Un vieil article sur les trotskystes en entreprise

Message par emman » 01 Fév 2005, 11:30

J'ai trouvé cela sur un site dont je n'ai pas envie de mettre le lien tellement il est crétin. C'était dans l'édition du Monde du 26/02/1997 :


a écrit :
Dossier: Des conflits sociaux d’un nouveau type.
Les entreprises décryptent mal les techniques syndicales trotskistes

A l’origine de conflits récents, les militants de Lutte ouvrière ou de la Ligue communiste révolutionnaire déroutent les directions des ressources humaines

Tout le monde connaît Arlette Laguiller et Alain Krivine, respectivement porte-parole de Lutte ouvrière (LO) et de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Depuis plus de vingt ans, les candidatures régulières de ces deux organisations trotskistes aux élections ont largement contribué à asseoir leur notoriété. Mais cet affichage national n’est pourtant que l’arbre qui cache la forêt. Au quotidien, des membres de ces organisations militent dans les entreprises. Cette réalité, moins connue, semble dérouter aujourd’hui plus d’un directeur des ressources humaines (DRH).

On le serait à moins. GEC-Alsthom (Belfort), Renault (Rueil), FNAC, SNCF, Belin (Evry), CGEA (Austerlitz), occupations d’agences de l’ANPE (Rouen, Bordeaux) : la liste des entreprises et de leurs sites où ont eu lieu des conflits récents dans lesquels des militants trotskistes ont joué un rôle important voire décisif en dit long. Et encore ne s’agit-il que des exemples les plus médiatisés. Faut-il en conclure que la période est devenue favorable aux options politiques et militantes de ces organisations ? Face à une telle question, le plus étonnant tient d’abord à l’attitude des directions d’entreprise.

Interrogée sur la stratégie des militants trotskistes dans leurs établissements, la quasi-totalité des DRH font la sourde oreille. « Il est des choses qui n’existent pas tant qu’on n’en parle pas », se contente de souligner l’un d’eux, après un long silence. « Pourquoi souhaitez-vous agiter le chiffon rouge ? », lâche tel autre, visiblement irrité. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le terme même de « trots-kiste » suscite les réactions les plus émotionnelles dans les états-majors. Embarras ? Perplexité ? Crainte ? Visiblement un mélange des trois, qui traduit au-delà des finesses des stratégies de communication un vrai désarroi de nombreux responsables du personnel. « Vous savez, on finit par mettre sous le vocable "trotskiste" tous les syndicalistes qui ne suivent pas leur ligne confédérale », reconnaît cet autre DRH. « Tout ce que je peux vous dire, car je l’ai appris récemment, c’est que l’organisation d’Arlette Laguiller est aujourd’hui noyautée par les trotskistes ! » Formulé par la DRH d’un grand groupe, ce jugement en dit long sur la culture politique de certains hauts responsables. « Il faut comprendre ce manque de repères, tempère de son côté et sous couvert d’anonymat Charles F., DRH d’un important groupe français. Les DRH qui ont aujourd’hui plus de quarante-cinq ans ont été habitués à des relations sociales très balisées, avec des interlocuteurs syndicaux bien identifiées. Les trotskistes constituent pour eux une nébuleuse irrationnelle. »

Récemment confrontés à la présence de militants trotskistes dans leurs usines, certains DRH ont pourtant dû chercher à comprendre. Et, même s’ils ont tous choisi de témoigner sous des noms d’emprunt, ils parlent souvent avec émotion de leur expérience. « Après ce que j’ai vécu, je suis convaincu que la période que nous traversons a de grande chance de leur être favorable, estime Christophe H., DRH d’un site industriel du Nord. Leur radicalisme et leur mode d’intervention font d’eux des personnalités souvent très bien vues et respectées par les salariés. »

Quel est donc ce « mode d’intervention » propre aux militants trotskistes ? Il s’agit le plus souvent, et notamment pour les militants de LO, d’un retour aux traditions du mouvement ouvrier des années 20, pratiquées à l’époque par la SFIC (Section française de l’internationale communiste) et par le courant anarcho-syndicaliste. « Cela consiste à mener de front deux types de travail militant dans les entreprises, souligne Gérard Donnadieu, directeur d’études à Entreprise et Personnel et maître de conférences à l’IAE de Paris-I. Le premier est un travail politique, avec la diffusion régulière d’un tract comprenant, au recto, un éditorial de politique nationale et, au verso, des "échos" sur l’entreprise, dont le but est de dénoncer les injustices et de tourner en dérision les chefs. Le second travail est syndical; il ne s’agit pas de négocier avec la direction, mais bien de défendre les ouvriers et de préparer, avec eux, le grand soir de la révolution. » Telle était la tradition de l’activité militante communiste dans les années 20 et 30, au sein notamment de la CGTU, et affichée alors par le PCF.

Les militants de LO la reprennent aujourd’hui, mais « en infiltrant les sections locales des grandes centrales, sans aucune volonté de monter dans les appareils, à la différence de la LCR », poursuit Gérard Donnadieu. C’est donc à ces deux formes d’activité militante que sont aujourd’hui confrontés les DRH. « Prenez les tracts de LO, explique Christophe H., ils sont très bien faits, subtils, intelligents. Les chefs y ont des sobriquets : grenouille, crâne d’oeuf, etc. Moi-même je les lis avec saveur. Et les salariés les attendent avec impatience, même ceux d’entre eux qui ne sont pas sympathisants LO. »

Côté activité syndicale : « Le plus déroutant, au départ, c’est de repérer les trotskistes qui se cachent sous les casquettes CGT, FO ou CFDT, explique Frédéric G., ancien DRH d’une unité de production. Et parfois ils sont dans toutes ces sections ! Puis les difficultés commencent : leur attitude n’est pas du tout de chercher à négocier quoi que ce soit. Leur objectif est seulement de préparer des luttes sociales coordonnées. » La réaction des grandes centrales face à ces « irréductibles » ? « Je crois qu’elles sont partagées, poursuit Frédéric G. Elles leur sont hostiles et, en même temps, les supportent, car ils leur apportent des voix. »

La perspective de la négociation écartée, quelle peut donc être la crédibilité syndicale des militants trotskistes ? « Ils sont d’une honnêteté irréprochable, poursuit Frédéric G., et d’une transparence totale pour les salariés. Alors que des syndicalistes prennent souvent des heures de délégation pour aller à la pêche ou rentrer chez eux, les militants de LO sont toujours là. Quant aux règles du droit du travail et la défense des salariés, leur savoir est de loin supérieur à celui de notre propre hiérarchie ou des centrales. »

« C’est la conjonction de l’ensemble de ces facteurs qui favorise le poids que les trotskistes acquièrent », conclut Christophe H., ajoutant que « leur refus de toute négociation est paradoxalement un atout dans une période comme la nôtre, où, de toute façon, le grain à moudre pour les syndicats classiques est quasi inexistant ».

Dernier facteur qui, selon certains DRH, pourrait bien alimenter, dans les entreprises, la crédibilité de ces militants : l’atomisation actuelle des organisations syndicales, à la fois affaiblies localement et traversées par des courants internes à l’échelle nationale. « Cette division syndicale et son éclatement donnent plus de marge de manoeuvre aux trotskistes et pourrait bien leur profiter », confirme Gérard Donnadieu. Le rôle joué, çà et là, par les trotskistes dans la création de certains syndicats SUD n’est-il pas, d’ores et déjà, l’une des expressions de cette tendance ?
emman
 
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Message par othar » 01 Fév 2005, 11:44

ça me parait un peu trop flatteur quand même...

il n'y avait pas une petite recherche du sensationnel de la part du rédacteur?
(genre "un spectre hante les DRH"...)
othar
 
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Message par pelon » 01 Fév 2005, 11:44

C'est vrai qu'il y a quelques perles. J'aime bien celle ci du DRH finaud :
a écrit :
Tout ce que je peux vous dire, car je l’ai appris récemment, c’est que l’organisation d’Arlette Laguiller est aujourd’hui noyautée par les trotskistes !
pelon
 
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Message par emman » 01 Fév 2005, 11:47

(othar @ mardi 1 février 2005 à 11:44 a écrit : ça me parait un peu trop flatteur quand même...
Ben oui, j'ai été un peu surpris, moi aussi... :33:
emman
 
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Message par faupatronim » 01 Fév 2005, 11:52

Pal mal mais trop gentil :-P ça cache quelque chose...

Sinon j'ai un scoop : il parait que des militants trotskistes ont noyauté le Forum des amis de LO :20:
faupatronim
 
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Message par emman » 01 Fév 2005, 11:55

(faupatronim @ mardi 1 février 2005 à 11:52 a écrit : Pal mal mais trop gentil :-P ça cache quelque chose...

Sinon j'ai un scoop : il parait que des militants trotskistes ont noyauté le Forum des amis de LO :20:
Bon en même temps ça date de début 97... :dry:
emman
 
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