le réalisme en littérature

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Jacquemart » 19 Août 2009, 23:12

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Message par Ottokar » 20 Août 2009, 06:48

Juste un mot avant de partir, sans honte d'être vacancier (et caravanier) de temps en temps.

Je ne crois pas que Magritte dise que la réalité n'existe pas ou qu'elle n'existe que dans ses toiles, ce qui le rangerait du côté des idéalistes. Il dit une chose simple, c'est que la réalité n'est pas et ne peut être dans ses toiles, dans les représentations de la réalité. Cela, c'est incontestable, de même qu'écrire la Nature en équation physique, ce n'est qu'une représentation de celle-ci, représentation qui peut changer selon les époques et les avancées de la science. Mais qu'on écrive H2O ou que demain on écrive autre chose, cela ne nie pas la réalité de l'eau, indépendamment de nos représentations. La discussion d'Engels au XIXème et de Lénine au début du XXème se faisait avec des zozos qui niaient que l'eau existe indépendamment du fait qu'on l'écrive H2O ou même qu'il y ait des humains pour l'écrire...

"La trahison des images", dit Magritte.

Oui, peindre, c'est trahir, d'une certaine façon, changer la réalité. C'est bien pourquoi exiger des peintres qu'ils soient réalistes sinon rien, c'est leur faire des sommations ridicules, car toute peinture, si réaliste soit-elle, ne sera jamais la réalité. Puisque toute peinture n'est que représentations, symboles, techniques, codes, on peut à certains moments pousser le bouchon et travailler sur les codes eux-mêmes.

En d'autres termes, quand Léonard peint la Joconde, c'est une femme réelle, bien sûr, Mme Mona Lisa Gioconda, femme de M Gicondo, honorablement connue de sa concierge et de ses voisins de pallier, mais c'est aussi pour montrer sa maitrise de mille et un symboles, le paysage (non réaliste et coupé) à l'arrière plan, la composition, avec le bras à moitié sorti, le jeu de perspective basé sur les couleurs et le sfumato, la conception de son époque de canons de beauté... mais un autre peintre peut obtenir le même résultat en se passant de l'image d'une femme de son époque. Cela ne lui fera pas nier que la réalité existe, que les femmes existent, que la toile existe, ainsi que la matière, etc.

Les sommations de Convidado me rappellent toujours la vieille blague qu'on se racontait du temps de l'URSS brejnévienne où l'on pourchassait les peintres abstraits: "tiens je viens de voir passer Machin, le peintre, suivi par deux figuratifs en civil"...

"Toute licence en art", c'est plus profond que cela. On n'a jamais dit "toute licence en physique" par exemple... ou alors cela concerne ceux qui essayent d'avoir la leur (de licence !).

Allez, cette fois je me sauve, mais rassure-toi convive, quelques bains de mer et quelques activités plus tard, je reviens dans 8 jours.
Ottokar
 
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Message par lavana » 20 Août 2009, 07:20

(El convidado de piedra @ mercredi 19 août 2009 à 23:03 a écrit :
Non, je ne discutait pas du film mais de ce que toi même as posté; du lien.

Je supposait et je suppose encore, que tu n'as pas donné le lien pour qu'on s'incline et on prononce des Hosannas! devant la sagesse des commentateurs, non?

De ce que tu cites de mes propos, tout est au conditionnel ou est cité directement de ce que tu as mis en lien. Pourquoi? Tout simplement pour pouvoir donner un point de vue sur une base juste.

Ou tu dis que ce que tu nous as envoyé comme lien ne reflète pas le film? Alors pourquoi avoir mis ce lien?

Difficile de discuter avec des dépressifs, de vacanciers et des proposants de liens truffés des opinions définitives qui ne s'assument pas.

Evidement ta "critique" ne touche pas mes arguments mais mon attitude devant le saint des saints des "amusements" et des "plaisirs" d'une certaine catégorie des gens pour lesquelles le communisme va très bien un moment mais dès qu'ils sont en position "repos du guerrier" ne souffrent pas qu'on touche à leurs idoles ...aux pieds d'argile.

On ne peut pas lire tous les livres (surtout la sous littérature) et voir tous les films ( c'est cher et en plus les productions des cowboys sont bonnes pour des enfants, il y a bien d'autres choses à faire dans la vie par obligation et devoir).

On est donc obligés de faire foi à ce qu'eux mêmes disent d'eux mêmes. Surtout quand ce n'est qu'un concert des louanges...intéressés. "Une main lave l'autre" comme on dit.

Mais on peut, et on doit garder son esprit critique socialiste.
Encore une fois je suis assez d'accord avec Le Convive qui remet la discussion sur ses rails.

Sa critique peut s'appliquer et s'applique à la plupart des films ou livres qui "dénoncent".
Ce qu'on oublie souvent de faire remarquer. (je parle du point de vue de gens se réclamant du marxisme) Pire encore quand on appelle "chef d'oeuvre" ce qui n'est qu'une modeste contribution à un discours "humaniste" qui dénoterait dans un paysage assez sinistré.


Encore une remarque. Il est amusant de constater qu'est souvent utilisé (ici deux fois) l'argument massue de la méconnaissance supposée. Comme si le fait de connaître devrait obligatoirement conduire à apprécier et participer à la construction de ces chefs d'ouvres tant vantés. Il n'est donc pas possible de connaître et d'être consterné ???.

Ainsi donc satisfaisons-nous d'un vague discours humaniste qui dénonce ou qui "montre bien"et surtout pour le reste "passons un bon moment" en prenant plaisir.
lavana
 
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Message par Vérié » 20 Août 2009, 09:20

a écrit :
Lavana
D'ailleurs tu cites les années soixante-dix. A la suite de mouvements sociaux d'importance... donc.

Depuis, il nous semble bien que nous avons perdu tout ça. Et dans le genre "noir" comme ailleurs on se regarde le nombril ou on fait dans le morbide.


Les artistes, écrivains, réalisateurs etc sont évidemment soumis à la pression sociale. Mai 68 a été suivi dans de nombreux pays par une vague d'oeuvres gauchisantes, progressistes etc. Il en a été de même après la révolution en URSS, ou en juin 36 etc. Les grands mouvements sociaux influencent toujours la production artistique, littéraire, cinématographique etc.

Dire que "nous avons perdu tout ça" est excessif. Il y a aussi des réalisateurs et des auteurs "solides" qui n'ont pas changé de vision du monde après la retombée de ces mouvements, même s'il est plus difficile pour eux de s'exprimer et d'être entendus.



a écrit :
Il y a des exceptions, mais la discussion porte sur la critique de la majorité.


Pas des exceptions, une minorité, ce n'est pas la même chose. Et, parmi la masse de la production, il y a tout de même des nuances entre les films de propagande de la CIA ou de l'armée et les films pacifistes mais pas révolutionnaires !
On peut par exemple noter qu'il y a déjà plusieurs films américains contre la guerre
d'Irak.
Ta façon de parler "d'exceptions" permettrait de penser que tu rejettes toute la production cinémtographique et littéraire en bloc !
a écrit : Convidado
Ca doit être un bon film "libéral" américain


Quant au Convive, il manifeste une instransigeance draconienne ! Oui, évidemment, nombre de films et livres, "noirs" ou non, sont seulement des films "libéraux" qui dénoncent la guerre ou la CIA (comme Les trois jours du condor") et qui ne précisent pas que la révolution prolétarienne sera indispensable pour venir à bout de tous ces maux. Nous sommes en droit de critiquer les limites de ces oeuvres tout en les appréciant, et en appréciant aussi parfois le courage des auteurs, non ?

Constater que 90 %, voire davantage, des auteurs ne sont pas des militants révolutionnaires défendant le programme du parti, ce n'est pas une découverte !

Mais il y a tout de même des réalisateurs qui sont, disons, sur des positions de classe. Je peux par exemple te recommander les films de John Sayles :
-Matewan, superbe film sur une grève des mineurs dirigée par des militants des IWW. A partir d'une histoire vraie : l'affrontement armé le plus sanglant de l'époque contre les Pinkerton, hommes de main du patronat.
-Lone star... un polar eh oui, sur la situation des immigrants mexicains.
-Silver City. Un film sur la corruption dont l'un des héros est ouvrier.
Sayles est un cinéaste qui s'intéresse vraiment à la classe ouvrière, mais il n'est pas le seul ! On ne peut pas parler d'exceptions.

Sur la répression en Argentine, il y a le terrible Buenos aires 1977 de Adrian Caetano, qu'on peut qualifier de film "noir". C'est dur, mais on peut pas dire que le réalisateur se complaise dans le morbide...

La liste ne s'arrête évidemment pas là...

Alors, SVP, chers camarades, avant de porter des jugements aussi catégoriques, informez-vous un peu plus !
Vérié
 
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Message par lavana » 20 Août 2009, 10:06

(Vérié @ jeudi 20 août 2009 à 09:20 a écrit :



Constater que 90 %, voire davantage, des auteurs ne sont pas des militants révolutionnaires défendant le programme du parti, ce n'est pas une découverte !


On pourrait aussi monter jusqu' à 99 %. Et libre à toi de monter en épingle cette minorité exceptionnelle.

Je te rappelle que la discussion a comme objet normalement l'attitude des spectateurs qui oublient de faire des critiques parce que avant tout compte essentiellement leur "plaisir".


Donc on ne découvre rien. Et je me contente de soutenir les critiques du Convive qui fustige aussi cette posture de spectateur.

Ensuite on peut établir une liste des auteurs "lutte de classes" qui feront l'objet d'un débat sur d'autres bases.
lavana
 
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Message par Vérié » 20 Août 2009, 10:51

(lavana @ jeudi 20 août 2009 à 10:06 a écrit :

Je te rappelle que la discussion a comme objet normalement l'attitude des spectateurs qui oublient de faire des critiques parce que avant tout compte essentiellement leur "plaisir".



L'art a pourtant pour fonction d'apporter un certain plaisir, non ? C'est un élément à prendre en considération. Nous pouvons apprécier une chanson dont les paroles sont insipides ou très convenues. Ca ne signifie pas que nous sommes nécessairement dupes du contenu.

Cela dit, je trouve moi aussi qu'il est très intéressant de décoder le contenu idéologique des livres et films. Mais la discussion avait surtout démarré sur le roman dit "noir", à partir du fil sur la mort de Jonquet. Et Convidado rejetait le genre dans son ensemble. Je me suis donc appliqué à montrer qu'il existe une part non négligeable de cette production qui n'a rien à voir avec SAS, Navarro ou même les films et livres commerciaux et morbides de serial killers, dont les auteurs s'ingénient à trouver de nouvelles méthodes et motivations pour torturer et tuer des gens.

C'est certainement très difficile d'établir des statistiques, mais les auteurs qui ne sont pas purement commerciaux et réacs ne sont pas "une minorité exceptionnelle". Ni dans la littérature ni dans le cinéma. Après, encore une fois, il y a des nuances, des degrés d'engagement et de lucidité, entre un Ken Loach ou un John Sayles et des auteurs/réalisateurs aux idées généreuses mais plus flous comme Sydney Lumet ou Clooney.

Au passage, je te signale que Soderbergh, réalisateur américain de talent engagé, a fait à la fois des films commerciaux "de distraction" comme Ocena Eleven et des films sociaux comme Bubble (sur la classe ouvrière) et Traffic. Hélas, son Che Guevara est un navet hagiographique qui évoque les pires films staliniens, comme quoi, quand il ne suffit pas de vouloir montrer un "héros positif" pour réussir un film...
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Message par artza » 20 Août 2009, 11:20

(lavana @ jeudi 20 août 2009 à 10:06 a écrit :

Je te rappelle que la discussion a comme objet normalement l'attitude des spectateurs qui oublient de faire des critiques parce que avant tout compte essentiellement leur "plaisir".


Donc on ne découvre rien. Et je me contente de soutenir les critiques du Convive qui fustige aussi cette posture de spectateur.

Ensuite on peut établir une liste des auteurs "lutte de classes" qui feront l'objet d'un débat sur d'autres bases.

Les "spectateurs"? J'en suis souvent un. Pas assez à mon goût, mérite quelque respect ou au moins qu'on leur fiche la paix...

Après l'turbin l'ouvrier parisien comme dit la chanson :(

Celui-ci proposait le jeudi après-midi en hiver des films du genre:"le barrage de Génissiat", "la bataille du charbon" ;) .

Les curetons plus malins proposaient des Laurel et Hardy (qui ne nous parlaient jamais de Jésus à l'étonnement de ma mère).

Bref on va au ciné, à l'Opéra ou au foot pour le plaisir.

A chacun de choisir "son plaisir" et bien sur on peut avoir un point de vue, des préférences.
Tout les "plaisirs" ne sont pas équivalents. Certains peuvent même être démoralisants, dégradants.

Bref quand je vais au ciné c'est pas pour me faire un Cercle Léon Trotsky!

Une liste "d'écrivains lutte de classe" :33: Bon courage.

Après le prix Staline on va pas fonder le prix "Convive".
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Message par artza » 20 Août 2009, 14:03

(El convidado de piedra @ jeudi 20 août 2009 à 13:40 a écrit :

Du troskardisme à l'état chimiquement pur. A faire fuir tout ouvrier conscient qui haï tout ce qui vient de la société bourgeoise. Un petit détail à ne pas oublier.


A tout prendre et bien réfléchi mieux vaut un "trotskardiste chimiquement pur" qu'un stalinomerdique génétiquement modifié.
Quand aux ouvriers conscients ils ont répondu comme il le fallait au stalinomerdisme en 56 à Budapest =D>
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