fil "interventions de La Riposte"

Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 13 Sep 2023, 12:19

Salut camarades,

La Riposte en reprise de nos camarades britanniques de "Left Horizons" cet article en anglais au départ ici en français pour les ami(e)s... En revenir à nos basiques...

Léon Sedov : un hommage
Le samedi 9 septembre 2023
Par Greg Oxley, Paris

https://www.left-horizons.com/.../09/le ... a-tribute/

Léon Sedov, le fils de Léon Trotsky, était une figure de proue de la lutte pour défendre les idées authentiques du communisme, contre la bureaucratie stalinienne en URSS et contre la dégénérescence politique de l'Internationale communiste. Il meurt le 16 février 1938, victime d'une embuscade meurtrière organisée et exécutée par la Guépéou, la police politique de Staline. Comme des centaines de milliers de militants révolutionnaires, en URSS et dans le monde, Léon Sedov a payé de sa vie, par les bourreaux de Staline, son dévouement à la cause de la classe ouvrière internationale.

Léon Sedov est né en 1906, à une époque où son père était encore incarcéré dans la forteresse Pierre et Paul pour son rôle de premier plan dans la révolution russe de 1905. Exilé en Sibérie, Trotsky réussit à s'évader. Il s'installe bientôt en France, d'abord à Sèvres, dans la périphérie sud-ouest de la capitale, puis à Paris même, avec son épouse Natalia Sedova et leur fils Léon Sedov. L'activité internationaliste de Trotsky contre la guerre conduit à son expulsion du territoire français en 1916. Après avoir passé quelque temps en Espagne puis aux États-Unis, la famille parvient finalement à rentrer en Russie lors de la révolution de mai 1917.

Sedov rejoint les « opposants » bolcheviques en 1923

En 1923, à l’âge de 17 ans, Sédov rejoint les « opposants » qui, au sein du Parti bolchevique, luttent contre la direction bureaucratique prise par Staline, Kamenev et Zinoviev, entre autres. Il devient l'un des principaux dirigeants de l'opposition dans les rangs du Komsomol (Jeunes communistes).

Au début de l’année 1928, Trotsky est de nouveau sur le chemin de l’exil, cette fois sous le marteau de la répression bureaucratique menée par Staline. Sedov et sa mère Natalia Sedova choisissent de le suivre. Depuis Alma-Ata, au Kazakhstan, c'est Léon Sedov qui a établi les liaisons nécessaires à la poursuite de la lutte idéologique au sein du Parti et de l'Internationale. Ainsi, Trotsky a pu suivre l'impact sur les rangs du parti de sa célèbre Critique du projet de programme , au 6e Congrès de l'Internationale en 1928. Dans cette plateforme révolutionnaire, il défendait les idées et le programme de l'internationalisme contre la théorie réactionnaire de l'Internationalisme. « le socialisme dans un seul pays ».

Sédov se charge de l'organisation matérielle de la vie des déportés et de l'établissement de liens entre militants exilés. Après l'expulsion de son père vers la Turquie en février 1929, Sedov fut chargé de collecter des informations et de la correspondance dans les prisons et lieux d'exil des communistes opposés à la dégénérescence bureaucratique du régime soviétique. Il assume également la responsabilité du contenu et de la publication du Bulletin de l'opposition , ainsi que de sa circulation clandestine au sein de l'URSS.

En février 1931, Sedov quitte la Turquie pour Berlin. Dans le contexte extrêmement dangereux de la montée du mouvement fasciste hitlérien, il joue un rôle central dans l’organisation de la section allemande de l’opposition. Il organise un réseau clandestin de liaisons et d'échanges de documents entre Berlin et l'URSS. À plusieurs reprises, il échappe de peu aux griffes des miliciens fascistes.

Il s'installe à Paris en avril 1933 et prépare l'arrivée de son père, qui séjourne en France entre juillet 1933 et juin 1934, date à laquelle il est de nouveau expulsé de France, cette fois vers la Norvège. Sedov poursuit son travail pour le Bulletin et participe à la section française de l'opposition. Il fonde le Comité de lutte contre la répression en URSS.

Sedov était une cible clé des procès de Staline à Moscou

Le premier « procès de Moscou » s’ouvrit en août 1936. Sedov et son père occupèrent une place centrale dans le déluge de calomnies et de mensonges dressé contre les accusés. Dans son Livre rouge des procès de Moscou , Sédov a démantelé point par point la toile de falsification tissée autour des victimes du procureur Vychinski. Mais l'emprise meurtrière de Staline se resserrait autour de Sedov. Et il le savait. « En faisant de moi l'un des principaux accusés dans les deux procès, écrivait-il peu avant sa mort, Staline poursuivait un but précis. Il est probable qu’il ne se limitera pas aux accusations. Je tiens donc à avertir l'opinion publique que je ne suis en aucun cas enclin au suicide ou à la disparition. S’il m’arrive quelque chose, la cause en sera trouvée chez Staline et nulle part ailleurs.»

En 1935, un certain Mordka Zborowski, dit Étienne, infiltre la section française des partisans de Trotsky, avec pour mission de se rapprocher de Sédov et de surveiller ses déplacements. Une autre agente du GPU, Lola Estrine, assure à temps partiel le secrétariat de Sedov, qui est suivi jour et nuit. Deux autres agents du GPU, Smirenski et Ducomet, occupaient un appartement au 28 rue Lacretelle (Paris 15e ).arondissement), qui jouxte celui de Sedov, au numéro 26 de la même route. En janvier 1937, informés par Zborowski, les agents Smirenski, Ducomet et Renata Steiner attendent Sedov dans un hôtel près de la gare de Mulhouse, où ce dernier a pris rendez-vous avec un avocat. Mais finalement, Sédov, se méfiant d'un piège, ne se rend pas à Mulhouse. Il a sans doute échappé à une première tentative d'assassinat. Mais ce n'est que partie remise.

Un an plus tard, suite à d'intenses douleurs abdominales et suivant les conseils d'« Etienne » Zborowski, Sedov commet l'erreur de se faire opérer dans une clinique russe du 16e arrondissement de Paris. La clinique abritait plusieurs agents du GPU, dont le directeur de l'établissement. L'opération se passe bien. Mais étrangement, après quatre jours de convalescence normale, Sedov tombe soudain dans un état de délire. Sa santé physique se détériora soudainement et il mourut le 16 février 1938. Ironiquement, Léon Sedov avait déjà écrit qu'il devait se méfier de toutes les personnes avec lesquelles il travaillait et qu'Etienne, qui était directement responsable de la mise en place de ce piège mortel, , était l’une des rares personnes en qui il pensait pouvoir avoir entièrement confiance.

L'hommage de Léon Trotsky à son fils Léon Sedov

Peu après la mort de son fils et camarade, Trotsky écrivait : « De cette génération aînée de révolutionnaires, dans les rangs de laquelle nous sommes entrés à la fin du siècle dernier, sur le chemin de la révolution, tous, sans exception, ont été balayés du la scène. Ce que les prisons du tsar, les déportations rigoureuses, les besoins pressants d'années d'émigration, de guerre civile et de maladies n'ont pas pu faire, Staline l'a fait ces dernières années, comme le fléau le plus maléfique de la révolution. Après l'ancienne génération, a été effacée la meilleure partie de la génération suivante, c'est-à-dire celle qui est née en 1917 et qui a reçu sa formation dans les 24 armées du front révolutionnaire. Léon lui-même n'a pu s'en sortir que par miracle : grâce au fait qu'il nous a accompagné en déportation puis en Turquie. […]

« Avant de le tuer, ils ont fait tout ce qu’ils ont pu pour calomnier et noircir notre fils aux yeux des contemporains et des générations à venir. Staline et ses acolytes ont tenté de transformer Léon en un agent du fascisme et un partisan secret de la restauration capitaliste en URSS, un organisateur de catastrophes ferroviaires et un assassin de travailleurs. Grands furent les efforts de ces scélérats ! Des tonnes de boue thermidorienne tombent sur ses jeunes épaules sans laisser la moindre tache. Léon était essentiellement un être humain propre et honnête.

« Il n’avait aucune raison de se faire des reproches, rien à cacher. La rectitude morale était le fil conducteur de tout son caractère. Il a servi la cause des opprimés sans broncher et, malgré tout, il est resté fidèle à lui-même. Des mains de la nature et de l’histoire, il est né un homme au caractère héroïque. Face aux grands et terribles événements qui approchent, nous aurons besoin de tels êtres. »

Léon Sedov est enterré au cimetière de Thiais, en banlieue sud de Paris. "Left Horizons" et La Riposte rendent hommage à son combat, à son exemple et à sa vie entièrement consacrée à la cause du socialisme international.


LS3-Grave-Leon-Sedov.jpg
Tombe de Léon Sedov à Thiais...
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Fraternellement,
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par jamesdan » 13 Sep 2023, 12:46

Pour rester fidèle à Léon Sedov et à son père, ne serait-il pas temps de rechercher des formes de rapprochement et d'alliance entre les organisations qui s'en réclament , comme LO, le NPA révolutionnaire, la Riposte ou le POID, pendant que le POI et le NPA Besancenot courent derrière la LFI, dans une situation où semble mûrir une crise révolutionnaire dont plusieurs indices s'accumulent ( Macron hué lors de l'inauguration de la coupe du monde de rugby, Bompard obligé de partager un diner avec Bardella autour de Macron, de plus en plus "suspendu en l'air" , journée d'action syndicale renvoyéee fin octobre pour protéger Macron et le patronat de cette rentrée sociale!
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 13 Sep 2023, 13:05

Salut camarade Jamesdan,

Personne ne refuse la discussion bien sûr, mais les conditions ne sont pas encore réunies, il me semble. Cependant La Riposte est encore une petite organisation, sans commune mesure avec Lutte Ouvrière, le NPA Révolutionnaires ou le POID...

A la Fête de l'Humanité on peut faire des rencontres, le stand de Lutte Ouvrière, du NPA Révolutionnaires, de La Riposte sont ouverts, venons, venez discuter et prenons Parti...

Fraternellement,
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par com_71 » 13 Sep 2023, 17:38

Gayraud de Mazars a écrit :
Léon Sedov : un hommage
Le samedi 9 septembre 2023
Par Greg Oxley, Paris

https://www.left-horizons.com/.../09/le ... a-tribute/



En tout cas félicitations pour le choix du titre du site anglais "left-horizons" [horizons de gauche], un titre qui vise large, qui ne risque pas de manquer sa cible, particulièrement adapté aux grands espaces du public de la gauche britannique ! Pas comme "La Riposte" qui, excuse moi Gdm, ajuste un peu "étroit".

;)
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par com_71 » 13 Sep 2023, 18:51

Lien pour l'hommage de Trotsky à L. Sedov
https://www.marxists.org/francais/trots ... 380220.htm
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 15 Sep 2023, 11:02

Salut camarade Com,

Merci pour le lien. Quand j'étais bien jeune, j'ai lu ce texte déterminant, qui m'avait beaucoup touché... Jeunesse ouvrière et intellectuelle apprennent qui était Léon Sedov, pour toujours, "Le fils, l'ami, le militant".

Fraternellement,
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 15 Sep 2023, 11:10

Salut camarades,

Pour la petite histoire, le stand de La Riposte de la Fête de L'Humanité 2023 se prépare, tout sera prêt en temps voulu... Venez nous voir Avenue Pierre Bourdieu !

La Riposte - Stand Fête de l'Huma 2023.jpg
Stand en préparation...
La Riposte - Stand Fête de l'Huma 2023.jpg (30.32 Kio) Consulté 5333 fois


Fraternellement,
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par com_71 » 15 Sep 2023, 13:20

Petite histoire, grande photo !
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 21 Oct 2023, 05:27

Salut camarades,

Quelle alternative à la médecine libérale ?
[1ere partie]
20 octobre 2023
Article sur le site de La Riposte
par Boris Campos, médecin, PCF Lorient

https://www.lariposte.org/2023/10/quell ... -liberale/

Tout politicien professionnel porté sur la question de l’offre médicale ambulatoire (qui dépend nécessairement de la répartition de la population médicale) en a conscience : insinuer qu’il faudrait commencer à envisager de restreindre modestement la liberté d’installation, c’est s’exposer à une immédiate levée de boucliers des principaux représentants du corps médical. La profession se montre très attachée à ce principe et, jusqu’à présent, aucun ministre de la Santé n’a eu le courage politique de s’y opposer frontalement.

Liberté d’installation : le terme choisi pour ce pilier de la médecine libérale n’est pas innocent. Il est difficile au premier abord de s’opposer à une « liberté ». En défendant la liberté d’installation, les représentants du corps médical se posent en héros de la liberté en général, pourfendant la volonté de mainmise d’un État bureaucratique. Cette posture vise à gagner le soutien de la population. Mais au fond, cette liberté est une manière hypocrite de désigner ce qui constitue une régulation de la profession par le marché : la concurrence comme moyen de répartition de la population médicale. Et dans le cadre de cette régulation, les principes de la médecine libérale ne se réduisent pas à la seule liberté d’installation. Cette dernière est complétée par l’entente directe sur les honoraires (liberté tarifaire du praticien et paiement direct par le patient), la liberté de choix du praticien par le patient et la liberté de prescription, l’ensemble étant historiquement chapeauté par le paiement à l’acte. L’ensemble de ces éléments permet de garantir une logique concurrentielle. L’idée est simple : les mécanismes du marché assurent une offre de soin diversifiée, à des prix variables et le patient va où bon lui semble. Si la demande est forte, l’installation de nouveaux médecins sera un succès. Si la demande est faible ou l’offre trop importante, de faibles revenus inciteront des médecins à aller s’installer ailleurs.

Les choses, pourtant, ne sont pas si simples. N’en déplaise aux partisans de la médecine libérale, la concurrence crée et entretient des inégalités. Pour ce qui est de l’offre médicale, bien que vingt fois plus nombreuse qu’en 1900, les médecins sont aujourd’hui encore plus inégalement répartis qu’à l’époque. Il y a des inégalités entre nord et sud de la France, villes et campagnes, centres et périphéries, quartiers aisés et quartiers pauvres. Et, alors que les médecins avaient l’habitude de tirer la sonnette d’alarme à propos d’une prétendue pléthore médicale, le phénomène inverse s’accroît depuis des années. Il s’agit dorénavant de lutter contre l’expansion des déserts médicaux et la surcharge de travail. Estimant qu’une grande partie du problème -et donc de la solution- réside dans les fondements mêmes du modèle actuellement dominant de la médecine de ville, nous examinerons un à un les principes sur lesquels repose la médecine libérale.

Le paiement à l’acte, pour commencer, est le paiement du praticien pour chaque acte de soins (consultation, suture, pose d’implant contraceptif, etc.), que ce soit par le patient (paiement direct) ou par un organisme tiers d’assurance maladie (Tiers payant ou dispense d’avance de frais), ce dernier organisme pouvant être public ou privé. C’est le mode de rémunération dominant en médecine de ville et, depuis 2009, il a été étendu au système hospitalier sous le nom de tarification à l’activité (aussi appelé T2A). Nous reviendrons plus longuement sur le paiement à l’acte dans un article consacré aux enjeux de la médecine moderne. Disons simplement ici qu’il génère une course à l’acte (la version soignante du “travailler plus pour gagner plus”) et ne valorise que ce qui est « coté » : l’aspect curatif des soins. Le temps que consacre un professionnel de santé libéral à de la prévention ou à la concertation avec des collègues pour discuter d’un cas complexe n’est pas rémunéré. Les limites du paiement à l’acte sont d’ailleurs tellement palpables que les pouvoirs publics cherchent à diversifier les modes de rémunération dans l’espoir de faire évoluer les pratiques, notamment en ouvrant la possibilité d’indemniser les temps de réunion.

Le paiement à l’acte s’oppose au paiement à la fonction, que nous utiliserons ici comme synonyme du salariat. Ce dernier mode de rémunération permettrait pourtant d’intégrer le temps consacré à la prévention et à la concertation pluriprofessionnelle directement au temps de travail, tout en libérant le professionnel de tâches administratives pour lesquelles il n’est pas formé. De plus, il lui permettrait d’accéder à un statut conférant une meilleure protection sociale que le libéral. Ces avantages, combinés au poids de la gestion libérale, font que le salariat présente un attrait pour les nouvelles générations de médecins, à la recherche d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Pourtant, aux yeux des représentants de la médecine libérale, le salariat ne rencontre que méfiance et hostilité.

L’entente directe combine la liberté tarifaire par le praticien et le paiement direct par le patient après les soins. Le principe de la liberté tarifaire est partiellement remis en cause par le conventionnement avec l’assurance maladie obligatoire : en s’engageant à demander au patient un tarif qui a été négocié avec la sécurité sociale, le praticien exerçant en “secteur 1” ne dispose plus de la liberté tarifaire. Le montant d’un acte n’est plus le résultat d’une négociation directe entre le praticien et le patient, mais entre la profession et l’organisme d’assurance maladie. D’individuelle, la négociation tarifaire devient collective. C’est une protection indéniable pour le malade, d’autant plus lorsque le coût des soins est pris en charge collectivement (ALD, CMU, etc.). Mais on aurait tort de croire que cela serait contraire aux intérêts du corps médical : en solvabilisant des centaines de milliers de patients, les plus pauvres ont pu accéder à des soins impensables jusqu’alors. Ce faisant, la sécurité sociale a permis d’augmenter considérablement la demande de soins – et donc d’assurer des revenus conséquents à une population médicale plus importante qu’avant.

De plus, c’est un principe qui n’a que partiellement été remis en cause. Il persiste la possibilité de pratiquer des dépassements d’honoraires en restant conventionné (tarification du secteur 2) ou en exerçant hors convention, permettant la pratique d’honoraires libres et dans ce cas sans remboursement par la sécurité sociale. Ces honoraires doivent être déterminés avec “tact et mesure”, comme le préconise le code de déontologie médicale. C’est par ces dispositions que chaque année, avec tact, avec mesure, plus de 2,5 milliards d’euros sont soustrait aux patients, directement ou indirectement (via les complémentaires). La possibilité de réaliser des dépassements d’honoraires a été introduite en 1980 pour permettre l’augmentation des revenus des médecins sans augmenter les dépenses de la sécurité sociale. Il s’agit, dans le fond, d’un report des dépenses vers les malades. La conception libérale de la médecine s’en accommode très bien. Nous considérons que ces pratiques permettent le développement d’une médecine à deux vitesses. C’est pourquoi nous sommes pour l’abolition du secteur 2 et des pratiques « hors convention ».

En ce qui concerne le paiement direct, en France, le paiement du médecin par le patient est la règle. Le tiers payant est minoritaire. Devoir avancer les frais génère pourtant des reports ou des renoncements aux soins, comme le montrent toutes les études. Comment expliquer la résistance de la profession à une mesure qui favoriserait l’accès aux soins ? Les raisons sont en partie techniques. Si le recouvrement de la part sécu fonctionne bien (moins de 1% de rejet), il persiste de nombreux dysfonctionnements au recouvrement de la part complémentaire. Ces dysfonctionnements engendrent une augmentation du temps de travail administratif. Mais ce n’est pas seulement une question technique. Une série d’arguments idéologiques est souvent mise en avant, comme le fantasme de la surconsommation de soins -et donc de l’augmentation irrationnelle des dépenses de santé – que la “gratuité” de l’accès au soin entraînerait. Mais, au fond, ce qui dérange le plus, c’est probablement que le lien avec l’organisme payeur principal deviendrait alors tellement évident que l’on se demanderait pourquoi il ne deviendrait pas un organisme employeur.

Penchons-nous maintenant sur le principe du libre choix du praticien par le patient. Il fait partie de ces principes qui semblent aller de soi. Pourtant, il masque une réalité concrète où le choix dépend de la densité médicale, du degré d’urgence des soins, du plateau technique nécessaire ou des compétences requises. Plus les soins seront urgents, spécialisés ou techniques, plus le choix du patient sera restreint. L’autre limite concrète est celle du porte-monnaie. Dans certaines agglomérations, le « libre choix » d’un praticien en secteur 2 ou hors convention fait partie des possibilités pour qui en a les moyens. Les plus pauvres ont donc un “libre choix” plus restreint. Il ne s’agit pas de dire qu’il faudrait imposer une patientèle aux soignants et réciproquement. La possibilité d’obtenir un deuxième avis médical est, par exemple, un garde-fou indispensable. Mais parler de libre choix du praticien comme liberté abstraite alors que coexistent des honoraires variables, c’est accepter concrètement des inégalités d’accès aux soins.

Il nous semble plus pertinent de mettre en avant la participation et le libre choix du patient dans la prise en charge. Pour pouvoir faire un choix éclairé et agir en conséquence, le patient doit disposer des éléments lui permettant d’apprécier les bénéfices espérés, les risques et les incertitudes de la prise en charge proposée. Les professionnels de santé doivent être formés à développer ce type de relation avec leurs patients.

Arrêtons-nous sur le principe de la liberté de prescription. Rappelons tout d’abord que cette liberté n’a de sens que lorsqu’est garanti l’accès au traitement. Son existence est donc conditionnée par celle de la sécurité sociale, un système solidaire qui permet l’accès des patients aux traitements. Les défenseurs libéraux de la liberté de prescription sont pourtant loin d’être les premiers à agir pour défendre la sécurité sociale.

La liberté de prescription s’entend comme l’indépendance des prescripteurs vis-à-vis d’organismes non soignants. En premier lieu, l’effet thérapeutique doit primer sur l’aspect économique. Cette formule appelle à la méfiance vis-à-vis des gestionnaires et des politiques qui n’ont pour seul souci que la “maîtrise des dépenses publiques”. Divers mécanismes ont été introduits pour essayer de contrôler les prescriptions (ententes préalables, ROSP, etc.), sous couvert d’objectifs de santé publique. Nous devons les combattre et revendiquer une gestion démocratique de la sécurité sociale.

L’autre groupe d’intérêt qui cherche à influencer les prescripteurs est l’industrie pharmaceutique. La liberté de prescription est évidemment limitée par le panel des molécules disponibles. Elle est donc régulée par les organismes qui délivrent les autorisations de mise sur le marché et qui décident de son niveau de remboursement public. Les médicaments remboursés sont censés avoir démontré leur efficacité, les médicaments qui ne le sont pas sont ceux qui sont inutiles, voire dangereux – et alors on peut légitimement se poser cette question : dans l’intérêt de qui ces médicaments sont-ils laissés sur le marché ? Le marché du médicament se distingue des autres par la présence d’un intermédiaire entre l’offre et la demande -le médecin- et par le caractère majoritairement public du financement de la demande (l’argent ne provient pas directement du “consommateur”). La loi française limitant la réclame auprès du patient, la cible du marketing se concentre sur le médecin. Pour augmenter son volume de vente -et donc son profit- un laboratoire doit influencer le prescripteur, il doit interférer avec le “libre-choix” dans la prescription. Le médecin est donc au coeur du conflit entre des intérêts privés (les bénéfices des laboratoires) et l’intérêt général (le choix du bon traitement -pas forcément médicamenteux- au bon moment). Pour arriver à ses fins, le laboratoire dispose de tout un arsenal : organisation de congrès, financement d’études cliniques, visiteurs médicaux, babioles, invitations à des présentations dans des lieux de haut standing, etc. À l’échelle mondiale, les sommes dépensées se comptent en milliards de dollars. L’enjeu est à la mesure des profits générés par ce secteur industriel.

L’industrie pharmaceutique, en cherchant à favoriser la prescription de telle ou telle spécialité, cherche à faire primer l’aspect économique -sa rentabilité- sur l’effet thérapeutique. La liberté de prescription ne concerne donc pas seulement une indépendance vis-à-vis des autorités publiques. Elle doit concerner l’ensemble des organismes ou entreprises présentant un potentiel conflit d’intérêts avec l’intérêt collectif. Les groupes d’experts rédigeant des recommandations de bonne pratique doivent par exemple être dénués de tout conflit d’intérêts. On peut, de plus, estimer que les médecins ne devraient pas avoir le droit de prescrire des médicaments inutiles ou dangereux -et donc réduire leur liberté en retirant du marché les médicaments considérés comme tels. Pour défendre la liberté de prescription dans son entièreté, il faut la libérer de la pression de l’industrie. Et pour cela, nous considérons que le meilleur moyen est de socialiser la production des médicaments. Que l’industrie pharmaceutique soit une industrie publique, sous le contrôle des salariés et des citoyens, permettrait de supprimer le conflit d’intérêts entre les producteurs du médicament et les consommateurs.

Face au développement des déserts médicaux, la première réponse des pouvoirs publics est de chercher à influencer les mécanismes du marché. C’est le sens des mesures incitatives à l’installation. Pour combler les zones déficitaires, il “suffirait” d’attirer des médecins en leur proposant des conditions attractives. Sauf que ces mesures coûtent cher et leur efficacité est contestée. Pire encore, cette réponse repose sur une mise en concurrence des territoires, dans un contexte de baisse des dotations globales de fonctionnement. Les communes en difficulté doivent trouver les ressources leur permettant d’être compétitives au regard des médecins : gratuité de loyer, exonération fiscale, avantages en nature parfois loufoques… Aux dysfonctionnements d’un système basé sur la concurrence, les pouvoirs publics s’engagent encore plus avant dans la concurrence.

L’autre levier, l’augmentation du nombre de médecins formés, est une évidence, mais il ne sera pas suffisant non plus. Le problème du nombre de médecins est distinct de celui de leur répartition. En fait, le problème ancien des inégalités de répartition est mis en exergue par le problème nouveau du déficit d’offre de soin. Dans le cadre d’une régulation par le marché, il aura beau y avoir plus de médecins, la question de leur inégale répartition ne sera pas résolue pour autant. L’augmentation du nombre de médecins devrait donc être couplée à une régulation qui permette une distribution équitable de la population médicale : une régulation publique. Et si la concurrence craint la pléthore, ce ne serait pas le cas d’un service public disposant des moyens à la hauteur de ses ambitions. Pour les professionnels, cela permettra de diminuer leur temps de travail ; pour les patients, cela facilitera l’accès aux soins et permettra de réduire le délai de rendez-vous. Et d’ici à ce que la société estime qu’il y a trop de médecins, il y a de la marge.

Pour rendre les conditions de travail attractives sans toucher au cadre de la médecine libérale, les pouvoirs publics et une partie des représentants du corps médical prônent le regroupement des professionnels dans des Maisons de Santé pluriprofessionnelles (MSP). L’ambition affichée est de créer une structure permettant la coordination de différents professionnels. Dans les faits, la création récente de centaines de MSP s’accompagne peu d’un changement de pratiques. Elles ressemblent un peu trop à des cabinets de groupe, ou l’intérêt principal réside dans les économies d’échelles. Passer d’un exercice regroupé à un exercice coordonné nécessite, entre autres, le décloisonnement des logiques soignantes dès la formation universitaire et sa reconnaissance comme temps de travail – et donc par sa valorisation, notamment financière. Il en est de même pour la promotion de la santé.

Au paiement à l’acte, nous opposons le paiement à la fonction. À l’entente directe, nous opposons l’abolition du secteur 2 et la généralisation du tiers payant intégral. La liberté de prescription, nous souhaitons la protéger de l’influence de l’industrie, et nous y ajoutons le libre accès au traitement pour le patient. Au (relatif) libre choix du praticien, nous privilégions le libre choix du patient dans la prise en charge. À la régulation par le marché de l’offre de soin, nous opposons une régulation publique et un maillage territorial rationnel de structures publiques de soins de premier recours. Actuellement, la prestation de soins médicaux est principalement une production privée garantie par un financement public. Nous souhaitons résoudre cette contradiction par la création d’un service public de santé, incluant le développement, la production et la distribution du médicament. Cela ne signifie pas que nous nous opposons aux médecins libéraux. Cela signifie que nous rejetons les principes fondateurs de la médecine libérale.
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Re: fil "interventions de La Riposte"

Message par Gayraud de Mazars » 21 Oct 2023, 05:38

Salut camarade,

Par cet article la prise de position de La Riposte sur la guerre au Proche-Orient.

Après les atrocités du Hamas, Gaza « étranglée » par Netanyahu
20 octobre 2023
Article édité sur le site de La Riposte
Par La Riposte

https://www.lariposte.org/2023/10/apres ... netanyahu/

Assiégée et bombardée, Gaza est désormais complètement « étranglée » par Israël, pour reprendre la formulation de l’ONU. Après les atrocités perpétrées en Israël par le Hamas, le gouvernement de Tel-Aviv a juré de complètement détruire l’organisation fondamentaliste. Mais pour l’heure, ce sont surtout les civils qui subissent les conséquences des actions punitives israéliennes. Entre le 7 et le 12 octobre, Israël a largué plus de 6000 bombes sur ce territoire densément peuplé. C’est l’équivalent du nombre total de frappes aériennes sur le territoire pendant les 50 jours du conflit Gaza-Israël de 2014. Selon les estimations de l’ONU (du 15 octobre), l’attaque israélienne aurait tué au moins 2 670 personnes et en a blessé plus de 9 600 autres. Près d’un million de Palestiniens de Gaza ont été forcés d’abandonner leur foyer. L’approvisionnement de la population en produits de première nécessité est bloqué par l’embargo israélien. L’unique centrale électrique de l’enclave – qui ne fournissait que 16% des besoins de l’enclave – a cessé de fonctionner depuis le 11 octobre. Sans électricité, sans carburants, sans eau et sans médicaments, la famine s’installe. La mort est omniprésente.

Interviewé le 12 octobre par Christiane Amanpour (CNN), le chirurgien anglo-palestinien Ghassan Abu-Sittah a dit que les enfants représenteraient « entre 30 et 40 % » de ceux qui ont été tués ou blessés sous frappes aériennes israéliennes. Tel-Aviv a effectivement ordonné l’évacuation du nord de Gaza, sommant la population de quitter « immédiatement » la zone et diriger vers le sud, sous peine d’anéantissement total. Mais pour aller où ? Par quels moyens ? Le seul point de sortie vers l’Égypte est toujours fermé. Des vidéos, géolocalisées et authentifiées par CNN, montrent des scènes d’horreur sur la route vers le sud : « Les vidéos montrent de nombreux cadavres au milieu d’une scène de destruction massive. Certains de ces corps se trouvent sur une remorque à plateau qui semble avoir été utilisée pour éloigner les gens de la ville de Gaza. Ils comprennent plusieurs enfants. Il y a aussi un certain nombre de voitures gravement brûlées et endommagées. On ne sait pas exactement ce qui a causé cette dévastation généralisée ; l’explosion s’est produite dans la rue Salah al-Deen, vendredi après-midi. » Ce qui se passe à Gaza est une catastrophe humaine massive et absolument terrifiante, sciemment organisée par l’État israélien, qui se prépare actuellement à une offensive militaire terrestre, aérienne et maritime contre Gaza.

La cause immédiate de cette guerre est bien connue. Le 7 octobre, le Hamas a tiré plusieurs milliers de roquettes vers des villes israéliennes, suivi du franchissement de la frontière d’un grand nombre de ses miliciens, qui ont froidement massacré plus de 1400 personnes, dont une large majorité de civils sans défense. Des familles entières ont été abattues dans leurs maisons. Des centaines de jeunes ont été massacrés sur le site d’un festival de musique et environ 200 otages ont été emmenés à Gaza, où les dirigeants du Hamas menacent de les exécuter. L’horreur indicible de cette opération rappelle les abominations commises par Daesh ou Al-Qaeda.

Si rien ne justifie le carnage perpétré par le Hamas, il ne faut pas oublier le contexte social et historique dans lequel il s’est produit, et notamment la politique répressive de l’État d’Israël à l’égard des Palestiniens. La Cisjordanie, sous occupation israélienne, est organisée d’une manière qui rappelle les bantoustans sous le régime d’apartheid en Afrique du Sud. Le territoire est une mosaïque de zones d’occupation israélienne, de colonies juives et d’enclaves palestiniennes, séparées par des checkpoints et des voies de passage ségrégées. Depuis des décennies, la vie quotidienne des Palestiniens est faite de harcèlements, d’humiliations et de violences souvent mortelles. En 30 mois, à partir de janvier 2021, selon l’ONU, plus de 400 civils palestiniens ont été tués en Cisjordanie par l’armée israélienne. Des groupes armés, composés de colons juifs, assassinent régulièrement des Palestiniens en pleine rue. Quant à la bande de Gaza, sa population a subi des bombardements massifs à répétition depuis 2007, tuant plus de 4000 personnes et détruisant près de 250 000 logements.

Le Hamas a pris le pouvoir à Gaza en 2006-2007. Victorieux dans les élections de 2006, le mouvement fondamentaliste s’est emparé de la totalité du pouvoir en 2007, au terme d’une guerre civile de courte durée contre une Autorité palestinienne fragilisée par la corruption, le clientélisme, et surtout par sa collaboration avec le Mossad et les forces d’occupation. Une fois au pouvoir, le Hamas a mis en place un régime de terreur pour éliminer toute forme d’opposition. Le peuple de Gaza vit sous la coupe d’une dictature intégriste, dont l’idéologie est proche de celle des talibans ou de Daesh. S’opposer à son régime, c’est risquer la persécution, l’incarcération, la torture ou la mort.

Lorsque les militants de gauche en France ou ailleurs dans le monde déclarent leur solidarité avec « les Palestiniens » ou avec « la Palestine », ils veulent affirmer leur solidarité avec les Palestiniens opprimés de la région. Cependant, de telles formulations ne sont pas très judicieuses, car elles tendent à dissimuler de forces ultra-réactionnaires parmi les Palestiniens et leur division en classes sociales antagoniques. Parmi les Palestiniens, il n’y a pas que des opprimés, il y a aussi des oppresseurs, comme le Hamas et sa branche armée, les Brigades Azzedine Al-Qassam. Nous devons soutenir l’aspiration à l’émancipation sociale et nationale palestinienne, mais expression de solidarité avec cette cause devrait systématiquement s’accompagner d’une opposition implacable au Hamas et d’autres organisations « jihadistes ». L’incursion meurtrière du 7 octobre a été organisée dans le but de massacrer le plus grand nombre possible de Juifs. C’était une action d’une cruauté abjecte. Elle n’a rien fait pour le peuple de Gaza. Au contraire, les représailles israéliennes porteront ses souffrances à un niveau encore plus insupportable qu’avant. Netanyahu prétend que la guerre vise à briser le Hamas. En réalité, elle inflige une punition collective d’une sévérité inimaginable à toute la population.

Dans un premier temps, devant l’horreur de l’attaque du 7 octobre, une majorité d’Israéliens va sans doute soutenir l’invasion de Gaza. Cependant, si la guerre dure trop longtemps, l’attitude de la population pourrait bien changer. Avant la guerre, déjà, des centaines de milliers d’Israéliens ont manifesté contre Netanyahu et son gouvernement d’extrême droite. Les services de renseignement israéliens ont déclaré qu’ils ont été surpris par l’incursion du Hamas. Ceci est peut-être vrai. Mais disons seulement que dans une région qui doit être parmi les plus surveillées de la planète, ce serait pour le moins surprenant que ni les Israéliens ni les Américains n’aient eu vent de ce qui se préparait. Quoiqu’il en soit, le comportement des services de renseignement et le manque de réactivité initiale de l’armée israélienne sont flagrantes. Les assassins du Hamas ont pu semer la terreur pendant des heures en toute impunité. Au Kibboutz Be’eri, les cadavres dénudés et ligotés de femmes ont été retirés des décombres. Des groupes d’enfants, ligotés ensemble, ont été brûlés vifs, l’armée israélienne n’est arrivée que 9 heures après le début du massacre. De tels récits ne peuvent que fragiliser davantage la position du gouvernement Netanyahu.

L’ampleur de la catastrophe humanitaire aura un impact sur l’opinion publique israélienne, et risque de provoquer des mouvements insurrectionnels en Cisjordanie et ailleurs dans la région. Même si l’Égypte ouvre sa frontière, un exode de Palestiniens vers le Sinaï sera vécu comme une répétition du Nakba de 1948. Par ailleurs, l’invasion terrestre de Gaza pour « écraser et éliminer » le Hamas sera une opération extrêmement difficile. Certes, avec près de 400 000 soldats et des centaines de chars massés près de la frontière et des technologies militaires de pointe, l’armée israélienne possède une puissance destructrice beaucoup plus importante que celle du Hamas. Cependant, le milieu urbain va certainement réduire la portée de cet avantage. Les combats de rue, d’un bâtiment à l’autre, risquent d’être particulièrement meurtriers et seront sérieusement compliqués par l’existence du vaste réseau de galeries souterraines du Hamas.

Se pose ensuite la question de la finalité de cette invasion, car même si les combattants du Hamas sont complètement éradiqués, le déplacement forcé de plus d’un million d’habitants, la destruction massive de logements et d’infrastructures et les dizaines de milliers de civils qui seront tués ou blessés feront que pour chaque militant du Hamas tué, le chaos résultant de l’intervention israélienne pourrait bien créer des remplaçants en plus grand nombre. La question palestinienne ne peut pas être résolue militairement, ni pour les Palestiniens eux-mêmes ni pour l’État d’Israël.

Le nationalisme et le fondamentalisme sont une impasse pour les travailleurs de la région. La destruction d’Israël revendiquée par le Hamas est un projet réactionnaire et inacceptable. La classe ouvrière israélienne a le droit de vivre en paix et en sécurité. Cependant, sur la base du capitalisme et des ambitions impérialistes de la classe dirigeante israélienne, la paix et la sécurité n’existeront jamais. La concentration de richesse – et donc de pouvoir – entre les mains d’une petite minorité de la société israélienne se traduit par l’exploitation de la majorité des Israéliens et par une oppression brutale du peuple palestinien, sachant que le milieu des affairistes corrompus palestiniens s’accommode parfaitement de cette situation. Notons aussi que le puissant secteur industriel de l’armement en Israël tire profit de l’état de conflit perpétuel.

Il incombe aux travailleurs et leurs organisations d’offrir un programme permettant de rompre avec ce cycle infernal de guerres et d’oppression, de lutter pour unir les jeunes, les travailleurs et les travailleuses autour d’un programme qui s’attaque au capitalisme et à l’impérialisme, et pour l’établissement d’une société nouvelle, libérée de l’emprise du profit et de l’exploitation, une société dans laquelle la propriété sociale et la gestion démocratique de l’économie permettront à tous les citoyens de vivre dignement et paisiblement ensemble. Le droit à l’autodétermination du peuple palestinien peut se réaliser que dans le cadre d’un renversement révolutionnaire de l’ordre établi. Dans l’immédiat, les mouvements ouvriers et toutes les forces de gauche à l’échelle internationale doivent s’opposer fermement au bombardement et à l’invasion de Gaza, comme à l’occupation israélienne de la Cisjordanie. Nous devons encourager le développement de luttes communes pour la défense des intérêts de tous les travailleurs, indépendamment de leurs origines ou de leurs croyances religieuses.


Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
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Gayraud de Mazars
 
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