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Message Publié : 18 Juil 2006, 16:11
par Crockette
Oui on entend souvent dire "les congés payés", "la semaine de 40h" c'est grâce au passage d'un gouvernement de gauche...

mouais, en fait je dirais plutôt que le gouvernement Blum n'avait pas mis cela ds ses cartons, et surtout c'est une grève des ouvriers qui s'étend à la France entière, qui est est bien à la source de ces avancées sociales qui risquent aujourd'hui de disparaitre avec la droite.

pourtant la situation n'était pas rose pour les ouvriers :
la production industrielle ne cessait de décroitre, la production de minerai tombe de 51 à 33 millions de tonnes entre 1928 et 1935.

les hauts fourneaux tombent de 115 à 84.

De 1931 à 1936 les ouvriers voient leur effectif diminuer d'un million quatre cent mille personnes et le nombre de chômeurs est passé de 452 815 à 823 803 personnes.

Et pourtant la classe ouvrière se lève et en juin 1936 c'est deux millions de salariés en grèves ds plus de 11 000 entreprises.
Source HD n° 19 243 page 11

Commentaire perso qi n'engage que moi :
C'est vrai aussi qu'à cette période, les ouvriers n'avaient pas le journal télévisé ou la radio du service public pour les conditionner à longeur de journée au libéralisme économique...





Un très bon dossier ds ce magazine, qui pour une fois, ne critique pas une seule fois les trotskistes pendant cette période car ils en parlent pas du tout. :sleep:
Mais bon...

Message Publié : 18 Juil 2006, 16:23
par Crockette
Benoit Frachon secrétaire dela CGT réunifiée a raconté comment s'était déroulée la négociation à cette époque :

"j'avais glissé ds la poche extérieure de mon veston quelques feuilles de paye, des vraies qui m'étaient parvenues d'usines. c'étaient là mes pièces d'accusation et j'en fis feu à bout portant. Ah oui ! nous pouvions en parler des salaires de ces femmes du textile ds les Vosges à 80 centimes de l'heure !. Nous leur mettions sous le nez toutes leurs rapines, toutes leurs brutalités, toutes leurs filouteries".

Chez Poivrossage à Pantin les gosses de 14 ans gagnaient 1 franc de l'heure...


Le 5 au matin, les employés des galeries Lafayette se mettent en grève, le Printemps suit. A la Samar le drapeau jaune de l'établissement est remplacé par le drapeau rouge de la CGT.

Message Publié : 18 Juil 2006, 16:33
par gerard_wegan
(Crockette @ mardi 18 juillet 2006 à 18:23 a écrit :Benoit Frachon secrétaire dela CGT réunifiée a raconté comment s'était déroulée la négociation à cette époque :

"j'avais glissé ds la poche extérieure de mon veston quelques feuilles de paye, des vraies qui m'étaient parvenues d'usines. c'étaient là mes pièces d'accusation et j'en fis feu à bout portant. Ah oui ! nous pouvions en parler des salaires de ces femmes du textile ds les Vosges à 80 centimes de l'heure !. Nous leur mettions sous le nez toutes leurs rapines, toutes leurs brutalités, toutes leurs filouteries"

... ça c'est du moins la légende version Frachon qui, bon stalinien, n'a jamais été à un mensonge près !
Racontées par d'autres participants, les négociations syndicats-patronat de 1936 apparaissent s'être tenues dans une ambiance bien plus feutrée et loin des prétendues rodomontades de Frachon !

Message Publié : 18 Juil 2006, 16:40
par Crockette
M. Cognac patron de la samaritaine écrit à "son" personnel :

"je désire qu'aucun de vous ne soit victime d'une situation créée par une minorité d'égarés qui n'ont pas compris la sottise qu'ils accomplissaient en suivant le mot d'ordre de grève qui leur était apporté par les agitateurs étrangers à la maison".

Ensuite le patron continue ainsi : (pour dire qu'aujourd'hui que le discours n'a pas changé du coté des capitalistes libéraux version new management)

"rien ne pouvait être plus déraisonnable que d'attenter à la solidité d'une des seules exploitations commerciales françaises encore prospères et au maintien de la prospérité de laquelle vosu êtes tous au plus haut point interessés". =D>

Aujourd'hui le discours est le même sauf qu'il y a les chinois comme prétexte en plus...pour écraser les revendications de la classe "laborieuse" (au sens de ceux qui travaillent bcp pour presque rien).

Ensuite le gentil patron continue ainsi (et là c'est pas des blagues on dirait du management à l'américaine du 21 ème siècle appris dans des hautes écoles de cadres !) : "votre direction vous rappelle plus que jamais, que vous travaillez tous pour un et un pour tous, et elle vous demande de ne jamais tolérer parmi vous, ds vos rayons ou vos services, des collègues paresseux ou peu consciencieux qui n'y seraient pas à leur place".

Mr Thiriez président de la chambre de commerce de Lille sort cela : "il y a lieu de constater qu'une atteinte très grave, a été porté contre l'autorité des chefs d'entreprise".

Message Publié : 18 Juil 2006, 16:53
par Crockette
ds le dossier d'HD il y a le témoignage de Zénaide Provins, jeune ouvrière à l'époque :

"1936 j'en retiens deux choses extraordinaires. La première c'est ce discours d'un gars de l'union CGTU qui est venu ds la cour de l'usine devant les 3 000 que nous étions a conclu : "pour être forts il faut s'unir et se syndiquer"

La seconde c'est ce défilé au mur des fédérés où m'vaient emenée une copine et où j'ai rencontré celui qui allait devenir mon mari pendant pplus d'un demi siècle, un militant dela lcgt lui aussi, qui avait fait sa première grève comme meneur chez Panhard, alors qu'il n'vait que dix sept ans, son prénom edmond...".

Message Publié : 18 Juil 2006, 17:04
par Crockette
ensuite en 1936 des centaines de milliers de travailleurs envahissent les plages de Normandie essentiellement "occupées" les autres années par la seule haute bourgeoisie.


ça donne des commentaires sarcastiques comme François Coty, patron des parfumeries et propriétaire du figaro : "les envahisseurs", "les salopards en casquette"; ce cher Coty grand bailleur de fonds des ligues d'extreme droite par ailleurs...
"quel scandale de les voir (les ouvriers) déambuler sur les légendaires tréteaux et remonter leur pantalon pour entrer ds l'eau bien fraiche jusqu'aux genoux, voir leurs enfants s'approprier leur sable pour y édifier des chateaux et leurs femmes oser s'exhiber ds d'épais maillots de bain en laine".

"quel scandale ces quinze jours de congés payés ! "

Message Publié : 18 Juil 2006, 23:30
par artza
Ca c'était la propagande dans la presse de droite pour son lectorat de mondains et de demi-mondains.

Le patronat lui soufflait.
Il préférait de loin voir les travailleurs occuper les plages plutôt que les usines.

Message Publié : 19 Juil 2006, 14:53
par eruditrotsk
Des prolétaires qui n'allaient pas tarder à payer cher - la guerre - la carotte des congés payés...

Message Publié : 19 Juil 2006, 19:05
par Koceila
He oui, ils pouvaient gagner un monde meilleurs, et les bureaucrates les ont pousser à choisir les congés payés................

Message Publié : 21 Juil 2006, 12:56
par Edgar
(eruditrotsk @ mercredi 19 juillet 2006 à 15:53 a écrit : Des prolétaires qui n'allaient pas tarder à payer cher - la guerre - la carotte des congés payés...
C'est vrai qu'il fallait éteindre le feu d'une sacrée combativité dans la classe ouvrière, d'autant plus qu'en même temps, la bourgeoisie préparait déjà la guerre.