Chili - Gabriel Boric, élu Président de la République

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Chili - Gabriel Boric, élu Président de la République

Message par Gayraud de Mazars » 20 Déc 2021, 12:52

Salut camarades,

Sans illusions, mais c'est plutôt une bonne nouvelle, même si cela ne change peut être pas grand chose pour les travailleurs chiliens ! Même si elle se trouve à combattre, par la force des choses, dans le même camp qu'un Allende hier ou un Gabriel Boric aujourd'hui, la classe ouvrière chilienne ne doit donc pas se ranger derrière eux, pas leur faire confiance, mais mener sa politique et s'organiser indépendamment, militairement et politiquement, pour pouvoir le faire et aller vers le Socialisme et la Révolution.

Election présidentielle au Chili : victoire historique du candidat de gauche, Gabriel Boric
Article du Monde
Par Flora Genoux (Santiago, envoyée spéciale)

A la tête d’une vaste alliance allant du Parti communiste au centre gauche, l’ancien député et leader étudiant de 35 ans a remporté l’élection présidentielle avec 56 % des voix contre le candidat d’extrême droite, José Antonio Kast. Il a promis d’instaurer un Etat-providence.

Les verres de champagne fusent vers les nombreux fanions estampillés « Boric président », les drapeaux chiliens, indigènes et les bannières arc-en-ciel de la communauté LGBTQ+. La foule, réunie à Santiago, dimanche 19 décembre, aux abords du quartier général de Gabriel Boric, 35 ans, fête la victoire écrasante du candidat (près de 56 % des voix), à la tête d’une vaste alliance réunissant plusieurs formations, du Parti communiste jusqu’à des figures de centre gauche.

Au rythme des klaxons, des dizaines de milliers de personnes affluent dans la joie pour célébrer ce résultat, historique à plusieurs égards. Les quelque 15 millions d’électeurs appelés aux urnes – pour une population de 19 millions d’habitants – étaient amenés à choisir entre deux modèles radicalement opposés, pour cette première élection présidentielle depuis l’inédit mouvement social contre les inégalités, en 2019. A l’issue du scrutin s’installe donc, au palais de la Moneda, un élu ayant tout juste l’âge minimal requis pour occuper le poste de chef d’Etat. Pour la première fois depuis le retour à la démocratie, en 1990, les partis traditionnels de centre gauche et de droite étaient exclus de la course finale vers la fonction suprême.

« Nouveau chemin »

« Olé, olé ! celui qui ne saute pas a voté pour Kast », entonnent les soutiens de Gabriel Boric d’un seul bond, en référence au candidat d’extrême droite battu, José Antonio Kast, un ancien député et avocat, âgé de 55 ans. Il a rapidement reconnu sa défaite. « Le peuple uni ne sera jamais vaincu », exulte la foule, en reprenant ce chant des luttes sociales, au Chili et ailleurs. « Je suis tellement heureuse et tellement soulagée », jubile Barbara Araya, 30 ans. « Boric était le candidat de la défense de l’environnement, des droits des femmes et des diversités sexuelles », poursuit cette jeune entrepreneuse.

« Quelle joie, quel espoir ! On prend un nouveau chemin, qui est celui de plus de justice sociale, de plus d’égalité », assure Catalina Figueroa, 32 ans, sociologue, militante au sein de Revolucion Democratica, parti de gauche intégrant l’alliance de Gabriel Boric. Ce dernier a promis instaurer un Etat-providence et de faire du Chili « le tombeau » du néolibéralisme. Si ce modèle, mis en place sous la dictature (1973-1990), a été amendé, au cours de ces trente dernières années, il n’a jamais été profondément remis en question.

« Cette victoire très large est une surprise, certains sondages donnaient les deux candidats au coude-à-coude et, pour la première fois [depuis 1990], celui qui est arrivé en tête du premier tour [José Antonio Kast avec deux points d’avance], n’est pas élu président », souligne Marcela Rios, politiste au sein du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) au Chili. Après un premier tour marqué par une faible participation (47 %), ce deuxième scrutin est caractérisé par une affluence d’électeurs au plus haut (plus de 55 %), depuis la fin du vote obligatoire, en 2012. « A en juger par la participation dans la région de Santiago, on peut supposer que les plus jeunes et les classes populaires se sont davantage mobilisés », poursuit Mme Rios.

Promesse de rester « fiscalement responsable »

Au cours de la soirée, dans un discours d’une demi-heure adressé à la foule, Gabriel Boric, ancien député et leader étudiant, a déroulé les éléments-clés de son programme : notamment, la suppression des retraites à capitalisation individuelle privée, en faveur d’un régime public et autonome, la mise en place d’un système de santé universel, la protection de l’environnement et la défense de l’agenda féministe. Il a, à de nombreuses reprises, appelé à l’unité et au dialogue, se présentant, la main sur l’oreille, comme « un président ouvert à l’écoute » et allant jusqu’à remercier son adversaire, José Antonio Kast, ultralibéral et conservateur, sous les huées de la foule. « Nous saurons construire des ponts », a-t-il certifié en jurant : « Je serai le président de tous les Chiliens et les Chiliennes ! »

Il a également largement insisté sur l’accompagnement du « processus constituant ». Principal acquis du mouvement social contre les inégalités, une assemblée élue en mai planche actuellement sur l’écriture d’une nouvelle loi fondamentale, en remplacement du texte actuel, hérité de la dictature d’Augusto Pinochet. Une « Carta Magna » que 78 % des Chiliens avaient choisi de balayer, lors d’un référendum quelques mois plus tôt, en octobre 2020.

Tandis que l’ambition des réformes annoncées, mais aussi la hausse des impôts – qui doivent atteindre 5 % du PIB en quatre ans de mandat, notamment avec une taxe sur les plus grandes fortunes –, ont été jugées irréalistes par les détracteurs de M. Boric, ce dernier a garanti que les nouveaux droits sociaux seraient introduits, tout en demeurant « fiscalement responsables ». Un argument développé notamment dans l’entre-deux-tours, afin d’attirer les électeurs du centre.

Nécessité de composer avec un Parlement fragmenté

La volonté de changement portée par la coalition de M. Boric devra par ailleurs composer avec un nouveau Parlement – élu le 21 novembre 2021 – fragmenté, où elle ne dispose pas d’une majorité claire. « Le dialogue avec le centre gauche, mais aussi avec l’opposition [de droite] va être nécessaire. Et il ne sera pas possible d’avancer sur toutes les réformes en même temps », anticipe Mme Rios.

« Je sais que cela ne va pas être facile, je serai patiente. Mais je sais qu’au moins on va vers un pays plus égalitaire, les grands changements viendront ensuite, avec la nouvelle Constitution », veut croire Pamela Salazar, une pâtissière de 36 ans venue applaudir Gabriel Boric. La nouvelle « Carta Magna » doit être soumise à un référendum d’approbation lors du deuxième semestre 2022.

Le chef d’Etat sortant, Sebastian Piñera (droite), a félicité Gabriel Boric, lors d’un bref entretien vidéo : « Je suis sûr que vous allez donner le meilleur de vous-même », a-t-il déclaré, en ouvrant formellement la période de transition. « Il faut toujours savoir conjuguer la force, l’idéalisme et l’esprit de la jeunesse avec la prudence et l’expérience des cheveux blancs », a poursuivi le président sortant, 72 ans. Gabriel Boric prendra officiellement ses fonctions le 11 mars 2022


Fraternellement,
GdM
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Re: Chili - Gabriel Boric, élu Président de la République

Message par Zorglub » 20 Déc 2021, 20:57

Même si elle se trouve à combattre, par la force des choses, dans le même camp qu'un Allende hier ou un Gabriel Boric aujourd'hui, la classe ouvrière chilienne ne doit donc pas se ranger derrière eux, pas leur faire confiance, mais mener sa politique et s'organiser indépendamment, militairement et politiquement, pour pouvoir le faire et aller vers le Socialisme et la Révolution.

En effet, un traître doit être dans un camp pour pouvoir le trahir...
Et si nous n'en sommes pas à un cou d'Etat pour le moment, après Allende, ce ne serait plus trahir, ce serait répéter.
Tsipras, Lula etc...
Zorglub
 
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Re: Chili - Gabriel Boric, élu Président de la République

Message par com_71 » 20 Déc 2021, 23:10

Gayraud de Mazars a écrit :... Même si elle se trouve à combattre, par la force des choses, dans le même camp qu'un Allende hier ou un Gabriel Boric aujourd'hui...

Parce que Gabriel Boric combat ?
Blanqui a écrit :...pour les prolétaires qui se laissent amuser par des promenades ridicules dans les rues, par des plantations d'arbres de la liberté, par des phrases sonores d'avocat, il y aura de l'eau bénite d'abord, des injures ensuite, enfin de la mitraille, de la misère toujours.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Chili - Gabriel Boric, élu Président de la République

Message par Gayraud de Mazars » 22 Déc 2021, 13:13

Salut camarades,

Un article et une brève à lire sur le Chili et l'élection de Gabriel Boric, à l'élection Présidentielle...

Bien comprendre les leçons du Chili
Article sur le site d'Aplutsoc
par Vincent Presumey

https://aplutsoc.org/2021/12/20/bien-co ... -presumey/

Chili : Boric à l'école du pouvoir
Brève de Lutte Ouvrière
21/12/2021

https://www.lutte-ouvriere.org/breves/c ... 92255.html

Image

L'élection présidentielle chilienne vient de porter au pouvoir Gabriel Boric. Cet ancien syndicaliste étudiant, soutenu par tous les partis de gauche au second tour, concourrait contre un candidat d’extrême droite se réclamant de la dictature de Pinochet.

Dans les classes populaires, son élection a peut-être suscité des espoirs. Mais c’est la bourgeoisie que Boric a d’abord tenu à rassurer en déclarant : « Il y a aura plus de droits sociaux, mais nous le ferons en restant fiscalement responsables ».

La soumission de la gauche aux intérêts de la classe dominante est la marque de ces politiciens qui vendent du rêve aux classes populaires et préparent des lendemains qui déchantent.
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