... Cela va largement à l'encontre des consignes de vote de Lutte Ouvrière. Le Nouveau Front Populaire fondé au sommet des appareils politiques mais voulu très fortement de la base dans le monde du travail et la jeunesse, c'est ce que l'ont ressent très fortement. A voir le positionnement des syndicats ouvriers comme la CGT ! Les associations diverses et variées ! Les milieux PCF et syndicaux enseignants que je côtois sont acquis presque à 100% au Nouveau Front Populaire. Voilà rien n'est joué, cependant l'espoir est encore vivant !
Dans les élections législatives, l’électorat se trouve devant un choix décisif. D’un côté, il y a les forces de l’extrême-droite, historiquement liée aux années les plus sombres de l’histoire du pays, celles de Vichy et de l’occupation nazie, qui s’apprêtent à imposer au pays une politique radicalement antisociale et xénophobe. De l’autre, le Nouveau Front Populaire, regroupant les principaux partis de gauche et dont le programme, malgré ses limitations et insuffisances, va incontestablement dans le sens inverse. La mise en œuvre des points principaux du programme de cette alliance signifierait une amélioration significative des conditions de vie des travailleurs et ouvrirait la voie à de nouvelles avancées sociales.
Quant aux Républicains et aux camp macroniste, ils ont amplement démontré qu’ils ne sont que les serviteurs les plus abjects des intérêts capitalistes. De plus, ils ont largement adopté la politique raciste et inhumaine du Rassemblement National à l’égard des migrants et des demandeurs d’asile, semant la méfiance et la haine sur des bases ethniques et religieuses. C’est la même stratégie de « diviser pour mieux régner » que celle du Rassemblement National, de Zemmour et de Maréchal.
Le choix est donc clair. La régression sociale et la xénophobie, ou alors le progrès social et la solidarité. Les militants de La Riposte se joignent à tous ceux qui appellent à une mobilisation aussi massive que possible, dans la rue et dans les urnes, pour porter le Nouveau Front Populaire au pouvoir !
Malgré le « choc » des résultats des élections européennes qu’évoquent les grands médias, ceux-ci n’ont rien de vraiment surprenant. Ils reflètent la montée évidente, depuis de nombreuses années, des tendances nationalistes, populistes et xénophobes, non seulement en France, mais à travers tout le continent européen. C’est un phénomène qui se nourrit du sentiment de vulnérabilité fortement ancré dans la conscience populaire. Des centaines de millions de personnes, tout particulièrement chez les travailleurs, sont profondément inquiètes pour leur avenir et celui de leurs enfants. Dans un contexte où les économies dites « nationales » sont minées par les pressions industrielles et commerciales extérieures, où les prix augmentent de façon alarmante, où la pénurie d’emplois, de logements et de services publics suscite une concurrence entre les travailleurs, il n’est pas surprenant que le protectionnisme, le rejet des « étrangers » et des idées se rattachant d’une façon ou d’une autre à la notion de « priorité nationale » gagnent du terrain. Mais il n’y a pas de fatalité. Nous devons lutter coûte que coûte contre l’empoisonnement nationaliste et raciste de la conscience du peuple. Et ceci implique la mobilisation des travailleurs autour d’un programme pour en finir avec le système capitaliste et la réorganisation de la société sur de nouvelles bases. S’il n’y a pas d’alternative au capitalisme, le désespoir social profitera immanquablement à l’extrême-droite.
Le nom du Nouveau Front Populaire se rattache volontairement au souvenir, dans la conscience collective, du Front Populaire de 1936. Il y a en effet des similarités, en ce sens que le Front Populaire de 1936 a été créé sous l’impact d’une montée en puissance des ligues bonapartistes et fascistes, qui avaient tenté de prendre d’assaut l’Assemblée nationale, le 6 février 1934. Le danger de l’extrême-droite a poussé la SFIO, le Parti Communiste et les organisations syndicales à se rassembler pour mieux la conjurer. La poussée unitaire de la base du mouvement ouvrier a fait que Maurice Thorez et la direction du PCF n’avaient d’autre choix que de brusquement abandonner la théorie absurde du « social-fascisme », selon laquelle tous les autres partis politiques, y compris la SFIO, étaient en réalité des fascistes.
Mais le Front Populaire incluait aussi le parti principal de la classe capitaliste française de l’époque, le Parti Radical. C’était donc une alliance contre-nature, une tentative de collaboration de classe. Heureusement, le Nouveau Front Populaire n’inclut aucun parti représentant directement les intérêts des capitalistes. Son programme est plus détaillé et plus audacieux que le Front Populaire de 1936. N’oublions pas que les réformes sociales acquises en 1936, comme la semaine de travail de 40 heures ou les deux semaines de congés payés, ne figurait pas dans le programme du Front Populaire. Le Parti Radical était résolument hostile à des mesures favorables aux travailleurs. Ces acquis ont été réalisés au moyen de la grève générale, par la lutte collective des travailleurs eux-mêmes. Et c’est là une leçon majeure à retenir pour les mois et les années à venir, indépendamment du résultat des législatives.
La formation du Nouveau Front Populaire est un pas en avant, en ce qu’il incarne l’unité nécessaire de la gauche face au danger de l’extrême droite et dans la lutte contre la régression sociale et le racisme. Même s’il ne parvient pas à obtenir une majorité à l’Assemblée Nationale, son existence peut devenir un point de ralliement pour toutes les forces sociales engagées dans cette lutte. Et dans le cas où le Nouveau Front Populaire formerait, comme nous le voulons, le prochain gouvernement, l’histoire nous enseigne que ceci ne suffira pas, ni pour régler la crise sociale et économique, ni pour endiguer la montée des tendances nationalistes et fascisantes. La France a déjà connu des gouvernements élus sur des programmes de réforme sociale, avant d’être contraints de les abandonner sous la pression des capitalistes. La classe capitaliste se servira toujours de l’immense pouvoir économique dont elle dispose pour façonner la politique des gouvernements et la mettre en conformité avec ses intérêts. Tel était le sort du gouvernement socialo-communiste de 1981-1984, qui, après quelques mois seulement, avait dû renoncer à son programme, bloquer la hausse des salaires, détruire des pans entiers de l’infrastructure industrielle du pays – notamment dans la sidérurgie et les charbonnages – et adopter une politique d’austérité. Le gouvernement de la “Gauche Plurielle” de 1997-2002, incluant des socialistes, des communistes et des écologistes et sous la direction de Lionel Jospin, a privatisé massivement pour offrir de nouvelles sources de profit aux capitalistes et stimuler la spéculation boursière.
Ce sont précisément des expériences comme celles-ci qui ont miné la crédibilité des partis de gauche à l’époque aux yeux des travailleurs et qui ont poussé une fraction non négligeable de la classe ouvrière dans les bras de ce qui est aujourd’hui le Rassemblement National. Le succès de l’extrême droite s’explique en partie par les renoncements et trahisons de la gauche à l’épreuve du pouvoir.
Or, si nous prenons le programme du Nouveau Front Populaire, il est évident qu’il contient des mesures qui paraissent positives, comme le blocage des prix, l’augmentation des salaires et leur indexation sur l’inflation. L’engagement d’augmenter les taxes sur le capital est aussi une mesure qui va dans le bon sens. Cependant, puisque toutes ces mesures, comme d’autres qui figurent dans le programme, se traduiraient par une forte réduction de la rentabilité du capital, elles nous exposeront à une réaction virulente de la part des capitalistes, qui se fait déjà entendre à l’heure actuelle dans les médias, et qui prendra la forme, comme dans le passé, de suppressions d’emploi, de fermetures, de délocalisations et de fuite de capitaux. Or, le programme du Nouveau Front Populaire ne contient aucune mesure susceptible de contrecarrer cette réaction. Tenter de mettre en application des mesures que l’on peut qualifier d’« anticapitalistes », sans toucher au pouvoir de rétorsion des capitalistes eux-mêmes, est une politique vouée à l’échec. C’est cette même faille réformiste qui a mené à l’échec des gouvernements de gauche dans le passé. Et si un gouvernement du Nouveau Front Populaire n’ose pas, lui non plus, toucher à la source du pouvoir économique – et donc social et politique – de la classe capitaliste, il subira inéluctablement le même sort et favorisera l’émergence, au passage, de formes plus fortes, plus virulentes et plus franchement fascistes de l’extrême-droite.
C’est une erreur importante, aussi, de se positionner comme le défenseur de la République actuelle. Il est vrai que le programme fait vaguement allusion à une « Sixième République », sans vraiment expliquer en quoi elle serait différente et mieux que la Cinquième. Plutôt que de défendre une république capitaliste, ou une nouvelle version de celle-ci, le Nouveau Front Populaire devrait se battre pour une nouvelle république qui soit fondée sur des bases sociales entièrement nouvelles, sur le pouvoir des travailleurs, et tournée tout entière vers l’élimination de l’exploitation, l’inégalité sociale, l’impérialisme, le colonialisme (dont le racisme et la xénophobie sont un prolongement), et de tous les autres aspects du système capitaliste qu’incarne la République actuelle.
Il se peut que le Nouveau Front Populaire ne parvienne pas à emporter les élections. Dans ce cas, la lutte doit se poursuivre dans la rue, dans les quartiers, dans les entreprises, ce qui nécessitera un formidable effort d’auto-organisation et d’activité militante à une échelle de masse. Donc, votons massivement pour les candidats du Nouveau Front Populaire. Mobilisons-nous dans les entreprises, dans la rue, pour bloquer le chemin de l’extrême droite. Mais luttons aussi pour l’émergence d’un programme authentiquement révolutionnaire pour la gauche, afin d’en finir avec le capitalisme.