Sétif-Guelma

Marxisme et mouvement ouvrier.

Re: Sétif-Guelma

Message par Ottokar » 12 Mai 2023, 10:47

J'avoue ne pas avoir tout suivi et ne pas bien comprendre la discussion. Le fait important c'est l'unification de ce qu'on appelle la Résistance avec un grand R derrière Jean Moulin et De Gaulle, c'est à dire le ralliement du PC à l'union sacrée. Tout le reste en découle et le fameux programme du CNR comme des gouvernements de la soi disant Libération sont de la même eau : "piperies et mensonges" comme aurait dit Blanqui...
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Re: Sétif-Guelma

Message par com_71 » 12 Mai 2023, 11:06

En somme c'est comme les organisations de gauche et leur Programme Commun en 1981. Rien à voir avec le "mandat" - comme disait Lambert - donné par le peuple à travers les élections présidentielles, rien à voir non plus avec le gouvernement Mauroy...
;)
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Sétif-Guelma

Message par com_71 » 12 Mai 2023, 13:40

LO cette semaine a écrit :Le CNR : derrière le mythe, une opération politique
10 Mai 2023

À l’occasion de l’hommage de Macron à Jean Moulin, le 8 mai à Lyon, la CGT a tenu à placer la manifestation de protestation sous le signe de la défense de « l’héritage social de la Résistance ». Elle s’est revendiquée de Jean Moulin qui, selon elle, « a unifié toutes les résistances derrière le programme du CNR ».

Pour bien des organisations sociales, le Conseil national de la Résistance (CNR) serait la matrice de toutes les avancées des 80 dernières années, en particulier la Sécurité sociale et la retraite par répartition. Ambroise Croizat, ministre PCF du Travail et de la Sécurité sociale en 1945-1946, est célébré comme un héros de la classe ouvrière. Mais le CNR camouflait une opération politique.

En unifiant la Résistance, Jean Moulin, ex-préfet en mission pour de Gaulle, visait à réaliser derrière ce général réactionnaire l’union de tous les partis, de la droite jusqu’au PCF. L’objectif était de remettre en selle l’appareil d’État français, en s’émancipant le plus possible de la tutelle américaine et en évitant toute révolte sociale. Le programme du CNR, les « jours heureux », était l’habillage social de cette unité politique. Dans cette alliance, le PCF apportait son influence parmi les classes populaires et son réseau militant capable d’encadrer les travailleurs qui espéraient que leur vie change après la guerre. En échange, de Gaulle allait donner au PCF trois puis cinq ministères dans les gouvernements issus du CNR.

Le rôle du PCF et de la CGT entre 1944 et 1947 fut de promettre aux travailleurs des jours heureux lointains pour leur faire accepter les sacrifices immédiats, rationnement, travaux pénibles, et la remise en place de l’ordre social. Maurice Thorez, dirigeant du PCF et ministre d’État, fustigea « la grève, arme des trusts » et exhorta les mineurs de charbon à « produire, produire et encore produire » pour gagner la bataille de la production. À ceux qui n’avaient pas oublié le rôle de la police sous Pétain, à ceux qui entendaient maintenir des milices armées, il ordonna : « Une seule police, une seule armée ». La police de Macron et Darmanin qui éborgne aujourd’hui les manifestants est la lointaine héritière de la police pétainiste blanchie par le gouvernement issu du CNR.

L’État rebâti sous l’égide de de Gaulle et Thorez n’était en rien celui des travailleurs. À quelques exceptions près, les grands patrons qui avaient fait des affaires pendant l’occupation allemande conservèrent leurs usines. Les nationalisations tant vantées permirent la reconstruction et l’approvisionnement de leurs entreprises détruites. Même les concessions faites aux travailleurs, les assurances sociales et la retraite, profitaient aux patrons : construire un système collectif d’assurance maladie ou vieillesse leur permettait de maintenir les salaires au plus bas.

Symbole du fait que le gouverne­ment issu du CNR défen­dait coûte que coûte les intérêts de la bourgeoisie française : le 8 mars 1945, de Gaulle faisait bombarder et massacrer plusieurs dizaines de milliers d’Algériens à ­Sétif et Guelma parce qu’ils avaient osé se révolter contre l’ordre colonial. Les ministres du PCF et les chefs de la CGT apportèrent leur caution à ces massacres.

Taire cette histoire serait se préparer à livrer une nouvelle fois les travailleurs à leurs exploiteurs.

Xavier LACHAU
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Sétif-Guelma

Message par Cyrano » 12 Mai 2023, 13:42

Ottokar, y'a pas discussion, y'a que moi qui papote, qui chipote, sur une façon négligée de présenter le CNR et sa soi-disant influence sur le futur gouvernement de la Libération (d'ailleurs c'est nouveau: même le PCF ne l'avait pas inventé, ce mérite). Après la brève de LO signalée par com_71, vl'a qu'en plus, quelques jours plus tard, c'est dans le journal LO qu'on retrouve le même mantra dans un article – pasque c'est écrit dans la brève? Ou bien que je lis que c'est de Gaulle qui a nommé les membres du CNR.
Ce n'est qu'une rectification, ça ne mérite pas un courrier des lecteurs courroucé. Les réactions, par contre…
Voili, voilà. Ça ne sert à rien de chercher à justifier. Fin de l'épisode.

Pour revenir au sujet:
Sans tomber dans tous les détails de la répression barbare, un assez long article dans Lutte Ouvrière du 15 mai 2015, donne un bon survol de ce qui se passa à Sétif, Guelma, etc.
"Algérie – 8 mai 1945 : soulèvement et répression à Sétif"
https://journal.lutte-ouvriere.org/2015 ... 37106.html

Le 8 mai 1945, c'était un mardi.
L'Humanité du vendredi 11 mai, en page 1, publie juste un petit encart:
A Sétif
attentat fasciste le jour de la Victoire

Alger, 10 mai. — Le gouvernement général communique :
«Des éléments troubles d’inspiration hitlérienne se sont livrés à Sétif à une agression à main armée contre la population qui fêtait la capitulation hitlérienne.
La police, aidée de l'armée, maintient l’ordre.
Cyrano
 
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Re: Sétif-Guelma

Message par com_71 » 12 Mai 2023, 15:12

Cyrano a écrit :Ce n'est qu'une rectification, ça ne mérite pas un courrier des lecteurs courroucé. Les réactions, par contre…
Voili, voilà. Ça ne sert à rien de chercher à justifier. Fin de l'épisode.

Perso, je ne réagis pas... Je ne comprends ce qu'il y aurait éventuellement à rectifier !
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