Bourdieu

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par lavana » 21 Mars 2004, 11:22

On peut toujours dire effectivement qu'en "dernière analyse" Bourdieu nie l'existence des classes sociales, mais hein...

Un résumé universitaire (argument d'autorité ?) qui vaut ce qu'il vaut mais pour eux les classes sociales existent toujours chez Bourdieu.

a écrit :1) La persistance d’une analyse en termes de classes sociales chez Pierre Bourdieu
http://www.ac-limoges.fr/bleucl/SES/cours/.../structure.html.


Si pour Pierre Bourdieu, les classes sociales existent toujours, il réfute cependant une lecture des classes les présentant comme quelque chose de permanent dans un mode qui change ; il propose ainsi une clé d’analyse de la structure sociale contemporaine. La construction des classes doit prendre en compte la profession, le niveau d’instruction, le sexe, l’âge, la résidence, mais surtout le volume et la structure du capital possédé et la trajectoire sociale des agents composant cette classe.


Pierre Bourdieu distingue quatre types de capitaux :


le capital économique, que l’on peut assimiler à la richesse (revenu et patrimoine),
le capital culturel, qui prend diverses formes (tableaux, livres, disques, diplômes) qui se manifeste également dans l’habitus,
le capital social est l’ensemble des ressources liées à l’appartenance à un groupe qui assure des liaisons permanentes et utiles que l’on peut mobiliser. Il se matérialise dans des clubs sélects, des rallyes, des cercles, des réceptions, etc.,
le capital symbolique, qui peut prendre diverses formes : l’apparence physique, la réputation, le nom, les décorations, …
Les classes sociales se définissent non seulement par le volume global de capital possédé mais aussi par sa structure. Si l’on compare les «gros commerçants » aux «professeurs », les premiers sont mieux dotés en capital économique mais moins bien dotés en capital culturel que les seconds.
Pierre Bourdieu s’efforce de montrer l’existence de rapports de domination entre les classes sociales ; encore aujourd’hui, les classes dirigeantes cherchent à asseoir leur domination grâce à la possession d’un capital économique, social et culturel.

2) Le rejet de l’analyse

D’autres auteurs rejettent le schéma de la lutte des classes soit en lui opposant la montée des classes moyennes soit en estimant qu’elle ne permet plus de décrire la réalité sociale contemporaine.



Et le paragraphe de l'auteur canonique.
a écrit :Au moyen âge, les bourgeois étaient contraints de s'unir, dans chaque ville, contre la noblesse campagnarde pour défendre leur peau; l'extension du commerce, l'établissement des communications amenèrent chaque ville à connaître d'autres villes qui avaient fait triompher les mêmes intérêts en luttant contre la même opposition. Ce n'est que très lentement que la classe bourgeoise se forma à partir des nombreuses bourgeoisies locales des diverses villes.
L'opposition avec les rapports existants, et aussi le mode de travail que cette opposition conditionnait, transformèrent en même temps les conditions de vie de chaque bourgeois en particulier pour en faire des conditions de vie qui étaient communes à tous les bourgeois et indépendantes de chaque, individu isolé.
Les bourgeois avaient créé, ces conditions, dans la mesure où ils s'étaient détachés de l'association féodale, et ils avaient été créés par ces conditions dans la mesure où ils étaient déterminés par leur opposition avec la féodalité existante.
Avec la liaison entre les différentes villes, ces conditions communes se transformèrent en conditions de classe. Les mêmes conditions, la même opposition, les mêmes intérêts devaient faire naître les mêmes moeurs partout. La bourgeoisie elle-même ne se développe que petit à petit en même temps que ses conditions propres; elle se partage à son tour en différentes fractions, selon la division du travail, et elle finit par absorber en son sein toutes les classes possédantes préexistantes (cependant qu'elle transforme en une nouvelle classe, le prolétariat, la majorité de la classe non-possédante qui existait avant elle et une partie de la classe jusque-là possédante dans la mesure où toute la propriété existante est convertie en capital commercial ou industriel.
Les individus isolés ne forment une classe que pour autant qu'ils doivent mener une lutte commune contre une autre classe; pour le reste, ils se retrouvent ennemis dans la concurrence.
Par ailleurs, la classe devient à son tour indépendante à l'égard des individus, de sorte que ces derniers trouvent leurs conditions de vie établies d'avance, reçoivent de leur classe, toute tracée, leur position dans la vie et du même coup leur développement personnel; ils sont subordonnés à leur classe. C'est le même phénomène
que la subordination des individus isolés à la division du travail et ce phénomène ne peut être supprimé que si l'on supprime la propriété privée et le travail lui-même. Nous avons maintes fois indiqué comment cette subordination des individus à leur classe devient en même temps la subordination à toutes sortes de représentations, etc.
lavana
 
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Message par Cyrano » 22 Mars 2004, 12:16

Bon, bin, euh, mouaih, ce lundi matin… La classe ne nous a pas encore reconnu… (le score de Buffet m'agace).
Revenons à nos moutons
Ouh, les messages… aussi longs que les miens, d'ailleurs…
Stop, stop : les classes sociales, ça a du en discuter dans un sujet quelconque, ou alors, faut créer un nouveau sujet, si ça se focalise la-dessus.
Je n'ai pas envie, comme j'ai pu le constater parfois dans certains sujets, que ça tourne au dialogue de sourd (ça serait avouer une adolescence manuelle stakhanoviste).
Une dernière réponse, malgré tout, brève.
Pour lavana :
Personne ne nie l'existence de classes sociales, même les idéologues du capitalisme. Personne ne nie l'existence d'une inégalité sociale : mais il serait futile de rapporter les phrases de Jacques Chirac sur la "fracture sociale" pour démontrer que lui même reconnaît qu'au banquet de la vie, il y a d'infortunés convives.
Ce dont il s'agit, ce n'est pas une « lecture différente » de Bourdieu, c'est que Bourdieu a une lecture différente de la différenciation sociale. Et ce n'est pas en « dernière analyse » qu'on peut dire que Bourdieu niait l'existence des classes sociales, c'est en première analyse.
« Les classes sociales n'existent pas. Ce qui existe, c'est un espace social, un espace de différences [...][/I] » – Je n'ai pas la berlue ? Y'a bien écrit que ça existe pas.
L'erreur de Marx consiste à traiter les classes « comme des classes réelles » – pas réelles. Bon, on peut parler des classes, mais elles ne sont pas réelles.
C'est un travail politique qui va « produire des classes sociales en tant que corporate bodies, groupes permanents, [...] » et ton "argument d'autorité" écrit : « Si pour Pierre Bourdieu, les classes sociales existent toujours, il réfute cependant une lecture des classes les présentant comme quelque chose de permanent dans un mode qui change. » – ça n'existe pas, ou alors, oui, mais c'est pas réel, ou alors, oui, ça existe encore, mais pas tout le temps, parfois. OK ?
Keep cool…
Pas de lecture différente, pas de dernière analyse : ça ne change rien de rien à ce que j'ai écris. La notion des rapports de production, ce n'est pas quand même pareil que « la profession, le niveau d’instruction, le sexe, l’âge, la résidence ». Remarques tu, lavana, que chaque texte que tu apportes ne fait que montrer que les classes sociales chez Bourdieu sont très éloignées de la conception qui est la notre ?
On n'a pas besoin de vouloir à tout prix trouver qu'il a dit ce qu'il n'a pas dit pour jouir des autres analyses.
Nous sommes, toi et moi, fondamentalement d'accord :
Reconnaître l'existence de classes sociales (virtuelles, non permanentes, ou permanentes, etc.) ne suffit pas : le matérialisme historique affirme que les classes sociales existent et que la lutte des classes est le moteur de l'histoire des sociétés arrivées à un certain niveau de développement des forces productives et de production du surplus social. C'est déjà dans "Le Manifeste" : « oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée » Une lutte « dissimulée », la lutte ouverte n'est pas permanente.
Black holes
Admettons que Bourdieu creuse dans les "trous noirs" de la théorie marxiste… Le moins que l'on puisse dire, c'est que la notion de classes sociales, de lutte des classes, n'est pas vraiment un "trou noir" délaissé par notre théorie ; ça serait plutôt le contraire.
« Les classes sociales n'existent pas. » Lorsque Bourdieu écrit ça, il sait ce qu'il dit (qu'on le lise comme on veut), il sait ce qu'il fait. Du coup, sur la notion de l'Etat, il n'émet que des borborygmes pitoyables ; et il ne peut pas comprendre ce que Lénine dit sur l'organisation révolutionnaire. Bourdieu écrit dans "A contre-pente" :
« Il n’y a pas si longtemps, le militant était le militant militaire – c’était le modèle léniniste. La métaphorique était militaire ou monastique. Plus maintenant. Chez le militant des associations de lutte, il y a aujourd’hui un côté animateur/découvreur/éveilleur. En 1981, dans une interview que j’avais donnée à Libé, je disais : "La gauche au pouvoir a tué la tradition libertaire du mouvement social, qui a toujours été en concurrence avec la tradition centraliste autoritaire ; il faudrait peut-être la réveiller." »
« militaire ou monastique », il sait très bien ce qu'il dit, et pourquoi il le dit (ça me fait penser que j'aurais un truc à ajouter dans le sujet "Mouvement social")
Fermez le ban.
Cyrano
 
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Message par Cyrano » 22 Mars 2004, 12:20

Prolégomène :
Barikad, tu te mets à faire du Derrida : « existance »… toi aussi, t'as l'a dans l'e ?
La musique du futur
Ce n'était pas inutile cette causerie.
Si on relit la discussion, on trouve que le terme "renouveler" était trop fort. Nous lui préférâmes le terme "enrichir".
A l'évidence, notre boy's band "D-D-B" (Deleuze, Derrida, Bourdieu) n'est pas un "pilier" pour renouveler le marxisme, et parfois même serait plutôt une chausse-trape perfide.
Le terme même "enrichir" est inaproprié, on ne peut enrichir le marxisme que d'un point de vue marxiste, c'est à dire intégrant la lutte des classes (exemple : Daniel Guérin a enrichi le marxisme avec ses analyses sur le fascisme).
Que reste-t-il ? Des descriptions, des analyses de groupes sociaux, de mouvements de société, etc. qui sont précieuses et qui peuvent être utilisés pour qu'on s'engraisse d'exemples contemporains, qu'on affûte certaines analyses, qu'on révise certaines tendances.
Le renouvellement du marxisme, du matérialisme historique, réclame le bouleversement complet de la société, mais ça, « c'est la musique du futur ». Ce n'était pas une causerie inutile, puisque on en arrive à la conclusion que Léon tirait déjà en 1940 – et ça me semble une bonne conclusion.
C'est que dans une causerie réelle, y'en a qui se font un métier du genre : « Ah mais non, mais non, jamais de la vie ! j'ai jamais dit ça ! C'est toi qu'a pas compris ! Moi, j'avais dit…» Ici, il y a les traces écrites, alors, c'est plus délicat, ça oblige autrement.
Cyrano
 
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Message par Cyrano » 22 Mars 2004, 15:03

Tiens, au fait, ça peut être intéressant :
Léon Trotsky, 90 ans de "Manifeste communiste"
Je joins le document Word (vous pouvez le mettre en forme à votre goût : les styles sont appliqués à Normal, Titres, etc.).
Bonne lecture, 4 pages, c'est vite fait !



Trotsky_90AnsManifeste.doc
Cyrano
 
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Message par lavana » 23 Mars 2004, 09:39

a écrit :Personne ne nie l'existence de classes sociales, même les idéologues du capitalisme

Ah mais non. Il y a des tas de sociologues ou d'idéologues qui nient l'existence des classes sociales enfin surtout qui nient l'existence de la classe ouvrière et donc de son rôle politique "historique" et bien sûr qui nien la lutte de classes.


a écrit :« Les classes sociales n'existent pas. Ce qui existe, c'est un espace social, un espace de différences [...][/I] » – Je n'ai pas la berlue ? Y'a bien écrit que ça existe pas.
L'erreur de Marx consiste à traiter les classes « comme des classes réelles » – pas réelles. Bon, on peut parler des classes, mais elles ne sont pas réelles.


Ah la la . En plus je ne voulais pas avoir l'air de reprendre à mon compte ce que dit Bourdieu. Oui il y a bien écrit que ça n'existe pas..
Ce qui n'est pas réel c'est la théorie qui parle des classes, qui les définit. Pour lui qui ne réussit pas à décrire vraiment la réalité. Mais il y une réalité objective.

Bourdieu écrit dans le début du paragraphe que j'ai cité plus haut.
a écrit :Des classes sur le papier.

Sur la base de la connaissance de l'espace des positions, on peut découper des classes au sens logiques du mot, c'est-à-dire des ensembles d'agents occupant des positions semblables qui, placés dans des conditions semblables et soumis à des conditionnements semblables, ont toutes chances d'avoir des dispositions et des intérêts semblables, donc de produire des pratiques et des prises de positions semblables.
Cette classe sur le papier a l'existence théorique qui est celle des théories : en tant que produit d'une classification explicative, tout à fait semblable à celle des zoologistes ou des botanistes, elle permet d'expliquer et de prévoir les pratiques et les propriétés des choses classées : et entre autre choses les conduites de rassemblement en groupe.
Ce n'est pas réellement une classe, une classe actuelle, au sens de groupe et de groupe mobilisé pour la lutte ; on pourrait dire à la rigueur que c'est une classe probable, en tant qu'ensemble d'agents qui opposera moins d'obstacles objectifs aux entreprises de mobilisation que n'importe quel autre ensemble d'agents.

Ainsi contre le relativisme nominaliste qui annule les différences sociales en les réduisant à de purs artefacts théoriques, il faut donc affirmer l'existence d'un espace objectif déterminant des compatibilités et des incompatibilités, des proximités et des distances.
Contre le réalisme de l'intelligible (ou la reification des concepts), il faut affirmer que les classes que l'on peut découper dans l'espace social (par exemple pour les besoins de l'analyse statistique qui est le seul moyen de manifester la structure de l'espace social) n'existent pas en tant que groupes réells bien qu'elles expliquent la probabilité de se constituer en groupes pratiques, familles, clubs, associations et même "mouvements" syndicaux ou politiques.
Ce qui existe c'est un espace de relation qui est aussi réel qu'un espace géographique, dans lequel les déplacements se paient en travail, en effort et surtout en temps (aller de bas en haut, c'est s'élever, grimper et porter les traces ou les stigmates de cet effort)

Les distances s'y mesurent aussi en temps (d'ascension ou de reconversion par exemple).
Et la probabilité de la mobilisation en mouvements organisés, dotés d'un appareil et de porte-parole, etc (cela même qui fait parler de classe) sera inversement proportionnelle à l'éloignement dans cet espace. Si la probabilité de rassembler réellement ou nominalement - par la vertu du délégué -  un ensemble d'agents est d'autant plus grande qu'ils sont proches dans l'espace social et qu'ils appartiennent à une classe construite plus restreinte, donc plus homogène, le rapprochement des plus proches n'est jamais nécessaire, fatal (du fait que les effets de la concurrence immédiate peuvent faire écran) et le rapprochement des plus éloignés n'est jamais impossible : si l'on a plus de chance de mobiliser dans le même groupe réel l'ensemble des ouvriers que l'ensemble de spatrons et des ouviers, on peut, à la faveur d'une crise internationale par exemple, provoquer un rassemblement sur la base des liens d'identité nationale (cela en partie parce que, du fait de son histoire propre, chacun des espaces sociaux a sa structure propre - par exemple en matière d'écarts hiérarchiques dans le champs économique).

Suite plus haut qui débute par

Comme l'être selon Aristote, le monde social...



a écrit :Remarques tu, lavana, que chaque texte que tu apportes ne fait que montrer que les classes sociales chez Bourdieu sont très éloignées de la conception qui est la notre ?

Oui,oui, il y a longtemps que j'ai remarqué cela. C'est justement cela qui m'intéresse. Au fait je remarque que tu ne fais pas de commentaires sur le second texte.Les individus isolés ne forment une classe que pour autant qu'ils doivent mener une lutte commune contre une autre classe; pour le reste, ils se retrouvent ennemis dans la concurrence.
Par ailleurs, la classe devient à son tour indépendante à l'égard des individus, de sorte que ces derniers trouvent leurs conditions de vie établies d'avance, reçoivent de leur classe,



Pour ce qui concerne les choix politiques ou les préférences pour tel style et telle forme d'action militante de la part de Bourdieu. Là-dessus pas de problèmes. Nous somme d'accord, mais c'est une autre discussion.

Après tout un réformiste petit-bourgeois, hostile aux partis léninistes peut, comme tu le dis pour d'autres sujets, s'interroger de façon pertinente, avec ses faiblesses, sur les classes sociales. A moins d'admettre que la notion marxiste de classes sociales est intouchable. Comme disent d'autres, c'est une théorie forte mais avec des faiblesses. En attendant nous n'avons pas mieux mais devons-nous nous en contenter ?


A plus tard...
lavana
 
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Message par Cyrano » 23 Mars 2004, 13:58

On peut poursuivre cette discussion sur les classes sociales, mais pas ici, pas dans le sujet : " Bourdieu - et autres bourdieuseries…".
Je propose :
1. Vérifier si y'a pas déjà eu ce débat dans le forum, en des termes qui rendent inutiles de réinventer la roue.
2. Sinon, il faut ouvrir un nouveau sujet et déplacer les dernières interventions, à partir, par exemple de "Ecrit par: lavana samedi 20 mars 2004 à 09:26".

Par politesse vis à vis de celles et ceux qui viennent lire, je trouve que c'est mieux de pratiquer ainsi. On garde le sujet "bourdieuseries" pour les bourdieuseries… Ça ne devrait pas manquer.
D'ailleurs, la causerie sur Bourdieu provient de la causerie sur le sujet "Notion de Mouvement social". Elle a été déplacée, avec raison.
(Il serait bien que lorsque des interventions sont déplacées que soit signalé, là où elles ont été zappées, l'intitulé du sujet où ça se poursuit )

Alors, on causera. Il y a dans vos remarques, lavana et manu, des idées qui méritent d'être discutées (tant mieux ! si on vient sur un forum, c'est qu'on a plaisir à discuter).
Cyrano
 
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Message par lavana » 24 Mars 2004, 11:52

On verra bien si la discussion se poursuit. Je trouvais que tu tordais le batôn en rangeant Bourdieu dans les "négationnistes". Catégorie pourtant abondante mais qui ne lui allait pas vraiment, selon moi..

On voit aussi à travers nos discussions (sur le forum ou ailleurs) qu il nest pas toujours facile d être convaincant sur les classes sociales et leurs délimitations, ce qui renforce les altermondialistes et leurs interrogations quils veulent subtiles. (Oui, il y a une rplique volontariste censee balayer ce genre de remarque ; on nest pas convainquant quand on nest pas convaincu... mais cest encore un autre debat)

On aurait pu aussi tenter de répondre a ce que dit Bourdieu sur lEtat social et lEtat pénal.

Un article sur les classes sociales sur le site du PCF avec une conclusion qui a des petits relents nationalo...


Les classes sociales hier et aujourdhui. Quynh Delaunay
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Message par Cyrano » 26 Mars 2004, 09:38

J'ai lu enfin l'article du PCF sur les classes sociales que tu avais joint à ton dernier message : "Les classes sociales : hier et aujourd’hui" par Quynh Delaunay (3 mars 2003 - Commission nationale Citoyenneté et encadrement) – déjà, rien que l'intitulé de la commission : "Citoyenneté et encadrement", ça suffirait pour le balancer dans la poubelle.
Mais j'ai fait l'effort de lire, et ça a sa place ici: une bourdieuserie...
Quynh Delaunay n'est qu'un âne savant à l'insu de son plein gré.
« Depuis l’effondrement du système socialiste, un vide s’est créé dans le champ de l’utopie » : en une phrase il ramène le communisme à une utopie. Pour ce genre de triste sire, le communisme, c'est un vœu pieu, un joli mot, et ça s'arrête là.
« Ces messieurs, qu'ont-ils voulu dire ? Le programme ne sera pas abandonné mais simplement ajourné – pour un temps indéterminé. On l'adopte, non pour soi-même et pour le présent, mais à titre posthume, comme un legs destiné aux générations futures. En attendant, on emploie toute sa force et toute son énergie à toutes sortes de bricolages et de rafistolages de la société capitaliste, pour faire croire qu'il se passe quelque chose et pour que la bourgeoisie n'en prenne pas peur. » (Karl Marx et Friedrich Engels. "Lettre circulaire aux dirigeants du parti social-démocrate allemand", Sept. 1879. Publié en 1931.)
Pour ce genre d'âne, tout est toujours complexe, et faut bien : ils embrouillent d'abord les cartes, et hop, ils sortent de leur manche une carte merdique qu'a déjà été utilisée par des jongleurs dans leur genre.
Si la société ne se mobilise pas, c'est que y'a un « brouillage des caractéristiques de la société, notamment l’absence de lisibilité des rapports sociaux. » donc, lui, il va causer des classes sociales pour faire une « lecture de société aussi complexe que la nôtre. »
C'est simple : dès que j'entends le mot "complexe", je suis sur mes gardes, et en général… hélas ! avec juste raison.
Je ne veux pas perdre mon temps à gribouiller sur un gribouillis : ce monsieur ne parle pas de la prise du pouvoir politique par une classe, mais « du moins, il faut parler de leur capacité à infléchir ce pouvoir en leur faveur. » – voilà le fin du fin de la politique de ce genre d'individus : « infléchir », avec des bouts de réformes qui ne remettront pas en cause la société capitaliste.
On définira un salaire minimum et quelques béquilles pour rendre l'exploitation supportable, et on aura un « modèle de vie fait de sécurité collective et pris en charge ou secondé par l’État. »
On ajoutera 3 ou 4 nationalisations, et ou pourra aller se coucher :
« La classe ouvrière a su prendre en charge les intérêts de la société, [...] en lui donnant la forme sociale historique adéquate (la nationalisation). »
Ça va, on a compris, un réformisme adéquat, ça mérite juste goudron et plumes.
Cyrano
 
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Message par Proudhon » 25 Oct 2004, 11:19

:ohmy: BOURDIEU : LE RETOUR?

Pour ceux qui voudraient revenir aux débats sur :

* les apports de la sociologie de Pierre Bourdieu à la critique sociale (ce qu'il apporterait par rapport à Marx et aux marxistes);

* les relations entre la sociologie de Pierre Bourdieu et la philosophie (ses présupposés philosophiques);

* certaines limites de la pensée de Bourdieu (notamment par rapport à Marx et aux marxistes);

* les controverses de moindre portée intellectuelle autour de la figure du
"complot" dans la critique des médias (avec Patrick Champagne, Noam Chomsky,
Serge Halimi)

vous pouvez consulter le texte suivant de Philippe Corcuff :headonwall: :

"De quelques aspects marquants de la sociologie de Pierre Bourdieu - En réponse
à la question « Que restera-t-il de la sociologie de Pierre Bourdieu dans
quinze ans ? »"
, mis en ligne sur le site Calle Luna :

http://calle-luna.org/article.php3?id_article=136
Proudhon
 
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