Législatives : Aznar vote sous les huées
NOUVELOBS.COM | 14.03.04 | 14:39
José Maria Aznar a voté pour la dernière fois en tant que président du gouvernement. Des manifestants lui crient : "Manipulateur". Son parti était donné vainqueur mais l'obstination de Madrid à soutenir la piste de l'ETA pour les attaques de jeudi a irrité les électeurs. Selon les premiers chiffres, la participation aux législatives était à 13h00 GMT, supérieure à celle de 2000 à la même heure.
Jose Maria Aznar (AP)
L es bureaux de vote ont ouvert dimanche 14 mars en Espagne pour des élections législatives auxquelles sont conviés 34,5 millions d'électeurs, alors que l'ombre d'Al-Qaïda plane sur le massacre perpétré jeudi dans la capitale espagnole et sa proche banlieue, plaçant le gouvernement de droite sortant dans une situation embarrassante. Le taux de participation atteignait 39,76% à 14H00 (13h00 GMT), soit près de 4% de plus qu'aux législatives de 2000 à la même heure, indique le site web du ministère de l'Intérieur.
José Maria Aznar a voté pour la dernière fois en tant que président du gouvernement espagnol, dans une ambiance tendue, encouragé par ses sympathisants et conspué par des manifestants l'accusant d'être responsable du 11 mars. Le visage grave, l'ancien secrétaire général du Parti populaire (PP, droite) a voté accompagné de sa femme Ana Botella, qui elle avait les larmes aux yeux.
"Nous voulons savoir la vérité"
A sa sortie, M. Aznar a tenté de faire une déclaration, rendue quasi-inaudible par les cris de ses sympathisants qui scandaient "Aznar président, toujours président", et de manifestants qui hurlaient "manipulateur" et brandissaient des pancartes et étiquettes "Paz" (paix).
"Avant de voter: nous voulons savoir la vérité", scandaient depuis vendredi des milliers d'Espagnols manifestant dans toute l'Espagne contre "la manipulation" de l'exécutif qui, jusqu'à vendredi, défendait contre vents et marées la thèse d'une responsabilité de l'organisation indépendantiste basque ETA.
Mais une nouvelle revendication au nom d'Al-Qaïda des attentats de Madrid, la deuxième en trois jours, et l'interpellation de trois Marocains sont venues renforcer quelques heures avant l'ouverture des bureaux de vote à 08h00 GMT la piste islamiste dans l'enquête sur le massacre du 11 mars.
"Aznar, à cause de toi, nous payons tous"
"Le gouvernement affronte les élections générales dans une situation politique embarrassante pour la gestion de la crise et parce que l'enquête sur le massacre replace José Maria Aznar face à sa décision la plus controversée: l'implication de l'Espagne dans la guerre d'Irak", soulignait dimanche le quotidien el Mundo.
L'état de choc postérieur aux attentats qui, avec leurs 200 morts et près de 1.500 blessés, ont totalement occulté les programmes des partis politiques, et la menace brandie contre l'Espagne par les deux revendications au nom d'Al-Qaïda, pourraient coûter cher au Parti Populaire (PP, droite), ne serait-ce qu'en mobilisant l'électorat de gauche.
Les inscriptions "ce sont vos guerres, ce sont nos morts", "Aznar, à cause de toi, nous payons tous" figuraient en bonne place samedi soir parmi les pancartes exhibées devant les sièges du PP dans les principales villes d'Espagne.