(Le Monde @ 1er février 2005 a écrit :Le président (PS) de Picardie retire sa délégation à Maxime Gremetz (PCF)
Amiens de notre correspondant
Le divorce est consommé entre Claude Gewerc, président socialiste du conseil régional de Picardie, et son premier vice-président, le communiste Maxime Gremetz.
Ce dernier, chargé de l'emploi, du développement économique et de l'industrie, s'est vu retirer, lundi 31 janvier, sa délégation. M. Gewerc lui a également supprimé "tous les moyens y afférant", notamment les cinq conseillers techniques, assistants et secrétaires qui travaillaient à son cabinet.
Cette décision intervient à la suite d'une élection contestée, en fin de semaine dernière, à l'agence régionale de l'hospitalisation (ARH). Mais elle vient surtout ponctuer la dégradation des relations entre une bonne partie de la majorité de gauche au conseil régional et l'élu communiste.
Celui-ci s'était, ces derniers temps, opposé à certains aspects de la politique régionale, comme la création d'emplois solidaires. M. Gremetz s'était notamment attaqué à la hausse de 30 % des impôts régionaux, inscrite dans le projet de budget 2005.
"D'OÙ VIENNENT LES VOIX ?"
L'élection par le conseil régional de deux représentants à l'ARH, vendredi 28 janvier, a servi de détonateur. M. Gewerc était candidat, ainsi que l'une de ses vice-présidentes, Colette Michaux (PS). Leurs deux noms figuraient sur un même bulletin. Au dernier moment, M. Gremetz a décidé de se présenter.
Le vote a eu lieu à bulletins secrets. Sur 57 voix, M. Gewerc en a obtenu 35 et M. Gremetz a devancé Mme Michaux d'une voix (29 contre 28). Conclusion des socialistes, des Verts et des Radicaux de gauche : l'élu communiste ne pouvait qu'avoir bénéficié des voix du Front national, car les huit voix du groupe PC - sur lesquelles deux ne lui étaient pas forcément acquises - ne lui auraient pas suffi. Les félicitations adressées par Michel Guiniot, président du groupe FN, à M. Gremetz après son élection, ont renforcé ce soupçon.
"D'où viennent - les - voix ?" qui se sont portées sur M. Gewerc, s'est lui aussi interrogé M. Gremetz, pointant le fait que celui-ci a obtenu au moins neuf voix de plus que les vingt-six de l'ensemble PS-Verts-PRG.
Les trois fédérations communistes de Picardie exigent le départ de M. Gremetz de l'ARH. L'intéressé propose de démissionner à condition que M. Gewerc en fasse autant, puis de se représenter sur un bulletin commun Gewerc-Gremetz, le 4 mars. M. Gewerc s'y refuse.
Libéré de ses fonctions au conseil régional, M. Gremetz assure vouloir retourner sur le terrain faire de la "démocratie participative". Il se prépare à mener combat contre la hausse des impôts.
Jacques Béal