Barta en 1938

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par com_71 » 13 Sep 2004, 19:23

alex @ lundi 13 septembre 2004 à 15:13 a écrit : des activités politiques qui l'ont amené à signer un tract La Voix de Lénine début 1939.

La Voie de Lénine n'était pas un titre de tract mais un journal de tendance trotskyste interne au PSOP où il écrivait, ainsi que, par exemple, Jean Rous. Si tu as connaissance d'un tract, nombre de camarades seraient curieux de le lire.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Barnabé » 13 Sep 2004, 19:28

Pour autant que je sache la premire publication propre de Barta est la brochure "La lutte contre la deuxième guerre impérialiste mondiale", qui date de novembre 1940. La même année il lance "l'Ouvrier" feuille dont il ne sortira que quelques numéro, non signées sinon d'un "vive la IVème internationale".
Barnabé
 
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Message par Barnabé » 13 Sep 2004, 19:33

Voici ce que Barta raconte à Sedova dans une lettre de février 47:
a écrit :
On peut résumer comme suit les renseignement généraux concernant notre activité et notre développement : Les camarades qui ont jeté les bases de notre organisation ont milité pendant plusieurs années dans le POI et ont fait partie en 1938 de la fraction qui est entrée dans le PSOP.

En 1939, au moment de la dispersion des groupes et des cadres trotskystes, nous avons fait notre premier travail indépendant pour des raisons avant tout organisationnelles, et avons sorti, en collaboration avec quelques jeunes camarades, un organe ronéotypé, L'Ouvrier, de lutte contre le daladiérisme, la guerre, et le rôle des social-démocraties dans la destruction des syndicats.

En 1939 nous étions partis de zéro, et il a fallu recommencer au même point en 1940, après les événements militaires. En novembre 1940 nous avons publié notre brochure La Lutte contre la 2ème Guerre impérialiste mondiale, pour défendre ce que nous jugions la politique trotskyste contre les positions nationalistes et petites-bourgeoises adoptées par l'organisation résultant du regroupement d'anciens militants du POI.

C'est en 1942, après avoir pu éduquer et instruire un certain nombre de jeunes camarades venant du PCF ou sans passé politique, que nous avons sorti notre journal La Lutte de Classes. Le choix du titre était déterminé par notre volonté d'opposer une propagande révolutionnaire et internationaliste au courant d'union nationale et gaulliste justifié par la lutte contre l'occupant. 
Barnabé
 
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Message par com_71 » 13 Sep 2004, 19:49

La chronologie s'établit ainsi :
a écrit :Centre marxiste et IVème Internationale (La voie de Lénine 3, juin 1939)
Tract "l'Ouvrier" (15/01/1940)
"l'Ouvrier" numéro spécial, (15/01/1940)
La lutte contre la guerre impérialiste mondiale (11/1940)


L'Ouvrier du 15/1/1940 porte le n°2, le 1er (non parvenu au XXIème siècle) daterait donc de fin 39 et la rupture de fait de Barta avec les quelques militants trotskystes avec lesquels il militait dans le PSOP (pour une raison occasionnelle et non directement politique d'après plusieurs témoignages) doit être placée dans le 2ème semestre 39.

Cela ne peut être qualifié ni de rupture avec Trotsky (qui ne reconnaissait plus aucune responsabilité pour l'activité de l'ensemble des militants troskystes en France) ni avec la IVème Internationale et son programme (dont Barta s'est toujours réclamé dans les années 1940).
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par othar » 13 Sep 2004, 20:54

com_71 @ lundi 13 septembre 2004 à 20:49 a écrit :

Cela ne peut être qualifié ni de rupture avec Trotsky (qui ne reconnaissait plus aucune responsabilité pour l'activité de l'ensemble des militants troskystes en France

peux-tu préciser ce point?

merci
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Message par com_71 » 13 Sep 2004, 21:16

Avec la rigueur de l'historien (références précises) non, du moins pas dans l'immédiat. Mais j'ai confiance en ma mémoire.
Trotsky avait déjà été désagréablement impressionné par les rapports Molinier-Naville (pour faire court), par le manque de rigueur organisationnelle de la section française (voir les textes y consacrés à l'occasion de la conférence de fondation de la IV) et la réaction ou plutôt le manque de réaction (au moins dans un premier temps) à ses conseils de militer au sein du PSOP a entraîné de sa part un désaveu global.

Quelqu'un peut-il documenter plus le sujet ?
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par pelon » 13 Sep 2004, 23:02

Voici une lettre qui montre ce que voit Trotsky de la section française. Il compte sur Cannon pour y voir plus clair.

(lettre de LT du 18 avril 1939 a écrit :
Chers Amis,

Je continue à être très inquiet de votre total silence en général et sur la question française en particulier [1]. Les décisions à ce sujet dans le compte rendu du N.C [2]. me paraissent justes mais elles ne sont pas du tout concrètes quant aux dates, aux moyens pratiques, aux hommes, etc.

J'ai des propositions à faire, mais j'attendais un mot du camarade Cannon pour les vérifier à la lumière de son expérience avant de vous les présenter. Mais j'apprends maintenant que Cannon va s'absenter et j'ai peur qu'on perde beaucoup de temps, particulièrement précieux dans cette affaire.

Mes propositions préliminaires sont :

  1. D'envoyer immédiatement un ou deux camarades en France avec des lettres leur donnant pleins pouvoirs, au nom du S.W.P., du comité pan‑américain, de la section mexicaine, une lettre de Crux [3], etc. (et même, je pense, avec des résolutions spéciales de réunions du parti à New York et autres branches importantes).
  2. Pendant deux  ou trois jours, ces deux camarades étudieraient avec le S.I. le travail du P.O.I. pendant la dernière période critique, afin d'établir s'ils ont changé de méthodes, s'ils l'ont fait avec un certain succès, s'il existe une chance qu'ils remportent des succès dans un avenir proche.
  3. De la même façon, qu'ils vérifient l'activité des partisans IV° Internationale à l'intérieur du P.S.O.P. ‑ depuis leur entrée [4].
  4. S'il apparaît que le P.O.I. n'a pas avancé du tout, le S.I., avec ses camarades américains, devrait non pas faire une proposition, mais prendre une décision ferme, approximativement comme suit :
        1. les membres du P.O.I. et de la jeunesse [5] sont obligés d’entrer dans le P.S.O.P. dans la semaine qui vient.
        2. Naville ‑ et deux ou trois autres ‑ ne doivent pas entrer le P.S.O.P., mais devraient consacrer leur activité au S.I.
        3. La Lutte ouvrière cesse de paraître.
        4. La revue Quatrième Internationale devient une publication du S.I. pour tous les pays de langue française. Le comité de rédaction sera composé de Naville, quelques autres camarades français, un camarade belge, un camarade américain et un de la jeunesse. Il paraîtra deux fois par mois.
        5. Ceux qui refuseront d'appliquer cette décision seront abandonnés à leur sort, sans aucune aide de l'Internationale. Ils ne seront pas exclus, à condition que, dans leur activité, ils ne tentent pas de saboter le travail à l'intérieur du P.S.O.P. Après deux mois environ, le S.I. vérifiera l'activité de ces « extérieurs » et tranchera définitivement.

Ces propositions vont plus ou moins d'elles‑mêmes. Il serait très difficile pour Naville et quelques autres de travailler dans le P.S.O.P. et il n'est pas sûr qu'ils y seraient acceptés. La proposition de décision (ci‑dessus) réglerait cette question avec minimum de frictions.

Notre supériorité théorique et politique sur la direction du P.S.O.P. peut très bien être démontrée dans la revue bimensuelle (à condition que la composition du comité de rédaction exclue une politique spécifiquement anti‑entriste). Une petite partie du fonds français pourrait être utilisée pour soutenir  le bi‑mensuel. Le gros en sera réservé jusqu'au règlement des questions d'organisation et jusqu'à ce que se développe une activité importante.

Il faut employer tous les moyens pour que la décision du soit aussi catégorique et impérative que possible. Par exemple tout le comité national de la section belge devrait y être associé La décision pourrait être signée de tous les membres du S.I., des représentants américains, de tous les membres du N.C. américain, de ceux du P.A.C., etc.

Il nous faut agir tout de suite et avec la plus extrême vigueur, autrement la désintégration de la section française aura l'effet le plus délétère sur toutes les autres sections et gênera considérablement le développement de notre parti au Etats.

Cette lettre n'est destinée à aucune forme de publication Elle ne peut être communiquée qu'au N.C. et au P.A.C [6]. Pour la France et les autres sections, j'écrirai une autre lettre quand je connaîtrai votre décision. J'espère recevoir une réponse aussi vite que possible.


[1] En fait, Cannon avait envoyé un compte rendu très succinct sur la situation française au début d'avril. Trotsky ne l'avait‑il pas reçu ou voulait‑il en savoir plus ?

[2] Les initiales N.C. désignent le comité national (National Committee) du S.W.P. qui s'était prononcé pour l'entrée des militants du P.O.I. dans le P.S.O.P.

[3] Crux est l'un des pseudonymes de Trotsky.

[4] Il s'agit des militants entrés individuellement au P.S.O.P. au lendemain du congrès du P.O.I., ceux de la minorité animée par Jean Rous et que le S.I. avait approuvés.

[5] La jeunesse socialiste révolutionnaire (J.S.R.) était l'organisation de jeunes correspondant au P.O.I. : elle était la continuation de l'Entente des J.S. en 1935.

[6] Le P.A.C. est le comité pan‑américain (Pan‑American Committee).

pelon
 
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Message par pelon » 13 Sep 2004, 23:06

Autre lettre une semaine plus tard qui montre qu'il n'y a plus de véritable direction en France :

a écrit :
22 avril 1939

Chers Camarades,

Les dernières lettres de Rous [1] à vous et à moi indiquent une situation très tendue entre le P.O.I., sa fraction dans le P.S.O.P. et le S.I. Une explosion est possible à tout instant et de même dans le P.O.I. On a presque l'impression que quelqu'un est en train de provoquer consciemment des dissensions pour briser notre mouvement en France [2].

Les camarades américains ont fait un très bel effort pour aider les Français. Mais, s'ils s'arrêtent maintenant et laissent l'organisation française livrée à elle‑même, le résultat sera catastrophique. Reporter de quelques semaines, voire d'une seule, équivaut à abandonner. Nous n'avons pas le temps de nouvelles discussions là‑dessus. Il nous faut intervenir tout de suite.

A mon avis, deux camarades devraient aller en France. L'un devrait être Cannon, non seulement parce qu'il connaît bien la question, mais pour manifester que nous sommes tous d'accord avec sa ligne fondamentale. Son séjour en Europe devrait être bref ‑ une ou deux semaines.

Shachtman aussi devrait partir tout de suite, en même temps que Cannon, sans le moindre délai, et y rester plus longtemps. Nous ne pouvons répéter l'oubli commis après le congrès [3] et pour lequel nous sommes en train de payer très cher.

Depuis la mort de Klement, nous n'avons plus de S.I. Naville est maintenant son secrétaire, mais il est en minorité dans S.I. sur la question la plus grave et la plus importante, la question française. Il semble qu'il se contente de ne plus le convoquer. Son attitude, comme toujours dans les situations critiques c'est la résistance passive, à la section française comme au S.I.

En même temps, je propose de renforcer le comité pan-américain, non seulement en tant que tel, mais comme remplaçant officieux du S.I. pendant la période de transition. Il faut y faire entrer des camarades jouissant d'une grande autorité, publier en son nom un bulletin bi‑mensuel, pas seulement en espagnol, mais en anglais et si possible en français. Cette activité serait une répétition pour les temps de guerre en Europe.

En ce qui concerne mes propositions concrètes sur la France formulées dans ma dernière lettre [4], si elles sont dans la ligne de vos propres décisions et de l'activité de Cannon en France, je ne suis plus du tout aussi certain, après avoir reçu les lettres de Rous, qu'elles soient justes. L'attitude de Naville démontre qu'il se contente d'attendre un ordre et il ne fait que refléter l'état d’esprit de ses partisans [5].

La question personnelle des deux camarades qui demandent leur réadmission [6] ne peut être réglée qu'avec l'aide des camarades américains. Rous m'a demandé d'intervenir par lettre.  C’est impossible : je ne connais pas la situation concrète et je n'ai entendu qu'un seul son de cloche.

Tout dépend d'un voyage immédiat en Europe. Nous n’avons plus de temps pour discuter. Nous avons dans nos rangs, comme en Europe, une situation militaire. Après‑demain, la guerre en Europe peut empêcher ce voyage. Il faut à tout prix partir aujourd'hui. Excusez, je vous prie, mon insistance. Ce n’est pas une question américaine, pas même une question française. C'est une question internationale d'une importance vitale.

J'attendrai votre réponse avec la plus extrême impatience.

P.‑S. Pour les faire attendre quelque temps avant de décider, il faut leur télégraphier la date d'arrivée à Paris des camarades.

Notes

[1] Jean Rous (1908‑1985), avocat, militant de la S.F.I.O. depuis 1928, avait rejoint la Ligue communiste en 1934 et était devenu l'un des principaux dirigeants du G.B.L. dans la période de l'entrisme. Au mois de février 1939, il avait tranché le nœud gordien de la discussion sur l'entrée dans le P.S.O.P. en entrant avec une minorité de cadres et militants du P.O.I. Il pressait Trotsky de soutenir son initiative et d'obtenir pour lui l'appui de l'organisation internationale.

[2] Les nouvelles de France ne pouvaient qu'alarmer Trotsky : il était question d'incidents, y compris de coups, entre militants responsables. Il est cependant exceptionnel que Trotsky envisage la provocation comme explication.

[3] Le congrès de septembre 1938 avait constaté que le S.I. ne pourrait pas fonctionner sans la présence permanente d'un dirigeant américain et avait demandé que Shachtman reste. Mais Shachtman était parti et il n'y avait pas d'Américain en Europe à titre permanent dans le S.I.

[4] Voir « Des propositions pour l’Europe » du 18.4.1939.

[5] Naville maintenait la position qui avait été celle de Trotsky au début de la discussion : il était dangereux de dissoudre l'organisation dans une formation centriste à la veille d'une période d'illégalité.

[6] Cette demande de réintégration, soutenue par Jean Rous, émanait de Fred Zeller et Mathias Corvin, deux anciens de la J.S.R., qui avaient été exclus du P.O.I. en novembre 1937 pour imprudence grave.
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Message par com_71 » 15 Sep 2004, 09:33

Il y eut plusieurs voyages France-Roumanie et retour entre 33 et 36.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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