Homophobie, sexisme: le mauvais cocktail Matignon

Message par alex » 23 Nov 2004, 17:00

Ce que je comprends c'est que les insultes sexistes et homophobes pourront, ailleurs que dans la presse, continuer a exister impunément dans la vie de tous les jours des personnes concernées (ou pas).

Nelly Olin présente les mesures du gouvernement contre l'homophobie

AFP | 23.11.04 | 13h42


La ministre délégué à l'Intégration, à l'égalité des chances et à la lutte contre l'exclusion, Nelly Olin, a présenté mardi au Sénat les mesures gouvernementales contre l'homophobie "qui tiennent compte des avis exprimés sur le projet de loi initial".Ces mesures ont été introduites lundi soir par le gouvernement sous la forme d'amendements au projet de loi créant une Haute Autorité contre la discrimination.Dans le même temps, le projet de loi initial sur l'homophobie, qui devait être examiné en décembre par l'Assemblée nationale, a été retiré. Les nouvelles mesures présentées "prennent en compte les remarques des églises", a indiqué Mme Olin en répondant aux sénateurs à la fin de la discussion générale."L'Eglise catholique s'inquiétait de voir tomber sous le coup de la loi pénale des propos défavorable au mariage des homosexuels", a-t-elle expliqué.La commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH) avait elle aussi, au nom de la liberté d'expression et face au risque de dérive communautariste, donné un avis défavorable au projet intital et demandé son retrait.Le nouveau texte répond aux "inquiétudes des organe de presse au nom de la liberté d'expression", a poursuivi le ministre; "conformément à l'avis du Conseil d'Etat de juin 2004, il lie l'incrimination nouvelle contre les homophobes aux discriminations pénalement réprimées par le code pénal"."Il permet la répression des provocations à la discrimination, à la haine ou à la violence homophobe ou sexiste, et n'interdit pas le débat, la manifestation d'opinion", a-t-elle fait valoir. En effet il "limite le champ de la répression" aux discriminations liées à l'emploi, au logement et aux services.De plus, le projet "prend en compte les observations formulées par les mouvements féministes, qui souhaitaient que les diffamations et injures sexistes soient répprimées au même niveau que les injures homophobes".Enfin pour prendre en compte les observations des médias, la prescription des délits de presse concernant l'homophobie a été réduite de 12 mois dans le projet initial à 3 mois dans les amendements proposés, de manière à "calquer ce délit sur le droit commun en matière de presse", a conclu Mme Olin.
alex
 
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Message par alex » 30 Nov 2004, 13:28

A quoi pensent les «casseurs de pédés»?

Le profil homophobe demeure assez obscur, entre refoulement tu et crapulerie affichée.

Par Didier ARNAUD
mardi 30 novembre 2004

D'abord une photo. Insoutenable. Celle d'un visage tuméfié, difficile à regarder de face. David, 26 ans, a été agressé à Marseille en août, par sept adolescents ­ dont six mineurs ­ qui lui ont dit : «On va te casser la gueule, sale pédé.» Ils ont frappé sans retenue. Pourquoi ? Devant les policiers, les mots sont rares. «On voulait leur faire peur», a dit l'un. Un autre : «J'ai déjà vu des homos faire l'amour devant chez moi. On a décidé d'en attraper un.» Celui-ci en a assez d'en voir «en bas» de l'immeuble où il habite. Alors, «on a décidé d'y aller pour plus qu'ils reviennent». La version «Barrez-vous !» est déclinée sur tous les tons. Celui-ci : «C'était pour leur dire de partir car il y a des capotes qui traînent partout.» Celui-là : «J'avais déjà jeté des pierres sur les voitures des homos qui passent.» P., 20 ans, le seul majeur du groupe, explique : «Je ne sais pas lequel a décidé de faire la chasse aux pédés. Ça se pratique dans le quartier mais jamais de façon aussi grave.» Un seul a exprimé des regrets : «Je suis désolé d'avoir fait cela à un mec et de lui avoir fait aussi mal.» Ils n'ont pas encore été jugés. En 2004, plusieurs agressions violentes ont remis l'homophobie sur le devant de la scène. En janvier, Sébastien Nouchet, brûlé vif, est devenu un symbole, en particulier après le courrier adressé par Jacques Chirac au compagnon de la victime dans lequel le chef de l'Etat exprimait son «indignation». On a beaucoup dit et écrit sur les victimes. En revanche le profil des auteurs est mal connu.

Lieu de drague. François a été battu à mort par des skinheads à Reims en 2002, puis jeté à l'eau. En octobre, le procès à huis clos (un des agresseurs était mineur au moment des faits), n'a pas permis de les entendre. Ils ont été condamnés à des peines de quinze à vingt ans de réclusion criminelle. Les avocats expliquent aujourd'hui : «Ils n'avaient pas plus de haine contre des homosexuels que contre des personnes différentes d'eux.» Pas plus ? Un des skinheads explique quand même que «l'homosexualité [est] contre nature, dégoûtant, [et qu'en faisant cela] ils voulaient [lui] apprendre ce que c'était que la vie.»

Reste à décrypter ces propos. Car, comme le relève Me Philippe Reullet, avocat à Marmande, «le fond des motivations est rarement exprimé devant un juge d'instruction». Me Reullet a défendu en mai dernier un couple d'agresseurs «hétéros». Lui s'en était pris (coups de poing, crachats, insultes) à un homosexuel sur un lieu de drague de la ville. Pendant «l'équipée», sa copine attendait «cachée dans les buissons». Elle sortait comme un diable de sa boîte alors que les tentatives d'approche de son copain avaient été bien entamées. Après coup, l'auteur des faits avait reconnu que pour lui, les «homos sont des gens normaux». Parce qu'il avait intégré l'idée qu'il n'était pas «politiquement correct» de penser autrement. Aujourd'hui, il suit une thérapie et sera jugé prochainement

Réputation. Souvent, les défenseurs glissent du motif homophobe vers une autre motivation plus «crapuleuse». En 1999, deux jeunes hommes donnent rendez-vous à leur victime via une messagerie vocale. Ils se rendent chez lui, le bâillonnent, l'étranglent. Il mourra étouffé. «Ils choisissaient des hommes seuls, homosexuels, qu'ils savaient peu enclins à déposer plainte», dira l'avocat de la défense de l'un d'eux. Toujours la même antienne. Les homos sont une «proie» facile. Ils éprouvent des difficultés à aller déposer plainte. Ils ont peur des railleries. Craignent de dévoiler leur vie privée. Ils sont parfois pères de famille, notables aussi. Ils ne veulent pas que cela se sache par crainte de subir un préjudice dans leur milieu professionnel. Plus encore, lorsque l'agression a lieu sur un lieu de rencontre, ils éprouvent ce sentiment de «culpabilité» d'avoir provoqué ­ à tort ­ l'attaque.

Le hic dans la motivation «crapuleuse», c'est que «l'attaque» dérape souvent. C'est là que les victimes ne semblent pas vraiment choisies au hasard. «Les agresseurs draguent, ligotent et volent», avance le psychiatre Michel Dubec, expert auprès des tribunaux. C'est, selon lui, la forme la plus courante. Souvent l'agression se commet à plusieurs ce qui souligne l'idée de «compétition» entre les auteurs. Parfois, ils prennent prétexte d'un combat idéologique pour «laisser aller leur haine. Ils trouvent un prétexte pour en faire plus». Selon lui, ce qui est à l'oeuvre, c'est qu'ils considèrent qu'il n'est «pas grave» de voler un homosexuel. «En prélude à tout acte, on dégrade la [future] victime, ce qui permet ensuite de s'en prendre à elle.» Résultat : «On constate que les auteurs sont plus violents que nécessaire. Nombre d'affaires se terminent par la mort de la victime.» Le psychiatre l'a constaté : les victimes sont choisies de manière préférentielle parmi «des homosexuels plus âgés parce que plus fortunés. L'image de l'homosexuel supporte mal le vieillissement. Elle entraîne encore une répulsion plus grande [pour les agresseurs]».

Tueur en série. Pour terminer, un cas qui ne ressemble à aucun autre. Celui d'un des premiers tueurs en série d'homos. En juin 1996, Rémi Roye était jugé à Créteil pour le meurtre de trois homosexuels rencontrés ­ et piégés ­ via une messagerie. Il les a tués avec un marteau, une pierre de quinze kilos. Il a été condamné à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de dix-huit ans. Pendant sa détention, Roye a déclaré aux psychiatres une «aversion profonde et terrible à l'égard des homosexuels». Il n'a pas supporté le «déguisement» d'une de ses victimes vêtue d'une cagoule en cuir, et nue. «J'ai vu rouge. C'est monté d'un seul coup. J'ai pris le marteau, tapé, tapé. Je ne voulais plus qu'il me touche.» A l'époque, le psychiatre avait diagnostiqué des «tendances homosexuelles sadomasochistes enfouies, profondes, de l'ordre de la perversion et, à côté de ces attirances une défense éperdue farouche, quasi-panique contre l'homosexualité».

© Libération
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