La charte d'Amiens

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Barikad » 13 Oct 2004, 13:41

Je poste ici l'ephemeride du jour.
Je trouve que ca merite débat. En effet, je partage le point de vue de Trosky sur la question, mais je suis sidéré à quel point la charte d'Amiens peut servir aujourd'hui de caution à tout le monde, et pour justifier n'importe quoi. De FO à la CNT, en passant par une partie de l'Extreme gauche, tout le monde se reclame de la charte d'Amiens, et il est souvent mal venue de critiquer celle ci.
Et vous, qu'en pensez vous?


("Ephemeride du Forum des amis de LO" a écrit :La charte d'Amiens





a écrit :Adoptée par le congrès de la C. G. T. le 13 octobre1906, elle avait été la conclusion d'un débat sur les relations entre parti et syndicat. Elle précisait que les syndicats n'avaient pas « à se préoccuper des partis et des sectes qui, en dehors et à côté, peuvent poursuivre en toute liberté la transformation sociale ». Elle était l'aboutissement et la traduction, sur le plan des principes et de l'organisation, de l'hostilité des syndicalistes révolutionnaires au parti socialiste, réformiste. Avec Monatte, d'autres syndicalistes révolutionnaires devaient se réclamer d'elle pour affirmer l'indépendance des syndicats à l'égard de tout parti, même révolutionnaire.


Pour éclairer la position des communistes à ce propos

Lettre de Léon Trotsky à Pierre Monatte, 13 juillet 1921

Mon cher ami,

Je saisis l'occasion de vous saluer bien amicalement et de vous faire part, en ce qui concerne la situation du syndicalisme français, de quelques opinions personnelles qui s'accordent, je l'espère, pleinement avec la ligne de conduite de la III° Internationale.

Je ne vous cacherai pas la joie que nous éprouvons en présence des succès du syndicalisme révolutionnaire, s'accompagnant d'une profonde inquiétude à l'égard du développement ultérieur des idées et des relations dans le mouvement ouvrier français. Les syndicalistes révolutionnaires de toutes les tendances forment encore aujourd'hui une opposition et se groupent et s'unissent précisément à cause de leur situation d'opposition. Demain, au moment où vous serez les maîtres de la C.G.T. — car nous ne doutons pas que le jour soit proche — vous vous trouverez en présence des questions essentielles de la lutte révolutionnaire ? Et c'est ici qu'une inquiétude sérieuse est permise. La charte d'Amiens constitue la pratique officielle du syndicalisme révolutionnaire.

Pour formuler te plus nettement possible ma pensée, je dirai qu'invoquer la charte d'Amiens, ce n'est pas résoudre, c'est éluder la question. Il est évident pour tout communiste conscient que le syndicalisme français d'avant-guerre était une tendance révolutionnaire très importante et très profonde. La charte a été pour le mouvement prolétarien de classe un document très précieux, mais la valeur de ce document est historiquement limitée. Depuis, il y a eu la guerre, la Russie des Soviets s'est fondée, une immense vague révolutionnaire a passé sur toute l'Europe, la III° Internationale a grandi et s'est développée, les anciens syndicalistes et les anciens social-démocrates se sont divisés en trois tendances hostiles. De nouvelles questions immenses se sont posées devant nous ... La charte d'Amiens ne contient pas de réponse. Quand je lis la Vie Ouvrière, je n'y trouve pas plus de réponse aux questions fondamentales de la lutte révolutionnaire. Est-il possible qu'en 1921 nous ayons à retourner aux positions de 1906 et à « reconstruire » le syndicalisme d'avant-guerre ... Cette position est amorphe, elle est conservatrice, elle risque de devenir réactionnaire.

Comment vous représentez-vous la direction du mouvement syndicaliste dès l'instant où vous aurez la majorité à la C.G.T. ? Les syndicats englobent des communistes affiliés au parti, des syndicalistes révolutionnaires, des anarchistes, des socialistes et de grandes masses de sans-parti. Naturellement, toute question d'action révolutionnaire doit être examinée par l'ensemble de l'appareil syndical qui englobe des centaines de milliers et de millions d'ouvriers. Mais qui dressera le bilan de l'expérience révolutionnaire, qui en fera l'analyse, qui en tirera la conclusion nécessaire, qui en formulera les propositions, devenant les mots d'ordre, les méthodes de combat, et qui les appliquera dans les larges masses ? En un mot, qui dirigera le mouvement ? Pensez-vous accomplir cette tâche en qualité de groupe de la Vie ouvrière ? En ce cas, on peut dire avec certitude que d'autres se formeront à côté de vous qui, au nom du syndicalisme révolutionnaire, contesteront votre droit de diriger le mouvement. Et enfin, quelle attitude aurez-vous à l'égard des nombreux communistes syndiqués ? Quels seront les rapports entre eux et votre groupement ? Il peut se faire que des communistes affiliés au parti soient en majorité à la tête d'un syndicat et que des syndicalistes révolutionnaires non affiliés au parti soient à la tête d'un autre. Les propositions et les mots d'ordre du groupe de la Vie ouvrière peuvent ne pas s'accorder avec les propositions et les mots d'ordre de l'organisation communiste. Ce danger est très réel, il peut devenir fatal et nous ramener, quelques mois après notre victoire, à un nouveau règne des Jouhaux, des Dumoulin et des Merrheim.

Je connais bien l'aversion des milieux ouvriers français passés par l'école du syndicalisme anarchiste à l'égard du « parti » et de la « politique ». Je conviens volontiers qu'on ne peut heurter brusquement cet état d'esprit, que le passé suffit parfaitement à expliquer, mais qui est pour l'avenir extrêmement dangereux. En cette matière, je peux très bien admettre la transition graduelle de l'ancienne séparation à la fusion totale des syndicalistes révolutionnaires et des communistes en un seul parti, mais il faut nettement et fermement nous donner ce but. S'il y a encore dans le parti des tendances centristes, il y en a aussi dans l'opposition syndicale. L'épuration ultérieure des idées est nécessaire ici et là. Il ne s'agit pas de subordonner les syndicats au parti, mais d'unir les communistes révolutionnaires et les syndicalistes révolutionnaires dans les cadres d'un seul parti ; il s'agit d'un travail concerté, centralisé, de tous les membres de ce parti unifié, au sein des syndicats demeurés autonomes, une organisation indépendante du parti. Il s'agit pour l'avant-garde véritable du prolétariat français de former un tout cohérent en vue d'accomplir sa tâche historique essentielle : la conquête du pouvoir, et de poursuivre sous ce drapeau son action dans les syndicats, organisation fondamentale, décisive, de la classe ouvrière dans son ensemble.

Il y a une certaine difficulté psychologique à franchir le seuil d'un parti après une longue action révolutionnaire en dehors d'un parti, mais c'est reculer devant la forme au plus grand dommage de la chose. Car, je l'affirme, tout votre travail antérieur n'a été qu'une préparation à la fondation du parti communiste, à la révolution prolétarienne. Le syndicalisme révolutionnaire d'avant-guerre était l'embryon du parti communiste. Retourner à l'embryon serait une monstrueuse régression. Au contraire, la participation active à la formation d'un parti communiste véritable suppose la continuation et le développement des meilleures traditions du syndicalisme français.

Chacun de nous a dû, au cours de ces années, renoncer à une partie vieillie de son passé, pour sauver, pour développer et assurer la victoire des éléments du passé qui supportaient l'épreuve des événements. Ces sortes de révolutions intérieures ne sont pas faciles, mais on n' acquiert qu a ce prix le droit de participer efficacement à la révolution ouvrière.

Cher ami, je crois que le moment présent décidera pour longtemps des destinées du syndicalisme français, du sort de la révolution française. Dans les décisions à prendre, un rôle important vous incombe. Vous porteriez un coup bien cruel au mouvement dont vous êtes l'un des meilleurs militants si, maintenant qu'il faut un choix définitif, vous tourniez le dos au parti communiste, mais je suis convaincu qu'il n'en sera pas ainsi.

Je vous serre bien cordialement la main et suis votre dévoué.

Léon Trotsky


Le texte de la charte d'Amiens :

"Le Congrès confédéral d'Amiens confirme l'article 2 constitutif de la CGT.

La CGT groupe, en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat.

Le Congrès considère que cette déclaration est une reconnaissance de la lutte de classe, qui oppose sur le terrain économique, les travailleurs en révolte contre toutes les formes d'exploitation et d'oppression, tant matérielles que morales, mises en oeuvre par la classe capitaliste contre la classe ouvrière.

Le Congrès précise par les points suivants, cette affirmation théorique.

Dans l'œuvre revendicative quotidienne, le syndicat poursuit la coordination des efforts ouvriers, l'accroissement du mieux-être des travailleurs par la réalisation d'améliorations immédiates, telles que la diminution des heures de travail, l'augmentation des salaires, etc. Mais cette besogne n'est qu'un côté de l'œuvre du syndicalisme: il prépare l'émancipation intégrale qui ne peut se réaliser que par l'expropriation capitaliste; il préconise comme moyen d'action la grève générale et il considère que le syndicat, aujourd'hui groupement de résistance, sera, dans l'avenir, le groupement de production et de répartition, base de réorganisation sociale.

Le Congrès déclare que cette double besogne, quotidienne et d'avenir, découle de la situation de salariés qui pèse sur la classe ouvrière et qui fait à tous les travailleurs, quelles que soient leurs opinions où leurs tendances politiques ou philosophiques, un devoir d'appartenir au groupement essentiel qu'est le syndicat.

Comme conséquence, en ce qui concerne les individus, le Congrès affirme l'entière liberté pour le syndiqué de participer, en dehors du groupement corporatif, à telles formes de lutte correspondant à sa conception philosophique ou politique, se bornant à lui demander, en réciprocité, de ne pas introduire dans le syndicat les opinions qu'il professe au dehors.

En ce qui concerne les organisations, le Congrès déclare qu'afin que le syndicalisme atteigne son maximum d'effet, l'action économique doit s'exercer directement contre le patronat, les organisations confédérées n'ayant pas, en tant que groupements syndicaux, à se préoccuper des partis et des sectes qui, en dehors et à côté, peuvent poursuivre, en toute liberté, la transformation sociale".

Signataires (Nous donnons le nom tel qu'il est écrit dans le compte rendu puis entre crochets le vrai nom) :

Marie [Marie François, ouvrier typographe de la Seine]
Cousteau [Cousteau M., ouvrier jardinier]
Menard [Ménard Ludovic, ouvrier ardoisier à Trélazé]
Chazeaud [Chazeaud Jules, chaudronnier, Lyon]
Bruon [Bruon C., bâtiment]
Ferrier [Ferrier Louis, serrurier, Grenoble]
E. David, B. d. T. Grenoble [David Eugène, plâtrier-peintre, Grenoble]
Latapie [Latapie Jean, métallurgie, Paris]
Médard [Médard Jean-Baptiste]
Merrheim [Merrheim Alphonse, métallurgie]
Delesalle [Delesalle Paul, métallurgiste en instruments de précisions, Paris]
Bled [Bled Jules, jardinier, Seine]
Pouget [Pouget Emile]
Tabard E. [Tabard Etienne, cocher-livreur, Paris]
Bousquet A. [Bousquet Amédée, boulanger, Paris]
Monclard [boulanger, Marseille]
Mazau [Mazaud Jacques, cocher de fiacres, Seine]
Braun [Braun Joseph, ouvrier mécanicien]
Garnery [Garnery Auguste, bijoutier, Seine]
Luquet [Luquet Alexandre, coiffeur, Paris]
Dret [Dret Henri, cordonnier, Paris]
Merzet [Merzet Etienne, mineur, Saône-et-Loire]
Lévy [Lévy Albert, employé]
G. Thil [Thil G., lithographe]
Ader [Ader Paul, ouvrier agricole, Aude]
Yvetot [Yvetot Georges, typographe, Seine]
Delzant [Delzant Charles, verrier, Nord]
H. Galantus [Galantus Henri, ferblantier, Paris]
H.Turpin [Turpin H., voiture]
J. Samay, Bourse du Travail de Paris [Samay J.]
Robert [Robert Charles, palissonneur en peaux, Grenoble]
Bornet [Bornet Jules, bûcheron, Cher]
P. Hervier, Bourse du Travail de Bourges [Hervier Pierre, Bourges]
Dhooghe, Textile de Reims [Dhooghe Charles, tisseur]
Roullier, Bourse du Travail de Brest [Roullier Jules, électricien, Finistère]
Richer, Bourse du Travail du Mans [Richer Narcisse, ouvrier en chaussures]
Laurent L., Bourse du Travail de Cherbourg [Laurent Léon]
Devilar, courtier de Paris [Devilar C.,]
Bastien, Textile d'Amiens
Henriot, Allumettier, [Henriot H.]
L. Morel de Nice [Morel Léon, employé de commerce]
Sauvage [mouleur en métaux]
Gauthier [Gautier Henri, chaudronnier, Saint-Nazaire].
Barikad
 
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Message par pelon » 13 Oct 2004, 14:50

Il y a sûrement bien des choses à dire sur la charte d'Amiens à commencer qu'elle se situe dans une période où le syndicalisme était encore révolutionnaire. Les syndicalistes de l'époque voulaient encore abattre le capitalisme, pas seulement s'en prendre à ses excès les plus marquants (pas d'ultra-libéralisme), pas seulement limer les ongles de la bourgeoisie, l'abattre !
Et pourtant, nous ne sommes qu'à quelques années de la grande boucherie et les directions syndicales anarco-syndicalistes tout comme les socialistes sombreront dans le chauvinisme le plus éhonté, aux côtés de leur bourgeoisie. Il y eut quelques individus, comme Monatte qui résistèrent mais il furent bien rares.
N'en déplaise aux anarchistes, ce sont les bolchéviks en tant qu'organisation qui ont maintenu le drapeau de l'internationalisme.

Par ailleurs, sur la lettre de Trotsky à Monatte, donc 15 ans après la déclaration de la charte d'Amiens, j'aimerais savoir ce que vous en pensez.
pelon
 
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Message par Valiere » 16 Oct 2004, 14:31

Oui mais en France les anarcho syndicalistes ont été largement plus internationalistes que les marxistes et c'est là une oriiginalité du mouvement ouvrier...
J'ai donné l'exemple de l'Ecole Emancipée de cette époque qui avait participé aux deux conférences internationalistes, il y avait très peu de marxistes et pas mal d'anars... Pareillement à la CGT...
Valiere
 
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Message par pelon » 16 Oct 2004, 14:48

(Valiere @ samedi 16 octobre 2004 à 15:31 a écrit : Oui mais en France les anarcho syndicalistes ont été largement plus internationalistes que les marxistes et c'est là une oriiginalité du mouvement ouvrier...
J'ai donné l'exemple de l'Ecole Emancipée de cette époque qui avait participé aux deux conférences internationalistes, il y avait très peu de marxistes et pas mal d'anars... Pareillement à la CGT...
Il y avait tellement d'internationalistes, toutes origines confondues, qu'un accident de voiture pouvait décimer une conférence.
pelon
 
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Message par Valiere » 16 Oct 2004, 22:45

Oui tu as raison, mais ces internationalistes étaient réellement mandatés par des noyaux militants solides...Rappelle toi que Trotsky quand il s'est appuyé sur l'aile gauche pour bolchéviser le PCF, il a déjà attiré des libertaires car sinon il n'y avait que des centristes comme Cachin...
Tout est relatif certes mais ce n'est pas insignifiant.
Valiere
 
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Message par redspirit » 13 Oct 2006, 21:58

Je n'ai pas encore lu la position de Trotsky. J'ai peu de connaissance sur le sujet mais sur ce que j'ai compris c'est que cette charte fût un texte de compromis entre les tendances révolutionnaires et réformistes de la CGT. De plus, et c'est le plus important : le concept de "neutralité poltique" du syndicat ne serait-il pas une trahison vis-àvis de la classe ouvrière ? En effet cet "apolitisme" ne constiterait-il pas à subordonner les interets des travailleurs aux interets du parti ?? (interets en opposition). Les rapport-relations syndicat/parti ne seraient-ils pas à ré-étudier dans leur ensemble? En tout cas, j'ai une position assez critique sur cette chartre mais je ne demande qu'à être "éclairé" sur ce qu'elle fût, ses vertus, ect....
redspirit
 
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Message par Endymion » 14 Oct 2006, 17:50

La charte d'Amiens ne prône aucun "apolitisme", il suffit de la lire.

L'indépendance des syndicats vis-à-vis des partis est un principe de base, d'ailleurs défendu par Marx :
a écrit :Les syndicats ne doivent jamais être associés à un groupement politique, ni dépendre de lui, autrement ils ne rempliraient pas leur tâche et recevraient un coup mortel.
(interview Marx/Hamann, 1869)

Les principes de la charte d'Amiens sont bafoués par toutes les bureaucraties syndicales, raison de plus pour militer pour son application. Ce n'est pas parce que Buffet se dit communiste sans l'être qu'on ne doit plus se dire communistes...

A mon sens cette charte reste toujours d'actualité, comme objectif d'un vrai syndicalisme. Elle n'empêche en aucun cas les syndicalistes qui le souhaitent d'adhérer à tel ou tel parti, à condition "de ne pas introduire dans le syndicat les opinions qu'il professe au dehors", sinon c'est le "téléguidage" depuis l'extérieur, qui existe toujours et qui contribue à affaiblir et à discréditer le syndicalisme.
Endymion
 
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Message par redspirit » 14 Oct 2006, 18:23

What's?

a écrit :Les syndicats ne doivent jamais être associés à un groupement politique


Ce n'est pas l'enonciation d'une neutralité du syndicat vis-vis à du parti autrement dit d'une neutralité politique? En revanche, je m'excuse d'avoir amalgamer neutralité poilitique et apolitisme (?). Le syndicalisme ne peut pas être neutre. Tu y vois un principe d'indépendance indispensable, j'y vois la subordination du syndicalisme aux partis politique. Autrement dit, subordination des interets des travailleurs à ceux du parti.

Je me fous de qui défend quoi : pas d'arguments d'autorité stp. (d'ailleurs à ce jeu-là Trotsky et Marx ne sont-ils pas en désaccord?)


La charte d'Amiens dit :

a écrit :
et il considère que le syndicat, aujourd'hui groupement de résistance, sera, dans l'avenir, le groupement de production et de répartition, base de réorganisation sociale.


N'est-ce pas là retomber dans un énième fantasme avant-gardiste? Les interets du syndicats se substituant aux interets de la classe. Le syndicalisme est détourné. Car à la base, le syndicalisme, c'est l'organisation des travailleurs et des travailleuses pour défendre leurs interets (ie ne plus être exploité, travailler à la satisfaction de leur besoin, ect...).
redspirit
 
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Message par Valiere » 15 Oct 2006, 09:14

la charte d'Amiens, ce n'est pas l'apolitisme mais trois principes d'actualité

- un objectif révolutionnaire d'abolition du samlariat ( oublié par les réformistes)

- l'indépendance organisationnelle vis à vis des partis

- indépendance polkitique et organisationnelle vis à vis du parti
Valiere
 
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Message par lohen » 15 Oct 2006, 14:53

(redspirit @ samedi 14 octobre 2006 à 19:23 a écrit :
N'est-ce pas là retomber dans un énième fantasme avant-gardiste? Les interets du syndicats se substituant aux interets de la classe. Le syndicalisme est détourné. Car à la base, le syndicalisme, c'est l'organisation des travailleurs et des travailleuses pour défendre leurs interets (ie ne plus être exploité, travailler à la satisfaction de leur besoin, ect...).


Je pourrai faire un long discours, mais il y a un mec qui l'a fait mieux que moi, Marx écrit dans "Salaire, prix et profit" en 1865 :
a écrit :Ces quelques indications suffiront à montrer que le développement même de l'industrie moderne doit nécessairement faire pencher toujours davantage la balance en faveur du capitaliste contre l'ouvrier et que, par conséquent, la tendance générale de la production capitaliste n'est pas d'élever le niveau moyen des salaires, mais de l'abaisser, c'est-à-dire de ramener, plus ou moins, la valeur du travail à sa limite la plus basse. Mais, telle étant la tendance des choses dans ce régime, est-ce à dire que la classe ouvrière doive renoncer à sa résistance contre les atteintes du capital et abandonner ses efforts pour arracher dans les occasions qui se présentent tout ce qui peut apporter une amélioration temporaire à sa situation ? Si elle le faisait, elle se ravalerait à n'être plus qu'une masse informe, écrasée, d'êtres faméliques pour lesquels il n'y aurait plus de salut. Je pense avoir montré que ses luttes pour des salaires normaux sont des incidents inséparables du système du salariat dans son ensemble, que, dans 99 cas sur 100, ses efforts pour relever les salaires ne sont que des tentatives pour maintenir la valeur donnée au travail, et que la nécessité d'en disputer le prix avec le capitaliste est en connexion avec la condition qui l'oblige à se vendre elle-même comme une marchandise. Si la classe ouvrière lâchait pied dans son conflit quotidien avec le capital, elle se priverait certainement elle-même de la possibilité d'entreprendre tel ou tel mouvement de plus grande envergure.

En même temps, et tout à fait en dehors de l'asservissement général qu'implique le régime du salariat, les ouvriers ne doivent pas s'exagérer le résultat final de cette lutte quotidienne. Ils ne doivent pas oublier qu'ils luttent contre les effets et non contre les causes de ces effets, qu'ils ne peuvent que retenir le mouvement descendant, mais non en changer la direction, qu'ils n'appliquent que des palliatifs, mais sans guérir le mal. Ils ne doivent donc pas se laisser absorber exclusivement par les escarmouches inévitables que font naître sans cesse les empiétements ininterrompus du capital ou les variations du marché. Il faut qu'ils comprennent que le régime actuel, avec toutes les misères dont il les accable, engendre en même temps les conditions matérielles et les formes sociales nécessaires pour la transformation économique de la société. Au lieu du mot d'ordre conservateur: "Un salaire équitable pour une journée de travail équitable", ils doivent inscrire sur leur drapeau le mot d'ordre révolutionnaire: "Abolition du salariat".

Après cet exposé très long et, je le crains, bien fatigant, mais qu'il me fallait faire pour traiter de façon satisfaisante mon sujet, je conclurai en proposant d'adopter la résolution suivante:

- Une hausse générale du niveau des salaires entraînerait une baisse générale du taux des profits, mais ne toucherait pas en somme au prix des marchandises.

- La tendance générale de la production capitaliste n'est pas d'élever le salaire normal moyen, mais de l'abaisser.

- Les trade-unions agissent utilement en tant que centres de résistance aux empiétements du capital. Elles manquent en partie leur but dès qu'elles font un emploi peu judicieux de leur puissance. Elles manquent entièrement leur but dès qu'elles se bornent à une guerre d'escarmouches contre les effets du régime existant, au lieu de travailler en même temps à sa transformation et de se servir de leur force organisée comme d'un levier pour l'émancipation définitive de la classe travailleuse, c'est-à-dire pour l'abolition définitive du salariat.


(le lien est là
http://www.marxists.org/francais/marx/work...km18650626o.htm )
C'est moi qui ait mis en gras.
Et c'est la conclusion du livre...
lohen
 
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