Cuba - vers une crise ouverte ?

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Cuba - vers une crise ouverte ?

Message par Gayraud de Mazars » 13 Juil 2021, 06:26

Salut camarades,

Lutte Ouvrière écrivait en 1994 dans le CLT n°64 [Cuba, 35 ans après la révolution castriste] et je le fais mien :

"Quoi qu'il en soit, pour le moment Cuba reste un État qui lutte pour préserver son indépendance face à l'impérialisme. Jusqu'à maintenant il n'a pas faibli dans le bras de fer qui l'oppose depuis trente-cinq ans à l'impérialisme américain. Face à ce combat, aucun travailleur conscient ne peut se sentir neutre. Les exploités, les opprimés du monde entier ne peuvent être que du côté de Cuba."

https://www.lutte-ouvriere.org/document ... revolution

Cuba : la colère éclate dans les rues, les partisans du régime appelés à répliquer

L’île est secouée par des manifestations inédites contre le gouvernement. Le président Miguel Diaz-Canel a demandé à ses partisans de répliquer dans la rue.

Publié le 11 juillet 2021
Le Monde avec AFP

https://www.lemonde.fr/international/ar ... _3210.html

Excédés par la crise économique, des milliers de Cubains ont manifesté, dimanche 11 juillet, à travers le pays, aux cris de « Liberté ! » et « A bas la dictature ! ». Face à ces manifestations historiques, le gouvernement cubain s’est dit prêt à défendre la révolution « coûte que coûte », tandis que Washington a mis en garde La Havane contre tout usage de la violence.

Pris par surprise par ce soulèvement qui a éclaté dans plusieurs villes du pays, dont la capitale, le président Miguel Diaz-Canel a appelé ses partisans à répliquer dans la rue. « L’ordre de combattre a été donné, dans la rue les révolutionnaires ! », a lancé, dans une allocution télévisée, le président, qui a accusé « la mafia cubano-américaine » d’être derrière ce soulèvement. « Nous appelons tous les révolutionnaires du pays, tous les communistes, à sortir dans les rues où vont se produire ces provocations, dès maintenant et les prochains jours. Et à les affronter de manière décidée, ferme et courageuse », a-t-il ajouté.

« La révolution cubaine, nous la défendrons coûte que coûte ! », a clamé sur Twitter le vice-ministre des affaires étrangères, Gerardo Peñalver, en partageant une vidéo de partisans communistes défilant aux cris de « Je suis Fidel ! » tout en brandissant des drapeaux cubains.

Les manifestations antigouvernementales ont commencé de façon spontanée dans la matinée, événement rarissime dans ce pays gouverné par le Parti communiste (PCC, unique), où les seuls rassemblements autorisés sont généralement ceux du parti. Au total, selon le site de datajournalisme Inventario, une quarantaine de manifestations, éparpillées sur tout le territoire, ont été recensées dimanche.

La plupart ont été diffusées en direct sur les réseaux sociaux, dans ce pays où l’arrivée de l’Internet mobile, à la fin de 2018, a porté les revendications de la société civile. A partir de la mi-journée, l’accès à la 3G a d’ailleurs été coupé dans une grande partie du pays. Il n’a été rétabli qu’en milieu de soirée.

« Cuba n’est pas à vous ! »

« Cuba n’est pas à vous ! », criait notamment une foule rassemblée face à des bureaux du PCC. « Nous avons faim », « Liberté », « A bas la dictature » ont été quelques-uns des autres slogans scandés au cours de cette journée mouvementée, dont le déroulé a poussé le président à se rendre à la mi-journée à San Antonio de los Baños, petite ville où le premier rassemblement a été signalé, puis à apparaître à la télévision d’Etat.

Des échauffourées ont éclaté, notamment à La Havane où les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes, tiré en l’air avec leurs armes et utilisé des tuyaux en plastique pour frapper des manifestants. Plusieurs voitures de la police ont été renversées et endommagées par des Cubains en colère et de nombreuses détentions ont eu lieu. Un important dispositif policier et militaire a été déployé dans la capitale et plusieurs villes.

Le gouvernement américain a réagi dès dimanche en mettant en garde les autorités cubaines contre tout usage de la violence à l’encontre de « manifestants pacifiques ». « Les Etats-unis soutiennent la liberté d’expression et d’assemblée à Cuba, et condamneraient fermement tout acte de violence ou qui viserait à prendre pour cible les manifestants pacifiques qui exercent leurs droits universels », a affirmé le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan.

De son côté, la Russie, pays allié de Cuba, a mis en garde lundi contre toute « ingérence étrangère » dans la crise qui secoue le pays. « Nous sommes convaincus que les autorités cubaines prennent toutes les mesures nécessaires pour rétablir l’ordre public dans l’intérêt des citoyens du pays », a indiqué, dans un communiqué, le ministère russe des affaires étrangères, considérant que « toute ingérence étrangère » et « toute autre action destructrice favoriserai[en]t la déstabilisation de la situation sur l’île ».

Grave crise économique

Si le président Miguel Diaz-Canel a reconnu « l’insatisfaction » que peuvent ressentir certains Cubains face aux pénuries d’aliments et de médicaments, combinées aux coupures électriques quotidiennes, il a également accusé l’ennemi de toujours, Washington, d’être à la manœuvre : « Il y a un groupe de personnes, contre-révolutionnaires, mercenaires, payées par le gouvernement américain, de façon indirecte à travers des agences du gouvernement américain, pour organiser ce genre de manifestations », a-t-il affirmé.

Les relations diplomatiques entre Cuba les Etats-Unis, après une brève réconciliation entre 2014 et 2016, sont au plus bas depuis le mandat de Donald Trump, qui a renforcé l’embargo en vigueur depuis 1962, dénonçant des violations des droits de l’homme et le soutien de La Havane au gouvernement de Nicolas Maduro au Venezuela.

Ces sanctions, ainsi que l’absence de touristes due à la pandémie, ont plongé Cuba dans une grave crise économique, la pire depuis trente ans, aggravant les pénuries d’aliments et de médicaments et générant un fort malaise social. Les difficultés économiques ont poussé les autorités à couper l’électricité plusieurs heures par jour.

« La situation énergétique semble avoir échauffé certains esprits ici », a reconnu Miguel Diaz-Canel face aux journalistes, accusant les sanctions américaines d’être responsables de la crise. « Si vous voulez que le peuple aille mieux, levez d’abord l’embargo ». Le président a toutefois reconnu que « des gens sont venus manifester leur insatisfaction », parlant de « révolutionnaires désorientés ». Mais « nous sommes beaucoup, et moi le premier, à être prêts à donner la vie pour cette révolution », a-t-il lancé.

Ces manifestations sont survenues le jour où Cuba a enregistré 6 900 cas de Covid-19 (pour 238 000 cas au total) et 47 morts en vingt-quatre heures (pour plus de 1 500 morts officiellement recensés au total), du jamais-vu dans le pays. Sous les mots-clés #SOSCuba ou #SOSMatanzas (du nom de la province la plus touchée), les appels au secours se multiplient sur les réseaux sociaux, tout comme les appels au gouvernement pour qu’il facilite l’envoi de dons de l’étranger.

Samedi, un groupe d’opposants a demandé l’instauration d’un « couloir humanitaire », une initiative que le gouvernement a écartée, dénonçant « une campagne » qui cherche à « présenter une image de chaos total dans le pays qui ne correspond pas à la situation actuelle ».

« Nous reconnaissons la demande légitime de la société cubaine d’avoir des médicaments, des aliments et des libertés fondamentales », a tweeté de son côté Luis Almagro, secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA). « Nous condamnons le régime dictatorial cubain pour avoir appelé des civils à réprimer et à la confrontation contre ceux qui exercent leur droit à manifester. »


Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
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Re: Cuba - vers une crise ouverte ?

Message par Byrrh » 13 Juil 2021, 12:55

Selon Left Voice, l'équivalent anglophone du site Révolution permanente, les autorités cubaines ont arrêté plusieurs personnalités de gauche, dont un universitaire se réclamant du marxisme, Frank García Hernández : https://www.leftvoice.org/cuba-freedom- ... detainees/

Pour info, García Hernández avait coordonné un colloque international sur Léon Trotsky à La Havane en mai 2019.
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Re: Cuba - vers une crise ouverte ?

Message par Gayraud de Mazars » 18 Juil 2021, 18:38

Salut camarades,

Cuba : crise sociale et conséquences de l’embargo
14 juillet 2021, dans le journal Lutte Ouvrière n°2763
Par Jacques Fontenoy

https://journal.lutte-ouvriere.org/2021 ... 65880.html

Le 11 juillet, des milliers de Cubains sont descendus dans la rue pour manifester, de façon inédite, aux cris de « Nous avons faim », « Nous voulons des vaccins », « Nous n’avons pas peur », « Liberté ».

Les anticastristes de tout poil, en tête ceux de Miami, ont voulu voir dans cette journée de révolte, qui a marqué plusieurs villes du pays, la fin du régime. C’était aller un peu vite en besogne. Mais il reste que cette protestation, quels qu’en aient été les instigateurs via les réseaux sociaux, autorisés depuis 2018, a montré que la population cubaine supporte de plus en plus mal la crise économique et sanitaire qui la frappe. Elle n’est pas la seule dans le monde : des réactions de colère et de révolte se produisent dans de nombreux pays, du Pérou au Liban, où la dégradation économique est immense.

Cuba n’y a pas échappé. L’économie du pays repose en grande partie sur le tourisme. Mais laisser entrer les touristes a eu pour conséquence de faire entrer le virus. Maintenant, à l’inverse, les touristes ont disparu et avec eux l’activité qu’ils entraînaient.

À cela s’est ajoutée la récente réforme monétaire qui a fondu les deux systèmes qui cohabitaient, une monnaie sous-évaluée pour les locaux, et une monnaie surévaluée pour les touristes. La conséquence est une forte inflation.

Mais une dernière cause, et qui n’est pas la moindre, est le fait que depuis 1962 l’embargo imposé par les États-Unis prive Cuba d’accès à des biens de consommation indispensables, nourriture ou médicaments.

Cuba ne manque pas de dollars mais, du fait de l’embargo, beaucoup de pays qui pourraient traiter avec l’île s’y refusent, pour ne pas subir les foudres de Washington. Et sur ce plan le président Biden, qui plaît tant à Mélenchon et Roussel, marche dans les traces de Trump, qui avait mis un terme à la demi-ouverture d’Obama. Ainsi Biden, en même temps qu’il donnait un coup de chapeau aux Cubains de Miami, vient cyniquement d’appeler « le régime cubain à entendre son peuple et à répondre à ses besoins en ce moment crucial, plutôt que de s’enrichir ». C’est l’étrangleur qui crie à l’assassin !

L’embargo promu par Biden et ses prédécesseurs est une arme économique d’un État impérialiste qui souhaite punir un peuple pour avoir conquis son indépendance à son nez et à sa barbe. La misère ainsi provoquée peut alors fournir un prétexte à de nouvelles interventions. Le peuple cubain n’a certes pas à se fier à de tels prétendus défenseurs.


Fraternellement,
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