Puisqu’on en vient à la position de Gramsci sur le stalinisme il est utile de renvoyer à la fameuse lettre au CC du PCUS de 1926.
On la trouve là :
http://www.marxists.org/francais/gramsci/w...ci_19261014.htmDans l’hommage que rend Tresso à Gramsci on lit :
a écrit :Un des derniers actes politiques de Gramsci avant son arrestation, en 1926, a été celui de faire approuver par le B.P. du Parti italien, une lettre adressée au B.P. du Parti russe lui demandant de se contenir vis-à-vis du camarade Trotsky dans les limites d'une discussion entre camarades, et de ne pas adopter les méthodes qui fausseraient les problèmes controversés
C’est plutôt sympathique mais n’éclaire pas beaucoup sur l’opinion que pouvait avoir Gramsci sur ce qu’on appelait à l’époque les problèmes du parti russe.
Voyons quelques extraits de cette lettre :
Pour bien saisir le contenu de la lettre il faut savoir que la majorité à laquelle fait allusion Gramsci c’est le bloc stalinien et l’opposition c’est celle dite de 26 (Kamenev, Trotsky, Zinoviev et d’autres...)
a écrit :il nous semble que l'attitude actuelle du bloc des oppositions et la gravité des polémiques au sein du Parti communiste de l'U.R.S.S. exigent l'intervention des partis frères.
a écrit :Une scission de ce genre, indépendamment des résultats numériques des votes au congrès, peut avoir les plus graves conséquences, non pas seulement si la minorité d'opposition n'accepte pas avec la plus grande loyauté les principes fondamentaux de la discipline révolutionnaire du parti, mais encore si elle outrepasse, dans la poursuite de sa polémique et de sa lutte, les limites de toute démocratie formelle.
a écrit :Nous déclarons maintenant que nous retenons comme fondamentalement juste la ligne politique de la majorité du Comité central du Parti communiste de l'U.R.S.S .,
a écrit :Ce qui nous frappe, répétons-le, c'est que l'attitude des oppositions engage toute la ligne politique du Comité central, touchant au cœur même de la doctrine léniniste et de l'action politique du parti de l'U.R.S.S.. C'est l'hégémonie du prolétariat qui est remise en question dans son principe comme dans sa pratique, ce sont les rapports fondamentaux d'alliance entre ouvriers et paysans qui sont mis en cause et menacés ; autrement dit les piliers mêmes de l'État ouvrier et de la révolution
a écrit :Voilà quel est pour nous le principal enjeu de vos discussions, car cet élément est bien la racine de toutes les erreurs du groupe des oppositions et l'origine de tous les risques latents dont sa pratique est grosse. L'idéologie et la pratique du bloc des oppositions manifestent un retour radical à la tradition de la social-démocratie et du syndicalisme qui ont empêché jusqu'alors le prolétariat occidental de s'organiser en classe dirigeante .
a écrit :Les camarades Zinoviev, Trotsky et Kamenev ont puissamment contribué à notre éducation révolutionnaire, ils nous ont parfois corrigés avec beaucoup de rigueur et de sévérité, ont compté parmi nos maîtres. C'est plus particulièrement à eux que nous nous adressons comme aux principaux responsables de la situation actuelle, parce que nous voulons être sûrs que la majorité du Comité central du Parti communiste de l'U.R.S.S. ne cherche pas à remporter une victoire écrasante dans cette lutte et n'est pas disposée à recourir aux mesures extrêmes.
Il soutient donc la ligne politique de Staline et critique très durement l’opposition dont fait partie Trotsky.
Je n’ignore pas l’appétence d’une certaine fraction intellectuelle pour Gramsci et ses concepts, il n’en reste pas moins qu’en cette période où «
il était minuit dans le siècle » la boussole, certes entravée par la répression fasciste, de Gramsci indiquait un nord funeste pour les révolutionnaires.
Cela étant et pour répondre à la question qui ouvre ce fil je déconseille de commencer par l’hypertrophique glose secondaire sur Gramsci, on y trouve tout, son contraire et n’importe quoi. Autant lire les écrits de Gramsci, Tosel a édité il y a un bon moment un choix de textes de Gramsci. C’est facile à trouver.