Critique de la valeur

Publié :
13 Oct 2019, 15:12
par Sinoue
Salut, je voulais savoir si certains d'entre vous connaissaient le courant de pensée, et aussi groupe militant, intitulé "Critique de la valeur" ou "Krisis" en allemand, puisqu'ils viennent de là. Ca fait plusieurs années que j'en entends parler, et leurs réflexions me questionnent. J'ai eu l'occasion de rencontrer l'un de leurs sympathisants en France, mais je n'ai pas réussi à accrocher une discussion constructive avec lui. Ca m'intéresse de savoir ce que vous en pensez, quant à moi, je les trouve un peu "fumeux" par certains aspects, et je ne sais pas de quelle façon se concrétise leurs interventions au sein de la classe ouvrière en Allemagne. Par contre je vous avoue être assez intrigué quand à leur réinterprétation du 1er livre du "Capital" qui serait en opposition radicale avec ce qu'en ont fait les partis se réclamant du marxisme jusque là. Aussi je suis intrigué par leur définition du mot "travail" au long des sociétés humaines, je suis titillé par le fait que cette explication pourrait donner des indices à propos du refus croissant de personnes quant au fait de s'intégrer à notre société... je ne sais pas bien si je me fais comprendre, alors je vous fais suivre des liens qui vous permettront de comprendre mieux ce courant, si ça vous intéresse ^^
Eh ben l'article wikipedia:
https://fr.wikipedia.org/wiki/KrisisLeur ouvrage qui regroupe leurs idées de base on va dire:
https://www.amazon.fr/Manifeste-contre- ... B008SMMY42Et puis une vidéo qui peut servir d'introduction pour ceux qui sont dans les transports ^^
https://www.youtube.com/watch?v=DFTThqcnYCs&t=46s
Re: Critique de la valeur

Publié :
14 Oct 2019, 07:14
par logan
Les enfants des situationnistes
Re: Critique de la valeur

Publié :
14 Oct 2019, 14:12
par Duffy
Je n'ai fait que lire la page wikipedia (j'avais lu leur "Manifeste contre le travail" il y a peut-être 15 ans maintenant, ça ne m'avait pas marqué... j'en n'ai pas vraiment de souvenir), qui manifestement est de la main d'un des partisans de la "wertkritik". J'ai du mal à y trouver un intérêt dingue, à cette prose.
Et je dois dire que la démarche même me chagrine : construire un ennemi de chiffon (le "marxisme traditionnel" -c'est-à-dire tout et rien-, à qui est attribué en bloc tout un tas d'idées... très critiquables en effet, ce qui leur facilite la vie ensuite !), créer artificiellement deux Marx, à leur main, qui s'opposeraient ("exotérique" et ésotérique"), puis piocher selon ce qui les arrange et s'en démarquer avec des banalités du type "le travail n'est pas une catégorie transhistorique", et de préciser qu'il ne faut "surtout pas le confondre avec l'activité, valable à toute époque" (donc transhistorique), c'est-à-dire "l’interaction entre l'homme et la nature" (laquelle se trouve du coup en dehors de tous rapports sociaux), il faut entendre "le travail" comme "une activité spécifiquement capitaliste" (mais est-ce autre chose alors que "l'activité" sociale historicisée ?), etc.
Ou, dans le même genre, dans la partie sur l'État et la politique, on peut lire que "la démocratie même, espace supposé de l'auto-constitution des décisions collectives [supposé par qui au juste ? par Marx exotérique ? par "les marxistes traditionnels" ? est-ce que tout ça est bien sérieux ?], est l’autre face du capital, non son contraire" et que "le marxisme du mouvement ouvrier et presque toute la gauche ont toujours misé sur l’État, parfois jusqu’au délire, en le prenant pour le contraire du capitalisme", etc. Et tout ça pour conclure qu'État et démocratie ne sont pas les "contraires" (??) du capital ou du capitalisme. Merci ! Heureusement que Krisis était là.
Bref, je ne sais pas si ça représente fidèlement les textes du groupe Krisis, mais tout ça me semble quand même être très largement du baratin... destiné à quoi ? Une critique des réformistes se parant de l'autorité de Marx, apparemment... avec beaucoup de mousse autour ! Ça a en tout cas pour effet direct d'éliminer la lutte de classes, et en fait la classe ouvrière, du paysage (et toute dialectique, soit dit en passant...). Bref, une critique qui se veut très radicale (et très idéaliste il me semble à première vue), mais, du coup, sans le moindre tranchant. Comme ils disent : "Le mouvement ouvrier a joué essentiellement ce rôle [des ajustements au sein de l'économie marchande, sur la distribution de ses fruits], car la lutte des classes est d'abord la luttes d'intérêts immanents à la logique reproductrice du capitalisme, car travail et capital ne s'opposent pas"...
Re: Critique de la valeur

Publié :
14 Oct 2019, 14:22
par Duffy
Sinon, si on s'ennuie, on peut relire, parmi bien d'autres, "Salaire, prix et profit" :
https://www.marxists.org/francais/marx/ ... 650626.htm"En même temps, et tout à fait en dehors de l'asservissement général qu'implique le régime du salariat, les ouvriers ne doivent pas s'exagérer le résultat final de cette lutte quotidienne [entre le Capital et le Travail]. Ils ne doivent pas oublier qu'ils luttent contre les effets et non contre les causes de ces effets, qu'ils ne peuvent que retenir le mouvement descendant, mais non en changer la direction, qu'ils n'appliquent que des palliatifs, mais sans guérir le mal. Ils ne doivent donc pas se laisser absorber exclusivement par les escarmouches inévitables que font naître sans cesse les empiétements ininterrompus du capital ou les variations du marché. Il faut qu'ils comprennent que le régime actuel, avec toutes les misères dont il les accable, engendre en même temps les conditions matérielles et les formes sociales nécessaires pour la transformation économique de la société. Au lieu du mot d'ordre conservateur: "Un salaire équitable pour une journée de travail équitable", ils doivent inscrire sur leur drapeau le mot d'ordre révolutionnaire: "Abolition du salariat"."
Re: Critique de la valeur

Publié :
14 Oct 2019, 15:55
par Cyrano
Duffy:
«Et je dois dire que la démarche même me chagrine : construire un ennemi de chiffon...»
C'est ce que j'ai ressenti, ça me faisait penser à Louis Althusser qui nous inventait un gros noeud dans la pensée de Marx pour ensuite, devant nos yeux éblouis, tirer un bout de ficelle et défaire tout le noeud. Wahou! La "coupure épistélomogique", même pas mal. C'est un peu ce qu'il dit dans son autobiographie.
Demain mardi 15 octobre, débute une mini-série sur Arte: "Travail, Salaire, profit". Ho la?!...
Re: Critique de la valeur

Publié :
16 Oct 2019, 08:26
par artza
Hier soir j'ai regardé la série d'Arte signalée plus haut par Cyrano.
En gros c'est un peu chiant, soporifique parfois prétentieux, souvent jargonnant. Pas toujours facile à suivre nombre d'intervenants s'exprimant en allemand, anglais et un en chinois. Bien sur c'est sous-titré résumé mais quand même. Souvent on n'entend pas trop ce qu'en pense les intervenants.
Une exception quand même, un étonnant visage glabre par ces temps de barbus à la Che ou à la Ribouldingue. Des mots ordinaires exposant des idées simples. En plus une citation de "Léon Trotsky" sous-titré Leo Trotski et une paraphrase qui me fit gratter la tête. Mais il nous parle du communisme comme avenir de l'humanité?
Pour illustrer tout ça Arte nous offrait à la suite une bio de Mielcke le chef de la Stasi. L'anniv de la chute du fameux mur méritait bien ça. Peu d'intérêt.
Lundi toujours Arte traitait du "communisme" : la bête bouge encore (sic) tout un programme!
Heureusement précédé de deux petits films pas mal du tout surtout pour l'époque où ils ont été réalisé. Surtout le premier Ciel sans étoiles de 1955 que je conseille
