Informations Ouvrières

Message par Front Unique » 25 Oct 2006, 22:55

Informations Ouvrières N° 766 - L'éditorial du 26 octobre

Défense de la solidarité

L’information publiée la semaine dernière par notre hebdomadaire sur la véritable chasse aux malades refusant de recourir aux médicaments génériques a suscité une grande et légitime indignation parmi nos lecteurs.

Nous y montrions que ces mesures iniques — qui, en particulier, signifieraient pour de nombreux malades âgés qu’ils ne puissent plus se soigner — dérivaient de directives européennes bien précises.

Cette semaine, le quotidien La Tribune (23 octobre) donne en exemple « la prime à la non-consultation aux Pays-Bas ». On y apprend que, depuis 2004, les assurés sociaux qui, durant une année, ne se sont fait délivrer aucune ordonnance et n’ont pas été hospitalisés se voient rembourser 255 euros ! Ceux qui ont dépensé moins de 255 euros ont touché la différence. Cette mesure a été présentée par le ministre de la Santé comme « un encouragement à ne pas aller chez le docteur pour chaque petit pépin » !

Question : comment, sans aller chez le docteur, savoir si un « pépin » est petit ou gros ? A cela, le ministre (faut-il l’appeler ministre ? faut-il l’appeler canaille ?) ne répond pas. Il est vrai que son problème ne semble pas être la santé de ses concitoyens. Son problème, c’est d’économiser : 2 milliards d’euros dépensés en moins cette année pour les dépenses de santé aux Pays-Bas ! On applaudit devant un tel exploit ! Les Bourses flambent aux Pays-Bas comme dans toute l’Europe… mais la santé coûte moins cher.

Mais au fait, pourquoi faut-il économiser ? Réponse de La Tribune, qui titre : « Union à 25, les mesures d’économies fleurissent dans tous les pays, l’Europe s’attaque aux coûts de la santé. »

Nous y revoilà. Le pacte de stabilité impose que les dépenses publiques ne progressent pas plus que de 3 % du PIB. Et le traité de Maastricht inclut les dépenses de santé dans les dépenses publiques.

Bruxelles commande… et tant pis si « pépins », petits ou gros, ne sont plus soignés !

Mais pourquoi se limiter aux dépenses de santé ? Pourquoi ne pas verser une petite somme à chaque famille pour l’instruction et fermer les écoles publiques ? Et l’on pourrait continuer à l’envi.

A juste titre, la fédération des syndicats néerlandais s’insurge contre le fait « que les jeunes en bonne santé soient remboursés alors que les plus âgés et les malades chroniques doivent payer » (La Tribune).

C’est en effet le principe de solidarité qui est ici mis en cause. La solidarité entre malades et bien portants, la solidarité entre les générations, la solidarité qui est à la base du progrès et d’une vie meilleure pour l’immense majorité, celle des salariés, des jeunes, des retraités.

Seuls les possédants peuvent se dispenser de solidarité.

L’avenir de l’humanité appartient à la défense et à la reconquête de tous les régimes de protection fondés sur la solidarité entre salariés.

Si pour cela le carcan de Maastricht doit être abrogé, si pour cela il n’est d’autre moyen que la rupture avec l’Union européenne, est-il possible d’hésiter ?

Cette question cruciale, tout le monde se la pose. Faut-il, comme nous nous en sommes expliqués la semaine dernière, qu’un « candidat des maires » et présenté par eux formule, dans le cadre de la prochaine élection présidentielle, cette exigence qui conditionne tout : rupture avec Maastricht ?


Daniel Gluckstein

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Message par Front Unique » 31 Oct 2006, 19:28

Informations Ouvrières N° 767 Editorial du 31 octobre 2006

La jeunesse a-t-elle droit à un avenir ?

Jusqu’où peut-on aller dans la banalisation de l’abjection ? Selon Le Figaro, « la prostitution gagne les bancs de la fac ». On y apprend que des milliers, peut-être des dizaines de milliers d’étudiantes et d’étudiants se livreraient à la prostitution plus ou moins occasionnelle. Cela révèle, quelle que soit la réalité des chiffres, ce que cette société réserve à la jeunesse.

Selon le même journal, « 45 000 étudiants vivent aujourd’hui dans une situation de très grande pauvreté, et 225 000 peinent à financer leurs études ».
Et pourtant, Le Figaro n’y voit qu’« un phénomène alarmant, qui touche le Royaume-Uni, le Japon, l’Europe de l’Est… ».

Alarmant ? C’est tout ?

Qu’est-ce qu’une société où des jeunes sont réduits à la plus grande des détresses, sinon une société qui s’enfonce chaque jour davantage dans la barbarie ?

Deux semaines plus tôt, c’était Libération qui consacrait un reportage-photos à l’université de Jussieu. Des images qui évoquaient les pires quartiers de Harlem ou d’une ville bombardée plutôt qu’une faculté (1).

On apprend que, dans telle université de médecine, 2 200 étudiants de première année se pressent dans quatre amphithéâtres, dont un seul est pourvu d’un enseignant... les trois autres étant reliés au premier par un système vidéo !

Les jeunes seraient-ils devenus des parias ? Mais qu’est-ce qu’une société où le jeune est désigné au mieux comme une charge sociale et financière intolérable, quand il n’est pas désigné comme ennemi ?

Qu’est-ce qu’une société où la répression et les flash-balls apparaissent comme les maîtres mots de la réponse à la « crise des banlieues » ?

Bien sûr, chacun y va de son commentaire, inquiet ou compatissant…

Mais n’est-il pas temps de dire les choses simplement : fermer les usines les unes après les autres, liquider EADS, privatiser les services publics en réduisant les emplois, supprimer les postes de recrutement aux concours de l’enseignement, supprimer les bourses et les postes de surveillants pour les étudiants, interdire l’accès des jeunes à un logement, c’est condamner toute la jeunesse à la déchéance.

Nationalisation et renationalisation sont — nous nous en expliquons dans ce journal — des exigences minimales pour sauver l’industrie dans ce pays.

Ce sont, de ce fait, aussi, des exigences de sauvegarde de la jeunesse.

Pas d’avenir pour la jeunesse sans emploi.

Pas de sauvegarde de l’emploi sans remettre en cause le carcan des directives européennes, avec leur « concurrence libre et non faussée » et leur interdiction de toute intervention de l’Etat dans les affaires économiques.

Qui, s’appuyant sur le mandat de 400 maires, se présentera à la prochaine élection pour ouvrir ces perspectives ?

C’est l’ordre du jour de la rencontre des maires signataires de la Lettre aux maires de France, convoquée le 18 novembre à l’issue de la manifestation nationale à Paris.

Oui ou non, la jeunesse a-t-elle droit à un avenir ?

La réponse à cette question tient dans la réponse à une autre question : oui ou non, faut-il rompre avec l’Union européenne ?

Daniel Gluckstein

(1) On lira (page 8) ce que préconise le rapport Hetzel pour le « droit aux études » de la jeunesse.
Front Unique
 
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Message par Combat » 01 Nov 2006, 04:33

a écrit :Qui, s’appuyant sur le mandat de 400 maires, se présentera à la prochaine élection pour ouvrir ces perspectives ?



J'espere que vous avez des representants a la rencontre de Marrakech!!! Rater un tel evenement n'aurait pas ete pardonnable!

AFP- Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a ouvert mardi à Marrakech (sud) les travaux du 2e conseil mondial des cités et gouvernements locaux (CGLE) en présence de 500 maires du monde venus plaider en faveur de "l'alliance des civilisations".
"Ce thème est intéressant à débattre dans un monde troublé et qui effraye", a indiqué à l'AFP un des organisateurs marocains avant la réunion ouverte par le Premier ministre marocain, Driss Jettou.

M. Jettou a lu à cette occasion un message du roi Mohammed VI dans lequel le souverain a indiqué que le "Maroc s'est résolument engagé dans la promotion d'un nouveau concept de l'autorité, fondé sur le changement des rapports entre l'Etat et le citoyen.

http://www.izf.net/izf/AFP2/francais/speci...1.400ldxvy.html
Combat
 
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Message par yannalan » 01 Nov 2006, 10:53

(Front Unique @ mardi 31 octobre 2006 à 19:28 a écrit : Informations Ouvrières N° 767 Editorial du 31 octobre 2006

La jeunesse a-t-elle droit à un avenir ?


Selon le même journal, « 45 000 étudiants vivent aujourd’hui dans une situation de très grande pauvreté, et 225 000 peinent à financer leurs études ».
Et pourtant, Le Figaro n’y voit qu’« un phénomène alarmant, qui touche le Royaume-Uni, le Japon, l’Europe de l’Est… ».

)

Oui, c'eswt résolument que nous affirmons que le Japon doit se retirer de l'union européenne !
yannalan
 
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Message par artza » 01 Nov 2006, 11:22

Gluckstein dans Informations ouvrières
a écrit :Qui s'appuyant sur le mandat de 400 maires se présentera aux prochaines élections (...)?


Le citoyen Gluckstein?

Dans ce cas il lui en manque une centaine ;)

Bon courage et bonne chance citoyen.

Souvenons-nous que Gluckstein fut très correct vis-à-vis de LO et d'Arlette Laguiller lors des dernières présidentielles.
artza
 
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Message par Front Unique » 09 Nov 2006, 20:54

Informations Ouvrières N° 768 - L'éditorial du 9 novembre

Sur le terrain de classe

Le congrès constitutif de la nouvelle « Confédération syndicale internationale » (CSI) vient de s’achever à Vienne. Cet événement est d’une importance majeure pour les travailleurs de tous les pays et pour leurs organisations.

Au cours du congrès, le secrétaire général de la CSI, Guy Ryder, a déclaré : « On ne peut arrêter les délocalisations, mais on peut mettre en place des règles du jeu pour que ces changements soient acceptables. » Ce que le journal patronal Les Echos (3 et 4 novembre 2006), qui rapporte ces propos, résume en termes satisfaits : « La CSI entend “rendre les délocalisations acceptables”. »

Quel est le motif invoqué par les patrons pour délocaliser ? Invariablement, le même motif : baisser le « coût du travail », c’est-à-dire principalement les salaires directs et indirects (protection sociale, retraite, etc.).

Quelle est la raison d’être du syndicalisme ouvrier ? En toutes circonstances, et quel que soit le pays, invariablement la même : permettre aux travailleurs de se constituer en classe défendant collectivement ses intérêts et, tout particulièrement, luttant pour améliorer le niveau des salaires directs et indirects.

De tout temps, depuis que le capitalisme est capitalisme, la lutte de classe s’exprime de manière particulièrement abrupte dans ce choc entre les patrons, qui veulent baisser le niveau des salaires, et les travailleurs, qui veulent le défendre et l’améliorer.

Que serait un syndicalisme qui se fixerait de « rendre les délocalisations acceptables » ? Ce serait un « syndicalisme » qui défendrait les intérêts… de la classe exploiteuse !

Si les syndicats ouvriers s’engageaient dans cette voie, c’est leur existence même qui serait en cause.

Ancien dirigeant de la Confédération européenne des syndicats (CES), Emilio Gabaglio a, pour sa part, salué le congrès de la CSI en ces termes : il s’agit de « faire du syndicalisme la première ONG de la planète » (Le Monde.fr, le 30 octobre).
Le syndicalisme ouvrier n’est pas une ONG. Il n’a pas davantage pour vocation de défendre les intérêts patronaux. Ceux qui prônent cela croient peut-être qu’une résolution de congrès, fût-il international, suffit à gommer la réalité de la lutte de classe. Erreur, s’il en est. La réalité de la lutte de classe, c’est-à-dire de l’opposition irréductible entre exploiteurs et exploités, plonge ses racines dans les conditions mêmes de l’exploitation capitaliste.

Il reste que la classe ouvrière ne peut défendre ses intérêts comme classe — c’est-à-dire les intérêts de chaque travailleur individuellement — qu’à la condition de disposer d’organisations indépendantes. C’est là un fondement de la démocratie politique. Sans syndicalisme indépendant, la dérive est rapide qui conduit au corporatisme et au totalitarisme.

On rejoint tout l’enjeu de la défense et de la reconquête de la démocratie politique.

Quatre cent trente maires lancent un appel à manifester le 18 novembre pour la reconquête de la démocratie politique et sociale, pour la rupture avec l’Union européenne. Ils précisent : « Qu’il s’agisse de l’élection présidentielle ou des élections législatives, tout candidat qui s’engagerait à faire ne serait-ce qu’un pas dans cette direction, un pas réel et concret remettant en cause le carcan de l’Union européenne et s’engageant dans la voie de la restauration de la démocratie, à commencer par la démocratie communale et les services publics, mériterait notre soutien. »

Au lendemain du congrès de la CSI, cet appel sera entendu par tous les travailleurs et militants attachés à l’indépendance syndicale, sans laquelle la démocratie est un mot creux.


Daniel Gluckstein



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Message par ianovka » 09 Nov 2006, 21:02

:altharion:

Et vive la bureaucratie syndicale !

Et quelle perle : les intérêts de classes de la classe ouvrière c'est ?? Devinez quoi ?
C'est les intérêts de chaque travailleur individuellement.

Misère ... et encore je ne relève que ça ...
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Message par gerard_wegan » 09 Nov 2006, 21:15

Ca commençait plutôt bien, pour une fois. Dommage qu'il y ait les 4 paragraphes de la fin ! :rtfm:

Faut-il vraiment que Gluckstein ramène toujours tout à la défense de la République laïque, une et indivisible, etc. ? :33: :huh1:

Par ailleurs, l'idée que "la raison d'être du syndicalisme ouvrier" est de "permettre aux travailleurs de se constituer en classe défendant collectivement ses intérêts" est discutable : sous cette forme, ça renvoie aux vieilles illusions anarcho-syndicalistes ! Mais bon, ce n'est pas le problème de fond de l'article...
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