Les organisations trotskystes en Argentine

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Re: Les organisations trotskystes en Argentine

Message par com_71 » 02 Oct 2020, 17:33

pouchtaxi a écrit :je n’ai pas eu le courage de vérifier toute la traduction


Moi non plus... :)
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Les organisations trotskystes en Argentine

Message par com_71 » 07 Jan 2021, 00:40

Convergences révolutionnaires a publié récemment une tribune du Partido obrero, qui s'auto-congratule en ces termes :
Argentine : le Parti ouvrier face à la pandémie de Covid-19

Nous publions ci-dessous un article destiné au public français du Partido obrero (parti ouvrier), une organisation trotskyste argentine (https://po.org.ar), au sujet de la crise sanitaire dans ce pays. (8 avril 2020)


La pandémie a frappé l’Argentine dans un contexte d’affaiblissement étatique et alors qu’elle était dévastée par une terrible crise sociale, économique et sanitaire.

L’Argentine supporte en effet une dette publique qui dépasse les 90 % de son PIB, un déficit fiscal énorme et sa Banque centrale manque de réserves pour faire face aux échéances de la dette qui lui restent encore à honorer pour le premier semestre 2020. Banque centrale qui a un passif équivalent à la totalité de sa base monétaire.

Depuis son arrivée au pouvoir, l’orientation du gouvernement péroniste dirigé par Alberto Fernandez a été de subordonner toute sa politique au progrès de la renégociation de la dette avec ses créanciers internationaux et le FMI. Tous les groupes politiques au Congrès national ont accompagné cette politique, à l’unique exception du Front de gauche, et ont voté lors d’une session spéciale du parlement une loi d’urgence donnant des pouvoirs spéciaux au gouvernement national, afin qu’il avance dans la restructuration de la dette et dans l’accord qu’exige le FMI.

La contrepartie de cette orientation a été une offensive en règle contre les retraités, les travailleurs, les précaires et les chômeurs.

Par un décret, le gouvernement a opéré une confiscation scandaleuse des pensions des retraités, de l’ordre de 15 milliards de dollars annuels. Puis il a annoncé la fin des clauses de rattrapage prévues pour accrocher les salaires sur le coût de la vie, conquises par diverses branches grâce à des grèves puissantes dans les années précédentes, afin de préserver le pouvoir d’achat de leurs revenus alors que l’inflation annuelle dépassait les 50 %. Selon une étude récente de l’Indec, l’organisme officiel de statistiques, fin 2019, 35,5 % de la population argentine s’enfonçait dans la pauvreté. Et en quelques mois, malgré la posture du gouvernement autoproclamé « national et populaire », la pauvreté s’est aggravée.

Pour conforter cette orientation, le gouvernement a impulsé un « pacte social » dans l’objectif de concrétiser la subordination des organisations ouvrières aux intérêts patronaux. Toutes les variantes de la bureaucratie syndicale, des péronistes au centre gauche, à l’exception des courants lutte de classes, associés politiquement au Front unité de gauche [1] et des travailleurs (coalition des principales organisations révolutionnaires), se sont intégrées à ce processus d’étatisation du syndicalisme.

Lors de son discours d’ouverture des sessions parlementaires du 1er mars, le président Alberto Fernandez a montré son aveuglement en omettant toute référence au progrès de l’épidémie dans de nombreuses régions du monde. La déclaration de l’OMS, quelques jours après, selon laquelle la propagation du virus était en train de devenir une pandémie, est tombée dans une Argentine au budget de la santé gelé, héritage du gouvernement « néolibéral » et pillé pendant des années par des gouvernements de la gauche péroniste ou de droite.

Devant la confirmation de l’arrivée de la pandémie dans notre pays, le Partido obrero a élaboré un programme des travailleurs pour combattre la propagation du virus, affronter ses conséquences sanitaires et sociales et éviter la chute de la société dans une situation de désorganisation et de banqueroute économique. Nous avons présenté comme tâche de premier ordre la nécessité d’aller vers une centralisation du système sanitaire en un système public unique, intégrant les trois secteurs actuels entre lesquels il se répartit : le système de santé d’État, le privé et celui des œuvres sociales des syndicats. Ce système devrait être placé sous le contrôle direct des travailleurs. De même que dans la majeure partie du monde, le système de santé public argentin est très affaibli à cause de la promotion de la marchandisation de la santé dans le privé par les gouvernements nationaux et régionaux successifs.

Nous accompagnons cette proposition de la demande du doublement des budgets de santé et de la mise en place de comités de sécurité et d’hygiène, élus par les travailleurs eux-mêmes, dans tous les hôpitaux et lieux de travail. Ces comités auraient le pouvoir d’interdire toutes les activités non essentielles ou ne bénéficiant pas des mesures de protection nécessaires pour éviter la propagation du virus. Dès le point de départ de la crise, nous avons demandé, afin d’assurer la quarantaine, que soit garanti aux travailleurs le « droit de retrait », avec maintien du salaire et interdiction des licenciements et du chômage technique forcé. De la même façon, nous proposons que des allocations soient versées, pour un temps indéterminé, à tous les travailleurs à risque, que ce soit par l’âge ou à cause de maladies chroniques avérées. De même, nous nous battons pour qu’un revenu fixe, équivalent au coût du budget familial de base, soit accordé aux 12 millions de travailleurs sans emploi, précaires ou du secteur informel qui sont particulièrement touchés par l’arrêt de l’économie.

Face à l’émergence de la pandémie, l’ensemble des mesures proposées par le Parti ouvrier constitue un programme élémentaire pour éviter que les masses s’enfoncent dans la catastrophe sanitaire et la misère complète. Ce programme d’urgence inclut les revendications d’ouverture des livres de comptes des entreprises qui fixent les prix des aliments, en très forte augmentation, d’impôts progressifs sur les grandes fortunes, de la cessation du paiement de la dette publique et de la nationalisation du système bancaire, du commerce extérieur et des ressources stratégiques. Ainsi, de cette manière, le pays pourra concentrer entièrement ses ressources et son épargne sur la lutte contre la pandémie, contre la misère sociale et réactiver l’économie sous la direction de la classe ouvrière. Au contraire, le gouvernement « national et populaire » a continué sa politique d’austérité avec le paiement de la dette usurière auprès des institutions internationales, et s’est servi des revenus des retraités pour voler au secours des groupes capitalistes frappés par l’arrêt de l’économie. Enfin, avec l’aggravation de la crise économique, nous affirmons la nécessité de la nationalisation sous contrôle ouvrier des usines et entreprises qui ferment, en appelant à des occupations par leurs travailleurs pour imposer cette orientation.

La popularisation de ce programme politique et revendicatif a été le moteur d’une campagne intense d’agitation politique par la presse de notre parti (Prensa Obrera) et par nos porte-paroles officiels. Romina Del Pla, députée nationale du Parti ouvrier dans le Front unité de gauche et des travailleurs, a présenté au Congrès national un projet de loi développant les différents aspects de notre programme face à la pandémie et à la crise capitaliste. Elle a pu le faire avec le crédit que lui donne le fait d’avoir dénoncé, en temps réel, les conséquences catastrophiques du long processus d’affaiblissement du secteur public de la santé. En 2018, par exemple, elle avait demandé le doublement du budget de l’Institut Malbran, l’organisme chargé de l’alerte et de la prévention des situations épidémiologiques. Des projets identiques à celui proposé par Romina Del Pla ont été présentés dans tous les organes législatifs (fédéraux ou nationaux) et les instances exécutives où siègent des parlementaires de notre parti. Autre aspect de cette lutte pour populariser notre programme, Romina Del Pla a assisté, au nom du Parti ouvrier, à une réunion convoquée par le président Alberto Fernandez à la Maison Rose, le palais présidentiel (https://prensaobrera.com/politicas/...). Dernier aspect de cette campagne d’agitation politique, nous avons été à l’origine d’une déclaration commune au Front unité de gauche et des travailleurs dans les termes détaillés plus haut.

Mais l’intervention du Partido obrero ne s’est pas limitée à l’agitation et à la propagande sur notre programme. Par-dessus tout, nos revendications ont été un guide pour notre intervention politique dans les usines, les lieux de travail, les quartiers ouvriers et les centres de formation et d’éducation. Notre courant syndical, Tribune enseignante, qui occupe des postes de direction dans plusieurs sections syndicales et est présent et influent dans la majorité des provinces du pays, a dérangé en demandant la suspension des classes sans présence d’enseignants.

L’exemple de l’enseignement a été suivi par de nombreux secteurs publics et d’État. Les travailleurs de la santé se sont transformés en acteurs majeurs de la dénonciation de l’affaiblissement de l’hôpital public. Dans le secteur privé, les travailleurs des grandes entreprises de la sidérurgie, de l’eau, du gaz et de l’alimentation ont dénoncé les situations problématiques et trouvé des moyens de lutte pour résister aux pressions patronales et exiger des protections pour leur santé. Cela s’est passé de manière identique dans les chemins de fer, lignes de bus et entreprises de l’imprimerie. Le Partido obrero, qui a impulsé un mouvement de masse pour les six heures de travail en soins infirmiers dans les hôpitaux et la revalorisation de la carrière, est redevenu une référence pour les revendications des structures syndicales de base, et de délégués des travailleurs de la santé devant l’émergence du coronavirus.

La coordination du courant syndical lutte de classe du Parti ouvrier a fait une déclaration (https://prensaobrera.com/politicas/...) qui a été signée par les principaux dirigeants syndicaux des secteurs public et privé de notre organisation dans l’objectif d’impulser et développer la lutte livrée par le mouvement ouvrier. Y a été ainsi formulée une orientation d’ensemble pour le mouvement ouvrier complètement opposée à celle proposée par la bureaucratie syndicale, très intégrée à l’appareil d’État et soumise au lobby patronal.

Quelques jours après, un décret du président Alberto Fernandez, certes tardif et limité, est venu matérialiser la demande d’interdiction des licenciements et du chômage technique sans compensation que le Parti ouvrier et le Front de gauche, presque seuls, avaient réussi à mettre en avant dans les semaines précédentes, comme une nécessité impérieuse de tout le mouvement ouvrier. La décision de Fernandez relève d’un réflexe de survie devant une recrudescence de la crise sociale, qui pourrait entraîner l’explosion d’une révolte populaire.

Le Pôle ouvrier, notre organisation de chômeurs et travailleurs précaires a joué un rôle de premier plan dans la lutte pour défendre « le droit de manger » pour la partie de la classe ouvrière la plus touchée par la paralysie économique, se battant pour l’accès à la nourriture, l’assurance chômage et le fonctionnement des cantines populaires dans les quartiers. Dans la lutte pour que l’État mette les moyens pour être présent dans les secteurs les plus reculés, le Pôle ouvrier a obtenu, dans un pays en quarantaine (confinement) et ce en à peine une semaine, l’inscription sur les listes des bénéficiaires de plus de 80 000 travailleuses et travailleurs sans emplois et précaires. Des campagnes similaires d’inscription sur les listes pour bénéficier des aides ont été menées par les groupes du PO chez les étudiants et les artistes. Le Pôle ouvrier a refusé d’être intégré à un Conseil de collaboration de classes, installé par le gouvernement, avec des entrepreneurs, les représentants des Églises, toutes les variantes de la bureaucratie syndicale, du péronisme au centre gauche, et les organisations de sans-emplois corrompues et sous tutelle du gouvernement. Au contraire, notre organisation est à la tête d’un front unique de lutte, indépendant.

La quarantaine a entrainé l’augmentation d’un fléau, préexistant, en Argentine et dans le monde entier : celui de la violence machiste contre les femmes. Dans notre pays, en trois semaines à peine de quarantaine, huit féminicides ont eu lieu, qui ont remis en lumière l’absence complète de moyens de l’État pour apporter une aide aux femmes victimes de violence. Le secteur femmes du PO, l’Assemblée pleinière des travailleuses, a été à l’origine, dans un front unique avec de nombreuses organisations féministes et des femmes de tout le pays, d’un tintamarre massif national avec comme slogan « Pas une de moins, l’État est responsable ».

La "Prensa Obrera", reflet de toutes et chacune de ces luttes, est devenue le « premier militant » de notre parti. Elle a fait un bond historique en atteignant les 1 500 000 visites sur notre site sur le seul mois de mars et les correspondants de notre journal se sont multipliés, jusqu’à atteindre les 300 dans tout le pays. Dans le même temps, nous avons organisé des discussions-débats virtuels (sur Facebook en direct) sur les principaux problèmes qui intéressent les travailleurs, les femmes et les jeunes. Pour l’anniversaire du coup d’État génocidaire de 1976, dans le cadre de la quarantaine, nous avons animé, avec l’extrême gauche lutte de classe, une mobilisation politique virtuelle. À travers un texte public, qui dénonçait l’engagement de tout l’arc politique patronal et gouvernemental pour l’impunité et la répression, nous avons refusé la position de « tourner la page » de la période de terreur, exprimée quelques jours auparavant par Alberto Fernandez lui-même. Le Parti ouvrier a maintenu systématiquement les réunions de tous ses groupes et les débats de préparation de son XXVIIe congrès, afin d’ajuster son intervention politique dans le contexte de la crise. Il a fait une déclaration, avec diverses organisations d’Amérique latine, affirmant une position révolutionnaire face à la crise déclenchée par la pandémie et la recrudescence de la banqueroute capitaliste dans notre sous-continent. En pleine quarantaine, le PO a réaffirmé sa position de parti de combat de la classe ouvrière.

Comme nous l’avons démontré plus haut, la quarantaine a renforcé toutes les contradictions sociales déjà présentes avant l’arrivée de la pandémie. Les luttes pour la défense des salaires et du travail, parallèlement à celle pour la protection de la santé du peuple, sont déjà placées à la une de l’agenda politique des travailleurs. Le PO intervient et se prépare pour faire face à une lutte décisive et vitale pour toute la classe ouvrière argentine.

Pablo Giachello

[1] Gauche désigne en Argentine l’extrême gauche, principalement trotskiste. On y trouve le Parti ouvrier, le PTS (que nous connaissons ici via Révolution permanente), le MST, le PSTU, et une petite organisation radicale.

https://www.convergencesrevolutionnaire ... e-Covid-19
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Re: Les organisations trotskystes en Argentine

Message par com_71 » 13 Avr 2021, 17:54

PO - tendencia - anime une tendance internationale (sauf erreur) représentée en Italie par "Prospettiva operaia", qui a récemment adressé un appel à "L’internazionale" qui y a répondu sur son site. Ci-dessous traduction automatique de cet échange :
Un appel de "Perspective ouvrière"

Nous avons reçu du groupe "Perspective ouvrière" un appel intitulé "Une réponse ouvrière à l'urgence du coronavirus - La lutte contre l'épidémie et la lutte contre le capitalisme" co-écrit avec les autres organisations du courant international auquel il appartient. Ces camarades ajoutent : "A notre avis, il est important que les groupes qui se réfèrent au marxisme révolutionnaire donnent vie, dans une telle phase, à une réflexion et un débat collectifs, pas seulement sur l'urgence sanitaire" et ils écrivent "Si vous êtes d'accord avec ce contenu vous pouvez le signer et le partager sur votre site Web ". Nous sommes heureux de publier cet appel et notre réponse.

La réponse de "L’internazionale"

À la rédaction des collaborateurs de "Perspective ouvrière"

Chers camarades,

Nous vous remercions d'avoir envoyé votre appel «UNE RÉPONSE DES TRAVAILLEURS À L'URGENCE DU CORONAVIRUS - La lutte contre l'épidémie et la lutte contre le capitalisme» rédigé avec les organisations de votre tendance internationale.

Comme vous le verrez en lisant les textes sur notre site et celui notre tendance internationale, l'Union communiste internationaliste, nous partageons l'essentiel de votre analyse sur la situation actuelle. L'extension de l'épidémie de coronavirus ne fait que précipiter une crise qui est celle du système capitaliste lui-même. La succession des crises financières, des guerres, le développement de tendances protectionnistes, l'incapacité des gouvernements à ouvrir une vraie perspective de développement et à faire face à la crise climatique, l'aggravation des conditions des masses non seulement dans les pays les plus pauvres mais aussi dans les pays plus développés d'Europe ou du continent nord-américain en sont tout autant d'indications. L'impérialisme, la «phase sénile du capitalisme» comme le disait Lénine, connaît une phase d'agonie. Bien que cette agonie puisse être encore longue et entraîner des développements catastrophiques, l'avenir appartient à la classe ouvrière internationale. C'est la seule classe capable de remplacer ce système par une organisation sociale véritablement humaine, à savoir le communisme.

Cette situation place tous les militants communistes révolutionnaires, et en particulier ceux qui se réfèrent au trotskysme, face à leurs responsabilités. Eux seuls peuvent offrir une perspective révolutionnaire authentique à la classe ouvrière, sur la base de l'expérience du bolchevisme et de la révolution d'octobre dont le programme de transition trotskyste n'est rien d'autre que l'expression concentrée. Il faut donner à cette perspective une forme concrète qui ne peut être que l'existence de parties communistes révolutionnaires fortement enracinées dans la classe ouvrière, capables de donner une direction à ses luttes, et d'une internationale communiste révolutionnaire. La construction de ces partis et de cette Internationale sont des tâches urgentes, qui doivent être au centre de l'attention de tous les militants.

La route pour construire un tel parti en Italie n'est pas écrite à l'avance. Malheureusement, cela pourrait être long et compliqué et aujourd'hui aucun des groupes existants ne peut prétendre détenir la clé. Espérons simplement que tous les militants et les tendances éparses qui se reconnaissent aujourd'hui dans le programme trotskyste, et d'autres aussi, se retrouveront finalement dans le même parti. Pour cela, ils devront consacrer tous leurs efforts au travail révolutionnaire dans la classe ouvrière, visant à conquérir ses éléments les plus combatifs et les plus conscients. Chacun doit tout faire pour développer son travail et son expérience, comme contribution à la construction de ce parti. En parallèle, des échanges, des discussions et éventuellement des collaborations entre ces tendances devront se développer, au niveau national comme au niveau international, sans sectarisme ni préjugés.

Bien entendu, il n'est pas question pour nous de signer votre appel. Ce texte porte la marque de votre tendance et de votre manière de concevoir l'intervention. Il est naturel, dans la phase actuelle, que chaque groupe s’exprime avec ses propres mots et par lui-même, comme nous le faisons par nous-mêmes. Ajouter des signatures à un texte est inutile, ce qui est utile, c'est l'engagement des militants à donner vie à une intervention concrète dans la lutte des classes.

Cependant, nous porterons volontiers votre appel à la connaissance de nos camarades, entre autres sur notre site Internet, en le considérant comme une contribution à un objectif révolutionnaire commun.

Dans l'espoir d'avoir d'autres occasions de discussion et de débat, nous vous adressons nos salutations communistes et révolutionnaires.

16 avril 2020

"L’internazionale"

L'appel de "Perspective ouvrière"

Un programme d'action international de la classe ouvrière pour faire face à la propagation de la pandémie et à l'incapacité des gouvernements capitalistes

La crise déclenchée par la propagation du coronavirus a pris une nouvelle dimension - sanitaire, économique et politique.

D'une part, le nombre de patients approche les 700 000 cas, même si on estime qu'il est déjà beaucoup plus élevé maintenant, car dans le monde il n'y a pas de mesures de détection ou elles sont confrontées à des retards importants dans la mise en œuvre. Le nombre de morts est passé à 30 000 et, à quelques exceptions près, le taux de mortalité est à la hausse. L'épidémie a atteint le pays le plus puissant du monde, les États-Unis, ce qui en fait «l'épicentre» de l'épidémie mondiale. Après des années d'austérité antisociale, en particulier dans le domaine de la santé, le système de santé, même dans les pays capitalistes développés, s'est complètement effondré.

En revanche, les gouvernements ont abandonné tout intérêt à contenir l'épidémie, au profit d'une politique d'«atténuation», également appelée «aplatissement de la courbe» de la croissance. C'est-à-dire prolonger l'épidémie dans le temps - et se contenter d'un système de santé saboté par tous les gouvernements. Les quarantaines sont complètement limitées, en raison de la pression capitaliste pour maintenir la majeure partie de la production - pas seulement les plus essentielles, comme la nourriture, les soins de santé et leurs chaînes d'approvisionnement.

Le troisième aspect est l'adoption de subventions gigantesques pour financer le capital, qui dans le cas des États-Unis atteint quatre mille milliards de dollars en paquets budgétaires et monétaires. C'est un crédit gigantesque de la Réserve fédérale et du Trésor, qui vole le financement des salaires, des retraites, de la santé et de l'assistance sociale - stigmatisés avec intérêt, seuls eux, comme «inflationnistes». Cette subvention sans précédent au capital met la crise sanitaire dans une impasse, car sans «distanciation sociale» vigoureuse, avec la fermeture de la production et de tous les transports, les travailleurs seront condamnés à mourir dans leur emploi.
Puisque le capital n'existe pas en tant que tel s'il reste stationnaire, mais à travers sa valorisation ininterrompue, les différents Trump, Bolsonaro, Piñera, Lacalle Pou ont décidé d'aller vers une confrontation ouverte contre les travailleurs, mais aussi contre les autres États capitalistes, annonçant l'abolition des quarantaines ou des directives de «distanciation» et de toute restriction sur les industries, le commerce et les lieux publics - «Ouvrez-vous», selon les termes de Trump. Les États-Unis deviendraient ainsi un diffuseur explosif de la pandémie au niveau international. Aux États-Unis comme au Brésil, cette décision a ouvert, dans les deux cas, une crise politique entre le gouvernement central et les États fédéraux les plus importants. Une période de crise politique s'ouvre à travers le monde, qui se perçoit dans les tentatives de contre-attaques, administrative et parlementaire. L'incapacité à inverser l'épidémie révèle l'état d'ingouvernabilité des États.

Cette incapacité se manifeste par une autre incapacité : celle de créer une association internationale pour lutter contre la pandémie de manière concertée et coopérative. Au lieu de cela, les frontières et les frontières qui étaient ouvertes sont fermées, comme dans le cas de l'UE, même les frontières sont établies à l'intérieur des nations elles-mêmes ; il n'y a pas d'unification des efforts pour obtenir un vaccin efficace ; la lutte pour le contrôle des industries des équipements pharmaceutiques et médicaux se développe. Non seulement les sanctions économiques sont toujours en place, en particulier par les États-Unis contre l'Iran, le Venezuela, la Russie et même la Chine, mais les guerres, l'hostilité et la répression contre les réfugiés de ces guerres sont en augmentation. Au milieu du système de santé débordant et de la crise industrielle, le capital financier et le FMI resserrent les vis sur les pays dépendants pour honorer les contrats de dette d'un billion de dollars.

La crise que traverse l'humanité n'est pas virologique ou sanitaire - c'est la crise d'un régime historique de domination, dont la gestion de la crise est plus catastrophique que jamais. Il ne peut pas se passer de la main-d’œuvre, mais il ne peut pas la protéger. Sa logique l'amène à sortir de cette crise avec des méthodes traditionnelles, c'est-à-dire la destruction des forces productives qui se manifeste par le chômage de masse, la décomposition des forces matérielles de production et, finalement, les guerres. En même temps, tout continue, condamnant les travailleurs et les retraités à une mort par le virus. Les statistiques montrent que même les enfants n'échappent pas aux soi-disant groupes à risque. Il est très difficile de résister à cette situation sans une perspective globale sur laquelle un programme d'action peut être ancré.
En effet, la rébellion populaire ne s'est pas faite attendre. Les grèves «sauvages» en Italie, en Espagne, en Grande-Bretagne, au Brésil, en Argentine et aux États-Unis, en particulier, poursuivent le même objectif: «notre vie avant tout». "Nos vies, d'abord" ".

La classe ouvrière exige :

la fermeture temporaire des industries non essentielles, sans réduction des salaires ; des protocoles de santé et d'hygiène émis par des assemblées [de travailleurs]; la réduction de la journée de travail à six heures et quatre équipes par jour, avec l'embauche de nouveaux employés ; quatre heures de travail par jour pour le personnel de santé et les nouveaux employés couverts par la convention collective ;
des quarantaines dans les quartiers avec des protocoles qui tiennent compte de la surpopulation et du manque d'autres espaces appropriés ; la production et l'acquisition de respirateurs et d'équipements de diagnostic et un plan de test massif ; l'achèvement des hôpitaux semi-construits ; l'intervention de l'État dans les soins de santé et la production pharmaceutique privée, sous le contrôle des travailleurs ;
pas de renflouement du capital, nationalisation contrôlée par les travailleurs et allocations pour les soins de santé, le logement, la nourriture et les médicaments ;
salaire minimum égal au coût du panier familial pour l'ensemble du monde du travail - par conséquent pour les travailleurs non déclarés, les travailleurs à revenu unique, les chômeurs, les travailleurs précaires et les femmes chefs de famille ;
régularisation immédiate pour tous les migrants irréguliers ; l'amnistie pour les détenus sans condamnation ou les détenus pour des délits mineurs ; plan de santé d'urgence dans les quartiers populaires des pays avancés et arriérés (banlieues, favelas, habitats insalubres ou bidonvilles), sous le contrôle des ouvriers et des habitants du quartier ;
mettre un terme à tous les paiements de dettes publiques ;
via des sanctions internationales, l'obligation de tous les pays d'accueillir les réfugiés, dans des conditions humanitaires, sous la supervision des organes des droits de l'homme ;
plan d'aide spécial pour la population de Gaza, sous supervision humanitaire internationale;
éloigner toutes les puissances de la Syrie ;

pour l'unité internationale de la classe ouvrière ;

Un programme d'action de la classe ouvrière placera le conflit entre le capital et le travail à l'ordre du jour international, comme c'est déjà le cas. «Confinement», «atténuation» et «mise en quarantaine» s'accompagnent d'une répression policière. Au Chili, il y a un couvre-feu. Des tests d'essai sont lancés en Argentine pour décréter l'état de siège. Sous la pression des ouvriers et la désintégration qui menace les gouvernements, du fait de l'impact de la crise sanitaire et de l'effondrement économique, les coups d'État des états-majors sont «mis à jour».

Face à la crise dans son ensemble, les bureaucraties syndicales se sont alignées sur les États et les gouvernements, et sont les protagonistes des conflits politiques, des atténuations et des mises en quarantaine de la classe ouvrière.

Il est nécessaire de s'attaquer à la bureaucratie, en appelant les syndicats à une action indépendante et surtout en créant des comités de travailleurs. La lutte quotidienne doit conduire à une lutte globale; il n'y a pas droit à l'illusion de solutions isolées dans une entreprise ou une industrie, ou aux travailleurs de telle ou telle catégorie.

Ils viennent à nous, avec toutes les ressources de la politique et de l'État; nous allons en légitime défense avec nos ressources politiques et organisationnelles : syndicats et partis indépendants - coordination internationale de la classe ouvrière.

"Perspective ouvrière", 29 mars 2020

http://www.linternazionale.it/spip.php?article1297
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Re: Les organisations trotskystes en Argentine

Message par Duffy » 30 Avr 2021, 09:25

"Convergences révolutionnaires" a sous-titré des vidéos réalisées par le PO à l'occasion des 45 ans du coup d’État de Videla :
https://www.convergencesrevolutionnaire ... -militaire
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Re: Les organisations trotskystes en Argentine

Message par artza » 01 Mai 2021, 06:27

Merci.
C'est très intéressant. Nécessaire à avoir en tête après avoir passé quelques décennies dans la paisible et relativement confortable Europe occidentale.

Sur les divergences évoquées avec le PST (Moreno) je ne sais pas, c'est difficile de se faire la moindre idée.

Le PO semble très fier d'avoir prévu la nature "génocidaire" de la dictature et de leur capacité à survivre et agir sous cette dictature.

Dans les années 80 j'ai entendu des morenistes très fiers d'avoir anticipé la fin de la dictature et être sorti au grand jour ce qui leur aurait donné une longueur d'avance sur tout le monde, expliquant en partie le succès du MAS (mouvement vers le socialisme successeur du PST).

Construit sur un réel dévouement militant et avoir rencontré un relatif succès, sans fondation politique sérieuse, le MAS n'a pas résisté entre autre à la fameuse chute du mur de Berlin !
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Re: Les organisations trotskystes en Argentine

Message par com_71 » 16 Sep 2021, 17:58

Les primaires (paso) avant les législatives de novembre viennent d'avoir lieu en Argentine. Le front d'extrême gauche est donné en 3e position. Le groupe d'altamira (politica obrera), exclu du po (partido obrero), leur impute des compromissions politiques majeures. Lui il s'est présenté indépendamment du front et revendique quelques "succès" locaux isolés où il aurait devancé soit le front dans son ensemble soit un des partis du front (malgré l'"unité" chaque parti voit ses voix décomptées séparément).
Un forumeur hispanisant sera peut-être à même de débrouiller tout ça. Il semble quand même que les votes d'extrême-gauche soient rarement en augmentation et restent globalement en deçà de 5%.
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Re: Les organisations trotskystes en Argentine

Message par Duffy » 18 Sep 2021, 13:35

Les PASO sont des primaires "ouvertes" (pas besoin d'être membre d'une organisation politique pour participer), "simultanées" et "obligatoires" (la participation est obligatoire pour les votants de 18 à 70 ans, et pour les partis/candidats qui voudraient se présenter aux élections).

Le site du PO propose une carte des résultats du FIT-U ("Front de gauche et des travailleurs-Unité", composé de groupes qui se revendiquent encore du trotskysme : PO, PTS, IS, en plus, plus récemment, du MST, issu comme le PTS et IS du groupe de Moreno) :
https://prensaobrera.com/elecciones-2021/

Puisqu'il est question du groupe d'Altamira, je ne crois pas qu'aucun candidat de Politica obrera atteigne le score minimum pour se présenter aux élections générales (il faut 1,5% minimum aux primaires, si j'ai bien compris...), lors desquelles la moitié des députés sera renouvelée. Deux exemples de résultats de dirigeants de Politica obrera :
- Dans la région de Buenos Aires, Altamira fait 0,33%, alors que le FIT-U (avec del Caño en tête, déjà député, du PTS, le principal groupe de la Fraction Trotskyste-IVe Inter) fait 5,22% (432.923 voix)
- À Buenos Aires même (CABA), Ramal fait 0,43%, alors que le FIT-U (Bregman arrive en tête, députée aussi, du PTS aussi) fait 6,23% (108.758 voix)

À noter un score au-dessus de la moyenne : les 23,31% (81.613 voix) du FIT-U au Nord, à Jujuy, pour une raison que j'ignore absolument... Là aussi c'est un militant du PTS, député, Alejandro Vilca, qui sera candidat. D'une façon générale, il semble que la plupart des candidats du FIT-U seront du PTS...

C'est "la meilleure élection de l'histoire du FIT-U", si l'on en croit la presse :
https://www.tiempoar.com.ar/politica/el ... diputados/

Bien sûr, tout cela aurait plus de sens si quelqu'un était capable de nous expliquer concrètement qui est qui, dans quels milieux, pour quelle politique, etc. Ce dont je suis bien incapable faute de suivre tout ça avec attention...

Les résultats généraux (mouvement vers la droite et contre le gouvernement) :
https://www.clarin.com/politica/resulta ... eU2HA.html
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Re: Les organisations trotskystes en Argentine

Message par com_71 » 19 Sep 2021, 01:52

Duffy a écrit :...Puisqu'il est question du groupe d'Altamira, je ne crois pas qu'aucun candidat de Politica obrera atteigne le score minimum pour se présenter aux élections générales (il faut 1,5% minimum aux primaires, si j'ai bien compris...), lors desquelles la moitié des députés sera renouvelée...

On peut pourtant lire cela :
A Santiago del Estero, nous passons. Le Parti pour un Santiago Ouvrier - nom de Politica Obrera dans la province de Santiago del Estero - a dépassé le plancher imposé par le PASO. 1,65% des voix nous permettent d'aller vers les élections législatives, comme la seule force de gauche qui présentera des candidats à la députation nationale pour la province. Le MST n'a pas passé ce seuil.

https://politicaobrera.com/politicas/55 ... si-pasamos
La gauche [province de Salta]

Dans le camp de la gauche, le FIT-U a obtenu 5,06 %. Une croissance de 8 mille voix par rapport au PASO de 2019. Le bénéficiaire de ce nouveau flux de voix est Andrea Villegas du MST, qui était en concurrence avec Cristina Foffani pour l'appareil national du PO en tête de la liste du PTS. Villegas a obtenu 17 916 voix - 3,13% - tandis que Foffani a remporté 11 071 (1,94%).

Politica Obrera a obtenu 16 261 voix - 2,84% - 3,24 % et 4,57 % à Oran et Capital respectivement. A Orán, San Martín et Metán, les trois principaux départements, nous sommes arrivés premiers des votes de gauche. Dans presque toutes les villes de la province, nous avons battu la liste du PTS dirigée par Foffani. Le Nuevo MAS, pour sa part, n'a pas pu dépasser le plancher de 1,5%, il a obtenu 0,75%.

Avoir passé le PASO place les camarades de Politica Obrera de Salta devant le défi d'avancer sur ce qui a été réalisé lors de deux élections successives et de renforcer la lutte dans l'enseignement.

https://politicaobrera.com/politicas/5560-salta-pasamos
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Les organisations trotskystes en Argentine

Message par Duffy » 19 Sep 2021, 07:06

Ah, effectivement, en regardant les résultats sur le site de Clarín, j'avais raté Salta (2,84% pour Julio Quintana). Et Santiago del Estero aussi, mais à ma décharge le PO(T) y avait un autre nom. :mrgreen: Merci de me corriger.
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Re: Les organisations trotskystes en Argentine

Message par Duffy » 24 Nov 2021, 08:37

Gabriel Solano du PO, dans une vidéo pour Convergences révolutionnaires.
https://www.youtube.com/watch?v=MKLCPHRtB-0
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