La guerre en Ukraine

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webcam Maidan https://www.geocam.ru/en/online/maidan/

Pour qui connaît, l'absence (totale la nuit) de circulation automobile et piétonne est glaçante. La chicane au fond à gauche est bien dérisoire.

Une autre webcam, avec chicane symbolique. https://www.geocam.ru/en/online/tc-oasis/

Je remarque que l'URL est en .ru. L'économie est bien mondialisée !!
La sollicitude l'est moins : le 1er ministre israélien a voyagé en Russie (le jour du shabbat !) pour demander (entre autre) des corridors d'évacuation humanitaire pour les ukrainiens juifs...

[Zorglub]

Mondialisé mais surtout cela devient intéressant pour l'armée russe. C'est assez édifiant dans un pays en guerre.
Plus édifiant encore, un magazine en ligne, Reflets.info, découvre que parmi les plus de 55 000 caméras détectées en Ukraine environ 5% n'ont pas d'accès protégées ou ont le mot de passe par défaut. Ils racontent se retrouver avec les caméras embarquées dans les voitures de police, vues intérieure et extérieure, et avec le son ! Ils entendent des infos confidentielles, on y voit des flics en train de regarder une série en mangeant des chips.
Le site a prévenu l'ambassade de Paris et moins de 4h plus tard les caméras étaient coupées ou protégées.
l'article

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Une autre musique

18h 19 Le directeur musical du Bolchoï de Moscou démissionne

Le chef d’orchestre russe Tugan Sokhiev a annoncé dimanche avoir quitté ses fonctions de directeur musical du Bolchoï de Moscou et de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse, suite aux événements en Ukraine, se disant opposé à « tout conflit sous quelque forme que ce soit ».

« Face à l’option impossible de choisir entre mes musiciens russes et français bien-aimés, j’ai décidé de démissionner de mes fonctions de directeur musical du théâtre Bolchoï de Moscou et de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse avec effet immédiat », écrit-il dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse.

« Tout d’abord, je dois dire la chose la plus importante : je n’ai jamais soutenu et je serai toujours contre tout conflit sous quelque forme que ce soit », souligne-t-il. Que « certaines personnes remettent en question mon désir de paix et pensent que moi, en tant que musicien, je puisse parler d’autre chose que de la paix sur notre planète est pour moi choquant et offensant ».

Considéré comme un des plus grands de la jeune génération, ce chef d’origine ossète – une ethnie du Caucase russe – dit encore ne pas pouvoir « supporter d’être témoin de la façon dont [ses] collègues, artistes, acteurs, chanteurs, danseurs, réalisateurs sont menacés, traités de manière irrespectueuse et victimes de la “culture d’annulation” ».

« On me demande de choisir une tradition culturelle plutôt qu’une autre. (…) On me demandera bientôt de choisir entre Tchaïkovski, Stravinsky, Chostakovitch et Beethoven, Brahms, Debussy. Cela se passe déjà en Pologne, un pays européen, où la musique russe est interdite », déplore-t-il.

Nous, musiciens, sommes là pour rappeler à travers la musique de Chostakovitch les horreurs de la guerre. Nous, musiciens, sommes les ambassadeurs de la paix. Au lieu de nous utiliser, nous et notre musique, pour unir les nations et les peuples, nous sommes divisés et ostracisés.

[Cyrano]

Bon, allez, j'fais un effort.
Je prends mon livre La Russie sous Poutine de Jean-Jacques Marie, éditions Payot.
Ce bouquin date de presque 6 ans, il a été imprimé début 2016. Mais la description que donneJean-Jacques Marie ne peut qu'être pire ou pareil idem au-même que voici 6 ans.

Nous voici don pages 105 et suivantes, dans un chapitre intitulé "Une criminalité d'Etat". Ça promet. Je vous mets juste des extraits des quelques pages sur l'armée russe. Pour les p'tit vieux, prenez vos lunettes, voici de la lecture.
Ça commence tel quel :

«Ce n'est rien de grave, sinon j'aurais forcément été averti», déclare le ministre de la Défense Sergueï Ivanov en déplacement à l'étranger, interrogé par le comité des mères de soldats. Il n'y avait effectivement rien de grave: il avait simplement fallu amputer des deux jambes le soldat Sytchev, membre du bataillon de ravitaillement de l'école de chars de Tcheliabinsk, ravagé par la gangrène après avoir été torturé par les "anciens" (les diedy ou grands-pères).
Rien de grave, bien sûr, dans une armée qui perd bon an mal an 2000 à 3000 appelés, victimes de bizutages sauvages (la diedovchrchína), de mauvais traitements divers, de l'avidité du corps des officiers, qui les traitent comme des esclaves, et d'accidents dus à la négligence et à l'insouciance de l'encadrement. Ainsi, le 14 juin 2005, le parquet militaire de la Russie indiquait que, en une semaine, 46 militaires avaient trouvé la mort (dont huit par suicide) sans participer à la moindre opération militaire et 22 avaient subi des mutilations. Anna Politkovskaïa qualifíait en 2004 l'armée russe de «machine à bizuter, à mutiler et à tuer»› ses propres soldats et comme «une zone de non-droit»› où, de plus, les officiers exploitent sans vergogne la force de travail de soldats en bonne santé. Rien n'a depuis lors vraiment changé.

Ça donne envie de s'engager, non?

[Cyrano]

On continue... Pour ça, sûr, rien de changé en 2022:

Le mépris des hommes de troupe est un héritage de l'armée tsariste, où les officiers frappaient les soldats, et de l'armée soviétique de Staline, où l'on envoyait les vagues de fantassins à l'assaut, dans des conditions susceptibles de rendre jaloux les mânes du général Nivelle, le responsable des massacres du Chemin des Dames en 1917, et où les soldats capturés par l'ennemi étaient traités comme des traîtres.

Et quand y'a pas de guerre?

Nombreuses sont les descriptions de l'armée russe qui recoupent en effet ce qu'en écrit Peter Pomerantsev en 2015:
«En fait de service, les appelés passent l'essentiel de leur temps à réparer et à repeindre les véhicules militaires que les officiers du camp revendent en douce [...]. Ils sont avant tout de la main-d'œuvre gratuite.»

Pourtant, sur le papier...

Certes, l'armée russe affiche une apparente bonne santé: une armée de terre de 380.000 hommes, une armée de l'air de 180.000, une marine de 130.000 et des troupes spéciales d'environ 75.000 hommes. Au total donc, environ 800.000 hommes sous les drapeaux, dont quelque 25% d'officiers et un budget en constante progression […].

[Cyrano]

Pourquoi s'emmerder? Si t'as ta médaille...

en mai 2003, le tribunal militaire de la garnison de Moscou juge l'amiral Iouri Klitchouguine coupable d'avoir vendu, en novembre 1994, à une société norvégienne prête-nom Anadyr Limited) successivement le bateau Amzdyr, qui sert à transporter des missiles stratégiques, des navires de guerre de petites et moyennes dimensions et des sous-marins atomiques. Ce bâtiment, construit en Finlande en 1988, a été acheté 88 millions de dollars, […].
Il est cédé à Anadyr Limited pour 21 millions de dollars alors que la Procurature estime sa valeur à 100 millions. La justice considère que l'amiral a décidé seul, sans en référer à ses supérieurs, ainsi tous blanchis. Le procureur réclame huit ans de prison, une peine que le tribunal ramène à quatre ans et demi... avant que l'amiral ne soit aussitôt amnistié! En tant que médaillé, il bénéficie d'une décision de la Douma votée en 1997 qui exonère les médaillés de toute peine de prison. Or, on connaît la profusion de médailles qu'arborent les gradés soviétiques et russes! […]

Suffit de mettre un ministre vertueux au bon poste:

Six ans plus tard, en 2007, Poutine nomme à la place d'Ivanov, l'ancien marchand de meubles Anatoli Serdioukov, qui, d'après Vladislav Inozemtsev, «sait à peine faire la différence entre un destroyer et un remorqueur», mais est le gendre de Viktor Zoubkov, très proche collaborateur de Poutine dès l'aube des années 1990. […]
Une sombre affaire de tenues militaires assombrit bientôt son mandat. Dès son arrivée au ministère, il commande de nouveaux uniformes dessinés par un couturier ami personnel de Svetlana Medvedeva, l'épouse de Medvedev. Se soucier d'abord de l'apparence extérieure, c'est la marque typique de la nomenklatura poutinienne ! Las ! Les soldats qui les portent par temps froid tombent victimes d'une épidémie de bronchite et de pneumonie. Le couturier proteste: les tenues portées par les militaires n'ont rien à voir avec les uniformes élaborés dans ses ateliers. Elles ont été doublées non pas avec le tissu chaud prévu par le couturier, mais avec du tissu synthétique, bien meilleur marché. La différence est passée dans les poches d'une large gamme de fonctionnaires, d'intermédiaires et de fournisseurs. […]

[Cyrano]

Une armée qui prend soin de ses soldats :

Le laisser-aller et la corruption règnent de la caserne au sommet de l'état-major. En février 2012, le procureur militaire Sergueï Fridinski dénonce le caractère «astronomique» des pots-de-vin dans l'armée», qui atteignent une somme de 3 milliards de roubles.
Les arsenaux, mal entretenus, vieillissent. Le 2 juin 2008, un incendie ravage le dépôt de missiles air-air sur l'aérodrome militaire de Lodeïnoïe dans la région de Leningrad. Le 13 septembre 2009, une partie de la base des services de renseignements militaires à Tambov prend feu à son tour; cinq militaires y trouvent la mort.
Le 13 novembre 2009, à Oulianovsk, le dépôt de munitions n° 31 de la flotte russe prend feu ; deux pompiers périssent, une soixantaine de maisons sont endommagées. Des soldats déchargent les obus intacts. Le 23 novembre, à la veille même de la visite du président Medvedev, plusieurs d'entre eux explosent et huit démineurs sont tués. […]

On va conclure. Où est donc l'argent prévu pour moderniser l'armée?

Le budget militaire russe augmente d'année en année, surtout celui de 2015, mais, selon Vassili Zatespine, expert des questions militaires à l'Institut Gaïdar, qui juge l'industrie militaire russe frappée par une corruption endémique et par une faible productivité propres à l'ensemble de l'économie russe, «le budget dépasse largement les capacités de l'industrie et cet argent repose actuellement sur des comptes bancaires».

Bin voilà, c'est pas perdu pour tout le monde, ça rassure.

Voici donc cette armée qui a perdu déjà quelques milliers de pioupious en 2 semaines... Non! Je ne sais pas traduire pioupiou en russe!

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Y aurait-il de la littérature disponible sur l'état de l'armée ukrainienne avant la vague patriotique de mars 2022 ?

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Dans une discussion avec un voisin ukrainien, que pourrais-je lui dire ? Sur Poutine, pas de problème, sur les puissances occidentales va-t-en guerre, pas de problème.
Mais sur son pays lui-même ?
Certains parlent de la résistance populaire. Y-a-t-il des forces de paix ? Peut-on citer ne serait-ce qu'un Jaurès ukrainien qui ferait entendre une voix discordante ? Sans parler d'un Liebknecht ! L'ennemi est dans notre propre pays ! Certes, mais l'ukrainien moyen ne répondra-t-il pas : "Oui, c'est le soldat russe !" Imprecor publiera peut-être dans trois mois un article d'un alter-mondialiste ukrainien vivant à Londres et faisant une analyse fouillée des sentiments divers dans la population...

Tout ça pour dire que c'est loin d'être simple et qu'à mes camarades d'idées éventuels militant en Ukraine, je souhaite de tenir bon et de pouvoir au moins représenter, là-bas, l'avenir du mouvement ouvrier.

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Un article du Monde 8/8/2019

Ukraine : « Le président Zelensky face à la “continuité comportementale de l’élite” »...Les élections ukrainiennes ont eu pour résultat de concentrer la totalité du pouvoir exécutif et l’essentiel du pouvoir législatif entre les mains d’un seul parti. La seule chose qui échappe au contrôle du parti Serviteur du peuple, ce sont les amendements constitutionnels, qui exigent, pour être adoptés, une majorité des deux tiers des voix au Parlement. Une modification de la Loi fondamentale ukrainienne exigerait donc l’assentiment d’un certain nombre de députés qui n’ont pas été élus avec le soutien du parti de M. Zelensky.
Des novices en politique
Une situation à ce point inédite en Ukraine implique d’énormes opportunités, mais aussi d’immenses risques. La domination écrasante de M. Zelensky sur les branches législative et exécutive du pouvoir lui fournira, dans les années qui viennent, de nombreux outils pour mettre en œuvre rapidement ses idées – quelles qu’elles soient. Mais elle place aussi entre ses mains et celles de ses successeurs la responsabilité des réussites et échecs futurs de l’Ukraine. Ce qui rappelle la situation typique qui, au Royaume-Uni, découlait (en tout cas jusqu’à un passé récent) d’une élection à la Chambre des communes.

A la différence toutefois du paradigme britannique, la majorité absolue de M. Zelensky au Parlement est, dans une très large majorité des cas, composée de nouveaux venus n’ayant aucune expérience dans l’exercice d’une fonction officielle. Ces novices parlementaires opéreront en outre dans un environnement politique sous-institutionnalisé et hautement « monétisé ». Ils devront prendre et appliquer des décisions dans un pays où l’Etat de droit n’est pas pleinement établi. Ils seront également confrontés à de nombreux défis politiques et personnels – dont des propositions séduisantes de la part des oligarques ukrainiens – auxquels ils ne sont pas forcément préparés.

Dans un tel contexte, la principale question pour les années à venir ne sera pas tant, comme le prédisent de nombreux commentateurs alarmistes, de savoir si l’Ukraine va devenir autoritaire, ou russe, ou les deux ; elle sera au contraire de savoir si la « continuité comportementale de l’élite » – que le chercheur en science politique allemand Ingmar Bredies a définie comme étant le principal défi politique intérieur de l’Ukraine – reprendra le dessus ou pas. A la suite des élections de cette année, mais aussi des scrutins antérieurs et des deux soulèvements populaires de 2004 et de 2014, l’Ukraine a connu des changements considérables parmi les titulaires des plus hauts postes de la fonction publique. Malgré ces fréquentes et importantes fluctuations du haut personnel politique, le comportement de l’élite ukrainienne n’a, au fond, guère changé au cours des trente dernières années.
Stop ou encore ?
Comme d’autres institutions, le Parlement ukrainien s’est caractérisé par la continuité comportementale de l’élite – autrement dit, une pérennité de conduite de la part des députés ukrainiens. Ceux-ci ont fait preuve, avec une étonnante constance, d’une inclination à s’engager dans les échanges informels, la corruption, le népotisme, le favoritisme, le clientélisme, etc. Bien entendu, ces pathologies affectent aussi le fonctionnement des systèmes démocratiques avancés. Mais depuis 1991, voire avant, leur prévalence est bien plus marquée en Ukraine et dans la plupart des autres républiques postsoviétiques que dans les Etats occidentaux.

Toute la question est donc de savoir si le raz-de-marée Zelensky parviendra à supprimer ces habitudes. La continuité comportementale de l’élite ukrainienne sera-t-elle enfin brisée avec ce nouveau bouleversement de la composition de la classe politique ? Ou bien les intérêts privés parviendront-ils une fois de plus à infiltrer le processus de décision, comme cela s’est déjà produit dans le passé en dépit de profonds renouvellements du personnel parlementaire et ministériel ?