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Dissoudre la société capitaliste et sa police
7 juin 2020
Le meurtre de George Floyd a provoqué une explosion. Encore plus, il a déclenché tout un mouvement. Aucun État n'a été à l’écart des protestations. En un seul jour, il y a eu cent quatre-vingt-un manifestations, selon le décompte d’un média. Mais d’autres jours ont suivi. Dans la plupart des grandes villes, il y a deux, trois ou quatre, parfois cinq ou six, ou même des dizaines de manifestations différentes. Même des petites villes, des endroits qui n'avaient jamais connu auparavant aucune manifestation, ont fait entendre leurs protestations. Et à Washington DC, où Trump a fait donner l'armée la semaine dernière, en promettant de "mater" la rue, des dizaines sinon des centaines de milliers de manifestants se sont approprié les rues samedi dernier.
C'est un vrai mouvement, avec toutes les contradictions d'un mouvement de masse, mais aussi avec certaines de ses forces : les initiatives prises par d'innombrables anonymes pour organiser l'action ; la prise de conscience par les gens qu’ils font partie de quelque chose beaucoup plus grand qu’eux-mêmes. Des gens silencieux depuis trop longtemps ont donné de la voix.
De nombreux manifestants ont demandé que la police soit contrôlée, sinon «demantelée» ou «dissoute», et les flics violents remplacés.
Certes, c'est vrai, certains flics sont plus brutaux que d'autres. Et de nombreux policiers ne sont peut-être pas brutaux - en tant qu'individus. Mais la police, en tant qu'institution organisée, agit systématiquement avec violence et dans l’impunité. C'est vrai à New York, où la police a depuis longtemps la réputation d'être particulièrement agressive ; c'est vrai aussi dans des villes comme Detroit où la police aurait prétendument été «réformée», et en fait, plusieurs fois.
Mais s’il y avait une manière de se débarrasser des policiers violents, l’institution policière resterait violente. La police a un rôle à jouer. Elle protège et elle sert la classe qui dirige une société basée sur des inégalités profondes, avec au sommet d'énormes richesses accumulées dans quelques mains, des richesses venant du travail des couches populaires. S’il n’y avait pas de coercition, pas de violence organisée pour mettre sous contrôle la population laborieuse, la minorité privilégiée ne pourrait monopoliser une telle part de la richesse sociale.
Pour servir cette classe exploiteuse, la police doit être séparée de la population, et elle doit user de la violence contre la population ou menacer de le faire. C’est sur cet obstacle que tous les efforts pour réformer la police se sont brisés.
De précédents mouvements ont revendiqué que la police reflète mieux la composition ethnique de la population. Aujourd’hui, des villes majoritairement noires comme Detroit, Memphis, Birmingham dans l’Alabama, et Oakland en Californie, ont des polices majoritairement noires. Dans certains cas, il y a peut-être moins de racisme patent. Mais dans chacune de ces villes, il y a toujours une violence organisée de la police. Et en fin de compte, cela signifie une violence raciste, avec des gens tués par des policiers, et qui n’auraient pas été tués s’ils avaient été blancs dans la même situation.
Le problème est donc plus vaste que celui de la composition de telle ou telle force de police, même si c’est un facteur aggravant. La police reflète directement la classe capitaliste qu’elle sert. Et, dans ce sens, elle doit être “démantelée”.
Mais si la police doit être dissoute, ça ne peut passer que par une lutte pour «dissoudre» l'ensemble de la société capitaliste. La population laborieuse exploitée, noire et blanche, doit lutter pour jeter dehors la classe sociale qui est assise sur toutes les richesses de la société.
Ce mouvement qui a semblé exploser venant de nulle part n'est peut-être pas la révolution. Il peut aller dans de très nombreuses directions différentes. Mais les gens qui se sont massés dans les rues, protestant contre tous les maux de la société, ont ouvert une porte vers l'avenir.
Sans une lutte des gens, il n'y a pas d'espoir. Quand une lutte de cette ampleur commence, peu importe avec quels objectifs elle commence, elle contient la promesse des combats futurs. Les cyniques ne peuvent plus dire que personne ne fait rien. La population fait.
Nous pouvons lutter contre la police et nous battre pour assurer que tout le monde ait un emploi rémunéré décemment, et c’est finalement le même combat. En luttant pour cela, nous pourrons être la génération qui empêchera la classe capitaliste de nous dresser les uns contre les autres.

Quatre familles de Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, ont déposé plainte pour « détention arbitraire » et « injures à caractère raciste et homophobe » après l'interpellation sans raison le 26 mai de leurs enfants de 14 et 15 ans, quatre collégiens, dont trois d'origine maghrébine et africaine. L'un d'eux affirme aussi avoir été giflé par un des policiers. Les parents se plaignent de n’avoir même pas été prévenus de la garde à vue des jeunes.

Un exemple, un de plus, du racisme et de l’arbitraire de la police que subissent au quotidien les jeunes des banlieues populaires. Depuis plus d’une semaine, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté pour dire qu’elles n’acceptaient plus de subir. Un juste combat à poursuivre.

Gayraud de Mazars a écrit :
La Commune de Paris en 1871, avait bien déboulonnée La colonne Vendôme