ex lucky a écrit :Quand ces abrutis expliquent que le Doliprane, surtout fabriqué en Chine, va l'être en France, et que cela sera donc plus chère. Ils "oublient" de dire: en maintenant les mêmes dividendes pour les actionnaires! Quand a ce qui va se passer aux USA en cas de pandémie...n'y pensons même pas!
Quelques précisions :
- "Doliprane", c'est le nom commercial du
médicament (le comprimé, la gélule, le comprimé effervescent, le sirop, le suppositoire...) à base de paracétamol, vendu par Sanofi essentiellement en France (et un peu au Maghreb et dans quelques autres pays).
- "paracétamol", c'est le nom du
principe actif (le produit issu de la synthèse chimique) qui entre dans la composition des médicaments tels que le "Doliprane" de Sanofi, mais aussi le "Dafalgan" et "l'Efferalgan" d'UPSA et quelques autres encore, par exemple le "Paracétamol Mylan" du génériqueur Mylan, le "Paracétamol Teva" du génériqueur Teva etc. qui portent ce nom parce que ce sont censés être des génériques (en fait ils n'ont pas ce statut, mais c'est une autre histoire).
60 % du principe actif chimique paracétamol est produit en Chine, une petite partie est produite en Inde ou en Turquie, et peut-être
25% est synthétisé aux Etats-Unis par la société américaine Mallinckrodt.
Il n'y a plus aucune production de paracétamol en Europe depuis la fermeture de l'atelier de l'usine Rhodia au Péage-de-Roussillon (Isère) en 2008.
La production chimique de paracétamol en Chine a rencontré à plusieurs reprises des problèmes de qualité, ce qui fait que
les deux principaux fabricants de médicaments qui en contiennent en France - Sanofi et UPSA - se fournissent essentiellement aux Etats-Unis.
Le médicament "Doliprane" de Sanofi est fabriqué en France (à Lisieux et Compiègne), en Allemagne (à Cologne) et un peu en Hongrie (à Veres). Les marques d'UPSA sont fabriquées en France dans la région d'Agen. Les "génériqueurs", eux, font souvent fabriquer en Europe de l'Est (à partir de principe actif chinois), avec juste les dernières étapes de conditionnement en France. Des laboratoires d'autres pays européens (ex. en Angleterre) font fabriquer plutôt en Inde à partir de principe actif chinois ou indien.
Le paracétamol est l'un des médicaments les plus utilisés contre la fièvre et la douleur.
En France, il est vendu à 80% sous forme de marques remboursables (prescrites par le médecin ou achetées spontanément),
dont le prix est fixé par un organisme lié à la Sécurité sociale, et
à 20% sous forme de marques non remboursables dont le prix est libre. Parce que, même en achat spontané, les patients préfèrent acheter du Doliprane, bon marché parce qu'il aurait pu être prescrit, qu'un DolipraneOrodoz plus cher dont le prix est libre pour le fabricant et pour le pharmacien.
Les hausses de prix à venir des marques à base de paracétamol n'ont rien à voir avec une quelconque relocalisation de la production de Chine en France, contrairement à ce que la propagande de Sanofi veut laisser croire.
En France, à l'initiative des pouvoirs publics, le prix des formes remboursables ne cesse de baisser sous prétexte d'économies pour la Sécu. Au 1er avril prochain, il va y avoir une nouvelle baisse de prix de 10% qui, pour une fois, ne touchera que les industriels alors que le prix de vente final sera stable, ce qui représente un joli
cadeau aux pharmaciens, moyen du gouvernement de soigner sa base électorale potentielle.
En fait,
les pouvoirs publics imposent des prix toujours plus bas pour pousser les industriels à demander eux-mêmes le déremboursement des médicaments à base de paracétamol, car un déremboursement décidé par le gouvernement serait impopulaire. Les industriels ont encore de la marge - elle est même énorme, sans doute entre 40% et 80% sur le produit fini - mais commencent à réfléchir à la question du déremboursement pour rétablir leur taux de profit, avec l'incertitude suivante : si les médicaments sont déremboursés, leur prix devient libre et peut donc être outrageusement augmenté ; mais cela risque de faire considérablement baisser les volumes consommés par les patients ; à la fin, le laboratoire y gagnera ou y perdra ? Tout sera donc une question de "dosage" : dérembourser seulement l'achat spontané ? Seulement les indications de douleurs passagères (tandis que les patients ayant des douleurs chroniques, ex. : de l'arthrose, seraient toujours remboursés) ? Augmenter les prix, mais pas trop ? Se retourner vers les travailleurs des usines concernées et en diminuer le nombre ou baisser les salaires d'une façon ou d'une autre ? Passer du principe actif américain à du principe actif chinois moins cher (mais parfois plus difficile à mettre en oeuvre sur les lignes de fabrication et, en plus, la Chine, ce n'est pas trop le bon moment) ?
Au niveau du principe actif, la capacité mondiale est déjà insuffisante même avant l'épidémie de coronavirus, pour livrer tous les besoins et la capacité américaine n'est pas toujours si disponible pour les Sanofi et autres UPSA. Si des sources chinoises deviennent inaccessibles à cause du coronavirus, il va y avoir une ruée de tous les labos mondiaux sur la production américaine et le groupe Mallinckrodt va tranquillement pouvoir faire monter les prix et choisir les clients qui payent le plus. Dans ces conditions, il peut aussi y avoir des hausses de prix des marques de paracétamol pour les patients et surtout, un risque de pénurie ! De quoi regretter d'avoir laissé fermer l'usine de Roussillon en 2008... (même les pouvoirs publics expliquaient alors que Rhodia "n'avait pas le choix"), mais ça, les patrons s'en fichent ! En attendant, Sanofi parade en laissant croire qu'il n'y a aucun risque...