J'ai peur qu'à trop vouloir prouver, on arrive parfois à dire - et penser - des choses fausses.
Que Staline n'ait pas été un intellectuel brillant, et même pas un intellectuel tout court, c'est incontestable. Que son oeuvre théorique se résume au mieux à une compilation des écrits précédents, au pire à leur trahison, c'est un fait acquis. Qu'il ait eu, sur le plan personnel, une absence de scrupules absolue qui lui a permis de jouer le rôle ignoble de criminel qui a été le sien, c'est tout aussi certain. Bref, bien évidemment, il faut faire justice du culte du héros et remettre le personnage à sa place.
Pour autant, n'oublions tout de même pas que Staline était un révolutionnaire depuis 1904, et qu'il était membre de la direction du Parti bolchevik. Ni son membre le plus en vue, ni le plus brillant, ni le plus populaire, certes. Mais on ne devenait pas membre de la direction du parti bolchevik par hasard.
Alors, comparé à Lénine, à Trotsky et à bien d'autres, Staline était une médiocrité intellectuelle - et surtout, une personnalité d'une brutalité sans limites. Mais ce n'était tout de même pas pour autant un idiot fini, tant s'en faut.
Pour prendre un parallèle qui vaut ce qu'il vaut, Salieri, comparé à Mozart, était une "médiocrité éminente". Mais Salieri connaissait tout de même la musique, et plutôt bien.
Alors, combattons avec énergie le mythe du "petit père des peuples", et son héritage politique hideux. Mais ne tombons pas dans la caricature inverse...