Éphéméride

[Ottokar]

Delannoy proche du PCF comme on dit, défend l'accouchement sans douleur, combattu à l'époque par l'Eglise et tous les réacs.

Pas vu le film, et je ne sais pas quel impact réel a eu la campagne nataliste réactionnaire de Jeannette Veermersch, femme de Thorez et membre de la direction du PC de l'époque. Les revues du PC destinées aux femmes comme "Heures claires" n'étaient guère féministes et très traditionnelles.
En revanche, l'accouchement sans douleur était un réel progrès, comme l'a été la péridurale et la prise en compte de façon générale de la douleur dans les hôpitaux, depuis 20, 30 ou 40 ans. Il était effectivement combattu par l'église au nom du "tu accoucheras dans la douleur" et pratiqué par des médecins proches du PC. Je l'ai entendu raconter dans ma famille, proche PC, avec des plaintes lors d'un accouchement au début des années 50 en Italie, où les bonnes soeurs s'y refusaient alors qu'il aurait été pratiqué en URSS, et à l'inverse, la pratique novatrice en France par des toubibs de milieu PC.

[Cyrano]

«ce film est une petite crasse "progressiste" contre les droits des femmes à disposer de leur corps.»
Là, c'est y aller un peu fort.
Un film militant sur le droit des femmes à mettre au monde dans de meilleures conditions, on ne peut pas dire que c'est un film contre le droit des femmes à disposer. Disposer de quoi? Les femmes réclameraient le droit d'accoucher dans la douleur? tout simplement ? C'est étrange, comme façon de voir.
Parce que leurs mères en avaient bavé pour accoucher et que c'est ainsi, et où qu'on va si les femmes se mettent à devenir douillette ?

J'ai adoré le film que j'ai même trouvé enthousiasmant. Le poids des générations mortes y est bien présent (et aussi le poids des grands patrons médecins). La pugnacité des femmes du village est bien montrée. Certes, c'est un peu idéalisé, mais tant mieux! Et c'est réjouissant. Et il y même dans le film un véritable accouchement.

Jeannette Vermeersch était une stalinienne addict. Elle déclara qu'elle ne serrerait plus la main de Khrouchtchev après ce qu'il avait dit dans son rapport.
Elle était contre l'avortement mais pas que. Elle était aussi contre la contraception, mais elle ne représentait qu'elle-même. Ce n'était pas les positions des docteurs compagnons du PCF. Dominique Desanti en parle un peu dans un bouquin: la Jeannette refusait tous les procédés de contraception prônés par les médecins femmes et hommes du PCF ou proche du parti. Un réact minable.

[yannalan]

Trouvé sur Wiki. Ca me semble plus que vraisemblable

Dans L'Humanité du 2 mai 1956, Maurice Thorez déclare à Jacques Derogy à propos de l'avortement : « Au lieu de vous inspirer des idéologies de la grande et petite bourgeoisie, vous auriez mieux fait de méditer l'article que Lénine a consacré au néomalthusianisme... Le chemin de la libération de la femme passe par les réformes sociales, la révolution sociale et non par les cliniques d'avortement. »6. Deux jours plus tard, Jeannette Vermeersch déclare à propos de l'avortement : « Depuis quand les femmes travailleuses réclameraient le droit d'accéder aux vices de la bourgeoisie ? Jamais ! »6.

Selon Jacques Derogy, cette opposition était destinée à écarter la remise en cause de Staline : « Tant qu'on discutera règles et fausses couches, on laissera Staline tranquille », aurait déclaré Jeannette Vermeersch à Dominique Desanti.

[Ottokar]

Au passage le film est de Jean Paul Le Chanois, qui a collaboré à de nombreux films du PC, et réalisé aussi l'immortel "Papa, maman la bonne et moi" ! Je n'ai pas vu le film en question, on peut lui reprocher peut être de compenser les conneries de Vermeerch, mais visiblement pas sa position pour l'accouchement sans douleur

[Cyrano]

C'est épatant l'éphéméride, y'a rien qui semble hors-sujet.

Pour Ottokar;
«on peut lui reprocher peut être de compenser les conneries de Vermeerch, mais visiblement pas sa position pour l'accouchement sans douleur.»
Je n'ai pas très bien compris ce que tu voulais dire?

Et franchement, pour Jean-Paul le Chanois, parler uniquement de « l'immortel "Papa, maman, la bonne et moi"», c'est vouloir discréditer ce réalisateur et ne pas jouer franc-jeu. Faut pas oublier avant Le cas du docteur Laurent, le film L'école buissonnière (1948) ou Sans laisser d'adresse (1950), deux films ayant obtenu des prix. Et c'est lui qui va réaliser Les Misérables avec des acteurs au sommet de leur art : Jean Gabin - Jean Valjean, Bourvil – Thénardier, Bernard Blier – Javert.

Sur youtube, il y a une bande annonce du film Le cas du docteur Laurent – avec une musique insupportable, mais bon, l'époque…
https://www.youtube.com/watch?v=UfBqXI7vQpA
Un ami me dit que ça se téléchargerait facilement via des logiciels genre eMule. Ça peut éviter de causer du film sans savoir.

Pour yannalan:
Dans son livre Les staliniens, 1944-1956, Dominique Desanti parle de ces discussions de l'année 1956. Et comme tu dis, tout ça, c'est très vraisemblable, hélas.

La contraception est réactionnaire

Plus irritée encore que son époux par les intellectuels partisans du polycentrisme, avides de critiques et autocritiques, obsédés par la structure du Parti, le lien avec l’U.R.S.S. et la primauté de l'anticolonialisme, c’est alors que Jeannette Vermeersch eut l’idée d’une astucieuse diversion. Un député progressiste (Emmanuel d’Astier de la Vigerie) avait déposé un projet pour modifier la loi de 1920 interdisant contraception et avortement. Les médecins du Parti, qui avaient tant lutté pour l’accouchement sans douleur, ont espéré que le P.C.F. prendrait la tête d’une campagne... A la stupeur de tous, Jeannette Vermeersch prit la parole devant le groupe parlementaire (puis fit publier l’intervention dans France nouvelle du 12 mai 1956) pour démontrer que lutter contre les maternités non désirées relevait du néo-malthusianisme et faisait le jeu de la bourgeoisie. Non, dit-elle, nous ne voulons pas limiter le nombre de nos enfants, nous voulons des crèches, des dispensaires, des allocations familiales plus fortes... Elle ajoutait, dans le privé, deux considérations. D’abord que plus les prolétaires ont d’enfants plus ils trouvent leur misère insupportable, donc plus ils deviennent combatifs. Ensuite – mais c’était une confidence réservée aux camarades sûrs – que pendant que les cellules discuteraient de l’avortement elles oublieraient Khrouchtchev, Staline et le F.L.N.

Stupéfaites, nous avons tenté, avec un groupe de médecins femmes, de la faire changer d'avis. La discussion finit à la limite de l’hystérie. Le lendemain elle me fit appeler :
« Ecoute, je ne pouvais pas leur dire, mais tu sais bien que chez nous, dans le Nord, les filles ne les prendront jamais leurs précautions, elles n’ont pas de salles de bains et elles font l’amour n’importe où !»
Je lui expliquai le «diaphragme» dont elle n’avait, dit-elle, jamais entendu parler, ce qui l’intéressa sans la fléchir.
« Ecoute, politiquement, ce n'est pas le moment. Il faut une large union et on aurait tous les catholiques contre nous. »

Quelques mois plus tard, Jacques Derogy publia son premier livre: Des enfants malgré nous. Il était au Parti et travaillait à Libération, le journal de d’Astier. Son livre fut blâmé, et Thorez, dans une lettre très «fraternelle » lui exposa qu’il avait mis son grand talent au service d’une cause que la bourgeoisie risquait d’utiliser.

En tout cas, Jeannette Vermeersch avait réussi sa diversion dans la préparation du congrès. Il fallait arracher, dans nos cellules et les sections, le temps de parler du Parti et de l’Algérie... Dans notre cellule (intéressante par son mélange à parties presque égales d’ouvriers, d’employés et d’intellectuels} le problème était concret. Une fille jeune, aux doigts atrophiés, épouse d’un O.S. et vivant dans deux mansardes avec 4 et en attendait un 5e... L’épouse du secrétaire de cellule, et le mari de la malheureuse mère de famille cherchaient désespérément à la faire avorter... mais n’en ont pas moins ratifié la condamnation du projet de loi de d’Astier...

[Ottokar]

Sur internet on voit qu'il a beaucoup travaillé, fréquenté le groupe Octobre, collaboré au film La Marseillaise, réalisé en effet un très bon Misérables, etc. D'où mon étonnement devant le très conformiste Papa, Maman, la bonne et moi.
Pour le reste, le fait de rester au PC malgré la campagne dégueulasse de Vermeersch et de faire ce film pourrait être vu comme un contrepoint : au PC, il y a Jeannette mais il y a aussi des gens comme lui, en quelque sorte. Tant qu'on reste au Parti...
Je ne sais pas ce que voulait dire Artza, mais ceux qui ont propagé l'accouchement sans douleur ont eu raison. Et visiblement le film le fait contre les préjugés de l'époque

[artza]

Simplement remettre un peu tout ça dans son contexte.

L'accouchement sans douleur fut une bonne chose.
Ce fut une bagarre , incroyable aujourd'hui menée par des médecins membres ou proches du PC comme le dr Lamaze, un apôtre qui soit dit en passant condamna l'intervention russe en Hongrie en 56 avec 67 de ses confrères adhérents du PCF.
Il faut dire que ces médecins en avaient vu de belles avec la récente affaire des "blouses blanches". Des médecins soviétiques d'origine juive accusés d'avoir voulu empoisonner Staline!

Jeannette Vermersch soutenu par Thorez, suivi par la direction du PC batailla contre l'avortement et plus encore les moyens contraceptifs "non-naturels" au nom de la lutte "prolétarienne contre le néo-malthusianisme"! Comme si c'était le sujet et comme si ça avait un rapport.

L'avortement était largement pratiqué en France. On sait dans quelles conditions et pour quels résultats!

Sur tout ça je conseille la consultation dans la bi-bio souvent complaisante d'A. Wieviorka, "Maurice et Jeannette" du chapitre, "les vices de la bourgeoisie". Le bouquin n'est pas très bon, mais ce chapitre est excellent sur ce sujet oublié, occulté et mal compris.
"Et puis après tout ,mode ou pas les femmes on s'en tape, surtout celles du peuple".
Mais je peux vous dire que parmi ces femmes cette affaire fit un sacré foin!
Des cellules votèrent contre, dans le PC de l'époque (!!), comme celle unanime (!) de La Chapelle-Goutte d'or, le quartier de Gervaise (l'Assomoir, Zola).

L'anecdote de Desanti est douteuse pour des raisons de calendrier.

[Cyrano]

Consulter, consulter, facile à dire. La taille du chapitre sur les vices vaut l'achat? Je vois "Maurice et Jeannette" à 6 € port compris sur un site.

J'en profite pour revenir à mon sujet éphéméride et rajouter un bouquin sur le rapport Khrouchtchev:
"Le rapport Khrouchtchev", Jean-Jacques Marie, édition du Seuil. 2015.
Le livre fait 186 pages.
Le texte du rapport va de la page 85 à 171: 87 pages quand même! Il faut combien de temps pour lire un tel machin? 4 heures? Plus? Moins?

Ah bin? Ah mais? ça m'affiche: "La limite du nombre de pièces jointes sur le forum a été atteinte." Je ne peux pas mettre ma couverture du livre? C'est fort fâcheux, j'en suis marri.
Alors:
https://www.seuil.com/ouvrage/le-rappor ... 2021170542

[Cyrano]

Je suis le nez dans l'guidon – et sans EPO. Après le 25 février, j'ai le 27 février.

Ça se passe au nord des Etats-Unis, dans un état, le Dakota du Sud. Et dans un bled de cet état: Wounded Knee, une bourgade d'une réserve indienne.

Le 27 février 1973, à 19h55, le FBI est informé: «Cambriolage en cours au magasin de Wounded Knee, ils prennent toutes les armes et les munitions.». "Ils", ce sont environ 200 indiens sioux qui occupent le village. Ils sont emmenés par l'AIM, l'American Indian Movement.
Les sioux veulent protester contre leur situation dans la réserve et contre le responsable de cette réserve, Dicky Wilson, un salopard qui fait régner la terreur avec sa milice privée.
Sous les caméras des chaines télé accourues, les indiens vont occuper Wounded Knee pendant plus de deux mois. Ils seront rejoints par d'autres (Cheynnes, Crowsx, etc.) qui apporteront des vivres.
En face, plus de 2000 policiers, militaires, et milices privées.

Le plus simple, c'est de regarder l'excellent documentaire qui avait été diffusé sur Arte et qui est disponible (et complet) sur youtube:
https://www.youtube.com/watch?v=no0Plhzpzqo
Ça dure 80 minutes, c'est peu.
Vous y apprendrez pourquoi la localité de Wounded Knee fut choisie, un massacre qui remonte à 1890.

Y'a pas beaucoup de livres à lire sur le sujet. Il y a surtout le formidable "Les voix de Wounded Knee" paru dès 1974 aux Etats-Unis et disponible en français en 1980. Pas facile à trouver. Il y a aussi le livre de Mary Crow Dog: "Lakota Woman, ma vie de femme Sioux" qui était présente pendant l'occupation de Wounded Knee.
Sur le massacre de décembre 1890 à Wounded Knee, on peut lire "Wounded Knee, ou l'Amérique fin de siècle" de l'historienne Elise Marienstras.
Je suis preneur de toute suggestion.

PS: rien à voir avec Wounded Knee, mais à voir avec l'histoire indienne des Etats Unis: "La dernière frontière" de Howard Fast. Ça raconte l'épopée surréaliste de 3500 Cheyennes enfuis d'une réserve pour retrouver la terre de leurs ancêtres, en 1878. Enthousiasmant, palpitant, jubilatoire.

[com_71]

Ah bin? Ah mais? ça m'affiche: "La limite du nombre de pièces jointes sur le forum a été atteinte." Je ne peux pas mettre ma couverture du livre? C'est fort fâcheux, j'en suis marri.

Ce matin, ça fonctionne