Covid19

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Re: Covid19

Message par com_71 » 05 Mai 2021, 06:28

2 mai 2021, BFMTV, Salomé Vincendon a écrit :"Bien sûr que je me suis trompé": pourquoi des scientifiques se sont leurrés sur le Covid-19

Virologues, épidémiologistes, infectiologues... Depuis un an, ils sont partout, questionnés chaque jour sur l'avancée et la dangerosité de la pandémie, afin d'obtenir des réponses à la crise sanitaire majeure actuelle. Et à quelques reprises, ils se sont trompés.

"Il n'y aura pas d'épidémie en France", "il n'y aura pas de seconde vague", "ce n'est pas la peine de porter un masque"... Plus d'un an après le début de la pandémie de Covid-19, ces phrases, prononcées par des médecins et des spécialistes du virus en 2020, semblent complètement incongrues. Elles ont été démenties avec le temps, mais ont nui au passage au monde scientifique et à ses acteurs.

Alors comment des chercheurs, certains parmi les plus renommés, ont-ils pu se tromper face au Covid-19 ? Et pourquoi continuerait-on à faire confiance à leurs déclarations, alors qu'ils ont déjà fait fausse route ?

"Bien sûr que je me suis trompé"

En janvier 2020, alors que les premiers cas de Covid-19 étaient détectés en France, Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Bichat (Paris), et futur membre du conseil scientifique, déclarait sur RTL: "il n'y aura pas d'épidémie en France", à l'exception de quelques cas isolés. Aujourd'hui, il n'hésite pas à revenir sur ses propos :

"Bien sûr que je me suis trompé. Tout au début je ne pensais pas qu’il y aurait une épidémie de cette ampleur", dit-il à BFMTV.com.

"Quand j'ai vu ce qu'il se passait en Italie, je ne pensais pas qu'on en serait à devoir confiner comme eux", se rappelle de son côté Philippe Juvin, chef du service des urgences à l'hôpital Georges-Pompidou (Paris) auprès de BFMTV.com. "Je me souviens de mes commentaires sur un plateau disant 'bah oui mais les Italiens sont moins bien organisés que nous'. Ce n'était pas une sous-estimation de la maladie mais une surestimation de notre organisation", précise-t-il. Il assure avoir "toujours pensé qu'il y avait un danger", mais "l'idée que l'on puisse prendre des mesures aussi dures vis à vis de la population paraissait impossible".

"Je me prends sans arrêt dans les dents ma sortie de début mars sur le port du masque 'inutile pour les asymptomatiques'. On ne savait pas alors qu’ils pouvaient être contaminants", expliquait de son côté, en décembre le médecin Jean-Paul Hamon, régulièrement interrogé au sujet de la pandémie, dans Télérama.

Hors plateaux télévisés, dans les couloirs des hôpitaux et des institutions scientifiques, "il y a plein de gens qui se sont trompés, parce que c’est un truc énorme, on ne pensait jamais tomber là-dedans", explique Yazdan Yazdanpanah. Dominique Costagliola épidémiologiste et directrice de recherches à l'Inserm, déclare ainsi à BFMTV.com n'avoir "compris que cela allait être grave que le 24-25 février [2020], et pas avant".

Un virus encore inconnu il y a un an

Ces nombreuses approximations sont principalement liées à la méconnaissance du virus, de son fonctionnement, et de ses dynamiques de diffusion. Si de nombreuses avancées ont été réalisées ces derniers mois concernant la compréhension du Covid-19, il faut garder à l'esprit que le SARS-CoV-2 est un nouveau coronavirus qui conserve encore aujourd'hui plusieurs zones d'ombre et évolue constamment, en témoigne l'apparition des variants. Sa dangerosité et sa contagiosité ont été découvertes par tous à l'épreuve de sa diffusion dans le monde.

"Lorsque vous avez un virus complètement nouveau, vous partez d'une position où, par défaut, vous ne savez rien", expliquait en mai dernier sur la chaîne américaine CNBC Carl Bergstrom, professeur de biologie à l'Université de Washington. "Vous pouvez au mieux faire des suppositions en vous basant sur ce que vous savez des précédents coronavirus et des épidémies antérieures d'autres virus respiratoires", déclarait-il.

"Je sais exactement pourquoi je me suis trompé", explique ainsi Yazdan Yazdanpanah. "On a su assez rapidement que c’était un coronavirus, et je connais les coronavirus, j’ai géré deux épidémies de coronavirus, le SARS et le MERS, et je faisais le mimétisme entre ce pathogène là et les pathogènes précédents. Avec le temps on a compris que c’était complètement différent".

Sur un autre plan, "l'effet hivernal [sur la circulation du virus] nous a surpris", explique également l'épidémiologiste Martin Blachier à BFMTV.com. Lui avait calculé une remontée épidémique en septembre, pensant toutefois qu'elle allait être contrôlée par le port du masque et les différentes restrictions. Mais ces mesures "ont été totalement dépassées à un moment très précis qui est fin octobre, quand on a perdu 15 degrés. Les gens ont changé de mode de vie, tout a changé, et là les courbes se sont envolées dans toute l’Europe", se souvient-il.

"La difficulté de répondre dans l’instantané"

Selon Yazdan Yazdanpanah, ces erreurs peuvent également venir de la difficulté d'expression de certains scientifiques dans les médias, car "tous n'avaient pas l’habitude de passer à la télé ou à la radio, moi y compris, et je pense qu'il y a de ça", explique-t-il. Le temps de la recherche est en effet un temps long, qui ne s'est pas toujours bien marié avec le temps court des médias, attendant des réponses claires et rapides.

Dominique Costagliola souligne ainsi "la difficulté de répondre dans l’instantané lorsqu’il faut prendre le temps de réfléchir aux conséquences de décisions ou de faits nouveaux". "J’ai essayé de ne parler que de choses dont j’étais sûr, mais avec ce virus… Il fallait prendre son temps et du recul, ce qui n’est pas toujours simple dans cet univers médiatique où tout doit aller très vite", explique également Jean-Paul Hamon.

Beaucoup se sont rendus compte ces derniers mois du poids de leur parole, dans un monde en crise sanitaire qui avait besoin de réponses. "Je lisais la littérature scientifique, et quand j'affirmais quelque chose je disais 'ce n'est pas Philippe Juvin qui le dit c'est tel article dans le New England ou dans The Lancet' [revues scientifiques renommées]. J'essaye de ne pas donner des opinions, j'essaye de donner des faits", explique le chef de service.

Même si cela peut avoir un côté déceptif, "il faut savoir dire 'je ne sais pas', 'ça ne fait pas partie de mon domaine d'expertise'", déclare à BFMTV.com l'épidémiologiste Catherine Hill. Pour Yazdan Yazdanpanah, il faut aussi avoir conscience que chaque chercheur parle avec sa vision de l'épidémie et les connaissances qu'il en a. "C’est ce que l’on appelle les biais cognitifs: il y en a qui préfèrent garder le scénario le plus optimiste, d'autres le pessimiste".

"Les gens croient que les scientifiques ont des certitudes, mais non, les scientifiques procèdent par doute"

Beaucoup dépend donc de la personne qui est interrogée et de son rôle dans la crise sanitaire, car elle n'aura pas la même vision de la situation. "Il y a au fond assez peu d'intersection entre mon approche de la pandémie et celle d'un virologue ou d'un réanimateur", explique Catherine Hill. "Je sais beaucoup de choses qu'il ignore, il sait énormément de choses que j'ignore. Nous ne sommes pas du tout interchangeables". Un médecin généraliste, par exemple, ne voit pas les gens arriver en réanimation, et est moins à même de répondre à ce sujet.

Si des scientifiques ont découvert la télévision, et l'exposition au grand public ces derniers mois, il ne faut pas non plus oublier qu'une bonne partie de la population a découvert les virologues, les infectiologues ou encore les épidémiologistes début 2020. Le fonctionnement de la recherche scientifique était, et reste encore, grandement inconnu de la population. Difficile ainsi de comprendre comment un médecin peut dire quelque chose, et être contredit ensuite par un autre.

"La science progresse par tâtonnements, c'est même la démarche scientifique qui consiste à douter, observer, à discuter des hypothèses" différentes, rappelle Philippe Juvin, "et les gens sont troublés quand ils voient cela, parce qu'il n'y a pas de culture scientifique dans la société. Les gens croient que les scientifiques ont des certitudes, mais non, les scientifiques procèdent par doute, au contraire. On n'a pas de certitudes, on a des hypothèses qui se vérifient ou se contredisent".

Ainsi aujourd'hui, beaucoup de questions restent encore sans réponse définitive, avec des hypothèses au sujet du Covid-19, comme concernant le niveau de contagiosité des enfants. "Regardez les écoles, on continue de tâtonner pour savoir s'il faut les ouvrir ou les fermer parce qu'il y a des arguments scientifiques très contradictoires", souligne Philippe Juvin.

"Les scientifiques étaient considérés comme des rois"

"En ce moment d'incertitude massive, avec des données et des analyses changeant quotidiennement, les désaccords honnêtes entre des experts de différentes spécialités, de formation scientifique et de perspectives différentes sont à la fois inévitables et souhaitables", écrivaient, dès mai, deux professeurs de médecine américains, sur le média d'informations sur la santé Statnews.

Personne n'a ainsi oublié les débats houleux sur l'hydroxychloroquine, et leurs lots d'erreurs. Le spécialiste des maladies infectieuses Didier Raoult a martelé pendant des mois qu'il s'agissait d'un remède efficace, alors que de nombreux autres rejetaient son hypothèse. Plusieurs études ont ensuite pointé du doigt l'inefficacité de ce traitement, mais lui déclarait encore mi-avril sur BFMTV être certain "qu'on finira par lui donner raison". Difficile de déceler qui des deux parties a raison pour un amateur.

"Les scientifiques étaient considérés comme des rois, des gens qui n’avaient pas d’incertitude, et là le grand public a compris qu’il y avait plein d’incertitudes. Le public a vu qu’on n’était pas sûr et par ailleurs il a vu qu’on s’engueulait ou encore que les gens qui se trompaient ne disaient pas qu’ils se sont trompés", déclare Yazdan Yazdanpanah, pour qui cette année a fait du mal à l'image du monde scientifique. "Mais ce n’est pas grave, il faut construire là-dessus, ce que nous a appris cette pandémie c’est à être plus humble".

Le bilan est plus mitigé pour Dominique Costagliola pour qui "il y a eu à la fois de la désinformation par des supposés scientifiques mais aussi tant de travail collectif pour arriver à améliorer la prise en charge des personnes ayant le Covid-19, pour développer des vaccins en un temps record et pour étudier les conséquences du virus sur la santé des personnes". "Cette crise sanitaire a fait que l'on a mis au point et distribué un vaccin en un an, et je trouve que cela, c'est plutôt un miracle scientifique qu'un échec", abonde Philippe Juvin.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Covid19

Message par com_71 » 07 Mai 2021, 23:20

Avis du Conseil scientifique, qui s'est auto-saisi, le 6 mai 2021.
Il détermine "pour aller vers un début d’été plus serein" un seuil de vaccination -35 millions de primo-injections fin juin - qui semble difficile voire impossible à atteindre au rythme actuel des injections. L'atteinte de ce seuil suppose 324 300 primo-injections par jour (y compris samedis, dimanches et jours fériés) jusqu'au 30 juin (35.000.000-17.164.131= 17.835.869 17.835.869/55=324.289).

https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/p ... i_2021.pdf
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Re: Covid19

Message par Plestin » 03 Juin 2021, 15:55

Encore un qui aurait mieux fait de se faire vacciner !

Sur Franceinter.fr :

https://www.franceinter.fr/info/serge-r ... e-au-covid
Serge Rader, antivax et conseiller de Dupont-Aignan, est mort après une hospitalisation liée au Covid

par Victor Vasseur, publié le 31 mai 2021 à 17h49

Figure de proue du mouvement des antivaccins, l’ex-pharmacien Serge Rader est décédé en Guadeloupe. Proche de Nicolas Dupont-Aignan, engagé à ses côtés depuis une dizaine d'années, il avait été admis en réanimation après avoir développé des symptômes du coronavirus.

Il s’était fait un nom parmi les anti-vaccins et les complotistes. L'ancien pharmacien Serge Rader est mort à l’âge de 68 ans, après avoir été hospitalisé en réanimation à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe). Il est décédé d'un "arrêt cardiaque, affaibli par [une] infection nosocomiale", d'après sa famille interrogée par nos confrères du Parisien. Il sortait alors d'une hospitalisation (dont une semaine en réanimation) après avoir contracté le Covid-19, rapporte le quotidien. Serge Rader était engagé aux côtés de Nicolas Dupont-Aignan, président et fondateur du parti Debout la France.

Son rôle auprès de Nicolas Dupont-Aignan

Cet ancien pharmacien était un proche de Nicolas Dupont-Aignan. Sa page LinkedIn mentionne d'ailleurs qu'il était "conseiller santé à Debout la République" (le parti de Dupont-Aignan, devenu Debout la France), depuis 11 ans.

Il s'était présenté aux élections législatives de 2012 sous les couleurs de ce parti, rappelle Conspiracy Watch, l'observatoire du complotisme. Deux ans plus tard, sous la même bannière, il était alors candidat aux élections européennes.

Sa position sur les vaccins

Opposant farouche à l’obligation vaccinale, Serge Rader avait notamment estimé "que les autorités instillaient la panique chez les citoyens pour les préparer à un vaccin contre la Covid", comme nous l'expliquions dans un précédent article sur la galaxie des antivaccins.

Dans une vidéo relayée sur les réseaux sociaux, Serge Rader affirmait en marge d’une manifestation en avril dernier que le vaccin contre le Covid était inefficace, dangereux et qu’il tuait.

Défenseur de l'hydroxychloroquine, le traitement préconisé par le professeur marseillais Didier Raoult, Serge Rader était apparu dans le documentaire "Hold-up" cet automne, et y relayait une fausse information alors très en vogue chez les complotistes. Il analysait notamment à sa manière le décret autorisant la vente en pharmacie du médicament sédatif Rivotril. C'était, selon lui, la porte ouverte à une légalisation de l’euthanasie des personnes âgées pendant la première vague. Les patients âgés atteints du Covid-19 recevaient, disait-il, "une seringue de Rivotril avec un arrêté à la clé pour les achever complètement alors qu’ils étaient déjà en détresse respiratoire".

Dans une interview à Sud Radio, il développait un autre argumentaire conspirationniste, économique cette fois : "Sept milliards de personnes à vacciner, c'est un pactole inimaginable ! (...) Toute cette peur volontairement amenée dans le mental des gens pour qu'à moment donné, on accepte le vaccin salvateur".

Il y a six ans, Serge Rader avait publié "Le Racket des laboratoires" pharmaceutiques, avec la député européenne écologiste Michèle Rivasi et Marie-Odile Bertella-Geffroy.
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Re: Covid19

Message par Cyrano » 27 Juin 2021, 17:32

Dédicace pour Plestin. Dans "Les cahiers d'Esther. Histoires de mes quinze ans" de Riad Sattouf.

par Plestin » 20 Mars 2020 20:41
A 20h, applaudissements dans toute la cité et, en face, toutes les cités des Minguettes faisaient de même, c'était bouleversant.
Pièces jointes
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Re: Covid19

Message par dorian23 » 20 Juil 2021, 20:26

Oui, effectivement contrôler tout le monde c'est difficile surtout avec les variants nombreux de ce virus , chapeau aux travailleurs indispensables : https://ohmondieu.ovh/covid-19-le-temoignage-emouvant-dune-caissiere/ :D
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Re: Covid19

Message par Kéox2 » 22 Juil 2021, 15:49

Un article fort intéressant signé G.Kaldy dans LO de cette semaine...

Les travailleurs conscients et la vaccination
21 juillet 2021

L’allocution de Macron lundi 12 juillet a soulevé une vague d’indignation, voire de colère, chez un nombre important de travailleurs, touchés tant par le ton que par le contenu du discours.

Le ton de Macron était celui du bourgeois, porte-voix de sa classe, suant le mépris pour le monde du travail. Le contenu insistait sur la reprise de la politique anti ouvrière d’avant le Covid – mise en œuvre autoritaire de la réforme de l’assurance chômage dès octobre, offensive contre les retraites – mêlée, sous prétexte de lutter contre le coronavirus, à des mesures contraignantes telles que l’obligation vaccinale pour le personnel soignant et le passe sanitaire.

Nous nous sommes exprimés bien des fois dans les éditoriaux de nos bulletins d’entreprise, sur la forme comme sur le fond.

Les discussions sur ces questions ont perturbé y compris les travailleurs parmi les plus conscients, voire des militants communistes révolutionnaires.

Comment intervenir ? Comment affirmer tout à la fois que la vaccination peut être utile sans pour autant accepter qu’elle soit imposée comme une obligation, avec des conséquences dramatiques pour ceux qui n’obéissent pas aux oukases gouvernementaux ? Comment ne pas apparaître comme solidaire du discours officiel, qui rend aujourd’hui responsables de la propagation du virus ceux qui sont, comme le personnel de santé, en première ligne dans le combat pour le vaincre ? Comment ne pas sembler affirmer, fût-ce hypocritement, que Macron a raison dans sa politique sanitaire ?

Aucune de ces questions ne doit être écartée. Elles exigent toutes des réponses correspondant aux intérêts des travailleurs. Cela exige des efforts pour comprendre et faire comprendre, avec la préoccupation de raisonner, pour répondre à partir des préoccupations, des sentiments, des inquiétudes des travailleurs eux-mêmes et, plus particulièrement, de leurs couches les plus exploitées et les plus opprimées.

La principale boussole de tous les travailleurs doit être la conscience de classe. Par la compréhension fondamentale que la société est divisée entre une minorité bourgeoise privilégiée et une majorité d’exploités, aux intérêts diamétralement opposés, qui sont en lutte permanente, de façon plus ou moins intense. Par l’engagement dans le camp des travailleurs en ce qu’il est la seule force sociale capable de débarrasser la société du carcan du capitalisme. Non seulement cette lutte ne s’est pas arrêtée pendant la pandémie mais, au contraire, elle s’est intensifiée, même si pour le moment elle est menée pour ainsi dire exclusivement par la classe capitaliste contre les classes exploitées. La preuve la plus évidente en est que la grande bourgeoisie s’est enrichie malgré et, pour beaucoup, grâce à la pandémie, alors que celle-ci, conjuguée à la crise économique, a gravement atteint les conditions d’existence de l’ensemble de la classe ouvrière.

C’est cette réalité qu’expriment, confusément, les réactions contre l’obligation vaccinale. À bien des égards, cette contestation ressemble à celle des Gilets jaunes. Elle exprime des mécontentements profonds, mais, par sa confusion entre intérêts différents, voire contradictoires, elle ne permet à aucune perspective de se dégager.

Le gouvernement s’efforce, depuis le début, d’utiliser le sentiment largement répandu que, face à la pandémie, il faut se serrer les coudes, quelle que soit sa classe ou sa position sociale. Ce sentiment n’est pas dû seulement à la propagande des gouvernements, des politiciens et des journalistes à leur service. Ils l’utilisent cependant, le renforcent, l’amplifient et l’opposent aux intérêts des exploités.

Tout cela influe sur la façon dont les masses expriment leur mécontentement. Tout cela donne aux sentiments, et surtout à leur expression publique, un caractère confus et contradictoire.

Eh bien, le rôle des travailleurs conscients doit être d’éclairer cette situation confuse de la seule façon utile pour la classe ouvrière, à la lumière de leur conscience de classe !

Cela commence par la conscience du fait qu’il faut combattre toute prétendue unité nationale. Invoquer une convergence des intérêts de toutes les classes de la société face au coronavirus est mensonger. L’axe principal de l’intervention des travailleurs conscients doit être de dénoncer ce mensonge. Mensonge qui sert aussi de diversion pour dissimuler la responsabilité de la grande bourgeoisie.

Par ailleurs, il faut que les travailleurs conscients combattent la politique qui consiste à diviser les classes exploitées elles-mêmes, en fonction d’oppositions partielles et partiales, comme, au début de la pandémie, entre partisans et adversaires du confinement et, aujourd’hui, entre partisans et adversaires de la vaccination.

Il ne s’agit pas seulement d’une prise de position morale. Il ne s’agit pas non plus d’en rester à dénoncer la diversion qui consiste à reprocher aujourd’hui aux travailleurs de la santé d’être des irresponsables, pour dissimuler les responsabilités de la classe dirigeante. Il faut proposer aux travailleurs des revendications qui peuvent unifier leur camp dans un même combat contre la bourgeoisie et ses paillassons politiques.

Nos interventions doivent rappeler que, si le gouvernement insiste sur l’opposition entre partisans et adversaires de la vaccination, c’est pour se défausser des problèmes infiniment plus graves pour l’avenir que représentent les conséquences de la crise, du chômage, de l’effondrement du pouvoir d’achat des travailleurs.

Il faut mettre en avant, dans le domaine de la santé comme dans tous les autres, les revendications qui unifient les travailleurs contre la bourgeoisie. Le combat contre le coronavirus ne se limite pas, comme le répètent les perroquets du gouvernement et des médias, à la question de la vaccination. Il concerne autant et bien plus l’insuffisance des moyens que la bourgeoisie laisse au système de santé, la gestion des hôpitaux en fonction des critères capitalistes, l’importance de leurs moyens, le nombre et la qualification du personnel, le salaire insuffisant des travailleurs de la santé, etc.

La vaccination est un progrès scientifique malgré les incertitudes de la recherche et d’éventuels effets secondaires. Mais affirmer clairement cette opinion et dire que nous sommes vaccinés ne signifie pas militer sur cette question.

Le rôle des travailleurs conscients n’est certainement pas de militer pour la vaccination en elle-même, indépendamment du contexte social, c’est-à-dire de la classe qui dirige la société et qui prend en charge ces mesures. Le Monde des 11 et 12 juillet titrait en Une : « Vaccination : les risques de la fracture Nord-Sud ». C’est un euphémisme, dont Le Monde est coutumier, car ce n’est pas un risque, c’est la réalité !

Au lieu que le vaccin devienne, ainsi que l’affirment hypocritement les politiciens « un bien commun de l’humanité », il se transforme en une arme contre les pauvres ici, en France. Et, à l’échelle du monde, il devient une arme des pays riches contre les pays pauvres. Au lieu de faire progresser l’ensemble de l’humanité, il creuse encore plus l’inégalité entre sa partie pauvre et sa partie riche. La presse rapporte qu’en Haïti, personne n’a encore été vacciné, sauf sans doute ceux qui sont assez riches pour aller se faire vacciner aux États-Unis ou en France. En quoi cette vaccination y est-elle un progrès ?

Les travailleurs n’ont pas à faire confiance au gouvernement, ni aux laboratoires pharmaceutiques et aux groupes capitalistes, guidés exclusivement par la recherche du profit pour leurs actionnaires. Ils n’ont pas à faire confiance à un système économique qui produit l’inégalité en même temps que des marchandises. Le progrès que la vaccination pourrait représenter est en permanence contrebalancé, freiné, détourné par les exigences des actionnaires, c’est-à-dire par la propriété privée des moyens de production.

C’est un problème qui n’est pas si différent de celui de la maîtrise de l’énergie nucléaire. Celle-ci représente un progrès incontestable dans le domaine scientifique. Mais, entre les mains de la bourgeoisie dominante, elle peut servir à fabriquer la bombe d’Hiroshima et d’autres dans le futur.

Comme sur tant d’autres questions, la domination de la bourgeoisie et de ses États peut transformer des progrès de la science en reculs pour la société.

Avancer et propager une politique parmi les travailleurs, c’est aussi combattre ceux qui s’opposent à la politique de Macron au nom d’autres politiques, mais toujours au service de la préservation de l’ordre capitaliste. Ce sont les conspirationnistes et complotistes en tout genre, bien sûr. Mais aussi ceux qui se trouvent aussi bien à l’extrême droite que dans la gauche réformiste, qui critiquent l’obligation vaccinale et plus généralement l’autoritarisme de Macron au nom de la « liberté individuelle ».

C’est une stupidité qui est largement partagée dans la petite bourgeoisie qui se croit « libre », alors qu’elle est opprimée par les mêmes grands trusts capitalistes, par le même État bourgeois, que les exploités de la classe ouvrière.

Que signifie la liberté qui se limite au droit de choisir d’être ou de ne pas être vacciné pour un salarié obligé pour vivre de vendre sa force physique ou son intelligence à son exploiteur ? Que signifie la « liberté individuelle » pour un travailleur sur chaîne, pour un salarié dont toute la vie et celle de sa famille dépend de son patron capitaliste ?

La classe ouvrière ne peut conquérir de liberté qu’en prenant conscience de la nécessité de s’organiser pour transformer son nombre et sa place irremplaçable dans l’économie en force collective, assez puissante pour renverser le pouvoir de la grande bourgeoisie sur le monde.

La classe dominante, précisément parce qu’elle dirige la société, est contrainte de faire face aux problèmes de la société. Mais elle le fait en fonction de ses propres intérêts de classe, qui globalement vont dans le sens de la préservation de l’ordre social établi. Dans cette société capitaliste, les progrès eux-mêmes sont entachés de leur contraire réactionnaire.

Si les formulations peuvent être multiples en fonction des interlocuteurs, les deux idées fondamentales de nos interventions sont simples. Mettre le doigt sur la prétention de la classe dominante à représenter les intérêts de la société, en soulignant à quel point ses actions, sa politique, son comportement sont aux antipodes, même si cela est dissimulé par de l’hypocrisie et des mensonges. Avancer en même temps toute revendication qui renforce l’unité de l’ensemble des travailleurs face à la domination de la bourgeoisie sur le monde.

Il n’appartient pas aux communistes révolutionnaires de convoquer l’histoire pour montrer que la bourgeoisie a imposé dans le passé des changements qui ont représenté des progrès. Oh la grande vérité ! Bien plus généralement, sans les révolutions bourgeoises, plus ou moins abouties, sans le développement de l’économie sur la base capitaliste, le socialisme ou le communisme seraient impossibles.

Il n’appartient pas aux communistes révolutionnaires de faire aujourd’hui le tri dans ce que la bourgeoisie ou ses gouvernements font d’utile pour la société. Ce qu’elle a fait de positif, elle l’a fait dans le passé lointain, à l’époque où elle menait son combat contre des formes d’organisation sociales anachroniques. Depuis longtemps, elle est devenue, principalement ses sommets dirigeants des pays impérialistes, la principale force réactionnaire.

Georges KALDY


https://journal.lutte-ouvriere.org/2021 ... 66831.html
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Re: Covid19

Message par satanas 1 » 27 Juil 2021, 13:42

Dans Combat ouvrier cette semaine:
"Le projet de loi de Macron pour rendre obligatoire la vaccination contre le Covid-19 active la mobilisation contre celle-ci. La vaccination, un progrès médical majeur, est remise en cause au nom de la liberté de choix."
https://combat-ouvrier.com/2021/07/25/c ... -libertes/
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Re: Covid19

Message par com_71 » 02 Août 2021, 13:56

Pour essayer de se faire une idée de la situation, non seulement sanitaire, mais aussi politique et sociale en Martinique, on peut visionner les 9 premières minutes du JT 19h du 1er août :
https://la1ere.francetvinfo.fr/martiniq ... /soir-1ere

15% de la population vaccinés, les autres, très largement hostiles. Une très forte proportion d'entre eux ne se feront pas vacciner. Alors en septembre suspensions, mises à pied, suspensions du salaire ?
Les services publics, notamment la Santé, vont être "embolisés" ?
Que doivent faire les militants, syndicaux et politiques ?
D'ores et déjà des réactions violentes. Et on se doute bien qu'on peut entendre des commentaires d'une autre tonalité que ceux retransmis sur l'antenne officielle.
Les décisions prises à 7000 kms sont souvent difficilement audibles, et provoquent, vont provoquer, des réactions "épidermiques".
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Covid19

Message par com_71 » 02 Août 2021, 17:55

...mais :
Dans une interview accordée ce lundi 2 août au quotidien Libération, le ministre des Outre-Mer Sébastien Lecornu, se dit prêt à adapter le pass sanitaire au niveau local en raison du taux de vaccination encore très faible. [C'est idem Martinique-Guadeloupe]

https://www.martinique.franceantilles.f ... 584810.php
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Re: Covid19

Message par com_71 » 02 Août 2021, 18:47

https://www.revolutionpermanente.fr/La- ... -la-source
Sur le site du CCR, dans un article sur "La Martinique reconfinée...", la conclusion comporte cette phrase :
Ce sont précisément les travailleurs et travailleuses de la santé qui devraient être à la tête d’une campagne massive de sensibilisation à la vaccination...

On aimerait être sûr que cette publication est une maladresse. Car disons quand-même que d'autres passages du même article ne vont pas dans le même sens. En tout cas, dans cette situation quelque peu inédite, il n'y a certainement pas, dans la Santé comme ailleurs, à donner des leçons de morale aux travailleurs.
Ils ont bien des raisons de se sentir insultés par les bourgeois "éclairés", bien mis, propres sur eux, qui pondent des décrets à 7000 km de distance. Ne pourront intervenir utilement dans un mouvement profond que les militants ressentant profondément cela, mais sans se laisser entraîner sur le terrain de la démagogie abêtissante des nationalistes.

Sur ce dernier point voir ci-dessous la dernière page, franchement anti-vaccin, notamment dans l'incitation aux médecins à ne pas vacciner, de la lettre ouverte au préfet de Guadeloupe [situation très proche à celle de Martinique], du 26 juillet, signée par E. Domota pour le LKP [devenu "pseudonyme" pour UGTG].
lkp5.jpg
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apa yenki vaksen a yo la ki tini, dayé i pa sèten ...Il n'y a pas que leur vaccin, d'ailleurs il n'est pas sûr.
a kontinyé pran prékosyon, fè spò, fè rimèd an nou, pran zèb a pik, vitamin D, zenk, é manjé gaya. ...faire du sport, prendre nos remèdes, l'herbe à pic (sorte de menthe glaciale), vitamine D, le zinc, vivre en "fort gaillard".
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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com_71
 
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