Anniversaire - Les 150 ans de la Commune !

Marxisme et mouvement ouvrier.

Re: Anniversaire - Les 150 ans de la Commune !

Message par Gayraud de Mazars » 13 Avr 2021, 08:45

Salut camarades,

La Commune de Paris et les femmes, boute feux de la Révolution ! Les communardes furent courageuses et intrépides à l'image de Louise Michel...

Pouvoir révolutionnaire et libération des femmes
Dans le journal Lutte Ouvrière n°2749, rubrique - Il y a 150 ans, la Commune
07 avril 2021, par Anne Laumier

https://journal.lutte-ouvriere.org/2021 ... 56896.html

Sans droits, sans existence civile, mal payées, contraintes pour certaines à la prostitution, opprimées à l’usine et au sein de la famille, les femmes des milieux populaires prirent toute leur place dans ce pouvoir de la classe ouvrière qu’était la Commune.

Les femmes n’étaient ni électrices ni éligibles. Aucune n’y fut donc élue. Elles contribuèrent cependant à mettre en place cet État ouvrier. Bien présentes dès les manifestations du 4 septembre et le 18 mars à Montmartre où elles réussirent à convaincre les soldats chargés par Thiers d’enlever les canons, de mettre la crosse en l’air.

Dès le début de la Commune, les femmes firent ressurgir les clubs politiques et s’approprièrent les églises pour y tenir leurs réunions. Le club Ambroise (11e arrondissement) compta 3 000 femmes. Celui de la Boule Noire (17e) fut fondé et présidé par Sophie Poirier, couturière. Louise Michel, institutrice blanquiste puis anarchiste, présida souvent le club de la Révolution à Saint-Bernard de la Chapelle. Blanche Lefebvre, une modiste, ceinte d’une écharpe rouge et le revolver à la ceinture, prit la parole presque tous les soirs au club de la Révolution sociale. Les articles, les tracts politiques, les appels furent souvent écrits par des femmes comme André Léo, créatrice du journal La Sociale.

Les femmes de la Commune agirent en tant qu’ambulancières, cantinières, mais aussi combattantes. Dans chaque mairie d’arrondissement, elles tinrent des permanences, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, où venaient s’engager des volontaires pour organiser la défense, le ravitaillement et l’éducation. Elles montaient la garde aux portes de Paris et étaient armées. Dans le 12e arrondissement, une légion de femmes fut constituée sous le commandement de la colonelle Adelaïde Valentin, ouvrière, et de la capitaine Louise Neckbecker.

Elles investissaient, aux côtés des hommes, les comités de vigilance, comme à Montmartre où existaient deux comités, celui des hommes et celui des femmes. Louise Michel, se rendit aux deux. « On ne s’inquiétait guère de savoir à quel sexe on appartenait pour faire son devoir. Cette bête de question était finie », dit-elle dans ses Mémoires. Elle affirma dans son journal, La révolution sociale : « Les femmes ne doivent pas séparer leur cause de celle de l’humanité, mais faire partie militante de la grande armée révolutionnaire ».

En matière d’éducation, des femmes mirent en place des cours gratuits d’instruction élémentaire, des écoles professionnelles. Elles organisèrent des lectures aux mères de famille, des cours pour les jeunes gens qui, travaillant le jour, n’étaient jamais allés à l’école. Marguerite Tynaire fut la première femme à occuper le poste d’inspecteur des écoles de Paris. Paule Mink ouvrit une école gratuite pour filles dans une église.

En avril, Karl Marx demanda à une militante de l’Association internationale des Travailleurs, une femme d’origine russe, Élisabeth Dmitrieff, d’être sa correspondante à Paris. Les 11 et 12 avril, elle lança avec d’autres un appel aux citoyennes de Paris à participer au soulèvement en rejoignant l’association révolutionnaire des travailleuses nouvellement fondée : l’Union des femmes pour la défense de Paris et le soutien aux blessés. Son premier objectif était la défense de Paris mais, l’appel affirmait : « Considérant en outre que dans l’ordre social du passé le travail de la femme étant le plus exploité, la réorganisation immédiate du travail est donc de toute urgence... nous voulons le travail, mais pour en garder les produits… Plus d’exploiteurs, plus de maîtres !… Vivre libres en travaillant, ou mourir en combattant ! »

L’Union des femmes, principalement composée d’ouvrières, s’adressa à Léo Frankel, responsable de la commission du Travail et de l’échange. Elle lui proposa de faire fonctionner les ateliers abandonnés par leur propriétaire, afin de lutter contre le chômage et notamment celui des femmes, et de passer ses commandes d’équipements militaires aux ateliers pris en main par les travailleurs eux-mêmes. Les dirigeants de la Commune furent bien évidemment partisans de cette idée, immédiatement appliquée.

Les femmes, les ouvrières posèrent aussi leurs propres revendications. La Commune institua le droit à la séparation de corps, le droit à une pension alimentaire. Elle interdit la prostitution considérée comme une forme de « l’exploitation commerciale de créatures humaines ». Elle décréta l’égalité des salaires pour les institutrices, considérant qu’« en matière éducation, le travail de la femme est égal à celui de l’homme ». Comme il apparaissait que la compagne non mariée du garde national n’avait pas les mêmes droits que l’épouse, qui elle, touchait un complément à la solde de son mari, les femmes réclamèrent le même traitement pour toutes. La Commune reconnaissait de fait l’union libre, alors très fréquente dans la classe ouvrière, et tous les enfants nés hors mariage.

En mai, face à l’offensive versaillaise, les femmes défendirent le nouvel État qui avait été pour elle une libération. Elles participèrent à l’érection des barricades. L’Union des femmes composa un manifeste : « Non, ce n’est pas la paix mais bien la guerre à outrance que les travailleuses de Paris viennent réclamer… Les femmes de Paris sauront elles aussi donner leur sang pour la défense et le triomphe de la Commune. » Et la majorité des femmes impliquées militairement furent des ouvrières.

Lors de la Semaine sanglante, les armées de répression du gouvernement républicain dirigé par Thiers firent payer très cher aux combattantes la place qu’elles avaient osé prendre dans la Commune à coups d’exécutions sommaires, de condamnations, de déportations. Pour les discréditer, la propagande versaillaise inventa même la figure de la « pétroleuse » incendiaire.

Que ce soit sur les barricades lors de la Semaine sanglante, dans les prisons ou en exil, ces combattantes revendiquèrent toujours le rôle qu’elles avaient joué pendant la Commune. Ainsi Louise Michel, lors de son procès, déclara aux juges à la solde des Versaillais sa fierté d’avoir été membre du pouvoir révolutionnaire : « Puisqu’il semble que tout cœur qui bat pour la liberté n’a droit qu’à un peu de plomb, j’en réclame une part, moi ! Si vous me laissez vivre, je ne cesserai de crier vengeance. […] Si vous n’êtes pas des lâches, tuez-moi. »


Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
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Re: Anniversaire - Les 150 ans de la Commune !

Message par Gayraud de Mazars » 15 Avr 2021, 10:31

Salut camarades,

La Commune fut comme son drapeau rouge, résolument internationaliste !

Léo Frankel, révolutionnaire internationaliste
Dans le journal Lutte Ouvrière n°2750, rubrique Il y a 150 ans, la Commune
Le mercredi 14 avril 2021

https://journal.lutte-ouvriere.org/2021 ... 57301.html

Le Hongrois Léo Frankel (1844-1896), artisan orfèvre de profession, fut élu membre de la Commune, puis de la commission du Travail et de l’Échange. Il fut à l’origine de ses principales mesures, comme l’interdiction du travail de nuit pour les ouvriers boulangers, l’interdiction des amendes et retenues sur les salaires, ou encore l’enquête sur les ateliers abandonnés, en vue de les exploiter « par l’association coopérative des travailleurs qui y étaient employés ». « La Révolution du 18 mars a été faite exclusivement pour la classe ouvrière, disait-il. Si nous ne faisons rien pour cette classe, nous qui avons pour principe l’égalité sociale, je ne vois pas la raison d’être de la Commune. » Il participa ensuite aux combats de la Semaine sanglante, fut deux fois blessé sur une barricade rue du Faubourg Saint-Antoine, et fut sauvé par Elizabeth Dmitrieff. Il s’exila, gagna Londres où il fut élu membre du Conseil général de l’AIT. Lié à Marx et à Engels, il milita pendant encore 20 ans à Londres, à Vienne, à Budapest où il fut un des fondateurs du Parti général ouvrier hongrois en 1880, et où il fit deux ans de prison. Il termina sa vie à Paris et fut enterré au cimetière du Père-Lachaise. Dans ses dernières volontés, il écrivait :

« Ayant vécu libre-penseur, je veux mourir de même. Je demande donc qu’aucun prêtre d’aucune Église n’approche de moi, soit à l’heure où je meurs, soit à mon enterrement, pour « sauver » mon âme […]. Je ne crois ni à l’enfer, ni au ciel, ni aux châtiments ni aux récompenses dans un autre monde. Enfer et ciel, châtiments et récompenses vivent dans la conscience de chacun. […] Je meurs sans crainte. […] Mon enterrement doit être aussi simple que celui des derniers crève-la-faim. […] La seule distinction que je demande c’est d’envelopper mon corps dans un drapeau rouge, le drapeau du prolétariat international, pour l’émancipation duquel j’ai donné la meilleure part de ma vie et pour lequel j’ai toujours été prêt à me sacrifier. »


Fraternellement,
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Re: Anniversaire - Les 150 ans de la Commune !

Message par Cyrano » 15 Avr 2021, 10:58

Quand on lit ça, la candidature de Fabien Roussel fait quand même petit joueur...
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Re: Anniversaire - Les 150 ans de la Commune !

Message par Gayraud de Mazars » 15 Avr 2021, 11:05

Salut camarade Cyrano,

Cyrano a écrit :Quand on lit ça, la candidature de Fabien Roussel fait quand même petit joueur...


Et oui, d'autant qu'il n'est pour l'instant que candidat à la candidature pour le PCF, (choix de la Conférence Nationale), les communistes à la base ne votant que les 7, 8 et 9 mai 2021... Pour valider ou non ce choix !

Combattre les illusions sur le terrain des illusions, avec son noyau de revendications justes ?

Fraternellement,
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Re: Anniversaire - Les 150 ans de la Commune !

Message par Gayraud de Mazars » 22 Avr 2021, 07:04

Salut camarades,

La Première Internationale et la Commune
21 avril 2021, article publié dans le journal Lutte Ouvrière n°2751, rubrique Il y a 150 ans, la commune
Par Aline Retesse

https://journal.lutte-ouvriere.org/2021 ... 57683.html

Image
AIT - Congrès de Genève en 1866

En 1871, Jules Favre, ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement qui massacra les communards, dénonçait le rôle joué par l’Association internationale des travailleurs (AIT) dans la Commune.

« À côté des jacobins parodistes, […] il faut placer les chefs d’une société maintenant tristement célèbre, qu’on appelle l’Internationale, et dont l’action a été plus puissante peut-être que celle de leurs complices, parce qu’elle s’est appuyée sur le nombre, la discipline et le cosmopolitisme », disait Jules Favre. Mais si l’AIT ne dirigea pas la révolution parisienne depuis Londres où se tenait le conseil général, comme la propagande bourgeoisie l’en accusa, la Commune fut, pour reprendre les mots d’Engels, « sans contredit la fille de l’Internationale ».

Sept ans plus tôt, les ouvriers convaincus de la nécessité de s’unir par-delà les frontières avaient créé cette première internationale de l’histoire du mouvement ouvrier, à laquelle Marx et Engels avaient adhéré. En France, à la veille de 1871, malgré le régime policier de Napoléon III, les travailleurs avaient appris à se défendre dans les grèves et à s’organiser dans des syndicats. Des militants surgissant des rangs ouvriers en appelaient à la « république sociale », ce qui pour eux signifiait la république des travailleurs. Nombre d’entre eux rejoignirent l’Association internationale des travailleurs, animée par un conseil général basé à Londres et constitué de sections nées en Grande-Bretagne, en France, en Belgique, en Suisse, puis en Prusse, en Italie, en Espagne, aux Pays-Bas et aux États-Unis.

L’AIT était traversée par diverses tendances, trade-unionistes en Angleterre, proudhoniens en France, misant sur le développement des coopératives. Seule une minorité se tournait vers le socialisme scientifique de Marx. Mais l’idée socialiste faisait son chemin. L’AIT l’avait proclamé dès ses débuts : « L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. »

Quelles étaient les forces militantes de l’AIT en France, et plus précisément à Paris ? Elle n’était certes pas une organisation de masse. Franquin, trésorier de l’organisation parisienne, avançait le chiffre de 1 250 cotisants. Mais chaque groupe rayonnait bien plus largement, s’entourant d’amis, de sympathisants, de proches qu’il influençait. Les « marmites », ces restaurants coopératifs créés par Varlin, sections elles aussi de l’AIT, s’avéraient des centres actifs d’information, de discussion, de propagande.

Le typographe Georges Bertin, qui fut secrétaire du mouvement avant d’être celui de la Commission pour le Travail et l’Échange durant la Commune, en mentionnait onze, avec 8 000 souscripteurs. Dans la première moitié de 1870, vingt sociétés ouvrières adhérèrent à l’Internationale. L’influence de l’AIT s’étendait à plusieurs dizaines de milliers de membres, d’après l’historien Rougerie. Il existait pendant la Commune 60 sections de quartier de l’Internationale et 74 chambres syndicales d’ouvriers et d’employés y avaient adhéré.

La bourgeoisie voyait évidemment dans cette organisation internationale de travailleurs un ennemi à abattre. Ainsi à la veille de la Commune, du 22 juin au 5 juillet 1870, l’AIT fut confrontée à un troisième procès, à l’issue duquel des militants furent une nouvelle fois emprisonnés ou durent prendre le chemin de l’exil.

Quelques jours avant le déclenchement par Napoléon III de la guerre contre la Prusse de Bismarck, dans le journal le Réveil du 12 juillet 1870, les membres parisiens de l’AIT publièrent un manifeste intitulé « Aux travailleurs de tous les pays » : « Travailleurs français, allemands, espagnols, que nos voix s’unissent dans un cri de réprobation contre la guerre ! […] Frères d’Allemagne ! Nos divisions n’amèneraient, des deux côtés du Rhin, que le triomphe complet du despotisme. »

Cependant, dès le 4 septembre, après la défaite de Napoléon III à Sedan qui entraîna la chute de son régime, la section française apporta son soutien à cette République qui venait d’être proclamée. Dans une adresse datée du 9 septembre, Marx mit en garde les ouvriers français : ils « doivent remplir leur devoir de citoyens. Mais en même temps ils ne doivent pas se laisser entraîner par les souvenirs nationaux de 1792… Ils n’ont pas à recommencer le passé mais à édifier l’avenir. Que calmement et résolument ils profitent de la liberté républicaine pour procéder méthodiquement à leur propre organisation de classe. »

Le sentiment patriotique des ouvriers contre les visées de conquête de Bismarck était mêlé d’un instinct de classe, car ils sentaient confusément que ce gouvernement qui se disait de la Défense nationale ne défendait pas la république sociale qu’ils souhaitaient. Marx, dans la seconde adresse du conseil général de l’AIT sur la guerre franco-allemande datée du 9 septembre 1870, soulignait le fait que, de défensive contre les visées de Napoléon III, cette guerre était devenue, de la part de Bismarck, une guerre de conquête visant aussi à détruire le nouveau régime républicain. Le Parti social-démocrate allemand protesta d’ailleurs contre l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine.

C’est cette conscience de classe qui poussait les travailleurs parisiens à s’organiser par eux-mêmes au sein des comités de vigilance, pendant que les bataillons de la Garde nationale constitués dans les arrondissements populaires créaient un comité central composé de délégués élus et révocables à tout moment.

Dans ces comités de vigilance, comme au sein du comité central de la Garde nationale, puis au sein de la Commune, les militants des sections parisiennes de l’Internationale étaient nombreux. Assi, mécanicien, qui avait joué un rôle important lors des grèves aux usines Schneider du Creusot en 1870, Avrial, Duval, et le plus connu de ces militants, le relieur Varlin, jouèrent un rôle actif le 18 mars, quand les Parisiens empêchèrent les soldats envoyés par le chef de l’exécutif, Thiers, de les désarmer. Mais il y en eut bien d’autres, moins connus : Charbonneau, menuisier, commandant d’armement et d’habillement de la XIVe légion de la Garde nationale, le menuisier Ferdinand Félix, syndiqué, membre de la Garde nationale au 136e bataillon, l’un des animateurs de la section de Montrouge, le tailleur de pierre Henri Myard, secrétaire de la même section, garde national au 103e, délégué à l’Assistance pour le XIVe arrondissement.

Ces militants contribuèrent à donner aux mesures de la Commune leur signification de classe. Ainsi, le rôle essentiel de l’AIT fut d’avoir formé une telle génération de militants convaincus de la nécessité pour les travailleurs de prendre leurs affaires en main et de contester la direction de la société à la bourgeoisie. Certains de ces militants de l’Internationale, comme l’ouvrier bijoutier Léo Frankel, qui dirigea la commission du Travail et de l’Échange, ou le cordonnier Séraillier tentèrent de faire le lien avec le conseil général de Londres et Karl Marx, qui suivait pas à pas les événements révolutionnaires parisiens.

Dans une lettre du 17 avril 1871, Marx écrivait que, quelle qu’en soit l’issue, « nous avons obtenu un nouveau point de départ d’une importance historique universelle ». Plus tard, après la Semaine sanglante, lors de la conférence de l’AIT qui se tint à Londres du 17 au 23 septembre 1871, Marx rendit ainsi hommage aux militants parisiens de l’AIT : « Le conseil général est fier du rôle éminent que les sections parisiennes de l’Internationale ont assumé dans la glorieuse révolution de Paris. »


Fraternellement,
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Re: Anniversaire - Les 150 ans de la Commune !

Message par Karzmisz » 08 Mai 2021, 19:54

J'ai récemment lu une biographie de Léo FRANKEL, écrite par Julien CHUZEVILLE : "Léo FRANKEL, communard sans frontières". J'ai trouvé ce livre passionnant car on vit les évènements en suivant la vie de cet orfèvre hongrois qui, comme membre de l'AIT, sera à la tête de la commission du travail de la commune de Paris. Après son écrasement, il continuera à militer, notamment pour la création d'un part ouvrier en Hongrie et pour la construction de la 2ème internationale. Ce livre redonne vie à une belle personne et à son époque.
Karzmisz
 
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Re: Anniversaire - Les 150 ans de la Commune !

Message par artza » 21 Mai 2021, 06:12

Frankel a eut un rôle non négligeable et méconnu du moins en France dans la formation du mouvement ouvrier (deuxième inter.) en Allemagne et en Hongrie après la Commune.
Etabli en France dans ses dernières années.
Correspondant d'Engels qu'il tutoyait et de nombreux titres de la presse socialiste.
Non loin du Mur des fédérés je crois qu'il reste sa tombe vide!
Les staliniens de Hongrie l'ont kidnappé.

Souvent les révolutionnaires sont récupérés par la réaction (Lénine, de mémoire).
Là c'est quand même le pompon la dépouille de Frankel au service de la contre-révolution stalinienne et du nationalisme hongrois!
Le communard honoré par les assassins d'une autre Commune!
artza
 
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Re: Anniversaire - Les 150 ans de la Commune !

Message par Gayraud de Mazars » 25 Mai 2021, 14:57

Salut camarades,

Dans le journal Lutte Ouvrière n°2755/il y a 150 ans...

21-28 mai 1871, la Semaine sanglante : la république bourgeoise écrase le pouvoir ouvrier
Le 19 mai 2021

https://journal.lutte-ouvriere.org/2021 ... 59457.html

Le 21 mai 1871, deux mois après l’installation de la Commune, les troupes versaillaises entraient dans Paris et commençaient une semaine de reconquête militaire rythmée par l’élimination systématique de tous ceux ayant pris leur part dans le premier pouvoir ouvrier. Pour rendre le pouvoir à la bourgeoisie, le gouvernement de la IIIe République à peine formé faisait un bain de sang et transformait Paris en un monceau de ruines.

Dès le jour de son échec à désarmer les Parisiens, le 18 mars, le choix de Thiers, chef du gouvernement réfugié à Versailles, avait été de reprendre par les armes la ville aux insurgés. Pour lui, il s’agissait d’une guerre de classes. Il considérait les communards comme des « scélérats voulant abolir la propriété privée » inspirés par l’Internationale, de la « vermine des faubourgs, cosmopolite » et hostile au clergé.

« Il n’y a pas à pactiser avec l’émeute. Il faut la dompter, il faut châtier Paris », résumait le ministre des Affaires étrangères.

Alors qu’à Paris, au soir du 18 mars, le comité central de la Garde nationale réfléchissait à préparer des élections pour constituer la Commune, Thiers à Versailles préparait déjà la guerre. Dès le 20, les Versaillais commencèrent à occuper les forts autour de la capitale.

N’ayant au départ à sa disposition que des effectifs faibles et peu sûrs, Thiers fit feu de tout bois, enrôlant gendarmes et mouchards, négociant avec la Prusse pour qu’elle libère des soldats français faits prisonniers. L’armée de l’ordre bourgeois, en déroute et désunie au moment du soulèvement parisien, compta bientôt 130 000 hommes.

Nommé à la tête des armées versaillaises, le comte de Mac-Mahon se donnait comme mission de « purger la racaille ». Ce futur président de la IIIe République, représentant des « honnêtes gens », fut mandaté par les élus de la Chambre, monarchistes comme républicains, pour déchaîner ses soudards contre les forces mal organisées des prolétaires.

Au matin du 21 mai, par un beau dimanche de printemps, l’armée occupait Auteuil et Passy, avant de se déployer encore prudemment le lendemain dans les quartiers cossus de l’ouest de Paris.

Les troupes versaillaises se heurtèrent à la résistance des Parisiens, dressant partout des barricades. Mais ceux-ci furent bientôt submergés par la force organisée et le nombre des assaillants. Le soir du 22 mai déjà, la moité ouest de Paris était occupée.

Pour retarder les Versaillais passant par les immeubles pour contourner les barricades, les Communards y mirent parfois le feu. Certains lieux symboliques de l’ancien pouvoir exécré, le Palais de justice, la préfecture de police ou encore le palais des Tuileries, furent incendiés.

Le 23 Montmartre était pris, le 24, la Commune dut évacuer l’Hôtel de Ville. Des combats acharnés eurent lieu autour de la Butte-aux-Cailles, de la place du Château-d’Eau (aujourd’hui place de la République). Le 25 au soir, le pouvoir ouvrier ne tenait plus que le quart nord-est de la ville.

Le 27, après avoir pris les Buttes Chaumont, les Versaillais pénétraient dans le cimetière du Père-Lachaise transformé en champ de bataille. Le 28 en début d’après-midi, la dernière barricade était prise.

Lors de ce qui allait rester dans l’histoire comme la Semaine sanglante, au nom de l’ordre et de la loi des propriétaires, l’armée de la toute jeune république bourgeoise voulait faire un exemple en massacrant systématiquement les prolétaires insurgés. Dès le début de l’offensive versaillaise, les blessés furent achevés et les prisonniers exécutés à la baïonnette au pied des barricades. Le nettoyage des quartiers par des corps spéciaux fut systématique. Toute personne vêtue d’un bout d’uniforme fut collée au mur. Avoir les mains noires, des allumettes en poche ou une bouteille d’huile suffisait pour être passé par les armes. La terreur blanche s’abattait au hasard, n’épargnant ni les soignants, ni les enfants trop curieux, ni les égarés au milieu des ruines.

Il fallut bientôt évacuer les cadavres par tombereaux vers des fosses improvisées ou les jeter à la Seine. Paris devint un abattoir, et la chasse au prolétaire se poursuivit jusque dans les égouts, à l’aide de chiens. Il y eut du côté des communards 17 000 morts selon l’armée, mais peut-être 25 000 ou 30 000. Au lendemain des massacres, les services municipaux dénombrèrent 100 000 habitants en moins à Paris.

Plus encore qu’une reconquête militaire, il s’agissait d’une épuration consciente. Le gouvernement républicain voulait que l’ordre bourgeois soit restauré, et pour longtemps. Comme le résuma Emond de Goncourt, écrivain favorable à Versailles : « Une telle purge, en tuant la partie combative de la population, reporte la révolution pour une génération. » Thiers reçut pour cela les félicitations de toute l’Europe réactionnaire, du chancelier Bismarck au tsar de Russie en passant par l’empereur austro-hongrois.

Le jour même où la Commune prenait fin, Thiers déclarait : « Après la victoire, il faut punir. Il faut punir légalement, mais implacablement. »

Au bain de sang allait succéder la répression judiciaire de masse. En région parisienne placée sous état de siège, 26 conseils de guerre furent chargés d’appliquer une justice expéditive. Ceux qui avaient échappé aux exécutions formèrent des convois de prisonniers, acheminés d’abord à Versailles sous les crachats et les insultes de la bonne société rassemblée.

Les peines prononcées furent lourdes : emprisonnements, déportations, y compris en enceinte fortifiée, et parfois à vie. Une centaine de condamnations à mort furent prononcées. Les procès s’étalèrent sur quatre ans.

La Semaine sanglante révélait sans fard la face cachée des progrès de la « civilisation » bourgeoise. Devant la peur de perdre ses privilèges, ses prétendus principes de justice et valeurs universelles faisaient place à un carnage de masse. La bourgeoisie avait vu dans la Commune, malgré son isolement, malgré la modestie de ses mesures sociales, un danger mortel pour son système d’exploitation. Face à une ville ouvrière en armes et luttant pour la libération de toutes les classes opprimées, la république bourgeoise naissante se montrait dans toute sa barbarie.

Les massacres de la Semaine sanglante allaient rester comme une démonstration de tout ce dont est capable la bourgeoisie lorsque le prolétariat ose se lever contre son oppression. Face à elle, la classe ouvrière doit se donner tous les moyens de vaincre.


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Re: Anniversaire - Les 150 ans de la Commune !

Message par Gayraud de Mazars » 25 Mai 2021, 15:01

Salut camarades,

Lutte ouvrière au Mur des fédérés
Le 19 mai 2021, dans le journal Lutte Ouvrière n° 2755

https://journal.lutte-ouvriere.org/2021 ... 59456.html

Chaque année, à la fin mai, le Mur des fédérés du haut du cimetière du Père Lachaise, où sont tombés les derniers communards, voit la commémoration de la Semaine sanglante de 1871.

Encore plus cette année, pour le 150e anniversaire de la Commune, Lutte ouvrière tient à honorer ce qui fut la première expérience de pouvoir ouvrier.

Elle donne rendez-vous pour cela :

dimanche 30 mai à 11 h, à l’entrée du Père-Lachaise, 58, rue des Rondeaux, Paris 20e, métro Gambetta. On compte sur vous !


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Re: Anniversaire - Les 150 ans de la Commune !

Message par Byrrh » 05 Mars 2024, 17:52

À paraître aux éditions Les Nuits Rouges le 19 avril 2024 :
Les historiens contre la Commune. Sur le 150e anniversaire et la nouvelle historiographie de la Commune de Paris

Auteur : Emmanuel BRANDELY

Le 150ème anniversaire de la Commune de Paris, célébré en 2021, a marqué le triomphe d’un nouveau paradigme historiographique niant tout contenu de classe à l’événement. Dans le sillage de l’historien britannique Robert Tombs, promu « spécialiste de référence », et au nom d’une histoire « scientifique », enfin affranchie des « passions politiques » et des « lectures idéologiques », les nouveaux historiens s’attachent en effet à « libérer » la Commune des « mythes marxistes » qui auraient prévalu au 20e siècle.

Tout cela passe par une négation de la plupart des thèmes abordés par les historiens précédents, tel Jacques Rougerie, dans le sillage de Prosper-Olivier Lissagaray : les actions menées par les communards n’étaient pas si importantes, les femmes n’y ont joué aucun rôle particulier, Thiers n’était pas un boucher, ou alors malgré lui, les communards n’étaient pas communistes, Marx n’était pas vraiment partisan de la Commune, etc., parmi de nombreux exemples d’affirmations excessives et visant à intégrer la Commune dans la « roman national » cher aux présidents de la république.

Ce livre réfute les principales assertions de cette nouvelle historiographie et montre que cette révision historique est marquée par des parti-pris idéologiques évidents correspondant à des intérêts sociaux non moins évidents.

Éditions Les Nuits rouges
Préface d'Antoine HASARD
Format : 12 x 19 cm
216 pages
Prix : 15 €
Date de parution : 19/04/2024
ISBN : 9782487411005
Pièces jointes
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Byrrh
 
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