Sainte-Thérèse Martinique

Marxisme et mouvement ouvrier.

Sainte-Thérèse Martinique

Message par com_71 » 25 Août 2024, 18:10

Que signifie la référence à Ste-Thérèse dans le "Manifeste de la Ligue Antillaise des Travailleurs Communistes" ?
https://combat-ouvrier.com/wp-content/u ... 111965.pdf

France-Antilles, André-Marc BELVON 29 juin 2018 a écrit :Pleurs, douleurs et émeutes à Sainte-Thérèse (Sans les photos, malheureusement)

Le quartier dit populaire de Sainte-Thérèse a connu des événements tragiques au cours de ces soixante dernières années. La mémoire collective retient surtout le camion dont les freins ont cédé en 1965 et qui a terminé sa course dans une maison ; les émeutes qui ont suivi en 1965 la fin de l'évasion de Marny ; et les violences urbaines de 2011.
En 1965, la « route de Sainte-Thérèse » comme les automobilistes l'ont dénommée pendant longtemps (avant de l'appeler « l'avenue Maurice-Bishop » ) était la plus meurtrière de la Martinique. C'était la seule voie qui donnait accès aux routes du Sud. Elle traversait ce faubourg de Fort-de-France qui n'avait cessé, comme d'autres zones périphériques de la ville, d'accueillir des populations depuis les fermetures des usines sucrières, et au rythme des exodes ruraux qu'engendraient celles-ci. Un trafic de voitures, de camionnettes et de camions dont les chauffeurs semblaient ne pas mesurer tous les dangers de la traversée d'une agglomération. Parmi tous les accidents que les Foyalais de Sainte-Thérèse ont eu à déplorer, ils étaient nombreux en ce mois de mars 1965, ceux qui se souvenaient encore d'une camionnette chargée de gravats, qui avait percuté un an plus tôt, en mars 1964, sur un passage protégé, cinq enfants qui sortaient de l'école.
Ce vendredi 19 mars 1965, vers 14 h 30, un terrible accident allait se produire en face du garage Phocéen (pour ceux qui s'en souviennent encore) : un camion fou, après avoir tué un jeune cycliste, rebondissait sur une voiture en stationnement, traversait la route, fracassait une construction en bois où se trouvaient deux magasins, semant la panique et la terreur sur son passage, tuait à nouveau une veille dame, broyait les jambes d'un enfant de 11 ans, et blessait grièvement trois autres personnes.
« C'ÉTAIT EFFROYABLE »
C'est Maurice Beauroy, 47 ans, garagiste, qui raconte à Georges Montout ce qu'il a vu, dans l'édition de France-Antilles du lundi 22 mars : « C'était effroyable. J'étais en compagnie d'un de mes ouvriers, à proximité de la route, en train de déplacer des poutrelles métalliques. En levant les yeux, j'ai vu arriver un camion chargé de sable. Brusquement, comme s'il voulait éviter un obstacle, le chauffeur a donné un violent coup de volant vers la droite, il a frôlé le trottoir et a heurté un jeune homme qui était en train de gonfler une roue de sa bicyclette. Le choc a été terrible. Le jeune a été projeté quelques mètres plus loin. Son vélo a été traîné sur quelques mètres aussi. Le camion a ensuite percuté une voiture qui était en stationnement. Il a semblé prendre encore de la vitesse pour traverser la chaussée, monter sur l'autre trottoir et s'encastrer dans une maison en bois où se trouvaient deux magasins. Il y a eu un fracas énorme. Tout s'est écroulé. Les nombreux fils électriques qui passaient au-dessus du toit de la maison se sont emmêlés, cela a provoqué des étincelles » . C'était l'affolement général.
Des décombres, les secours allaient sortir une morte, Eugénie Edouard Edouarzi, mère de huit enfants, que des témoins avaient vu courir à l'arrivée du camion fou pour se sauver ; et des blessés graves. Robert Villeronce, 15 ans, avait été le premier à perdre la vie dans cet accident. C'était lui le cycliste projeté quelques mètres plus loin. Parmi les blessés graves, un écolier de 11 ans a dû être amputé des deux jambes.
« Qu'aurait fait le camion si le plancher des magasins ne s'était pas effondré sous son poids ? » , soulignait avec angoisse le témoin Maurice Beauroy. « Il aurait défoncé plusieurs maisons, blessant et tuant encore. »
Le chauffeur du camion, légèrement blessé, était sorti de son « 10 tonnes » infernal en criant « mes freins ont lâché, mes freins ont lâché! » .
« Qu'aurait fait le camion si le plancher des magasins ne s'était pas effondré sous son poids ? Il aurait défoncé plusieurs maisons, blessant et tuant encore » .
« Qu'aurait fait le camion si le plancher des magasins ne s'était pas effondré sous son poids ? Il aurait défoncé plusieurs maisons, blessant et tuant encore » . •
Après avoir tué un écolier, le camion fou a achevé sa course dans deux magasins, semant la panique sur son passage, ôtait la vie à une mère de huit enfants, broyait les jambes d'un enfant de 11 ans, et blessait grièvement trois autres personnes.
Après avoir tué un écolier, le camion fou a achevé sa course dans deux magasins, semant la panique sur son passage, ôtait la vie à une mère de huit enfants, broyait les jambes d'un enfant de 11 ans, et blessait grièvement trois autres personnes. •
Les secours ont dû affronter la foule de badauds pour transporter les blessés. Une des victimes a été amputée des deux jambes.
Les secours ont dû affronter la foule de badauds pour transporter les blessés. Une des victimes a été amputée des deux jambes. •

Marny blessé, le quartier s'enflamme
« Sainte-Thérèse » est non seulement associé à la fin de la cavale de Pierre-Just Marny mais encore et surtout aux émeutes qui l'ont accompagnée. Bilan : des dizaines de blessés tant au sein des forces de l'ordre que parmi les émeutiers. Deux commerces pillés.

Ce 20 octobre 1965, cela fait dix jours que Marny s'est évadé du 110, rue Victor-Sévère. Il y a été emprisonné un mois auparavant, le vendredi 8 septembre, après son arrestation vers 15 heures la veille, sur la route de Redoute. Pendant une semaine, policiers et gendarmes de la Martinique étaient à ses trousses. Il venait de régler ses comptes avec des complices, en tuant le bébé d'un de ces derniers, un chauffeur de taxi, un autre homme, et en blessant cinq personnes dont certaines sont restées mutilées.
Ce mercredi 20 octobre, il est 19 h 30 environ. Sainte-Thérèse est en pleine animation. Nos confrères racontent dans l'édition de France-Antilles du vendredi 22 octobre : « Personne ne prête attention à un grand gaillard en blue-jean et chemise de sport appuyé à un poteau en ciment. Il interpelle une fillette : « J'ai rendez-vous avec un ami. Cours lui dire que je suis là » . Cet ami avait volé la nuit précédente un fusil et 17 5 cartouches à l'amurerie Lebreton. Car Marny n'a pas renoncé à ses projets meurtriers » .
Parmi les passants cependant, quelqu'un l'a reconnu. Cet inconnu alerte la gendarmerie. Vers 20 heures, une voiture s'arrête non loin de l'endroit indiqué et des gendarmes en jaillissent. « Marny, rends-toi, allonge-toi par terre! » , lui intime un gendarme. Il aurait répondu, a t-il été dit après les événements : « Je ne suis pas armé » . Quoi qu'il en soit, l'histoire retient qu'un gendarme tire en direction de Marny qui s'écroule. Il est aussitôt hissé dans la voiture qui disparaît. Quelques minutes plus tard, d'autres gendarmes arrivent sur les lieux pour les premières constations et interroger des témoins. Entre temps, une collision entre deux véhicules légers se produit. Un attroupement se forme. De cet attroupement gronde une colère. Elle met en cause la tenancière d'une épicerie située non loin. Le bruit court : « Ils viennent d'arrêter Marny, c'est cette femme qui l'a dénoncé » . Une émeute prend forme. Une voiture qui passe au même moment est stoppée, renversée. La foule grossit. Le désordre aussi.
LES PILLARDS SE SERVENT
L'épicerie de Mme Nadeau est assiégée, des blocs de pierres sont projetés à l'intérieur. Les pillards se servent, certains se rendent au premier étage. Ce qu'ils ne parviennent pas à emporter, ils le démolissent. Et lorsqu'il n'y a plus rien à détruire, ils tentent de mettre le feu. De l'autre côté de la route, la « boutique du Chinois » comme ils l'appellent, subit presque le même sort. Il assiste de son balcon, sans oser intervenir, à la ruine de son stock. Deux camions de gendarmes arrivent pour dégager les premiers militaires qui sont dépassés par les événements. Ils sont accueillis sous une pluie de pierres. Du haut des rues en pente de Sainte-Thérèse dévalent des fûts d'huile, de pétrole et d'essence qui bondissent sur l'artère principale. C'est la panique. Ces fûts risquent d'écraser ceux qui n'ont pas le temps de s'enfuir. Les combustibles se répandent sur la chaussée. Il suffirait d'une allumette pour que le quartier flambe. Les réverbères volent en éclats, les lumières s'éteignent. Les automobilistes pris au piège de ces émeutes sont agressés. Le face-à-face entre émeutiers et forces de l'ordre va durer toute la nuit, avec quelques soubresauts les deux nuits suivantes. Bilan humain de ces trois jours : une dizaine de gendarmes grièvement blessés, deux fois plus parmi les manifestants. Une vingtaine de ces derniers ont été jugés quelques semaines plus tard devant le tribunal correctionnel de Fort-de-France et condamnés à des peines de 4 à 10 mois de prison.
Le mercredi 24 novembre, par décision de la cour de cassation criminelle, Marny est transféré à Paris. Il sera condamné par la cour d'assises de la Seine à la réclusion à perpétuité en septembre 1969. En mai 2008, Marny est transféré à la prison de Ducos en Martinique. Le dimanche 6 août 2011, au petit matin, il met fin à ses jours. Il a 68 ans. Il a passé 48 années derrière les barreaux.
Le bruit a couru que la tenancière de cette épicerie a dénoncé Marny. Les locaux sont assiégés. Les pillards se servent, détruisent tout et tentent de mettre le feu.
Le bruit a couru que la tenancière de cette épicerie a dénoncé Marny. Les locaux sont assiégés. Les pillards se servent, détruisent tout et tentent de mettre le feu. •

Scènes de violences urbaines
Le mardi 18 octobre 2011, les scènes de violences urbaines ont rappelé de bien mauvais souvenirs aux plus anciens. Elles ont été menées par des jeunes pour qui les émeutes de 1965 ne sont que de l'histoire contemporaine. À l'origine de ce mouvement de colère : la fermeture administrative d'une épicerie, exécutée par des policiers. En réalité, un imbroglio administratif qui conduira le préfet à demander quelques jours plus tard, sa réouverture.
Ce mardi 18 octobre, en début d'après-midi, forces de l'ordre et jeunes de Sainte-Thérèse s'opposent violemment dans les environs de Canal Alaric. Des jeunes descendent de la route de Saint-Christophe pour leur lancer de grosses pierres et des bouteilles. De l'autre côté de l'avenue Maurice-Bishop, d'autres jeunes entrent en action. Des poubelles sont incendiées. Des individus cagoulés commencent à tout casser et à caillasser les véhicules de police. Dans la soirée, la situation est encore loin d'être maîtrisée. Les échauffourées au contraire, repartent de plus belle, malgré l'arrivée de nombreux renforts de police. Une réserve de 35 gendarmes est prête à intervenir. Des départs de feux sont signalés en divers points du quartier et en périphérie. Les pompiers sont appelés sur les lieux. Un peu plus tard, des regroupements de jeunes venus d'un peu partout s'attaquent à un commerce de motos et volent près d'une centaine d'engins. Ce n'est que tard dans la nuit que le calme revient. Les forces de l'ordre parviennent à interpeller une vingtaine de fauteurs de trouble. Onze d'entre eux seront déférés au parquet de Fort-de-France. Quatre seront jugés en comparution immédiate. Un seul jeune sera condamné à 6 mois de prison ferme. Les autres seront relaxés.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 6217
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Re: Sainte-Thérèse Martinique

Message par com_71 » 25 Août 2024, 20:26

Mort après 48 ans de prison...
APRÈS 48 ANNÉES D'EMPRISONNEMENT Pierre-Just MARNY se donne la MORT en prison
France-Antilles, dimanche 7 août 2011

Le plus ancien détenu de France s'est suicidé hier matin dans sa cellule du centre pénitentiaire de Ducos. C'est un détenu de son quartier qui a donné l'alerte aux agents. La « panthère noire » venait de fêter samedi ses 68 ans.
Après 48 années passées derrière les barreaux, Pierre Just-Marny est mort sans avoir jamais retrouvé la liberté. Le plus ancien détenu de France a été retrouvé pendu, hier vers 4 h 30 , dans sa cellule du centre pénitentiaire de Ducos. Samedi, il venait tout juste de célébrer son 68e anniversaire.
« C'est un voisin de cellule qui a donné l'alerte aux agents de prison, via un dispositif d'interphonie, après l'avoir entendu faire ses adieux à un autre détenu » apprend-on de source pénitentiaire.
Marny était sous surveillance spéciale. « Il y avait un dispositif mis en place, à savoir un service de nuit, des rondes toutes les deux heures, et c'est entre deux rondes que cela s'est passé » poursuit la source.
« Les collègues avaient déjà effectué la ronde dans le secteur maison d'arrêt, quand nous avons reçu l'appel d'un autre détenu qui nous informait que Marny voulait se donner la mort. Le temps que les collègues aillent sur place, il était trop tard. Cela faisait à peine dix minutes qu'ils avaient reçu l'appel » raconte Fred Vincent-Sully secrétaire général FO au centre pénitentiaire de Ducos.
Les gardiens l'auraient alors retrouvé inanimé, « assis sur une chaise » , accroché à un montant du lit « avec une corde confectionnée à l'aide de ses draps » .
De source pénitentiaire, rien ne laissait présager le geste fatal de Pierre-Just Marny. « Il se réjouissait même de ne plus avoir à se déplacer pour suivre ses traitements. L'élément déclencheur a peut-être été son anniversaire » évoque-ton.

« Ils font tout pour que je meure en prison »

Samedi, il fêtait ses 68 ans. Une nouvelle année qu'il n'aurait pas supporté de vivre encore en prison. Depuis son retour en Martinique, sa santé physique et mentale s'était au fur et à mesure dégradée. Il souffrait de problèmes psychiatriques sévères.
Félix Vert-Pré, ami et président du comité de soutien à Pierre-Just Marny, qui lui a rendu visite mercredi témoigne. « Il n'était pas suicidaire. Il me disait « mwen pa ka mô. Mwen immortel. Yo konprann sé mwen yo ké tué, mé non » . Et puis dernièrement, il m'a dit, Félix, ils font tout pour que je meure en prison... »
Transféré à la prison de Ducos depuis le 28 mai 2008, Pierre-Just Marny espérait en regagnant son île natale, obtenir sa libération conditionnelle. En vain. Il n'aura goûté à « l'air du dehors » selon ses propres termes, qu'une fois, en 48 ans d'emprisonnement. Une unique permission de sortie de six heures, le 14 juin 2010, durant laquelle il a pu se rendre à la grotte de Lourdes à Saint-Joseph, et visiter sa famille au Vauclin, sous escorte de la gendarmerie.

L'autopsie sera réalisée aujourd'hui
À la prison, la mort de Marny, n'a pas - encore - suscité de réactions de la part des prisonniers. Une cellule d'aide psychologique va être mise en place pour les détenus et les agents.
La brigade de recherche de gendarmerie est chargée des investigations. Des techniciens d'identification de la brigade criminelle sont sur place pour faire la lumière sur cette affaire.
« Une autopsie et des analyses seront pratiquées demain - ndlr ce lundi - afin de connaître les causes de son décès et son état physique au moment des faits » assure le parquet.
Hier, les enquêteurs ont mis la main sur une lettre laissée par Marny dans sa cellule. Cette lettre pourrait-elle expliquer les raisons de son geste ? Difficile pour le moment de l'affirmer. Pour l'heure, on ignore encore où et quand se tiendront les obsèques. La famille de Pierre-Just Marny, sous le choc, n'a pas tenu à s'exprimer.

(1) Maître Corinne Boulogne Yang-Ting, Louis-Philippe Sutty et Philippe Edmond-Mariette (notre photo) étaients les avocats de Marny.
(2) Une des avocates de Pierre Just-Marny, actuellement hors de la Martinique.
(3) L'interview a ete réalisée avec la complicité d'un proche qui le visite régulièrement au parloir, à qui nous avions donné nos questions et qui a noté les réponses de Pierre-Just Marny
(4) Pierre-Just Marny purge une peine de réclusion criminelle à perpétuité pour une fusillade le 2 septembre 1965 qui avait fait trois morts dont un bébé et quatre blessés

- Les grandes dates de la vie de Marny
6 août 1943. Pierre-Just Marny nait à Fort-de-France. Cadet d'une famille modeste, il est d'abord scolarisé Tivoli, puis au pensionnat de Balata. Fidèle de l'école buissonnière, enfant difficile, il multiplie les fugues.
A 15 ans, le fougueux adolescent est placé au centre éducatif de la Tracée. Il s'en échappe et fait ses premiers pas dans la délinquance. Avec une petite bande, il « invente » en Martinique le vol de voiture.w »

1963. Agé de 20 ans, est condamné une première fois. Avec ses complices il comparait devant le tribunal correctionnel de Fort-de-France pour une série de vols. Il est condamné à 4 ans dont 2 avec sursis. Apparemment, il a porté le chapeau pour toute la bande. Il aurait gardé le silence sur l'identité des receleurs contre la promesse d'une bonne part de l'argent.

2 septembre 1965. C'est le jour qui a fait basculer la vie de Marny. A peine libéré, il veut retrouver ses anciens complices. Deux hypothèses. Soit il veut récupérer sa part du butin, soit il veut se venger d'avoir été lâché par ses anciens amis lors du procès. Toujours est-il que rien de l'arrêtera dans sa quête. Armé d'un fusil, sa traque le conduit de Schoelcher à Fort-de-France. Il tire sur tout ce qui bouge. Du chauffeur de taxi qu'il braque en passant par un enfant de deux ans et demi, c'est un vrai massacre qui parait gratuit. Il laisse derrière lui trois morts et quatre blessés.

8 septembre 1965. Après avoir mis sur les dents les gendarmes et les policiers de l'île, Marny est interpellé à 15 h 15 route Redoute. Après avoir tiré 2 coups feu, il est maîtrisé par les gendarmes.

9 septembre 1965. Entendu par le juge d'instruction, il reconnaît les faits qui lui sont reprochés. Il est alors entouré des deux avocats choisis par sa famille, Emmanuel Ursulet et Léon Laurent Valère.

10 octobre 1965. Alors que l'opinion publique est partagée entre la fascination pour un petit Martiniquais qui a fait tremblé les forces de l'ordre françaises et la répulsion pour un malfrat qui a tué des innocents, Marny réussit à s'enfuir de la prison. Une nouvelle traque commence.
19 octobre 1965. Reconnu Sainte-Thérèse, apparemment trop confiant dans soutien d'une partie de la population qui verrait en lui un « neg mawon » , une victime de la société, Marny est encerclé par les gendarmes. Refusant de se coucher, il essuie une rafale. Trois balles qui le touchent au poumon et à labdomen. Cette interpellation et surtout l'ouverture du feu, qui parait injuste à certains témoins, déclenche trois jours d'émeute à Fort-de-France. A la clé, un mort et 40 blessés.

24 novembre 1965. En toute discrétion, Marny est transféré vers Paris à bord d'un avion militaire. Compte tenu de la passion déclenchée par l'affaire, la justice a décidé de juger Marny « pour cause de sûreté publique » loin de la Martinique.

27 septembre 1969. Face à la cour d'assises de Paris, Marny encourt la peine de mort. Défendu par deux avocats parisiens commis d'office ( à qui il refuse d'adresser la parole parce qu'ils sont blancs), il sauve sa tête, mais est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

28 mai 2008. Marny fait son retour dans son île natale pour être incarcéré au centre pénitentiaire de Ducos.

14 juin 2010. La première permission de sortie de six heures lui est accordée après 47 années de détention.

7 août 2011. Pierre-Just Marny se donne la mort dans sa cellule.

- LES RÉACTIONS
ME PHILIPPE EDMOND-MARIETTEAU NOM DES TROIS AVOCATS DE PIERRE-JUST MARNY (1) « Un grand sentiment d'indignation »
« Nous éprouvons une très grande tristesse. Ensuite, un profond sentiment d'indignation. Nous sommes très attentifs à ce qui va se passer maintenant. Nous avons cette autopsie qui va être organisée et réalisée. Nous attendrons d'en savoir plus. À côté de l'examen médico-légal qui sera pratiqué, reste poser la plus grande question. Pierre-Just Marny devait-il aujourd'hui, au lendemain de ses 68 ans, être encore au centre pénitentiaire de Ducos ?
C'est profondément cette question qui nous interpelle. À titre personnel. Nous présentons nos sincères condoléances à sa famille, à tous ceux qui lui sont proches, son comité de soutien, et à tous ceux qui l'on longtemps soutenu.
Les trois avocats se sont engagés à ses côtés , sans bourse déliée de la famille. C'est un engagement que nous avions pris compte tenu de la situation particulière de Pierre-just Marny. Rien ne pourra effacer le sentiment de gâchis et d'échec que mes confrères et moi éprouvons ce matin. Un profond sentiment de tristesse, une profonde compassion à son endroit et aussi un grand sentiment d'indignation. Nous souhaitons que ce sentiment soit mesuré pour qu'il ne cède pas la place à la colère. »
ME CORINNE BOULOGNE YANG-TINGAVOCATE (2) « Comment ne pas être attristée par une telle fin »
« Il est regrettable que personne n'ait eu le courage de prendre la décision de libérer Pierre-Just Marny alors qu'il avait déjà largement payé sa dette à la société, cela d'autant que tout le monde le savait malade.
Un combat qui s'achève ainsi est un drame humain et je ne peux qu'être consternée. La dignité humaine commandait une réponse plus appropriée.
L'autorisation de sortie dont il avait pu bénéficier a été un intermède à cet emprisonnement qui n'avait que trop duré. Une unique sortie de 6 heures après plus de 45 années de détention conduit à s'interroger sur la sévérité du régime qui lui était appliqué. Il en va de même de cette exigence de lui voir appliquer la circulaire conduisant à son transferrement vers le CNO de Fresnes qui lui faisait craindre de ne plus jamais revoir la Martinique et donc de ne pas recouvrer la liberté »
Maître Boulogne Yang-Ting poursuit en rappellant que « Monsieur Marny avait demandé son transfert à la Martinique, sa terre natale, pour être un homme libre mais malheureusement, c'est la mort qui l'a emporté après tant d'années de détention » . D'ailleurs dit-elle, « que reste-t-il à un homme quand il perd tout espoir ? » .
ÉTIENNE ZIDÉEJUGE D'APPLICATION DES PEINES « Je ne m'y attendais pas du tout »
« C'est toujours un échec de la justice lorsque l'on a un suicide de détenu. Je suis surpris et très choqué par l'annonce du décès de Pierre-Just Marny. Il ne nous a pas donné le temps de le convaincre qu'il fallait qu'il aille au Centre National d'Évaluation (CNE) de Fresnes, avant toute libération conditionnelle.
On avait tous espoir qu'il soit libéré un jour. J'avais toujours milité et voulu qu'il soit libéré. Mais, nous étions bloqués sur le domaine du CNE où il refusait d'aller. Cela nous bloquait, mais on Ses avocats avaient déposé des dossiers de demande de grâce présidentielle, de commutation de peines, de suspension de peine pour raisons médicales... Je suis encore choqué, je ne m'y attendais pas du tout. Surtout qu'il n'y avait aucun signe qui laissait présager son acte. »
FÉLIX VERT-PRÉAMI ET PRÉSIDENT DU COMITÉ DE SOUTIEN DE MARNY « Il me disait : Il faut que je sorte, car je n'en peux plus! »
« En apprenant cette nouvelle, j'étais profondément touché.
Je l'ai vu mercredi, il était bien. On a parlé de choses et d'autres, on a rigolé un peu. Nous discutions de morceaux de musique d'un CD que je lui avais remis, avec des morceaux comme « J'entends siffler le train » , « Besame mucho » ... Il me disait qu'à sa prochaine sortie, il aurait aimé que je rassemble quelques musiciens pour faire un petit son. Il m'a dit qu'il aurait chanté avec eux. Trois demandes de permission ont été rejetées, et je pense que c'est celà qui a joué. Il me disait : « il faut que je sorte, car je ne peux plus! » .
- « Il me l'avait annoncé il y a 15 jours »
48 ans derrière les barreaux et c'est du fond de sa cellule que le plus ancien détenu de France a décidé d'en finir ce dimanche. Un geste de désespoir face à une libération à laquelle il ne croyait plus. Pierre-Just Marny, incarcéré depuis 1963 (1965 pour les crimes pour lesquels il a été condamné à perpétuité) n'a pas agi sur un coup de tête.
« Il me l'avait annoncé il y a 15 jours » , confie une amie proche, totalement effondrée par cette nouvelle.
Depuis le retour du Martiniquais de 68 ans dans son île natale le 28 mai 2008, elle lui rendait visite très régulièrement. « Vendredi, je me suis battue avec lui, j'ai essayé de le dissuader. Il était déterminé » , lâche-t-elle, entre deux sanglots. Présente à ses côtés pendant plus de trois ans, elle assure « avoir tout fait » pour l'aider à obtenir sa libération conditionnelle.
Cela n'a pas suffi. La justice n'a pas cédé. Et Pierre-Just Marny, un détenu décrit par ceux qui l'ont côtoyé comme quelqu'un doté d'une très forte personnalité, a fini par renoncer. « Je me suis vraiment battue. J'ai vraiment tout essayé. Tout » , pleure, inconsolable, l'amie qui comptait énormément pour lui. Vendredi, au parloir du centre pénitentiaire de Ducos, elle est la dernière personne de l'extérieur à lui avoir rendu visite.

- « J'ai très envie de prendre l'odeur du dehors »

Dans une interview exclusive (3), à quelques jours d'une permission de sortie qui venait de lui être accordée pour visiter sa famille en 2010, Marny nous livrait pour la première fois son sentiment sur ses deux premières années à Ducos et sur son état d'esprit. Nous republions cette interview.
Vous êtes revenu il y a deux ans jour pour jour à la Martinique, 43 ans après l'avoir quittée, comment avez-vous vécu ces deux premières années à la prison de Ducos ?
Pierre-Just Marny : En arrivant ici, j'étais enthousiasmé et très content. Je croyais sortir puisque jetais venu pour être libéré mais j'ai été très vite désenchanté. Je suis séquestré depuis de deux ans ici par la justice. On me fait du chantage pour retourner en France au CNO (Ndlr : Centre National d'Observation) mais j'y suis déjà passé en 2007. Je ne retourne plus en France après 44 ans de captivité.
Vous restez donc sur votre position ?
Oui, ma position définitive, comme je l'ai déjà dit, c'est que je ne veux plus retourner en France ni au CNO. Je suis un Martiniquais, un Canbéen. J'ai payé 48 ans de prison et aujourd'hui, je suis toujours la cible malheureuse de l'administration.
Vous estimez devoir être libéré définitivement ?
Oui. Tous les prisonniers qui ont fait le même parcours que moi sont morts aujourd'hui. Je suis le seul survivant Dieu est avec moi. Ma vie a basculé pour une erreur de jeunesse (4). Aujourd'hui, chaque fois que je pense à ma mère, je pleure. Elle me parlait beaucoup, je n'obéissais pas. Je suis rentré en prison à 19 ans. J'étais jeune, j'étais illettré, il y a des choses que je ne pouvais pas comprendre...
Comment se déroule une journée quotidienne de Pierre-Just Marny ?
Enfermé, monotone, dans une cellule. II fait très chaud. Mais, aveugle, je n'ai pas le choix. Les surveillants sont bien avec moi, je suis bien avec eux. J'écoute la radio. Quand j'écoute les émissions à mon sujet, j'entends les témoignages, ça me fait chaud au coeur, comme ça a été le cas jeudi 20 mai 2010, trois jours après la décision de la permission de sortie.
La cour d'appel vient de décider de vous accorder cette permission de sortie de six heures sous escorte de la gendarmerie, comment appréhendez-vous cette journée en famille, la première depuis 45ans ?
J'ai appris cette décision mais je n'ai pas encore vécu cette journée. Je me laisse enchanté de pouvoir revoir mes demi-frères et mes demi-soeurs, si Dieu veut. J'ai une très grande envie de prendre l'odeur du dehors
Physiquement, comment vous sentez-vous aujourd'hui ?
Pas comme Tarzan, ça s'est sûr! (rires)...
Quand j'étais jeune, j'étais très fort, très habile, je ne suis plus le même homme...

- Au fil des années...
- Claudy Siar : « Une impression de gâchis »
Claudy Siar, délègue interministériel pour l'égalité des chances des Français d'Outre-mer, tient à exprimer toutes ses condoléances à sa famille, à ses proches et à tous ceux qui ont témoigné de la compassion pour le sort du plus ancien prisonnier de France. Ses voeux vont aussi aux familles des victimes de M. Marny, qu'il ne faut surtout pas oublier sous le coup de l'événement. Trois morts, quatre blessés, autant de vies brisées et encore plus de destins fauchés par l'infinie désolation de la disparition d'un enfant, d'un parent, d'un membre de la famille, d'un proche ou d'un ami.
En 48 ans de prison, M. Marny avait payé. Aucun autre condamné n'a eu à subir la même sévérité, ce qui a pu donner le sentiment à la communauté antillaise, dont ce Martiniquais était issu, qu'il avait même trop payé (...)
Claudy Siar se joint à tous ceux, nombreux, qui ressentent une impression de gâchis.

- EXTRAIT D'UNE DES NOMBREUSES LETTRES DE PIERRE-JUST MARNY ADRESSÉES À NOTRE RÉDACTION
Je ne dois rien à personne, j'ai payé plus de 46 ans pour la faute de mes camarades et je subis toutes les injustices de la société coloniale. J'ai commis une erreur de jeunesse sans le vouloir, moi ce que j'appelle une odyssée d'un plagiat malheureux parfois je dis même un automate etc.. Je suis aveugle, je me suis déjà adressé partout et je n'ai jamais reçu de réponse de nulle part...
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 6217
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Re: Sainte-Thérèse Martinique

Message par com_71 » 26 Août 2024, 04:37

Octobre 2011 est aussi révélateur :
Sérieuses échauffourées à Sainte-Thérèse
FA. mardi 18 octobre 2011
Grenades lacrymogènes, tirs de flash-ball contre jets de pierres et de bouteilles. Mardi en fin d'après-midi, de sérieux affrontements ont opposé les forces de police à des dizaines de jeunes à Sainte-Thérèse. Des échauffourées qui auraient démarré suite à l'intervention des fonctionnaires pour fermer une épicerie - bar, dépourvue de toute autorisation. Les photos sont là . Toutes les infos sur cette soirée très chaude dans notre édition de ce mercredi 19 octobre.

« Nous voulions protester contre la fermeture de l'épicerie »
FA. mercredi 19 octobre 2011

« Dans le quartier, c'est pas facile. On ne travaille pas. Fabrice (le tenancier de l'épicerie) aide même les mères de famille en difficulté, fait des crédits pour les fins de mois » .

Assis sur une table et des chaises à « To Poto » -des pieds métalliques surmontés d'une bâche-, plusieurs jeunes reviennent sur les événements de la veille.
Le calme est revenu à Sainte-Thérèse. Les commerces sont ouverts, les gens devisent dans la rue. Seule l'épicerie « Fruits et Légumes » affiche toujours portes closes (lire par ailleurs). C'est pour elle que plusieurs jeunes, mardi, entendaient faire une pétition. « On n'était pas au courant que l'épicerie allait fermer. Mais, mardi, à 8 heures, on ne l'a pas vu ouverte. On s'est renseignés et on nous a laissé entendre que c'était à cause de nous. Parce qu'il y a un rassemblement de jeunes qui boivent de l'alcool, que nous sommes des délinquants, etc... » , assure un jeune, de l'autre côté du boulevard.
Assis avec plusieurs amis, sous une toiture bâchée, au lieu surnommé « To poto » , il ajoute avoir simplement voulu défendre le commerce.
« C'est la plus ancienne épicerie du quartier. Avant, c'était « Fruits et Légumes » , maintenant, c'est chez « Fabrice » . On est très bien avec lui, on n'a jamais eu de souci » . Un autre ajoute encore : « Dans le quartier, c'est pas facile. On ne travaille pas. Fabrice, il aide même les mères de famille en difficulté, fait des crédits pour les fins de mois » .
La fermeture a été vécue comme une injustice. « Ce qu'on voulait, c'était faire une pétition, appeler les médias, protester. On était vraiment mécontents parce qu'on a fermé une épicerie sociale et solidaire » . Ils se défendent de créer des troubles, devant le commerce. « Regardez! Il n'y a rien dans le quartier. Pas un petit abri. Le terrain de foot est un terrain vague. Où voulez-vous qu'on aille ? C'est là qu'on se rassemble, là qu'on va boire mais on ne fout pas le bordel » .
Quand tout a commencé mardi, ils fêtaient aussi l'anniversaire d'un ami, indique l'un d'eux. « On n'a rien compris, on a vu les policiers arriver avec leurs boucliers, directement sur nous. Il y avait trop de jeunes » . Et puis, tout a vite dérapé.
« La fermeture de l'épicerie, c'était la goutte d'eau. Mais il faut bien préciser que ce ne sont pas les jeunes de Sainte-Thérèse qui ont pété le magasin de motos » , insiste un des jeunes.

Sainte-Thérèse retrouve son calme
FA mercredi 19 octobre 2011
Les policiers ont fait face à des jets de pierres et de bouteilles. Leurs véhicules ont été caillassés. Des tirs de grenades lacrymogènes partaient en réponse.
Les policiers ont fait face à des jets de pierres et de bouteilles. Leurs véhicules ont été caillassés. Des tirs de grenades lacrymogènes partaient en réponse.


APRÈS LES VIOLENCES ET 19 INTERPELLATIONS.
Tout a démarré en début d'après-midi. Une vingtaine de jeunes, le visage semi-masqué selon la police, bloquaient la circulation et brûlaient des poubelles. Les policiers sont intervenus pour rétablir l'ordre. Mais, une heure après, les jeunes revenaient, en plus grand nombre. Les fonctionnaires se déplaçaient à nouveau et étaient, cette fois-ci, pris à partie. Ils essuyaient des jets de pierres et de bouteilles. Leurs véhicules étaient caillassés. Des tirs de grenades lacrymogènes partaient en réponse.
Ces affrontements se sont poursuivis jusque vers 19 heures 30. Une cinquantaine de policiers se trouvaient sur place. L'hélicoptère de la gendarmerie était appelé en appui. Une réserve de 35 gendarmes également prête, au cas où. « On avait affaire à une quarantaine d'émeutiers » , estime le commissaire Véronique Deneux, directrice adjointe de la sécurité publique. Quatre policiers ont été légèrement blessés au cours de cette première partie de nuit.
Une seconde phase
Puis, vers 20 heures 30, les policiers ont dû faire face à un second phénomène. Des regroupements de jeunes venus d'un peu partout ont commencé à s'attaquer au magasin Sun Motos. « C'était difficile à gérer. D'un côté, nous avions des opérations de maintien de l'ordre public, qui n'était pas évident avec des centaines de badauds présents sur le bord de la route. De l'autre, on a dû avoir une intervention judiciaire face à des groupes opportunistes qui ont profité de la situation » , décrit Antoine Poussier, le directeur de cabinet du préfet.
Au total, 19 personnes ont été interpellées, diversement poursuivies pour attroupement armé (coutelas, poignard, poings américains...), violences à agent et vols aggravés de motos. « Je ne suis pas sûre que ce sont les émeutiers qui ont commis le cambriolage. On a réussi à récupérer pas mal de motos. On a aussi pris des voleurs en flagrant délit » , insiste Véronique Deneux. Huit individus ont également été surpris derrière le magasin Intersport, cagoulés, munis de pinces et de coupe-coupe.
Sur les 20 personnes placées en garde à vue mardi soir -un s'est présenté de lui-même au poste-, 9 feront l'objet d'une composition pénale (une alternative aux poursuites) et 11 ont été déférées au parquet de Fort-de-France. Trois d'entre eux devaient être jugés hier en comparution immédiate mais leur procès a été renvoyé.
Hier soir, la vigilance restait de mise mais le calme semblait revenu à Sainte-Thérèse.

L'épicerie de Sainte-Thérèse à l'origine des troubles rouvre ce mercredi
lundi 24 octobre 2011

Très remontés, les syndicats de police ont été reçus longuement par le préfet et son directeur de cabinet ce mardi soir. Ils ont demandé au représentant de l'État d'expliquer sa décision.
L'épicerie de Sainte-Thérèse, encore et toujours. Hier, pendant près de 3 heures, elle a alimenté tous les débats. Comme pressenti, le préfet a décidé de rouvrir cet établissement dès ce mercredi. En raison de « troubles à l'ordre public », il était initialement fermé pour un mois. Il y a une semaine, l'application de cette sanction administrative avait engendré de sérieuses violences dans le quartier.
En première ligne : les policiers qui ont essuyé de nombreux jets de pierre et de bouteille. Pour eux, la décision de réouverture est un véritable désaveu. « C'est vrai que cette décision a été assez mal vécue au départ », commente Victor Zadick, au nom de l'intersyndicale police. « C'est le politique qui nous donnait les infos et elles se vérifiaient à chaque fois par la suite. On a eu la désagréable impression que la décision du préfet était dictée par la municipalité. C'est comme si on avait abdiqué devant la rue », estime-t-il.
Reçus par Laurent Prévost, le préfet, et Antoine Poussier, son directeur de cabinet, les policiers entendaient profiter de cette réunion d'hier après-midi pour obtenir des explications. « On a demandé au préfet de lever toute ambiguïté. On souhaite qu'il dise clairement que sa décision est motivée par un réexamen du dossier et pas par les troubles à l'ordre public qui ont suivi la fermeture ».
Selon les syndicats, le représentant de l'Etat se serait engagé à communiquer en ce sens, aujourd'hui mardi ou demain. « La réouverture, on ne pourra pas l'empêcher. Mais on a besoin que le préfet dise pourquoi et que tout soit très clair. Sinon, on n’hésitera pas à aller jusqu'au ministre de l'Intérieur », prévient un autre syndicaliste.

Epicerie Bellance : pour faire taire toute polémique
mercredi 26 octobre 2011

L'épicerie de Fabrice Bellance, à l'origine des émeutes de la semaine dernière à Sainte-Thérèse, a finalement rouvert ses portes hier matin.
La fermeture administrative, fixée à un mois, a été ramenée à une semaine. Après les interrogations des uns et des autres se demandant si la Préfecture avait cédé face à la pression de la rue, Jean-René Vacher, secrétaire général de la préfecture, explique que des éléments nouveaux ont été apportés et que ces derniers ont entraîné un nouvel examen du dossier.« Premier élément, un certain nombre de personnes ont souligné le rôle « social » de cette épicerie » , fait observer Jean-René Vacher. « Deuxième élément, le propriétaire de l'épicerie, Fabrice Bellance, a été reçu le 19 octobre par le directeur de cabinet du préfet. Il a garanti qu'il allait éviter les troubles à l'ordre public qui avaient entraîné la fermeture de son commerce. Troisième élément, M. Bellance nous a fourni une autorisation de vendre de l'alcool à emporter, autorisation qu'il n'avait pas pu fournir auparavant malgré les demandes qu'on lui avait faites » . Le secrétaire général de la préfecture a rappelé que les incriminations à l'encontre du commerçant étaient de deux types : la vente d'alcool sans autorisation et le trouble à l'ordre public lié à la vente d'alcool et à la consommation sur place. « Par conséquent, le trouble à l'ordre public et la consommation sur place d'alcool ont été deux des éléments de la fermeture de l'épicerie pendant un mois » , souligne Jean-René Vacher. « Cependant, dans la mesure où M. Bellance nous a fourni le document (délivré par la mairie) lui permettant de vendre de l'alcool à emporter, l'une des incriminations tombe et fait passer la fermeture administrative d'un mois à huit jours »
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 6217
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14


Retour vers Histoire et théorie

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 5 invité(s)