Marxisme et "libération animale"

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par luc marchauciel » 29 Sep 2009, 23:05

Bon allez, je poste ce lien, parce que je sais que ça va faire marrer pas mal de camarades ici. Voici sur le site de Contretemps une tentative de penser la "libération animale" à la lumière du marxisme :

http://contretemps.eu/interventions/questi...liste#_ftnref19

On y trouve ce genre de comparaison, qui n'est sans doute pas insultante dans la tête d'un antispéciste (= quelqu'un qui pense que la vie d'une mouche a autant de valeur que celle d'un être humain), mais pour le reste du monde elle l'est :

a écrit :
"Néanmoins, le fait que les animaux ne soient pas payés, ou encore le fait qu'ils ne soient pas entièrement conscients de leur soumission, ne prouvent ni qu'ils sont de simples ressources, ni qu'ils ne constituent pas une classe, ni que leur activité ne peut être définie comme du travail. Par exemple, les femmes humaines asservies dans les sociétés patriarcales non seulement ne sont pas payées, mais ne sont pas toujours conscientes non plus de leur soumission ; cela est vrai aujourd'hui, et l'était encore plus avant l'avènement historique de la conscience révolutionnaire des femmes. Malgré cela, on ne saurait nier ni leur oppression, ni la pertinence politique de l'idée de leur libération, ni aujourd'hui ni hier."


Sinon, j'aime beauocup ce passage où l'auteure explique que les animaux auront peut être à l'avenir un conscience de classe (elle a sans doute trop regardé le dernier épisode de la "Planète des Singes"):

a écrit :
"Il est vrai que les animaux n'ont pas de conscience de classe actuellement. Mais cela n'entraîne pas la non pertinence politique de leur exploitation. Et utiliser ce fait contingent comme preuve d'une impossibilité définitive voudrait dire céder à nouveau au confort du raccourci idéologique. En effet, une fois acceptée l'idée globale de continuité et de temporalité du vivant qui est propre à la biologie moderne, aucun argument logique n'empêche d'imaginer un virage évolutif qui développerait la conscience sociale des animaux non humains emprisonnés et exploités par les humains[20] jusqu'à la naissance d'une vraie conscience de classe."



Parce que nous autres trotskystes sommes l'avant garde, nous devons savoir anticiper ce genre d'évolution, et j'ouvre ici le concours de slogans du futur :
- "Huitres de tous océans, unissez vous ! "
- 'l'émancipation des canards sera l'oeuvre des canards eux-mêmes ! "
- "Ni Dieu ni berger, anarchie !"

A vous....

Sinon, autre concours possible : quel sera le prochain thème surréaliste à proposer à la rédaction de Contretemps : "Léninisme et apiculture ?" ; "Trotsky, penseur du western spaghetti" ? "Pablisme et satanisme" ?.....
luc marchauciel
 
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Message par Jacquemart » 29 Sep 2009, 23:17

Et que faut-il penser de ceux qui enculent les mouches ? Homophobes ? Zoophiles ? Ou antispécistes, tout simplement ?
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Jacquemart
 
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Message par Gaby » 30 Sep 2009, 00:01

(luc marchauciel @ mardi 29 septembre 2009 à 23:05 a écrit : Sinon, autre concours possible : quel sera le prochain thème surréaliste à proposer à la rédaction de Contretemps : "Léninisme et apiculture ?" ; "Trotsky, penseur du western spaghetti" ? "Pablisme et satanisme" ?.....
Arrête j'ai plein d'idées mais j'ai trop peur qu'un jour elles prennent corps, faut pas leur proposer des trucs...

En tout cas Contretemps ca ressemble vraiment à un blog à la con.
Gaby
 
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Message par luc marchauciel » 05 Oct 2009, 12:31

Réponse sur le site d'Anton :


a écrit :

L’émancipation des canards sera l’œuvre des canards eux-mêmes !par Luc Marchauciel

A la Libération, après la Deuxième Guerre Mondiale, le Parti Communiste Français a pendant quelques années porté une grande ambition, celle de produire avec ses intellectuels sympathisants une nouvelle Encyclopédie destinée à succéder à celle de Diderot, et qui devait s’intituler l’Encyclopédie de la Renaissance Française. Il s’agissait de présenter l’ensemble des connaissances de l’époque, à la manière de ce qu’avaient fait les encyclopédistes des Lumières, mais cette fois-ci en le faisant en quelque sorte « à la lumière du marxisme ». Le projet fut abandonné du fait notamment des divergences d’approche entre d’un côté  les intellectuels communistes, et notamment les scientifiques,  et de l’autre  la direction du Parti. En effet, Frédéric Joliot-Curie expliqua par exemple qu’il ne voyait pas ce que pouvait être une physique marxiste, et qu’il ne connaissait que la bonne et la mauvaise physique. Lors des réunions de travail, les plaisanteries fusèrent, Joliot demandant par exemple à pouvoir se charger de l’article sur « Marxisme et transfusion sanguine », alors qu’un spécialiste des mollusques s’interrogea sur la manière d’aborder sa discipline à travers le thème « marxisme et mallocologie ». Bref, le projet avorta logiquement…

Toutefois, il semble connaître une seconde jeunesse, puisque le site de la revue Contretemps vient de consacrer une partie de son espace au thème « marxisme et libération animale », à travers un texte intitulé « La question animale : un débat à ouvrir dans le mouvement anticapitaliste » :


http://contretemps.eu/interventions/questi...anticapitaliste
 

Disons le tout net : à première vue, parce que c’est trop énorme, on pense d’abord en lisant le papier qu’il s’agit d’un canular, et que le véritable auteur en est par exemple Alan Sokal. Celui-ci, après avoir piégé en 1996 la revue post-moderne Social Text, aurait repris du service et voulu prouver que l’on peut publier n’importe quoi dans une revue marxologique, pour peu que l’on utilise le vocabulaire adéquat et les citations de quelques textes sacrés bien choisi. Et le canular aurait à nouveau fonctionné.


Suite sur :
http://imposteurs.over-blog.com/article-36986694.html
luc marchauciel
 
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Message par Zimer » 05 Oct 2009, 18:43

« Ah ! ma petite Sonia, j’ai éprouvé ici une douleur aiguë.

Dans la cour où je me promène arrivent tous les jours des véhicules militaires bondés de sacs, de vielles vareuses de soldats et de chemises souvent tachées de sang…

On les décharge ici avant de les répartir dans les cellules où les prisonnières les raccomodent, puis on les recharge sur la voiture pour les livrer à l’armée.

Il y a quelques jours arriva un de ces véhicules tiré non par des chevaux, mais par des buffles.

C’était la première fois que je voyais ces animaux de près.

Leur carrure est plus puissante et plus large que celle de nos boeufs ; ils ont le crâne aplati et des cornes recourbées et basses ; ce qui fait ressembler leur tête toute noire avec deux grands yeux doux plutôt à celle des moutons de chez nous.

Il sont originaires de Roumanie et constituent un butin de guerre…

Les soldats qui conduisent l’attelage racontent qu’il a été très difficile de capturer ces animaux qui vivaient à l’état sauvage et plus difficile encore de les dresser à traîner des fardeaux.

Ces bêtes habituées à vivre en liberté, on les a terriblement maltraitées jusquà ce qu’elles comprennent qu’elles ont perdu la guerre : l’expression vae victis s’applique même à ces animaux… une centaine de ces bêtes se trouveraient en ce moment rien qu’à Breslau.

En plus des coups, eux qui étaient habitués aux grasses pâtures de Roumanie n’ont pour nourriture que du fourrage de mauvaise qualité et en quantité tout à fait insuffisante.

On les fait travailler sans répit, on leur fait traîner toutes sortes de chariots et à ce régime ils ne font pas long feu.

Il y a quelques jours, donc, un de ces véhicules chargés de sacs entra dans la cour.

Le chargement était si lourd et il y avait tant de sacs empilés que les buffles n’arrivaient pas à franchir le seuil du porche.

Le soldat qui les accompagnait, un type brutal, se mit à les frapper si violemmment du manche de son fouet que la gardienne de prison indignée lui demanda s’il n’avait pas pitié des bêtes.

« Et nous autres, qui donc a pitié de nous ? » répondit-il, un sourire mauvais aux lèvres, sur quoi il se remit à taper de plus belle…

Enfin les bêtes donnèrent un coup de collier et réussirent à franchir l’obstacle, mais l’une d’elle saignait… Sonitchka, chez le buffle l’épaisseur du cuir est devenue proverbiale, et pourtant la peau avait éclaté. Pendant qu’on déchargeait la voiture, les bêtes restaient immobiles, totalement épuisées, et l’un des buffles, celui qui saignait, regardait droit devant lui avec, sur son visage sombre et ses yeux noirs et doux, un air d’enfant en pleurs.

C’était exactement l’expression d’un enfant qu’on vient de punir durement et qui ne sait pour quel motif et pourquoi, qui ne sait comment échapper à la souffrance et à cette force brutale…

J’étais devant lui, l’animal me regardait, les larmes coulaient de mes yeux, c’étaient ses larmes.

Il n’est pas possible, devant la douleur d’un frère chéri, d’être secouée de sanglots plus douloureux que je ne l’étais dans mon impuissance devant cette souffrance muette.

Qu’ils étaient loin les pâturages de Roumanie, ces pâturages verts, gras et libres, qu’ils étaient inaccesibles, perdus à jamais.

Comme là-bas tout – le soleil levant, les beaux cris des oiseaux ou l’appel mélodieux des pâtres – comme tout était différent.

Et ici cette ville étrangère, horrible, l’étable étouffante, le foin écoeurant et moisi mélangé de paille pourrie, ces hommes inconnus et terribles et les coups, le sang ruisselant de la plaie ouverte…

Oh mon pauvre buffle, mon pauvre frère bien-aimé, nous sommes là tous deux aussi impuissants, aussi hébétés l’un que l’autre, et notre peine, notre impuissance, notre nostalgie font de nous un seul être.

Pendant ce temps, les prisonniers s’affairaient autour du chariot, déchargeant de lourds ballots et les portant dans le bâtiment.

Quant au soldat, il enfonça les deux mains dans les poches de son pantalon, se mit à arpenter la cour à grandes enjambées, un sourire aux lèvres, en sifflotant une rengaine qui traîne les rues.

Et devant mes yeux je vis passer la guerre dans toute sa splendeur… »

Rosa Luxemburg, « Écrits de prison ».


Voilà une façon bien plus profonde de parler de la souffrance Animal ...
Zimer
 
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