le réalisme en littérature

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par quijote » 13 Août 2009, 01:00

(El convidado de piedra @ mercredi 12 août 2009 à 22:15 a écrit : Vérié
a écrit :Quant à ses livres, c'est évidemment une question de goût. Si l'on excepte le dernier et un ou deux autres où il exprime des idées douteuses, la plupart de ses romans étaient assez peu politiques. Jonquet se passionnait plutôt pour les faits divers sordides, c'est à dire ce que l'être humain et la société ont de plus noir.


Ceci explique cela.

Les idées déterminent le sujet et le public (à qui on s'adresse). Essayez de créer quoi que ce soit en s'affranchissant du sujet, des idées (d'une conception du monde conséquente) et du public...

Ce sont des éléments inséparables de toute création. Comment une vision aussi réactionnaire du monde (le "noir") peut il être séparé des idées politiques du même signe?

Si on pense que l'être social détermine la conscience, cela est un lieu commun de dire que les classe réactionnaires ont une vision pessimiste et une "vision" du coté le plus sordide de l'humanité et des classes laborieuses. Ils s'en prélassent, s'en vautrent et le justifient par tous leurs canaux idéologiques, roman policier inclus et de préférence.

Par contre la classe ouvrière qui a un avenir devant soi, cherche les éléments positifs et les meilleures qui se trouvent en l'humanité et dans la situation politique et naturellement les mets en avant. C'est le sens même de la création de toutes les classes révolutionnaires qui luttaient. Du vrai réalisme socialiste.

La satyre, le rire, l'ironie positive, mordante mais joyeuse, le contraste entre les différents types sociaux et l'exaltation de l'héros positif, des combats de leur classe, (La Mère, Spartakus, et tant, tant d'autres) la confiance en que la lutte des travailleurs va l'emporter à la courte ou à la longue font partie de notre littérature. La lumière est toujours plus grande que la noirceur.

Le "noir"... le désespoir, le manque des perspectives, le mépris de l'humanité toute entière pour se réfugier dans la contemplation de leur nombril tout en soupirant de la "noirceur" de la période ou de "la vie" ce n'est pas le propre des grands et/ou petit bourgeois et décadents?

M. Jonquet a du subir la reflux de la lute du prolétariat et peu (ou pas) conscient des forces sociales qui l'entrenaient est passé de l'autre coté. Qu'il repose en paix, vu qu'il n'a pas du la passer très bien tiraillé par des forces (de classe) si puissantes et si contraires.

Mais qu'on soit conscient aussi de la nature idéologique de son œuvre qui hélas est tout ce qui va rester de lui. Une œuvre réactionnaire et une fin de vie pareil.

Tout à fait d'accord . je pense à Zola . Dans la "Curée" il dresse un tableau assez véridique des trafics et des profiteurs auquel donna lieu la "rénovation de Paris par Haussmann .. par contre il n 'a qu'un mépris de petit bourgeois pour les ouvriers qu'il présente comme des brutes dégénérées , à l 'hérédité lourde , alcoolique " Germinal " , la " Bête humaine" ..
D'où sa vision noire des choses . Aucun espoir . Le pessimisme . la réalité sordide . Il semble s'y complaire.
Pourtant c'est tout de même un grand écrivain mais marqué par son milieu d 'origine .
Même si ses prises de position en faveur de Dreyfus l 'honorent .

Je n'ai pas lu Jonquet et avoue ne pas être attiré par sa littérature .

DE l,l'homme politique je retiens sur surtout ses interview à la radio : il n 'avait pas l 'air de se montrer trop solidaire vis -à--vis de l 'extrême gauche et à l'entendre il présentait cela plutôt comme des erreurs de jeunesse .
quijote
 
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Message par luc marchauciel » 14 Août 2009, 06:59

(El convidado de piedra @ mercredi 12 août 2009 à 22:15 a écrit :

Si on pense que l'être social détermine la conscience, cela est un lieu commun de dire que les classe réactionnaires ont une vision pessimiste et une "vision" du coté le plus sordide de l'humanité et des classes laborieuses. Ils s'en prélassent, s'en vautrent et le justifient par tous leurs canaux idéologiques, roman policier inclus et de préférence.

Par contre la classe ouvrière qui a un avenir devant soi, cherche les éléments positifs et les meilleures qui se trouvent en l'humanité et dans la situation politique et naturellement les mets en avant. C'est le sens même de la création de toutes les classes révolutionnaires qui luttaient. Du vrai réalisme socialiste.


Tout à coup, là, je me suis demandé si on était bien en 2009 ou si on était revenus en 1950 à la grande époque du jdanovisme...

Le "réalisme socialiste", n'importe quoi ! :headonwall:

J'ai lu quasiment tout Jonquet (sauf les deux derniers, juste pas envie, rapport à so évolution politique sans doute), et j'ai toujours trouvé ça très bon. Tout ça est un peu ancien, maintenant, mais je crois que Moloch et Les Orpailleurs sont ceux qui m'avaient le plus plu.
luc marchauciel
 
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Message par Vérié » 15 Août 2009, 11:01

a écrit : Convidado
L'art reflète (et très directement des fois) la lutte de classes; et la prédominance du vomi, du gore, des crimes et toutes les "excellentes" idées véhiculées par la bourgeoisie décadente et ceux qui s'en sont emparés pour gagner de l'argent montrera qu'on n'est pas encore réussi à se débarrasser de la merde capitaliste.


On ne va pas relancer le débat sur le réalisme socialiste.
Mais ta vision des idées véhiculées par la bourgeoisie décadente, dont certains artistes et romanciers seraient l'expression, est très moraliste, très mécanique et par conséquent très réductrice, Convidado.

Tu évoques par exemple le crime. Prendre le crime pour thème serait-il un signe de décadence bourgeoise ? Mais Dostoïevski, Balzac, Zola, Hugo, Norman Mailer, Ellroy ont traité du crime et des turpitudes de la bourgeoisie. Ils n'étaient certes pas des révolutionnaires prolétariens, mais on ne peut nier l'intérêt de leurs oeuvres, dans la mesure notamment où elles peignent... de façon souvent réaliste les moeurs de la bourgeoisie et leurs aspetcs sordides, et aussi les moeurs du prolétariat, voire du lumpen, qui ne sont pas toujours ragoutantes non plus.

Alors, bien sûr, je ne compare pas Jonquet à Dostoïevski, ni même à Ellroy, mais je ne crois pas qu'on puisse lui reprocher d'avoir pris pour thème certains aspects de la "merde capitaliste", pour reprendre ton expression.
Vérié
 
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Message par luc marchauciel » 15 Août 2009, 13:50

(El convidado de piedra @ vendredi 14 août 2009 à 16:35 a écrit :

Et même en 3009 il y aura des défenseurs du réalisme, par contre ce serait tragique si la tendance "noire" de l'art continue de s'imposer.


Bon, je vais essayer de pas discuter sur le même ton que le Convive..
En polar, c'est exactement l'inverse qui est vrai : la littérature dit "noire" est justement celle qui se veut réaliste et qui montre les travers de la société. Des grands anciens américains Hammet et Chandler jusqu'au néo polar français post 68ard, dont Jonquet était un représentant, et pas des plus manchots. On y trouve quelques auteurs d'extrème croite( comme ADG en France, qui paraît-il a du talent) mais surtout beaucoup de gens d'extrême gauche (dont des posts maos pas repentis, d'ailleurs...).Beaucoup plus sans doute que dans la littérature des Chantal Goya de la classe ouvrière qui semble émouvoir El Convidado.

Bon, je dis ça, mais en général j'aime pas trop les trucs francheement glauques non plus, et je n'échangerais pas en cinoch une bonne comédie romantique hollywoodienne contre un Mickael Hannecke (ou même un Ken Loach désespéré façon première période). Au risque d'être envoyé travailler dans les champs par le Convive, pour me punir d'avoir des goûts aussi bourgeois...
luc marchauciel
 
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Message par lavana » 15 Août 2009, 20:22

(El convidado de piedra @ samedi 15 août 2009 à 14:11 a écrit :
Quant à Norman Mailer et l'autre, permette moi de te dire que c'est de la sous littérature qui ne vaut pas un clou. N'oublie pas toute la littérature de gare, elle ne parle que de cela, des crimes et des policiers (que sont sympathiques bien que "noirs"(dépressifs faudrait dire) pour être encore plus sympathiques) comme la télé, qui les montre sympathiques aussi, et la radio (dans le temps) qui les montre encore sympathiques. Tous sympathiques,il y a d'autres qui sont philosophes mais humains,et quelques uns sont sympathiques benêts, d'autres violents mais sympathiques à la fin, d'autres brutales mais nécessaires, d'autres qui torturent et tuent mais sympathiques aussi, bref il y en a des "sympathiques" pour tous les gouts; cela suffit que ce soit des policiers pour qu'on travaille le réflexe de Pavlov..."sympathique"...

Malgré que ceux qui les cotaient dans le réel, par je ne sais quelle "déformation réaliste socialiste" les trouvent plutôt bien peu sympathiques. Bref, cette "littérature", la télé, et d'autres moyens d'influence idéologiques essayent de nous vendre de la merde pour du miel.

Je n'achète pas.
.
Sana entrer non plus dans ce débat qui n'a jamais eu lieu. -comme le souligne Le Convive, il n'y a eu que des tentatives de disqualification de son point de vue,- et dans le quel je me suis simplement contenté de dire mon accord avec les grandes lignes de ce qu'écrit notre Convive, sans entrer dans le débat donc, il est vrai que lorsque ceux qui trouvent "sympatiques" ou "prennent plaisir" commenceront par s'interroger sur cela, peut-être que le débat pourra commencer.

Nous subissons l'influence idéologique de la petite-bourgeoisie ( et de son individualisme forcené, c'est dire la régression idéologique que nous subissons.

Même les cathos de Télérama se complaisent dans ces absurdités plaisantes.

Si on ne peut même plus compter sur les cathos pour critiquer l'attrait pour le morbide, où allons-nous ?
lavana
 
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Message par quijote » 15 Août 2009, 22:09

Moi j 'avoue aimer Victor Hugo qui, certes, a des cotés négatifs qui m 'exaspèrent : grandiloquence entre autres mais aussi beaucoup de générosité et de force :Le journal d 'un condamné " vibrant plaidoyer contre la peine capitale , les "Misérables " beaucoup de souffle et certains passages sont impressionnants comme la barricade ; mais beaucoup de paternalisme : il y a les " bons" pauvres ( Valjean ) et Cosette ,les "mauvais" pauvres ( Thenardier) le bon"patron " monsieur Madeleine . le flic en proie à ses doutes :Javert et qui se jette à l'eau !: insupportable , et ridicule c'est vrai .. un esprit grand bourgeois paternaliste

Sa poésie est meilleure. , selon moi .


Il s 'est montré accueillant vis -à-vis de Louise Michel , même s'il n 'aimait pas trop la Commune

,Et 'il s'est battu contre le travail des enfants ,pour l 'éducation populaire , contre la réaction cléricale , le pape , Rome .

Mais ça sur un plan politique.

Encore que son anticléricalisme est net dans "Notre Dame de Paris " le roman de lui que je préfère et de loin .

Le "réalisme " de Flaubert qui n'est pas "socialiste" mais bourgeois ; il dépeint d'une manière impitoyable la petite bourgeoisie de province . C 'est formidable même 'il n y a pas de "héros" "positif".
Flaubert était marqué par son milieu qu 'il exécrait : " le bourgeois pense bassement disait-il .
Intéressant Flaubert qui nous apprend beaucoup de choses sur la bourgeoisie autant ou plus que maints ouvrages théoriques .

Cela n 'empêche qu'il a été un ennemi de la Commune .

Nuançons donc !
quijote
 
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