a écrit :Construisons une mobilisation interprofessionnelle !
Au moment où l'administration Bush veut plus que jamais dicter sa loi au monde, l’Europe n’est pas en reste sur le plan du libéralisme :
la "Constitution" européenne prétend interdire tout ce qui pourrait déroger au marché concurrentiel. La directive Bolkenstein anticipe les exigences de l’AGCS sur la marchandisation des services publics. Et ce n’est pas l'appel à manifester à Bruxelles le 19 mars sous la houlette de la Confédération Européenne des Syndicats, meilleur soutien de la Commission et de la "Constitution" qui va y changer quelque chose…
Pourtant, dans plusieurs pays dont le nôtre, de plus en plus de forces se mobilisent pour empêcher par tous les moyens que ce traité constitutionnel ne corsète définitivement la vie politique et le syndicalisme.
En France, après les retraites et la sécurité sociale, le gouvernement poursuit méthodiquement son plan de casse des garanties professionnelles et des solidarités :
précarité et licenciements, remises en cause du droit du travail, fin programmée de la réduction du temps de travail… Pour les services publics, après la décentralisation, la LOLF, et la loi Fillon… l’étape d’après est déjà annoncée : les réformes de l’Etat et de la Fonction Publique prévoient une trentaine de cadres statutaires (au lieu des 900 corps et grades) obligeant à la polyvalence, à la mobilité et à la servilité (notation remplacée par évaluation du succès conditionnant directement la progression de carrière), un salaire fondé autant sur la technicité et sur la géographie du poste que sur l’indice.
Pourtant, la réussite des grèves et des manifestations du 20 janvier, après les succès inespérés eux aussi du 7 décembre et de la manifestation contre la précarité du 4 décembre, sont autant de témoignages d’un profond ras le bol contre l’acharnement du pouvoir et d’une dynamique qui se cherche et commence à être en mesure de dépasser la démobilisation qui a suivi l’échec de 2003…
Et pour toutes celles et tous ceux qui ne pourront pas ou ne voudront pas s’adapter au libéralisme triomphant, le pouvoir a prévu une société de contrôle social, d’encadrement sécuritaire et policier.
Les lois Sarkosy-Perben, le rapport Benisti organisent la criminalisation et le fichage des jeunes dès la plus jeune âge, l’obligation de délation pour tous les travailleurs du champ éducatif et social, la généralisation des opérations de police dans et aux abords des établissements, la répression de toutes les activités militantes et d’alternatives sociales, sans oublier la répression antisyndicale.
Pourtant, la mobilisation tenace des collectifs anti-délation, et notamment la manifestation du 3 février, montrent la nécessité de rester mobilséEs sur ces questions pour espérer gagner sur le reste…
Les attaques libérales, frontales et cohérentes par delà les frontières,
rencontrent, à tous niveaux, des résistances,
Ces attaques doivent être stoppées avant d'acquérir un caractère plus irrémédiable, avant que les conditions mêmes des luttes ne soient rendues plus difficiles par les mesures sécuritaires qui les accompagnent. Il en est ainsi de la pseudo Constitution européenne et du projet de loi Fillon, deux instruments de la construction du règne libéral qu’il faut contrer à tout prix.
Le rapport de force commence à s’inverser. Le pouvoir en rabat de son arrogance, au fur et à mesure que les secteurs mobilisés relèvent la tête.
Cette évolution est favorisée par une double unité. L’unité des travailleurs des services publics ensemble sur les salaires. Et aussi, l’unité avec les personnels de l’Education, mobilisés, comme l'ont montré les AG, sur le retrait du projet de loi Fillon qui casse l’égalité devant l’école et les statut des personnels, contre les licenciements massifs des précaires et pour leur titularisation, contre l’austérité budgétaire et les fermetures de classes et contre la décentralisation, en particulier des personnels techniques ouvriers et de services, exclus de la fonction publique d’Etat et confrontés à la flexibilité et à l’annualisation du temps de travail.
Précarité, budget, restructurations/démantèlement, droit du travail, conventions collectives, 35 h, retraites, salaires…, les revendications sont les mêmes pour les travailleurEs de tous les secteurs, de la Fonction Publique comme du Privé.
Les privéEs d'emploi qui prévoient d'ores et déjà un printemps de lutte nous montrent les priorités et la voie à suivre : c'est la bataille contre la précarité et les licenciements qu'il faut gagner; c'est dans la rue et par une lutte résolue et prolongée que nous arriverons à faire plier gouvernement et patronat !
C’est cette dynamique qu’il faut développer par la tenue d’AG interprofessionnelles à la base, au niveau local, départemental ou régional, pour mobiliser et débattre ensemble des suites : le 5 février mais aussi le 15 février pour exiger le retrait du projet de loi Fillon le jour de son passage devant l’assemblée… et pour construire la grève interprofessionnelle en mesure de faire reculer le pouvoir.
EMANCIPATION, Tendance Intersyndicale
Collège National des 29 et 30 janvier 2005