c’est du marxisme. Le PCC a, contrairement aux autres partis bureaucratiques, complètement abandonné tout faux-semblant d’internationalisme, et ne veut pas universaliser sa position.

Mon exemple préféré de cette situation est le Réseau de Solidarité de la Rencontre internationale des partis communistes et ouvriers , essentiellement un rassemblement de tous les partis bureaucratiques déchus à travers le monde, qui inclut le PCF, le PCC, etc. Mais, alors que l’on pourrait s’attendre à un PCC profitant de son "succès économique" pour imposer sa théorie au sein de ce mouvement international, en réalité, il ne produit que des articles médiocres, l’organisation du réseau de solidarité étant dans les faits contrôlée par le KKE.

Par conséquent, on arrive dans des situations très drôles où un parti stalinien médiocre faisant 10% aux élections invite les partis chinois, vietnamiens, laotiens à Cuba juste pour les insulter et les traiter de sociaux-impérialistes, et ces partis doivent écouter en se taisant :

Le socialisme a été renversé « de l’intérieur et d’en haut », dans le contexte de l’érosion opportuniste du PCUS, dans un processus de tentative de résoudre les problèmes de la construction socialiste, en utilisant des outils capitalistes, des éléments du « marché », en modifiant, en sapant les principes de la construction socialiste, la propriété sociale des moyens de production et la planification centrale.

Dans ce contexte, une couche sociale s’est créée et s’est développée, dont les intérêts ne correspondaient pas au socialisme et cela s’est exprimé au niveau politique du parti et de l’État. La perestroïka fut le dernier acte de ce drame.

Il est donc nécessaire de discuter de ces questions, de les aborder sérieusement, de les examiner. D’autant plus qu’aujourd’hui se développe une attaque organisée contre les principes de la révolution et de la construction socialistes.

Les positions qui glorifient le soi-disant socialisme de marché se multiplient ; le « socialisme de marché » conduit à la négation des principes de socialisation des moyens de production et de planification scientifique centralisée ; elle favorise l’activité économique des entreprises capitalistes ; elle adopte le critère du profit et légitime l’exploitation de la classe ouvrière par le capital.

Mais il s’agit de capitalisme, pas de socialisme, et il est urgent de soulever cette question ouvertement, afin que chaque partie assume sa responsabilité avant qu’il ne soit trop tard.

Le KKE a présenté sa position sur la Chine et son cours capitaliste, il a documenté la position selon laquelle les relations de production capitalistes prévalent en Chine depuis de nombreuses années, que les monopoles dominent et se renforcent dans tous les secteurs et que la main-d'œuvre est une marchandise avec un degré élevé d'exploitation.

Les monopoles basés en Chine, avec le soutien de l’État, s’étendent dans le monde entier, des milliards de dollars sont exportés, la « nouvelle route de la soie » est utilisée pour la pénétration des monopoles en Asie, en Afrique, en Europe, en Amérique latine, et les profits capitalistes se multiplient. C’est dans ce processus que sont apparus en Chine plus de 1 000 milliardaires qui se trouvent aux premiers rangs de la ploutocratie mondiale.

Les communistes ont livré des batailles épiques sous leur propre bannière, qui est la lutte pour le socialisme-communisme. Cela leur a donné de la force et sur ce chemin, sur le chemin de la Révolution socialiste d’Octobre, le mouvement communiste peut surmonter la crise idéologique, politique et organisationnelle à laquelle il est confronté, en se basant sur le marxisme-léninisme, sur l’internationalisme prolétarien, sur la défense des principes de la révolution et de la construction socialistes, et procéder à l’harmonisation de sa stratégie avec les besoins de la lutte des classes, avec le regroupement révolutionnaire.

Sur cette base, les PC peuvent se renforcer, construire de nouvelles organisations dans les usines, dans les secteurs et les entreprises stratégiques, renforcer leurs liens avec la classe ouvrière, les couches populaires, la jeunesse et les femmes d’origine populaire.

Sur cette base, la lutte peut être renforcée dans le contexte des guerres impérialistes et de la nouvelle crise capitaliste généralisée qui se profile à l’horizon, dans les développements complexes qui nous attendent.

Aujourd’hui, 100 ans après la fondation de l’Union soviétique, nous n’avons malheureusement pas à nos côtés une puissance de soutien à la paix et aux peuples comme l’URSS, mais nous sommes convaincus que le socialisme est l’avenir, la seule issue alternative pro-populaire et que les peuples sont la seule superpuissance qui peut y parvenir.


Je ne vous cite pas ça par plaisir ou parce que je suis d’accord avec cette position (je l’ai expliqué maintes et maintes fois, la Chine n’est pas impérialiste et il y a des restes de socialisme) mais pour deux raisons : (1) j’essaie d’étudier (j’ai passé tout un hivers à étudier la révolution avortée grecque et les années de la dictature) pourquoi le KKE est le seul parti stalinien à être dans la même trajectoire stalinienne alors que tous les autres sont soit devenus des appendices de la social démocratie (PCEUA, PCF), inexistants ( PC Péruvien), où sont sont restés dans l’Eurocommunisme (PC Indien). Le KKE est basiquement resté le PCF des années 30, et il faut comprendre ce phénomène (de ce que j’ai vu, certains trotskistes et maoïstes grecs ont soit fait une alliance de facto avec le KKE et ses syndicats, soit avec SYRIZA, ce qui est lié à cette incompréhension du cas Grec impossible à ranger dans une case, car au final, derrière la pseudo orthodoxie du KKE, vous avez le même opportunisme que le parti stalinien moyen ) (2) il faut comprendre pourquoi la Chine est incapable de créer un mouvement universel cohérent autour de sa doctrine marxiste.

Je n’ai pas de réponse au premier pourquoi mais ma réponse au deuxième pourquoi est simple : la Chine n’en a pas, de doctrine.
Un Mao mangeur de frites d’accord avec LO 9/10. Étudiez, étudiez, étudiez !
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Re: L'essor de la chine capitaliste

Message par Plestin » 07 Mai 2025, 06:56

Différents pays capitalistes peuvent ne pas avoir atteint le stade impérialiste (c'est difficile quand la place est prise), mais avoir des velléités dans ce domaine.

Par exemple, la Grèce n'est pas un État impérialiste, mais les capitaux grecs ont tenté et réussi à différentes reprises leur "exportation", vers des pays balkaniques voisins notamment. Le groupe pétrolier Hellenic Petroleum (aujourd'hui HelleniQ Energy) qui détient 3 des 4 raffineries grecques s'est implanté dans d'autres pays au tournant des années 2000 (Bulgarie, actuelle Macédoine du Nord...) et contrôle la raffinerie OKTA de Skopje, la seule de Macédoine du Nord donc a un réel pouvoir de domination économique sur ce petit pays. Cette même société s'allie à l'Italien Edison dans la production d'électricité. L'ancien monopole d'Etat dans les télécommunications, l'O.T.E., privatisé, pèse aussi lourd dans le secteur des télécommunications en Roumanie et en Albanie, etc.

Sauf que cette politique d'expansion et de conquête des marchés ne peut pas, en tout cas pas pour l'instant, être soutenue par des moyens militaires, même si par le passé l'armée grecque a mené une politique aventuriste à Chypre (qui lui a coûté cher). La Grèce n'a pas les moyens d'une politique impérialiste et elle est elle-même un pays dont l'économie est dominée par les multinationales occidentales. Malgré le poids des armateurs grecs dans leur domaine, les capitalistes grecs ne contrôlent pratiquement rien de l'économie de la plupart des autres pays.

L'avenir dira si la Chine sera capable ou pas de se lancer dans une vraie politique impérialiste, pour l'instant ce n'est pas le cas malgré des capitaux chinois présents dans bien d'autres régions du monde et malgré des moyens militaires très conséquents, qu'elle affiche volontiers pour montrer ses muscles autour de Taïwan par exemple. Et bien que des entreprises chinoises soient parvenues à prendre une place non négligeable dans certains secteurs (ex. Huawei), parfois par l'acquisition d'activités dont les grandes multinationales américaines ne voulaient plus (ex. : la micro-informatique d'IBM par Lenovo), on ne peut toujours pas voir la Chine contrôler des pans entiers de l'économie des Etats-Unis ou de l'Europe, alors que l'inverse est davantage une réalité même si elle est à nuancer.
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Re: L'essor de la chine capitaliste

Message par jamesdan » 07 Mai 2025, 09:40

Dire, contre toute évidence, que la Chine est GLOBALEMENT un pays capitaliste ("Certes il y a en Chine un processus de développement du secteur privé de l'économie mais pour l'essentiel ce sont des petites et moyennes entreprises. En 2021-2022, 81% du chiffre d'afffaires des entreprises chinoises classées par la revue "Fortune"relève de l'économie contrôlée par l'Etat et non par la propriété privée des moyens de production, la propriété d'Etat reste largement dominante, tout particulièrement dans le secteur des grandes entreprises et de l'industrie.
La bureaucratie chinoise bénéficie de l'usage qu'elle fait de ces moyens de production, des immenses privilèges qu'ils lui raportent mais qu'ils ne lui appartiennent pas en privé....les bureaucrates ne peuvent les transmettre à leurs enfants, par contre ils peuvent déposséder les chefs d'entreprise qui ne respectent pas leurs décisions et même les transformer en repris de justice !
En ce qui concerne la plus-value, la bureaucratie, si elle estime que c'est son intérêt, peut, pendant un temps plus ou moins long, produire sans recherche de profit, par exemple des millions de voitures électriques, à un prix défiant toute concurrence, sans l'obligation de s'aligner sur le taux de profit moyen (qui règle les processus de production capitaliste à l'échelle mondiale) et qui la rende imbattable sur le plan de la compétitivité ! C'est un choix qu'aucun gouvernement impérialiste ne peut faire car il a des comptes à rendre à sa propre bourgeoisie et tout capitaliste veut du profit tout de suite, sinon il va investir ailleurs, y compris en Chine.
....d'où une situation de plus en plus insupportable pour l'impérialisme américain.


"Dans le programme de transition, Trosky expliquait clairement l'alternative : ou bien la classe ouvrière accomplit sa révolution politique contre la bureaucratie qui a usurpé le pouvoir et renoue avec le pouvoir des soviets, ou bien la bureaucratie fraie la voie à la restauration du capitalisme et les bureaucrates se transforment en oligarques mafieux et semi-compradores, ce qui s'est passé avec Gorbatchev puis Eltsine !
En 1949, une véritable révolution sociale a lieu, avec une classe ouvrière ultra minoritaire comme en Russie en 1917 et une masse paysanne archi majoritaire, révolution concrétisée à la fois par les violences et les occupations paysannes contre les propriétaires fonciers et les révoltes ouvrières avec dans plusieurs villes la naissance d'organes autonomes de pouvoir....mais révolution chevauchée par le haut par la bureaucratie du PCC, expulsant les travailleurs du pouvoir mais contrainte d'aller plus loin que ne le voulait Mao en expropriant capitalistes et propriétaires fonciers (hypothèse envisagée telle quelle dans le programme de transition)."


Ce qui explique à la fois les références à Marx, Lénine, l'Internationale, le Drapeau rouge, à la dénominationdu parti dit "communiste", bureaucratie devant faire face à un prolétariat de 500 millions agrippés à ses acquis sociaux, avec une multitudes de grèves et manifestations et ce qu'explique aussi la propriété d'Etat encore très largement majoritaire...

Les Etats-Unis préparent ouvertement une agression contre la Chine, faut-il la défendre inconditionnellement contre l'impérialisme américain...ou rester l'arme aux pieds ?
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Re: L'essor de la chine capitaliste

Message par jamesdan » 07 Mai 2025, 10:25

Question posée par Plestin:
"Mais à mon tour de poser une question, à propos des références à un "état ouvrier dégénéré" ou quelque chose d'analogue. A-t-il suffi que le Royaume-Uni accepte de restituer Hong-Kong à la Chine, pour que ce territoire incontestablement capitaliste ait changé de nature ? L'intégration politique est certes difficile pour une partie de la population hongkongaise habituée à la pseudo-démocratie, mais quid de l'intégration économique ? L'organisme "prolétarien" chinois a-t-il rejeté la greffe capitaliste"

Bien sûr que non ! Comme l'explique Trotsky, sans révolution politique redonnant le pouvoir aux travailleurs, c'est la bureaucratie qui reste le meilleur acteur de la restauration du capitalisme ( ce qui fut confirmé par la bureaucratie stalinienne en 1991)....en Chine comme ailleurs ! Et l'intégration de Hong-Kong ne fait que renforcer la proportion capitaliste en Chine, mais de là à confondre avec un basculement global, il y a un monde !! plus de 80% de la production reste étatique, les oligarques certes de plus en plus nombreux restent en nombre très inférieur au nombre des bureaucrates au pouvoir dictatorial tentaculaire, ces derniers pouvant TOUJOURS emprisonner les premiers en cas de non respect des décisions de l'Etat bureaucratique, ne pouvant transmettre leur héritage à leurs enfants, n'étant TOUJOUTS pas soumis à l'exigence du taux de profit moyen, devant ENCORE chanter l'Internationale sur fond de portraits de Marx, de Lénine et de drappeaux rouges ( mais pas de Trotsky, faut pas abuser !!) comme dans un meeting de LO ....DONC TOUJOURS PAS de restauration globale du capitalisme et pas de nouveau 1991 !!
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Re: L'essor de la chine capitaliste

Message par Zorglub » 07 Mai 2025, 19:25

Donc pour les 20 millions d'ouvriers et de paysans devant la Cité interdite ? (J'ai adapté au prorata de la population chinoise).

Comme jamesdan se répète, je vais reprendre un post de com, Trotsky cité de mémoire :
L'ouvrier qui juge sur des déclarations, et non sur les faits sociaux, est un idiot sans espoir


Et l'article de 1967 de la LDC posté par Byrrh plus haut.
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Re: L'essor de la chine capitaliste

Message par JeanDeLaRue » 07 Mai 2025, 20:30

jamesdan a écrit :Question posée par Plestin:
Bien sûr que non ! Comme l'explique Trotsky, sans révolution politique redonnant le pouvoir aux travailleurs, c'est la bureaucratie qui reste le meilleur acteur de la restauration du capitalisme ( ce qui fut confirmé par la bureaucratie stalinienne en 1991)...



Sauf que vous oubliez un point essentiel selon les écrits de Trotsky durant la tumultueuse période de 39 :


Le résultat de la lutte est déterminé à l’avance par le rapport des forces. Si la guerre finno-soviétique ne dégénère pas, au cours des prochaines semaines, en guerre européenne généralisée, ou si Staline n’est pas obligé de chercher un compromis, c’est-à-dire s’il n’est pas obligé de battre en retraite devant la menace d’une intervention anglaise, française ou suédoise, le demi-million de soldats de l’Armée rouge finira bien par venir à bout de l’armée finlandaise. Il est possible que des changements interviennent dans la situation militaire avant même que ces lignes aient été publiées dans la presse Dans le premier cas, le Kremlin essaiera, comme il l’a déjà fait après ses éphémères succès de décembre, de doubler son agression militaire d’une guerre civile en Finlande. Pour annexer la Finlande, et tel est actuellement l’objectif évident du Kremlin, il faut la soviétiser, c’est-à-dire exproprier la couche supérieure des propriétaires fonciers et capitalistes. Une telle révolution dans les rapports de propriété est impossible sans guerre civile. Le Kremlin fera tout ce qui est en son pouvoir pour attirer à lui les ouvriers d’industrie finlandais et la couche inférieure des paysans. L’oligarchie de Moscou s’est trouvée acculée à jouer au feu de la guerre et de la révolution, elle essaiera au moins de s’y réchauffer les mains. Il est certain qu’elle remportera certains succès dans cette voie.



Le radical petit-bourgeois vulgaire ressemble au "progressiste" libéral en ceci qu'il prend l'U.R.S.S. comme un tout, sans comprendre ses contradictions internes et leur dynamisme. Quand Staline a conclu une alliance avec Hitler, a envahi la Pologne, puis la Finlande, les radicaux vulgaires triomphaient: l'identité des méthodes du stalinisme et du fascisme était démontrée! Ils se sont cependant trouvés en difficulté, quand le nouveau pouvoir a appelé la population à exproprier les propriétaires terriens et les capitalistes: ils n'avaient aucunement envisagé cette éventualité! Cependant les mesures révolutionnaires sur le plan social, appliquées par des méthodes bureaucratiques et militaires, non seulement n'ont pas pris en défaut notre définition dialectique de l'U.R.S.S. comme Etat ouvrier dégénéré, mais au contraire lui ont donné la plus éclatante confirmation. Au lieu d'utiliser ce triomphe de l'analyse marxiste pour mener un travail persévérant d'agitation, les opposants petits-bourgeois se sont mis à crier avec une légèreté vraiment criminelle, que les événements avaient réfuté notre pronostic, que les vieux schémas n'avaient plus cours, qu'il fallait trouver des mots nouveaux. Quels mots? Voilà ce qu'ils n'ont pas encore eux-mêmes décidé.


Les partisans du "troisième camp" (le camp des petits-bourgeois apeurés) échafaudent maintenant la construction suivante: Trotsky avait déduit la guerre civile en Finlande de la nature de classe de l'U.R.S.S.; la guerre civile n'a pas éclaté; l'U.R.S.S. n'est donc pas un Etat ouvrier. En réalité il n'était pas du tout nécessaire de "déduire" logiquement la guerre civile possible en Finlande d'une définition sociologique de l'U.R.S.S.; il suffisait de s'appuyer sur l'expérience de la Pologne orientale. Seul un Etat issu de la Révolution d'Octobre pouvait y accomplir la révolution des rapports de propriété qui s'y produisit. L'oligarchie du Kremlin lie cette révolution à son combat pour sa conservation dans une situation donnée. Il n'y avait pas la moindre raison de douter que dans des circonstances analogues, elle serait contrainte de répéter la même opération qu'en Pologne orientale. Voilà seulement ce que je déclarai. Mais les conditions changèrent dans le cours du conflit. La guerre comme la révolution connaît souvent des tournants brusques. L'arrêt des opérations militaires par l'Armée rouge interdisait bien sûr tout éventuel développement de la guerre civile en Finlande.


Si la Chine était un état ouvrier dégénéré comparable à l’URSS d’avant 91 comme vous le prétendez, une intégration de Hong Kong devrait entraîner logiquement un bouleversement de la propriété privée, par mesure bureaucratique et militaire, au même titre que ce qu’il y a eu lieu en Finlande ou Pologne orientale, une annexion amenant à une révolution économique. Mais selon vous, c’est exactement le contraire : l’intégration de cette colonie financière conduirait à un renforcement du capitalisme chinois.


Vous confondez analyse économique et analyse politique. Je ne cite pas par plaisir, mais l’intérêt du trotskisme historique (et au final du matérialisme) est quand même d’articuler son analyse économique des contradictions de l’URSS avec celle des déviations politiques de l’URSS et l’attitude à adopter à l’égard de l’URSS. Pour l’instant, tout ce que vous nous dites peut tout à fait fonctionner si on considère que la Chine est comparable à la Russie (particulièrement concernant notre opposition à toute aventure impérialiste contre ce pays, qui est évidente).
Un Mao mangeur de frites d’accord avec LO 9/10. Étudiez, étudiez, étudiez !
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Re: L'essor de la chine capitaliste

Message par jamesdan » 08 Mai 2025, 10:06

Je n'ai jamais dit que la Chine était un "Etat ouvrier dégénéré" mais un "Etat bureaucratique déformé dès l'origine", avec une révolution sociale PAR LE HAUT (expropriation des capitalistes et des grands propriétaires fonciers), révolution chevauchée par la direction du PCC excluant du pouvoir ouvriers et paysans
Et c'est bien Trotsky qui explique dans le programme de transition qu'une direction petite-bourgeoise peut être contrainte, dans des circonstances exceptionnelles, d'aller plus loin qu'elle ne le veut dans la voie de la rupture avec la bourgeosie !...... Mao, à l'origine, voulait une sorte de révolution démocratique bourgeoise, la même que soutenait par exemple la grande majorité du parti bolchevique avant le reour de Lénine en mars 1917 !
Et c'est le même Trotsky qui explique aussi que la bureaucratie reste le meilleur agent de la restauration globale du capitalisme cf l'URSS en 1991, restauration globale qui n'empêche pas, tout au long du chemin, des pavés capitalistes dans le pays, frayant justement la voie à cette restauration, Hong-Kong parmi d'autres (actuellement environ 80% de la production aux mains de l'Etat bureucratique mais plus de 90% il y a seulement 20 ans!)
Et, comme le dit Lénine, "la politique, ce n'est rien d'autre qu'un concentré de l'économie", d'où la nécessité pour l'impérialisme américain, confronté à sa crise irrémédiable, de transformer au plus vite ( par la guerre ou par la capitulation de la bureaucratie chinoise) les bureaucrates en oligarques, si possible à son service ( peut-être une partie mafieuse et nationaliste sur place et une autre compradore, comme en Russie ou en Ukraine).
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Re: L'essor de la chine capitaliste

Message par jamesdan » 08 Mai 2025, 10:57

Pour Zorglub et com_71: pour les 2O millions d'ouvriers de Hong-Kong la même chose : TOUJOURS L'EXPLOITATION, mais sans les libertés (des faits, pas des paroles !) et pour tous, avec les 500 millions déjà sur place, la défense acharnée des acquis sociaux par une multitude de grèves et de manifeatations, en attendant le renversement de la bureaucratie par les travailleurs eux-mêmes (un espoir mais aussi un combat avec les militants et les sympathisants sur place, en relation avec le combat pour la reconstitution de la Quatrième Internationale).
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