La biographie de Martin Monath (1913 ( le Maitron indique 1912)-1944) par Nathaniel Flakin est tout à fait intéressante même si les sources pour reconstituer le parcours de MM sont assez maigres. Le livre (140 pages) contient en annexe 6 numéros ( de juillet 43 à aout 44) de
Arbeiter und Soldat qu’on trouve déjà sur marxist.org et un fragment daté de l’été 43. Ce fragment contient le texte cité par Artza. D’après Craipeau, dans
Contre vents et marées, une douzaine de numéros paraîtront.
Presque la moitié de la biographie porte sur son militantisme dans les organisations sionistes de gauche. Sans qu’on en connaisse les raisons il ne partira finalement pas vers la Palestine comme nombre de ses camarades du Hashomer Hatzair. Le biographe souligne un point qui a déjà été rapporté ailleurs : c’est la désillusion de quelques jeunes sionistes socialisants, qui débarquant en Palestine, constatent que l’édification de la société nouvelle à laquelle ils venaient participer commençait par l’expulsion des palestiniens locaux !
Il semble que l’on ne connaisse pas bien son cheminement vers le trotskysme. Peut-être par Abraham Léon que Monath rencontre au début de son exil en Belgique, c’est une hypothèse de Flakin. Le caractère internationaliste de son travail politique auprès des soldats allemands se distingue nettement de la politique patriotarde du PC stalinien même dans son « travail allemand ». Craipeau est un peu plus nuancé sur le « travail allemand » du PC.
La diffusion de
Arbeiter und Soldat ne permettra finalement que le regroupement de peu de soldats allemands, les sources varient entre la vingtaine et cinquante. Le livre ne dit pas grand-chose du contenu des discussions entre soldats et camarades de Monath ni d’ailleurs des activités mises en place. Il y eut notamment une aide matérielle apportée par le petit groupe trotskyste afin de permettre aux soldats allemands d’imprimer leurs propres publications, par exemple
Zeitung für Soldat und Arbeiter im Westen dont il ne reste que quelques lambeaux d’après Flakin. Craipeau va jusqu’à écrire que des armes furent données par des soldats allemands, information mise en doute par Calvès.
La biographie finit par un vers de Maïkov :
Plus la nuit est noire, plus les étoiles étincellent
en guise d’hommage à ces jeunes militants trotskystes, qui bien que peu nombreux, refusèrent de déserter le terrain de classe et assurèrent, au prix de leur vie, la transmission des idées révolutionnaires à travers cette sombre période de barbarie. Nous leur en sommes redevables.
