Questions sur la notion de capital

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Jacquemart » 10 Sep 2005, 10:02

Je vais essayer d'être le plus clair possible, mais n'hésitez pas à râler si ce n'est pas le cas.

a écrit :Est-il juste de considérer le capital que s'il produit ?

Non.
Le capital, c'est une valeur qui s'accroît. La production est un des moyens de gagner de l'argent, où le capitaliste s'approprie le travail non payé du salarié qui produit les marchandises.
Mais le capitaliste peut aussi employer son capital pour des opérations commerciales (faire changer les marchandises de mains) ou financières (faire changer l'argent de mains). Dans ce cas, son capital ne "produit" rien (ni marchandises, ni plus-value). Mais il rapporte tout de même du profit, parce que ces activités sont indispensables au fonctionnement de l'économie capitaliste. Ce profit est donc constitué d'une partie de la plus-value créée dans la production de marchandise, et captée par le capital commercial ou financier.
Le capital commercial ou financier ne possède donc pas les mêmes caractéristiques que le capital industriel. Mais c'est tout de même du capital.

a écrit :
L'argent mort qui dort dans les bas de laine des grands-mères (par exemple) est-il à proprement parlé du capital ?

Non.
L'argent qui dort n'est pas du capital, c'est... de l'argent.
Seul l'argent qui "travaille" (c'est-à-dire qui fait travailler les prolétaires !) est du capital.

a écrit :Et peut-on également dire qu'il y aurait deux sortes de capital : le capital technique (les moyens de production) et le capital social (pour les actionnaires qui apportent un certaine somme d'argent en échange d'un droit à la propriété de la société) ?

Pas facile de répondre simplement à cette question à tiroirs. Je ne sais pas si on peut dire qu'il ya deux "sortes" de capital, mais il y a deux aspects d'un même capital qui vont ensuite vivre leur vie plus ou moins indépendamment l'un de l'autre.
Lorsque des bourgeois fondent une société, ils apportent une certaine somme d'argent. Cette somme d'argent va être convertie en machines, bâtiments, etc. et chaque bourgeois se voit remettre un titre correspondant à la somme d'argent qu'il a effectivement apportée.
Donc au départ, la valeur du capital "technique" est la même que celle du capital "social".
Par la suite, l'entreprise va user des machines, en acheter d'autres, et la valeur de son capital technique va forcément se modifier. Quant aux actions (les titres dont je viens de parler), elles aussi vont circuler de main en main, et changer de valeur. Donc, il peut y avoir divorce - et parfois, très gros divorce - entre les deux, même s'il existe certains mécanismes - très imparfaits - qui agissent pour que l'écart ne soit pas trop grand.
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Message par Jacquemart » 10 Sep 2005, 10:16

Les bourgeois arrivent avec 150 000 euros, et créent l'entreprise Schmoll.
A sa fondation, celle-ci possèdera forcément 150 000 euros de machines, d'argent liquide ou d'autres choses.
Donc, à ce moment-là, qu'on mesure la valeur du capital de l'entreprise par les actions (les propriétaire de ces actions ont apporté 150 000 euros à la société Schmoll, c'est écrit sur les papiers) ou qu'on la mesure en additionnant la valeur des machines, de l'argent liquide, etc. détenu par l'entreprise, on trouvera forcément la même somme.
Par la suite, les deux évaluations peuvent diverger.
C'est mieux, là ?
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Message par Jacquemart » 10 Sep 2005, 14:02

Ben, les distinctions, ça n'a pas vraiment d'intérêt en soi. Tout dépend à quoi elles servent.

Bien sûr que l'argent du bas de laine peut se transformer facilement en capital. Il sufffit pour cela qu'il soit "investi" ou "placé". Mais tant qu'il est en-dehors du circuit, il ne fonctionne pas comme du capital.

Alors, à quoi cela sert-il de faire cette distinction ? Avant tout à comprendre que le capital, ce n'est pas une chose. Ce n'est pas en soi de l'argent, ni en soi des machines, ni en soi des stocks de biens. L'argent, les machines ou les produits ne deviennent du capital qu'à certaines conditions, qui sont des conditions sociales : en gros, qu'ils soient intégrés dans un cricuit où l'on exploite le travail des prolétaires, ce qui permettra d'augmenter la valeur de cet argent, de ces machines, de ces produits.

Marx insiste beaucoup là-dessus, pour polémiquer avec les économistes bourgeois qui considèrent que l'argent, ou les machines, ou les produits, c'est par définition du capital. Ils veulent ainsi suggérer, ou affirmer, que les catégories et les rapports sociaux du capitalisme sont éternels. Marx veut justement montrer le contraire.

Dans les sociétés primitives, il y avait déjà des outils, voire de l'argent, mais ce n'était pas du capital. Et dans la société communiste, il y aura encore des machines (et même beaucoup !), et sans doute une forme d'argent, au moins au début, mais ce ne sera plus du capital.
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Message par Jacquemart » 12 Sep 2005, 11:00

:wavey:
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