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L'Humanité de ce matin on peut lire sur les élections en Turquie !
Élections en Turquie : le second tour de tous les dangersPublié le Lundi 15 mai 2023
Par Pierre Barbancey
Recep Tayyip Erdogan n’a pas pu l’emporter au premier tour de la présidentielle, pas plus que son challenger de l’opposition Kemal Kiliçdaroglu. Les deux hommes vont se retrouver face à face le 28 mai pour un second tour. En revanche, l’AKP, le parti du président, s’il sort écorné, gardera sa majorité au parlement avec l’aide de l’extrême-droite.
Le point sur les résultats des ces élections.
À minuit, soit sept heures après la clôture des bureaux de vote en Turquie, il était toujours difficile de savoir si l’un des deux principaux candidats, Recep Tayyip Erdogan ou l’opposant Kemal Kiliçdaroglu, allait l’emporter au premier tour ou si la Turquie se dirigeait vers une seconde confrontation, le 28 mai, dans cette élection présidentielle néanmoins historique.
Contrôlant pratiquement tous les médias du pays, et notamment l’agence gouvernementale Anadolu, Erdogan a fait illusion lors des toutes premières heures du dépouillement. Il était présenté comme obtenant 55 % des suffrages, laissant loin derrière lui Kiliçdaroglu malgré les interventions télévisées des maires d’Istanbul et d’Ankara, Ekrem Imamoglu et Mansur Yavas, qui dénonçaient les manipulations d’Anadolu.
Préparer une contestation des résultats
En réalité, il semble que l’agence a d’abord fait parvenir aux médias les résultats provenant des zones rurales, favorables à Erdogan. Une manière de mobiliser les supporters du président sortant et de son parti de la justice et du développement (AKP) qui, notamment à Istanbul, sont immédiatement sortis dans les rues.
Car, dans le même temps, les représentants de l’AKP portaient réclamation dans tous les bureaux où l’opposition était en tête. Plusieurs millions de voix, essentiellement dans les zones peuplées de Kurdes, n’auraient pas été comptabilisées. Une façon de tricher, de ralentir le processus mais surtout de préparer une contestation plus conséquente en cas de défaite de leur candidat à la présidentielle.
Pour Erdogan, habitué à remporter les élections les unes après les autres depuis 1999, le coup est rude même si, les municipales de 2019 et la perte d’Istanbul et d’Ankara au profit du parti républicain du peuple, le CHP de Kiliçdaroglu, représentaient déjà un coup de semonce. Passé sous la barre des 50 % au fur et à mesure de l’avancée du dépouillement, il devrait être contraint d’affronter à nouveau son adversaire.
La maigre performance de l’opposition
Ce dernier, s’il peut se targuer d’une belle campagne, n’a cependant pas reçu toutes les voix qu’il escomptait. Même si, au final il l’emportait au premier tour, ce n’est pas le raz-de-marée attendu. C’est d’autant plus préoccupant que les élections législatives sont encore plus décevantes.
L’AKP devrait conserver la majorité au parlement avec son allié d’extrême-droite, le parti d’action nationaliste (MHP), qui réalise un bien meilleur score que prévu, aux alentours de 10 % (voir résultats dans l'encadré ci-dessous).
En clair, si Kemal Kiliçdaroglu est élu président le 28 mai, il devra composer avec un parlement qui lui sera hostile ou utiliser les prérogatives qu’Erdogan s’était octroyées par le changement de constitution ce qui serait en contradiction avec ses promesses électorales.
La maigre performance de l’opposition que ce soit l’alliance formée par le CHP ou celle du HDP, ne manque pas d’interroger. Il faudra attendre les résultats définitifs pour mieux comprendre ce qui s’est passé et comprendre comment les électorats des uns et des autres se sont réellement comportés.
Législatives : l'AKP première force du paysLes législatives turques ne comportent qu’un seul tour, et les 600 députés sont élus à la proportionnelle par district électoral (il y en a 87). Voici les résultats à 23H30, selon l’agence officielle Anadolu (sur 90,62 % des bureaux de vote).
Pour la majorité sortante :
AKP (islamo-conservateur) : 35,67 %, 267 élus
MHP (nationaliste) : 10,33 %, 51 élus
Yeniden Refah (islamiste) : 2,84 %, 5 élus
Pour l’alliance de l’opposition :
CHP (centre gauche) : 24,96 %, 169 élus
Bon Parti (nationaliste) : 9,93 %, 44 élus
Pour l’alliance de la gauche et des écologistes, soutenue par le HDP kurde (également dans l’opposition) :
YSP (gauche écologiste) : 8,66 %, 61 élus
TIP (communiste) : 1,31 %, 3 élus
Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."