Le Jura perd ses urgences médicales, faute de médecins

Message par faupatronim » 03 Fév 2005, 14:34

(Le Monde @ 3 janvier 2005 a écrit :Le Jura perd ses urgences médicales, faute de médecins



Les appels vers les deux centres de secours de ce département sont regroupés, depuis le 25  janvier, sur le CHU de Besançon (Doubs). Conséquence du manque de praticiens, cette décision est critiquée par les syndicats, qui redoutent une restructuration plus importante.



Besançon de notre correspondant


Depuis le 25 janvier, les Jurassiens qui recourent aux urgences médicales sont orientés vers le CHU Jean-Minjoz, de Besançon (Doubs). Les 9 500 signatures recueillies par le comité de soutien aux centres 15 du Jura, créé à l'initiative de la CGT, n'y ont rien changé.

Les centres 15 ont cessé leur activité et les appels de ce département ont été dirigés vers la plate-forme téléphonique du SAMU de Besançon, renforcée pour l'occasion. A moyen terme, ceux de la Haute-Saône connaîtront le même sort.

La Franche-Comté deviendra ainsi "la première à régionaliser" son système d'alerte sanitaire, constate le directeur de l'ARH, qui ne s'en réjouit pas. "C'est la baisse de la démographie médicale qui, en décembre 2003, m'a conduit à engager cette réforme ", note Patrice Blémont, le directeur de l'Agence régionale de l'hospitalisation (ARH).

M. Blémont constatait que "les médecins qui restaient ne pouvant pas être au téléphone et au chevet des malades et blessés, la sécurité des usagers n'était plus assurée. Les décisions importantes, qui incombent à ces praticiens, n'étaient parfois plus prises par eux mais par les permanenciers. Aux risques juridiques pleins et entiers de ces personnels administratifs d'aide à la régulation médicale".

Jusqu'alors, le Jura comptait deux centres 15. L'un à Dole, l'autre à Lons-le-Saunier. En 2002, ils géraient 37 000 appels cumulés par an pour une population de 252 650 habitants. "Mais ce chiffre allait croissant, plaide Annette Bouillon, secrétaire de la section CGT du centre hospitalier de Lons-le-Saunier. En douze mois, les appels avaient augmenté de 38 %. Ils allaient bientôt atteindre le seuil des 55 000 demandes."

Face au manque de médecins, certains avaient suggéré un regroupement des deux plates-formes sur le site de Lons-le-Saunier. C'était la position du député et maire (UMP) de la ville, Jacques Pélissard, président de l'Association des maires de France (AMF), de la CFDT et du conseil général, dont les élus avaient adopté un vœu en ce sens.

"Je n'y étais pas hostile, concède M. Blémont. Seulement, pour faire tourner cette structure unique, il nous aurait fallu six médecins à plein temps supplémentaires en plus des cinq à six qui font déjà défaut, puisque le service fonctionnait avec un déficit de 25 % de praticiens. Soit 11 postes à créer. J'ai essayé, mais cela s'est révélé impossible."

En mars 2003, effectivement, le directeur de l'ARH avait "classé ces postes d'urgentistes dans les recrutements prioritaires et prévu des crédits pour cet éventuel regroupement, le tout assorti d'un délai de six mois afin de permettre aux candidats de se manifester". Sans succès.

"Beaucoup de médecins sont venus voir... mais ils n'ont pas voulu vivre dans le Jura ! regrette M. Blémont. Que pouvais-je faire ? Accepter de fermer les yeux et laisser mettre en place, sous ma propre responsabilité, une organisation qui n'aurait pas été sûre ? Ou imaginer, comme je l'ai fait, une formule différente, respectueuse des malades et de leur sécurité ? Et à coût social nul puisque aucun permanencier ne sera laissé au bord du chemin, deux d'entre eux s'étant portés volontaires pour rejoindre l'équipe de régulation de Besançon et les autres bénéficiant tous de reconversions sur leurs lieux d'emploi ? Je n'ai pas hésité..."

L'argumentaire ne convainc pas les opposants. "C'est inacceptable !", s'insurge Jacques Berthault, infirmier psychiatrique et secrétaire de la CGT-Santé du Jura, qui soupçonne cette restructuration de n'être que "la première étape d'un plan plus vaste de déshabillage sanitaire". D'autant que l'ARH prévoit en outre la fermeture du plateau technique de l'hôpital de Champagnole, là encore en arguant d'un "manque de chirurgiens".

Le comité de soutien des centres 15 a donc rejoint un collectif départemental de défense des services publics avec divers syndicats et associations. Il a multiplié les manifestations et demandé un rendez-vous à Jean-Pierre Raffarin, en vain.

"PROXIMITÉ, SÉCURITÉ"

Sans désemparer, il prépare désormais un "livre noir des dysfonctionnements"du nouveau dispositif, "inévitables" selon lui. "La proximité, c'est la sécurité, insiste Mme Bouillon. Le centre 15 ne se limite pas à un téléphone. Il faut connaître la géographie du département, faire preuve d'humanité, ce qui implique de ne pas être surchargé d'appels."

A l'ARH, on demeure persuadé que "c'est la compétence du médecin régulateur qui importe et non le lieu où il est basé, puisqu'il ne se rend pas sur place et bénéficie des outils informatiques et cartographiques nécessaires pour localiser l'appelant et guider les secours". Seules comptent "l'appréciation rigoureuse de la situation et la mise en œuvre d'une réponse adaptée".

L'assistance aux usagers "ne sera pas sacrifiée mais renforcée", promet M. Blémont, fort des conclusions rendues en juillet 2004 par le cabinet Média Conseil. "Les médecins qui se succédaient au téléphone retourneront sur le terrain, ce qui augmentera d'autant la qualité des prestations, insiste-t-il. J'ai choisi de bâtir, avec un syndicat interhospitalier constitué à cet effet, un SAMU 39 complet et fort, mais sans la fonction de régulation. Il disposera d'un SMUR pour couvrir la totalité du territoire jurassien et d'accueils de type SAU ou Upatou (1), selon la taille des hôpitaux concernés. Quant à la formation, à la préparation et à l'application des plans de secours, elles resteront bien entendu assurées sur place."

Jean-Pierre Tenoux

(1) SMUR : service mobile d'urgence et de réanimation. SAU : service d'accueil et de traitement des urgences. Upatou : unité de proximité d'accueil, de traitement et d'orientation des urgences.
faupatronim
 
Message(s) : 0
Inscription : 30 Oct 2002, 18:00

Retour vers Presse et communiqués

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 1 invité