a écrit :Le triomphe du "Non" à la guerre et aux mensonges du PP Les élections générales de dimanche, qui se sont tenues sous l'impact du massacre du 11 mars et de la manipulation informationnelle du PP, ont représenté une déroute notable de ce parti et un succès pour le PSOE. Zapatero est finalement parvenu à concentrer le " vote utile " d'un secteur important de l'électorat qui en a assez de l'autoritarisme et du bellicisme du PP et qui s'est fermement décidé à montrer son indignation face à l'instrumentalisation politique par Aznar et Rajoy du massacre qui s'est déroulé à Madrid.
Mais la victoire du PSOE n'aurait pas été possible sans les mobilisations sociales de cette dernière année qui ont créé l'émergence d'une profonde aspiration au changement politique. Une aspiration qui s'est également reflétée dans les manifestations qui se sont déroulé le samedi 13 mars dernier dans de nombreuses villes et, surtout, dans l'augmentation de la participation électorale, particulièrement dans la jeunesse. Le développement de ces mobilisations est la condition première pour que les espoirs suscités aujourd'hui ne se voient pas frustrés.
Ensemble avec cette donnée fondamentale qui marque le début d'un nouveau cycle politique, il convient de souligner l'augmentation spectaculaire en voix et en sièges du parti " Esquerra Republicana " (Gauche Républicaine) de Catalogne qui démontre ainsi qu'un vaste secteur de la société catalane a exprimé son appui à la volonté du dialogue et à la reconnaissance de la plurinationalité de l'Etat espagnol. Par contre, Izquierda Unida a connu un recul important, principalement dû à la pression du " vote utile " mais aussi, à notre avis, du fait des oscillations et contradictions de son discours électoral et dans sa recherche d'un profil politique différencié qui la ferait apparaître comme une gauche alternative avant et pendant la campagne électorale.
Le nouveau parlement pourra compter, cependant, sur une majorité de gauche et une représentation plus plurinationale, ce qui pose déjà clairement les nouveaux défis que devra affronter le gouvernement qui se formera sous la présidence de Zapatero : le retrait des troupes espagnoles d'Irak devra être la première et immédiate mesure à adopter ainsi que l'engagement à entamer une " seconde transition " dans le but de mener une réforme constitutionnelle qui permette la reconnaissance de la plurinationalité et l'établissement d'un nouveau pacte fédéral basé sur le respect du droit à l'autodétermination des peuples, tels que celui des Basques et des Catalans. L'adoption d'une série de mesures sur le terrain de la défense des libertés et de la démocratie (et tout particulièrement dans le domaine des médias) a un caractère tout aussi urgent.
Dans le domaine économique et social, il est nécessaire d'opérer une rupture radicale avec le capitalisme "de copinage", les privatisations et la précarisation de la majorité des travailleurs (y compris les immigrés, au travers d'une régularisation immédiate de tous les " sans papiers "). Il faudra également s'engager dans une politique fiscale progressiste, offrir la garantie de services publics de qualité, le droit à un logement digne, la création d'emplois stables reposant grâce à des mesures telles que la semaine des 35 heures ; sans oublier l'abandon immédiat du Plan Hydraulique National (PHN) et la fermeture de toutes les centrales nucléaires.
Mais l'expérience des espérances frustrées par la victoire du PSOE en 1982 ainsi que l'orientation dominante dans la direction actuelle de ce parti, exprimée dans les axes de base de son programme et qui se reflètera probablement dans la composition du nouveau gouvernement, ne nous permettent d'avoir aucune confiance dans ce parti. Il faut maintenir et renforcer la mobilisation sociale et l'action citoyenne face au gouvernement qui va se former, en appuyant tout pas en avant qu'il sera conduit à mener, mais tout en maintenant l'autonomie et la pression sur celui-ci dans la perspective de construire une gauche sociale et politique anticapitaliste et alternative, aujourd'hui plus nécessaire que jamais.
C'est pour cela que nous pensons que l'attitude que devrait adopter dans le Parlement des forces comme Izquierda Unida doit être d'appuyer l'investiture de Zapatero comme président du gouvernement et se montrer disposé à des pactes ponctuels sur des thèmes tels que ceux mentionnés ci-dessous, mais non pas à former partie de ce futur gouvernement. Cette dernière option signifierait en effet un appui global au programme de Zapatero.
Dans le court terme, il faut transformer les manifestations du 20 mars prochain en un occasion décisive afin de dénoncer la guerre et l'occupation de l'Irak, pour exiger le retrait immédiat des troupes espagnoles, la rupture de tous les engagements avec les Etats-Unis et la lutte pour une autre Europe, solidaire avec les peuples du " Sud " et, spécialement, avec le peuple palestinien.
Espacio Alternativo (*), 15 mars 2004
http://www.espacioalternativo.org/node/view/299Traduction de l'espagnol : sap-pos website
(*) E.A rassemble dans certaines régions du pays nos camarades de la IVe Internationale (SU) de l'Etat espagnol